Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

LE PANAFRICANISME NOUVEAU

4 mars 2013

Le discours historique du Capitaine Thamas sankara sur la dette des pays d'Afrique

Publicité
Publicité
4 mars 2013

LA FRANCAFRIQUE OU LE PILLAGE ORGANISÉ DE L'AFRIQUE

3 mars 2013

HOMMAGE: Alioune Diop (1910 - 1980)

alioune DIOP

Alioune Diop a toujours oeuvré pour la cause noire. On ne voit à travers tous ses écrits qu'une volonté de rassembler les hommes noirs. Sa lutte perpétuelle le mènera à la fondation avec la collaboration de ses fidèles compagnons de lutte (Césaire, Senghor et biens d'autres) de la revue Présence Africaine qu'il éditera en 1947.

Deux années auparavant il participe avec Jomo Kenyatta, Kwame Nkrumah, George Padmore, Williams Du Bois, etc.au Congrès Panafricain de Manchester. Le Panafricanisme ou le mouvement d'unité culturelle de la diaspora noire à travers sa négritude prend toute son ampleur à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Le premier numéro de sa revue sera intitulé :Niam n'goura ' Niam n'goura vana niam m'paya, proverbe Toucouleurs qui signifie «  Mange pour que tu vives, ce n'est pas mange pour que tu engraisses ». Il met un point d'honneur à créer un lien ferme alliant la culture, la fierté, le savoir et la sagesse entre les hommes noirs d'Afrique et du reste du monde (Amérique, Antilles). L'homme noir doit selon lui s'émanciper, la revue devient le support qui permettra à bon nombre de s'exprimer et aussi à ses lecteurs d'être informer, de prendre conscience de sa qualité d'homme libre et des possibilités qui lui sont offertes d'être vecteur d'une réussite commune.

André Gide, Jean-Paul Sartre, Albert Camus, Emmanuel Mounier, Michel Leiris, mais aussi Richard Wright, Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire (sans oublier sa femme Christiane Diop) étaient aux nombres de ceux qui participèrent à l'élaboration de la revue "Présence Africaine".

En septembre 1956 il organise le premier congrès des écrivains et artistes noirs à la Sorbonne (Paris). On y trouve Amadou Hampathé Bâ (Mali), Léopold Sedar Senghor et Cheikh Anta Diop (Sénégal), Aimé Cesaire et Frantz Fanon (Martinique), Marcus James (Jamaïque), Richard Wright (Amérique), Jean Price Mars (Haïti), etc. Les meilleurs éléments du  monde intellectuel noir sont présents lors de ce congrès .

Extrait du discours introductif, d'Alioune Diop:



"Ce jour sera marqué d'une pierre blanche. Si depuis la fin de la guerre la rencontre de Bandoeng constitue pour les consciences non européennes l'événement le plus important, je crois pouvoir affirmer que ce premier congrès mondial des hommes de culture noirs représentera pour nos peuples le second événement de cette décade.

D'autres congrès avaient eu lieu, au lendemain de l'entre-deux guerre, ils n'avaient l'originalité ni d'être essentiellement culturels, ni de bénéficier du concours remarquable d'un si grand nombre de talents parvenus à maturité, non seulement aux États-Unis, aux Antilles et dans la grande et fière République d'Haïti, mais encore dans les pays d'Afrique noire.

Les dix dernières années, de l'histoire ont été marquées par des changements décisifs pour le destin des peuples non européens, et notamment de ces peuples noirs que l'Histoire semble avoir voulu traiter de façon cavalière, je dirais même résolument disqualifier, si cette histoire, avec un grand H, n'était pas l'interprétation unilatérale de la vie du monde par l'Occident seul.

Il demeure cependant que nos souffrances n'ont rien d'imaginaire. Pendant des siècles, l'événement dominant de notre histoire a été la terrible traite des esclaves. C'est le premier lien entre nous, congressistes qui justifie notre réunion ici. Noirs des États-Unis, des Antilles et du continent africain, quelle que soit la distance qui sépare parfois nos univers spirituels nous avons ceci d'incontestablement commun que nous descendons des mêmes ancêtres. La couleur de peau n'est qu'un accident : cette couleur n'en est pas moins responsable d'événements et d''uvres, d'institutions, de lois éthiques qui ont marqué de façon indélébile nos rapports avec l'homme blanc (...)

Le 02 mai 1980 Alioune Diop nous quitte en nous léguant le combat de toute une vie, la force et la sagesse de ses convictions Olympe BHÊLY-QUENUM dira de lui :

" Chaque civilisation vivante assume sa propre histoire, exerce sa propre maturité, secrète sa propre modernité à partir de ses propres expériences, et des talents particuliers à son propre génie. »

 Ainsi s'exprimait-il dans nombre des textes parus dans la revue Présence Africaine et d'autres publications, mais aussi dans des conférences ; il serait temps de recenser ses écrits, de les publier pour l'édification des Africains qui se battent, pour les chercheurs aussi et les donneurs de leçons. L'Afrique bouge, réagit, s'insurge même et Alioune le Sage est d'une modernité qui bouleverse. Nul de ceux qui l'ont connu et discuté avec lui ne saurait en douter. "


Aimé Césaire dira de lui : "Alioune Diop qui est une figure tellement admirable. Et Alioune Diop que j'aime profondément, et que je respecte profondément parce que je pense qu'Alioune est un pur ' on ne le comprend pas toujours, mais c'est vrai ' et bien Alioune me disait en somme, tu vis à l'africaine. Mais c'est vrai. J'ai dit, mais oui, c'est vrai au fond, c'est vrai. C'est ça parce que bon je vis au milieu de ma tribu, au milieu de mes enfants. Ça compte pour moi."

 Shenoc le 02/11/07

 

www.obhelyquenum.com

 

28 février 2013

CHRONIQUE DE LA MAURITANIE: LE PÉRIL DE L’UNITE NATIONALE EN MAURITANIE.

On se demande si on peut parler encore « d’unité nationale » en Mauritanie ? En effet, elle s’éloigne de plus en plus dans son péril.

Faisons un détour dans l’histoire contemporaine du pays pour se rendre compte de la profondeur du fossé qui s'est creusé  entre les populations Arabophone (Maures blancs et maures noirs), entre la population Négro-Mauritaniennes, (Peul, soninkés, wolofs et Bamanas), entre les Maures blancs et les populations négro-Mauritaniennes, à travers la situation géopolitique du pays.  

Comme nous l’avons vu précédemment dans d’autres écrits, en Mauritanie cohabitent depuis la nuit des temps mais sans quelques remous, cinq communautés.

Les Maures arabo-berbères blancs (les Beydanes)

-Les Maures noirs (les Haratines, descendants des Négros africains )tributaires des premiers, dont la langue est l’arabe hassaniya),

-Négro-Mauritaniens (les Peuls ou Toucouleurs dont la langue est le pulaar, Soninkés dont la langue est le soniké et Wolofs dont la langue est aussi le wolof, tous originaires de la région du fleuve Sénégal, parlant le français et leurs propres langues (le pulaar, le soninké et le wolof).

La nation Mauritanie commencera à se dissiper dès les premières années après l’indépendance du Pays. Dès l’indépendance l’administration était dominé par les intellectuels Négro-Mauritaniens, les maures étaient très retissant vis-à-vis de l’école coloniale, préférant envoyer des haratine au lieu de leurs propres enfants. Le Premier Président Maître Moktar Ould Daddah ira jusqu’à faire appelle à des fonctionnaires Sénégalais pour combler le manque d’effectif de l’administration.  Nous verons succinctement les rapports entre les différentes composantes de cette « nation »

1-     Les rapports entre Maure Blancs et Haratines dit Maures noirs.

Depuis l’indépendance nationale, le pouvoir politique est exclusivement entre les mains de la communauté Maure à travers le poste de Président de la République.

Les rapports entre Maures Blancs ou Beydanes et les Haratines, était des rapports de maître et esclave, distinguons cet esclavage de celui des occidentaux bien que la finalité soit la même.

Le Hartanie, sans être élevé au fouet et la contrainte des esclaves des champs de cotons aux bords du Mississipi, le hartani n’avait pas droit à la  propriété, en sommes il était au service de son maître en contre partie, il était nourrit et « logé » par ce dernier.

Avec le temps certains Hartines se sortirons de cette condition pour porter le non de hartani « esclave affranchi », aujourd’hui selon les chiffre de l’IRA 20% des Maures noirs sont encore esclaves de leurs Maîtres maures blancs, ils sont appelés ABIID « pluriel de ABD ».

Avec l’émergence de quelques figure politiques la condition des haratines va évoluer petit à petit, parmi eux, Messaoud ould Boulkheir, Boubakar ould Messaoud, Boydjel Ould hamoyde, Sqaïr Ould Mbareck, Ould Merzoug, Ould siré et autres cadres haratines.

Cette prise de conscience des Haratine va se manifester par la création du mouvement El Hor dans les années 70, sous la houlette de l’actuel président de l’assemblée nationale Monsieur Messaoud Ould Boulkheir et d’autres cadres Haratines.

Ce mouvement avait pour objectif l’émancipation des haratines, car c’est la communauté la plus défavorisées des cinq autres. Elle sombre dans l’illettrisme et la pauvreté depuis l’indépendance, ce n’est que dans les années 80 qu’elle commencera à remonter la pente.

Ce n’est qu’en 1986 que sera nommé pour la première fois un Ministre Hartanie, au par avant le plus haut  poste occupé par un hartani était celui de gouverneur de région, qu’occupait justement le même Messaoud à Selibaby, avant d’être nommé Ministre du développement rural par Maouiya oud Taya.

La lutte des haratines pour leur émancipation est incarnée par le jeune Biram Dah Abeib, à travers son association IRA, qui lutte âprement pour l’abolition effective de l’esclavage en Mauritanie, dont l’Etat ne reconnait que des séquelles, après plusieurs lois pour son abolition.

Il y a donc une vive tension entre ce mouvement et le pouvoir  actuel, qui se traduit par plusieurs séjours en prison de son leader.

Biram Dah s’attaque  plus souvent à la communauté Maure qu’il qualifie d’esclavagiste, qu’au pouvoir lui-même dans ses meeting.  C’est dire que les rapports entre les Maures noirs et Maures blancs ne sont tendues pour ne pas dire conflictuelles.

2-    Les Rapports entre les Maures blancs et les Négro-Mauritaniens

Les premiers contacts entre ces deux peuple remonte avant l’avènement de l’islam par des razzia dans les régions du sud d’où l’origine même des Maures Noir selon certains historiens.

Avec l’avènement de l’islam les rapports entre les deux communautés vont s’apaiser par l’islamisation. Les deux communautés feront du commerce et se métisseront.

La décolonisation Française laissera en germe quelques problèmes et non les moindres pour le futur Etat.

Les divergences à la veille de l’indépendance entre ces deux communauté se portaient  sur : soit le rattachement du sud Mauritanien au Sénégal et le Nord au Maroc, car ces deux pays avaient des revendications territoriales sur le futur Etat Mauritanien, mais la solution trouvée fut la création d’un Etat unitaire indépendant et souverain qui s’appellera  REPUBLIQUE ISLAMIQUE DE MAURITANIE, comme se plaisait à  dire feu Moktar Ould Daddah « trait d’union entre l’Afrique Noire et l’Afrique Blanche. (voir le congrès d’Aleg)

Après l’indépendance, l’un des premiers problèmes. qui se posera entre les deux communautés sera celui de  la question linguistique.    

 Même si tous ont en commun l’islam, les Négro-Mauritaniens ne se reconnaissent pas, en revanche, dans l’identité arabe revendiquée par la quasi-totalité des régimes qui ont dirigé le pays.

Les premières émeutes éclatent en 1966, à la suite d’un décret sur l’arabisation de l’enseignement secondaire, et s’exacerbent en 1968, quand l’Assemblée nationale fait de l’arabe une langue officielle, aux côtés du pulaar, du soninké, du wolof et du français.

De reforme en reforme le français, langue de choix des Négro-Mauritanien, finira par disparaitre des textes de lois en particulier de la constitution nationale en vigueur au détriment d’une arabisation galopante.

Après quelque années de détente entre les deux communautés, les tentions atteindront leur sommet à partir de 1986 sous le règne de  OULD TAYA.

En Septembre 1986 : La parution d’un Manifeste du négro-africain opprimé dénonçant un «apartheid» entre Maures et Négro-Mauritaniens suscite des troubles ethniques. Accusés «d’atteinte à l’unité nationale», plusieurs dizaines de personnes dans les milieux négro-africains sont arrêtés.

Comme disait le journaliste Algérien tahar djaout « si tu dis tu meurs, si tu ne dis pas tu meurs, donc dis et meurs ».

Les intellectuels Négro-Mauritaniens dirons ce qu’il ne fallait pas dire selon le régime de l’époque.

En Octobre1987: Les autorités dénoncent un complot d’officiers noirs du FLAM (Forces de libération des africains en Mauritanie) sans commencement d’exécution, juste un projet de complot mais les peines seront exemplaires, comparées à d’autres complot similaires.

51 personnes seront inculpées, trois officiers seront condamnés à mort et exécutés, 18 recevront une peine de travaux forcés à perpétuité. C’est la dernière fois que la peine de mort sera d’ailleurs appliquée en Mauritanie.

La tension monte et atteint son paroxysme, il fallait trouver un alibi pour aller jusqu’au bout de la logique d’élimination de cette communauté belliqueuse et téméraire, qui veut pas se soumettre au diktat de la communauté arabe et arabisante de la Mauritanie.

Entre 1989-1991 : En février, à la suite d’un incident à la frontière entre la Mauritanie et le Sénégal, de violents affrontements éclatent entre Mauritaniens et Sénégalais, mais aussi entre nationaux maures ou négro-africains. De violentes émeutes anti-mauritaniennes ont lieu à Dakar, à l’image des répressions anti-sénégalaises qui ont lieu côté mauritanien, provoquant l’exode et l’expulsion de dizaine de milliers de personnes. Selon les organisations des droits de l’homme, plusieurs centaines de personnes trouvent la mort, et notamment dans les rangs de l’armée, qui exerce entre 1990 et 1991 une sanglante répression contre ses éléments négro-mauritaniens.

 La rupture des relations entre Nouakchott et Dakar, symbolisée par la fermeture de la frontière, durera jusqu’en 1992.

Entre ces deux communautés la rupture est consommée, la confiance s’est évaporée et se regardent en chien de faïence, les Peuls très divisés et manière éparse demandent justice et réparation et la communauté Maure implore le pardon pour ceux qui sont humbles parmi eux, d’autre prônent pour l’oubli voire l’impunité purement et simplement.

3-    Les rapports entre Négro-Mauritaniens et Haratines

Les haratine n’ont jamais eu bonne réputation par le passé auprès des Négro-Mauritaniens qui se caractérise par leur féodalisme très profond.

Le Hartani était perçu comme un individu vaincu et sans fièrté pour être réduit à l’esclavage, c’est un sentiment de mépris, non pas par qu’il est noir de peau, mais pour sa condition d’esclave autrement dit sa servitude, à la différence de la vision qu’ont les arabes vis-à-vis des noirs qu’on peut qualifier de racisme au sens propre du terme , c’est ainsi qu’ibn Khaldoune disait à propos des noirs  dans ses Prolégomènes, « certains Noirs sont plus proches des animaux que des hommes étant donné leur mode de vie primitif et barbare. C'est ainsi qu'il a dit : « Au sud de ce Nil existe un peuple noir que l'on désigne par le nom de Lemlem. Ce sont des païens qui portent des stigmates sur leurs visages et sur leurs tempes. Les habitants de Ghana et de Tekrour font des incursions dans le territoire de ce peuple pour faire des prisonniers. Les marchands auxquels ils vendent leurs captifs les conduisent dans le Maghreb, pays dont la plupart des esclaves appartiennent à cette race nègre. Au delà du pays des Lemlem, dans la direction du sud, on rencontre une population peu considérable ; les hommes qui la composent ressemblent plutôt à des animaux sauvages qu'à des êtres raisonnables. Ils habitent les marécages boisés et les cavernes ; leur nourriture consiste en herbes et en graines qui n'ont subi aucune préparation ; quelquefois même ils se dévorent les uns les autres : aussi ne méritent-ils pas d'être comptés parmi les hommes. »

Cette vision se retrouve également chez les occidentaux vis-à-vis du Noir de peau, c’est ainsi disait VOLTAIRE « homme de lumière », laissez moi rire, dans  « Essai sur les mœurs et l’esprit des nations » (1756), Introduction, Chapitre II, « Différentes races d’hommes » :

« Leurs yeux ronds, leur nez épaté, leurs lèvres toujours grosses, leurs oreilles différemment figurées, la laine de leur tête, la mesure même de leur intelligence, mettent entre eux et les autres espèces d’hommes des différences prodigieuses. Et ce qui démontre qu’ils ne doivent point cette différence à leur climat, c’est que des Nègres et des Négresses, transportés dans les pays les plus froids, y produisent toujours des animaux de leur espèce, et que les mulâtres ne sont qu’une race bâtarde d’un noir et d’une blanche, ou d’un blanc et d’une noire. »

Mais les négro-Mauritanien avait une vision différente du hartanie, il n’est pas question de sa couleur de peau ou ses traits physiques mais son rang social, il occupe le dernier rang de la stratification social, même s’il peut être plus doué qu’un individu de haut rang.

Chez les peuls il y deux types de hartine, le bon hartani et le mauvais hartani, le bon serait celui qui s’est libéré du joug Maure et mieux qui le défis, la Mauvais hartani quant à lui c’est celui qui continu de perpétuer sa soumission, et agit sous ou sans les ordre d’un maure, c’est ainsi qu’on a coutume de dire qu’un jeune Maure même mineur, peut soumettre 100 hatanis.

Ce mépris des Négro-Mauritaniens à l’égard cette fois-ci  à l’égard de toute  la communauté Hartine s’exacerber pendant les événements de 1989, certain halpulaar trouveront l’illustration du bon et du mauvais Hartani.

En effet pendant ces fameux événements rares sont les Maures blancs qui ont tué un Négro-Mauritanien de ses propres mains, ils étaient aux ordres et les haratines à l’action, dans les camps militaires également les haratine sont souvent dans les salles de torture, ils se targueront d’évoquer les ordres reçu, en oubliant qu’obéir à un ordre illégal fait de  un criminel disait Sankara.

Les hartanes sont culturellement Maures et arabophones, et physiologiquement et historiquement Négro-Mauritaniens, constituent la majorité de la population Mauritanienne (environ entre 50 et 60%) et constituent un enjeu politique capital dans lutte pour le pouvoir que se livrent les halpulaar et les Maures blancs, ils font par moment, objet de tentative de récupération par les acteurs politiques des deux camps.

Aujourd’hui les haratines sont divisés en trois groupes :

-Les haratines qui se considèrent comme arabophones et plus proches des Maures blancs

-Les haratines qui se disent plutôt proches des Négro-Mauritaniens dont ils sont descendants

-Les haratine qui se disent n’appartenant  ni à l’une ni à l’autre communauté, mais une entité autonome, ils sont représentés par Biram Dah ABeid et rang ne cesse de grossir particulièrement par les jeunes haratines.

En organisant le pèlerinage à inal et en revendiquant une justice pour les victimes du pouvoir de Ould TAYA, Biram dah Abeid a redoré le blason des haratine aux yeux des Négro-Mauritaniens, au point de faire des haratines des alliés des halpulaars dans la lutte contre les discriminations dont ils font l’objet depuis les années dites de braises, mais aussi dans la quête de la justice et la réparation du préjudice subit,  communément appelé passif humanitaire.

4-    Les soninkés,  wolofs et Bamanas

Il n’y a plus de communauté Bamana en Mauritanie, ils se sont assimilé aux hatines dans les régions de l’est et centre,  en Soninké dans la région du guidimakha, ils n’ont aucune revendication quelconque, qu’elle soit politique ou identitaire.

Quant au wolof peu nombre ont payé un lourd tribut lors des fameux événements, car confondu avec les  ressortissants Sénégalais volontairement ou non, certains furent massacrés au le pire et expulsés au mieux vers le Sénégal.

Les soninkés Les Sarakolé actuels sont les descendants de l’empire du Ghana, premier grand empire africain. L’empire du Ghana aurait commencé à la fin du IIIe siècle pour atteindre son apogée aux Xe et me siècles. Il aurait donc précédé de cinq siècles l’empire de Charlemagne. Sa renommée s’étendait jusqu’en Asie. Le chroniqueur arabe El Bekri (xi » siècle) a pu décrire l’empire du Ghana juste avant sa destruction par les Almoravides. Dans la capitale Koumbi (actuellement on peut voir les ruines de Koumbi Saleh, situé à 350 km de Bamako, entre Nara et Timbédra. 

Les Sarakolé sont essentiellement agriculteurs. Leurs troupeaux sont confiés aux bergers Peul. Très bons commerçants, comme les Dioula, ils voyagent beaucoup à travers tout l’ouest africain, vendant la noix de cola ou trafiquant l’or. En France, parmi les travailleurs immigrés, 80 % sont des Soninké de la haute vallée du fleuve Sénégal dont ¼ est Mauritanien.

Les Soninké de Mauritanie sont une communauté refermée sur elle-même en général et particulièrement les Soninkés du Guidimakha. Les Hommes soninkés qui se respectent épouses des femmes Peuls qui finissent toujours par s’assimiler, rares sont les femmes soninkés mariées dans les autres communautés. Ils sont implantés essentiellement dans deux régions, au Gorgol et au Guidimakha.

Les Soninkés  avait opté la  neutralité dans la lutte fratricide entre les Maures Blancs et les Peuls, c’est ainsi qu’ils n’ont été que très peu touchés par les fameux événements de 1989 dans le sud du Pays, bien que discriminés comme tout non arabe. Ils sont considérés par les Maures comme inoffensifs comparés aux Peuls qui sont plutôt belliqueux et insoumis. Mais aujourd’hui avec l’évolution de la situation politique du pays ils ont intégré entièrement la communauté Négro-Mauritanienne et se considèrent comme tel.  Il y a toujours eu un ou deux soninkés dans  les différents gouvernements qui ce sont succédés.  

Les rapports entre les Soninkés et les haratine sont comparables à ceux  qu’entretiennent les Peuls avec ces derniers, un sentiment de mépris du hatanie est latent. Ces rapports sont aussi des rapports de travail, les soninkés étant cultivateur, ils emploient les haratines pendant l’hivernage, période de culture du sorgho, qui est à la base du SOMBI, un met très appréciés de mes amis soninkés.

A la différence des Peuls, les soninkés se caractérisent par les organisation mais aussi leur unité, et restent très attachés à leurs traditions, la féodalité demeure très présente, elle se traduit la séparation des entre tounkallemou (guerriers), Mody lémo (Marabout) , gnamakala (griot et autres) et komou (les esclaves) , c’est typiquement la même stratification sociale qu’on retrouve chez les Peuls.

Sur le plan géopolitique, la Majorité des Soninkés sont éparpillés dans l’opposition politique Mauritanienne, même si on compte toujours quelques familles aristocrates, toujours du côté du pouvoir, comme chez les Peuls.

La scène politique Mauritanienne est aujourd’hui sécularisée, les Maures se retrouve en Majorité dans des partis politiques dirigés par des maures en fonction de leurs idéologie, famille, tribu, clan.

Les Peuls commence à s’aligner derrière des leaders peuls, comme on a pu l’observer lors des élections présidentielles de 2007, où Ibrahima Moktar Sarr avait obtenu 17% des suffrage exprimés, enivrons  80%  du vote Peul ou tout au moins le vote de la région du fleuve.

Les haratines militent pour beaucoup au sein  du parti de leur leader historique Messaoud ould Boulkheir, ou en tout votent pour lui, même si le nombre d’élus de l’APP ne reflète pas ce vote.  Aujourd’hui Biram dah constitue la nouvelle force émergente haratine, ou en tout une troisième alternative pour les haratines, entre rester dans les partis politiques dominés par les Maures pour une éventuelle participation à un gouvernement ou suivre Messaoud le leader historique.

Les communautés Maure Blancs, Négro-Mauritaniens et haratine, sont face à face et se face à face apparaît sur les images tirées des manifestations et meetings organisées par les uns et les autres. 

On assiste aujourd’hui à la communautarisation exacerbée de la scène politique doublé du tribalisme  et luttes intercommunautaires.

L’unité Nationale ou du moins ce qui en reste s’étiole et évolue telles des mœurs, c’est-à-dire  en décadence, aujourd’hui encore on assiste au come back,  comme s’ils n’étaient pas parti du tribalisme et des querelles d’intérêts individuels à la place publique.

Où sont les Hommes intègres ?  Quel rôle joue la société civile dans la défense des intérêts de la nation ?

Que font les intellectuels pour éclaire la lanterne du petit peuple ?

Quel rôle pour la diaspora pour sauvegarder les acquis démocratique et la stabilité de notre pays ?  

Je crois que seul  un sursaut d’orgueil des forces progressistes et citoyennes peuvent sortir le pays de cette mauvaise passe qui annonce le chaos, car sans démocratie il y a pas de justice sociale et sans justice sociale  il n’y a point de paix et de stabilité donc point de développement

 

ABDOUL BA LOBBO

 

mauresrfd

 

tawassoulTPMNmanifestation_pour_militants_anti-esclavagistes-2manif

Photo 1Manifestation de TAWASOUL part dirigé par un Maure Blanc

photo 2 Manifestation dr RFD parti de Amed ould dadda

photo 3: Manifestation COD coordination des partis d'opposition

 

photo 4: manisf AJD MR et TPMN

photo 5: Manifestation Ira

Photo 6: Manifestation Mouvement du 25 février

Comme vous pouvez le constater chaque mouvement ou parti se confont avec la communauté qui constitue l'essentiel de ses Membres.  

  

28 février 2013

CHRONIQUE DE LA MAURITANIE: L'éducation nationale, le coeur malade de la Mauritanie

L'émancipation des pays ayant parié sur le développement humain prouve, s'il en est encore besoin, qu'une éducation de qualité, disponible et n'oubliant personne est une condition sinequanone pour la survie et le progrès de toute nation. Dans notre pays, des avancées louables sont à reconnaître en terme de quantité et de l'expansion de l'enseignement public. Mais, ces efforts risquent de rester creux et de faible portée s'ils ne sont consolidés par une
recherche de qualité et de qualification à tous les niveaux de l'enseignement et à sa base plus particulièrement.

Aujourd'hui, quel est l'état de notre éducation ? Quelles sont ses difficultés majeurs ? Et surtout, quelles sont les orientations qu'il faut entreprendre sans tarder pour fortifier ce domaine primordial à l'évolution de notre pays ? Mais avant d'évaluer le système éducatif
actuel faisons un détour par son histoire.
Rappel historique : une réforme peut en cacher une autre
En Mauritanie l'absence d'un service militaire/civique obligatoire fait de l'éducation nationale le seul outil pour véhiculer une identité commune à toutes les composantes culturelles du pays. Cette identité, qui se doit d'être forte dans une mondialisation sans barrière, est la seule garantie pour notre peuple de se mélanger aux autres sans se perdre. La question identitaire a fortement marqué l'histoire de l'éducation nationale.
Sous la colonisation, le système éducatif en Mauritanie était limité à quelques centres scolaires rattachés administrativement à la colonie sénégalaise. Ce système très élitiste et excessivement francisé n'avait pas la confiance d'une grande partie de la population, lui préférant l'école coranique, la mahadra et d'autres formes d'enseignement privé. C'est donc un système minimum, inégalitaire et inadapté que va léger la France au jeune état indépendant de la Mauritanie en 1960. Ce système va connaître une succession de réformes mouvementées visant sa globalisation et son arabisation idéologique. Tout d'abord, un décret de 1966 stipule que " L'arabe est obligatoire à partir du 1er Octobre 1965 pour tous les élèves entrant dans les écoles secondaires ". Ensuite, la réforme éducative de 1967, qui fixe la durée de " l'enseignement fondamental " à 7 ans dont la première année qui serait désormais dédiée à l'initiation à l'arabe. Et puis s'ensuit la réforme de 1973, qui s'inscrit dans le cadre d'une politique nationaliste globale, création d'une monnaie nationale en 1973 et nationalisation de la Miferma en 1974.
Cette réforme revient à l'option de 6 ans d'enseignement primaire, avec cette fois les deux premières années exclusivement arabisées et la quote-part hebdomadaire du français considérablement réduite. C'est dans ce climat de recherche identitaire que la guerre du Sahara va éclater plongeant le pays dans une série de difficultés politiques, économiques et sociales.
L'éducation nationale ne sera pas en reste de ces crises et la réforme tentée en 1979 n'aura pas les moyens nécessaires à sa mise en application. C'est ainsi que va s'installer dans le pays un système éducatif coupé en deux filière. Une filière fortement arabisée majoritaire et encouragée et une autre dite " bilingue " sur demande et peu répandue. Ce système socialement séparatiste et idéologiquement peu ouvert restera en vigueur jusqu'à 1999 date
d'adoption au parlement de l'ultime réforme éducative.
Cette réforme tente dans son texte de répondre aux difficultés qui se sont accumulées vingt ans durant sur un système vétuste et inefficace. Ainsi, elle propose une unicité de l'enseignement moins idéologique et plus réaliste et aussi une ouverture à l'extérieur en
renforçant l'enseignement des langues étrangères français et anglais.
L'application de cette réforme initialement prévue sur dix ans est très loin des objectifs fixés dans son texte. Le manque de moyens, la mauvaise gouvernance, le laxisme d'état et les crises politiques sont les principaux responsables de ce retard. Cette réforme et d'autres lacunes de l'éducation nationale sont probablement au point mort durant la période de transition que connaît actuellement le pays.

Le primaire : le socle fragile
L'enseignement primaire qui est la matrice de la société est mis en échec par un taux de déperdition et d'abandon qui avoisine la moitié de son effectif. Cette moitié qui n'aurait eu pendant son court séjour à l'école qu'une faible éducation peu consistante et sans qualité, fait perdre au pays une partie indispensable et le plonge dans une paralysie invalidante. Et quand cette hémiplégie affecte essentiellement la moitié féminine de la société, le diagnostic s'aggrave d'une stérilité de l'éducation extra-scolire. Mais malheureusement cette réalité déjà très alarmiste tirée des chiffres officiels n'est probablement qu'une meilleure image du désastre éducatif à ce niveau. L'absence des ONG éducatives qui pourraient donner des chiffres indépendants est à déplorer ici.
Cette situation n'est pas encore irréversible, mais il urge de prendre les mesures adéquates pour stopper l'hémorragie. La formation continue pour récupérer le retard, un enseignement plus ludique pour une école plus attractive, un soutien concret aux familles en difficulté qui sont l'autre moitié de l'éducation, l'obligation de l'école, la suppression des mesures de régulation des flux … et d'autres initiatives devraient s'inscrire dans une politique de lutte
contre la déperdition et d'amélioration des niveaux éducatifs pour tous. Ce manque à gagner n'est plus soutenable et l'avenir du pays en dépend.

Le secondaire : le maillon faible
L'enseignement secondaire qui est construit sur deux paliers aussi importants l'un que l'autre. Une première partie qui achève l'enseignement de base requis pour intégrer la société active pour les plus pressés des élèves. Et une seconde partie qui doit orienter et préparer à l'enseignement supérieur à venir. Ces deux vocations sont malheureusement loin d'être remplies à ce niveau très sensible de l'éducation nationale.
Au collège, le faible taux des formations professionnelles (BEP) est une faiblesse déplorable. Il est temps de nouer le contact entre l'éducation et le monde du travail pour promouvoir l'école comme outil d'émancipation sociale et lui ramener la confiance de la population.
Faire intervenir les acteurs économiques dans le processus éducatif. Une coopération responsable et constructive entre l'éducation et l'économie profiterait au pays tout entier. Elle
pourrait s'orienter dans l'exploitation des potentiels économiques délaissées et mal estimés en Mauritanie : tourisme, pêche, urbanisme, agriculture, …etc. Mais tout ceci est conditionné par la diversification de l'enseignement en rajoutant aux connaissances universelles déjà proposées d'autres plus professionnelles dictées par les besoins stratégiques du pays.

Dans la seconde partie, l'aiguillage d'une grande partie des élèves sur une voie dont on sait pertinemment qu'elle serait sans issue ni pour eux ni pour leur pays est tout simplement irresponsable. Ajouté à cela un baccalauréat volontairement hermétique qui devient l'échec
traumatisant de l'essentielle partie de ces élèves mal suivis et peu préparés pendant les trois années de ce cycle. Ainsi l'éducation nationale rejette sans remords ces jeunes mal lotis dans le chômage à longue durée, dans le commerce improvisé, dans l'immigration clandestine, dans le trafic et le banditisme ou dans le terrorisme international. Quant à ceux d'entre eux qui passent cette étape, ils ne tarderont à déchanter sur les bancs de l'université de Nouakchott
ou par redoublement sans fin à l'étranger. Parce qu'ils auraient étés mal orientés et peu préparés.

Le supérieur : le chaînon manquant
L'enseignement supérieur souffre de son manque de débouchés et de son éloignement des populations. En effet, la seule académie se trouvant à Nouakchott les étudiants des villes internes souhaitant poursuivre leurs études supérieures sont forcés au déplacement. Cette situation pose d'autres problèmes qui dépassent le cadre de l'éducation nationale. Quand on sait la maigre bourse attribuée à ces étudiants, qui est totalement déconnectée de la réalité de vie à la capitale. Alors que le logement des ces étudiants est essentiellement assuré par les réseaux de parenté et le sens d'hospitalité de la société.
Ces étudiants pressés par la misère et le manque de perspective ne tarderont à augmenter le rang des candidats à l'exil. Un exil souvent amer et encore plus misérable.
Un autre problème est celui des filles qui ont plus de difficultés de voyager que leurs frères pour des raisons socioculturelles et qui se voient souvent leurs études abrégées avant même que l'éventualité de partir soit posée.
Un autre problème est celui de " fuite des cerveaux " à l'aise dans la mondialisation, préférant s'épanouir à l'étranger que d'augmenter les listes des chômeurs au pays. A l'heure ou les grands pays font les doux yeux à l'intelligence des pays pauvres par une politique "
d'émigration choisie ", il n'est plus raisonnable d'envoyer les lauréats du pays dans " la gueule du loup ". Il est temps aujourd'hui de mettre fin à cette situation de dépendance de l'extérieur pour la formation des cadres Mauritaniens.
Toutes ces considérations et d'autres encore font émerger la nécessité stratégique de doter la Mauritanie d'un enseignement supérieur de proximité et répondant aux besoins réels du pays. Tout les indices portent à croire que le pays en a les moyens humains et financiers qui n'attendent qu'une volonté politique réelle.
En substance et pour revenir à la métaphore de l'homme état, l'éducation nationale serait le coeur qui bat pour alimenter toutes les autres parties de l'organisme. Le coeur de la Mauritanie est en bradycardie, il bat faiblement et pour sauver le pays il va falloir le réanimer en urgence. Alors, l'actuel et les futurs gouvernements sont mis en garde, ils seront particulièrement attendus et de pied ferme sur l'éducation et le jugement sera sans appel " EDUQUEZ OU ABDIQUEZ ".

Lemine Beyrouk

Publicité
Publicité
28 février 2013

CHRONIQUE MAURITANIDES: Habib Ould Mahfoudh

AL-BAYANE N° 67 DU 23 au 30 MARS 1993

Au début du mois de Ramadan la tradition veut que les diables, les djinns, soient ligotés et bâillonnés et jetés de l'autre côté de la mer bleue.

habib-ould-mahfoudh

(On ne savait pas que l'autre côté de la mer bleue, il y' avait l'Amérique. Mais ça ne change rien. Ces exilés du troisième type sont libérés la nuit du 27 de Ramadan, " la nuit du destin " et rendus à la vie civile, si l'on ose dire. Nos diables à nous, il faudrait apprendre à les connaître. On les appelle de plusieurs noms différents, sans jamais la moindre once de méchanceté. Nos diables nationaux, à de notables exceptions près, sont très sympathiques. Ils n'ont rien à voir avec ces diables intellectuels, prétentieux et inquiétants de type Lucifer.

Nos diables n'ont jamais été anges et n'ont jamais fait la bête. Il conviendrait même de les appeler lutins ou farfadets, plutôt que diables ou djinns qui sous-tendent toute une métaphysique du mal et de la faute que nous ne trouvons absolument pas drôle. L e Mauritanien tient à ses démons et ne veut pas des diables d'importations. Je crains qu'ils ne soient d'ailleurs la dernière marque de souveraineté qui nous reste.

 Les farfadets de nationalité mauritanienne se distinguent d'abord par leur " rapidité " : à titre d'exemple la traite des vaches prend moins de temps qu'il ne faille pour dire : " Tzzzz…. fermez l'enclos "

 

Nos lutins n'ont jamais cependant digéré la seule défaite de leur histoire, côté célérité, face à la tribu nomade Idayqub.Voilà les faits rapportés par un observateur de l'époque :

A une certaine période l'année les campements nomades se déplaçaient de conserve, tout à fait comme les navires d'une flotte. On ne relâchait pas au même endroit mais on s'observait de loin. Il se trouve qu'un campement de djinns s'était " jumelé " avec un campement d'Idayqub. Les pluies étaient abondantes et il fallait remonter très vite vers le Nord, au Tiris, pour que les chameaux puissent éviter les taons et la fièvre du Sud. Les deux campements changeaient trois fois de place par jour. Toujours plus au Nord. On entretenait des relations de bon voisinage : on échangeait des cordelettes contre du sel, des " cheveux " du thé vert contre une " pierre " de sucre les gosses se retrouvaient pendant les déplacements et s'envoyaient joyeusement à la face des mottes de terre, des ossements et des silex bien tranchants.

 

Le sixième jour trouva les deux campements sur le cordon dunaire de l'Akchar à la hauteur de Bir Igni. Une forte tempête de sable joignit le ciel et la terre. Le berger des djinns égara quatre chamelles pleines. Les Idayqub n'en égarèrent pas une seule. La tempête cessa. On devait se déplacer. Les djinns demandèrent aux Idayquob de bien vouloir " leur donner une dizaine de minutes pour leur permettre de se trouver les chamelles. Refus catégorique des Idayqub qui ne voulaient pas perdre le temps et levèrent immédiatement le camp. Les djinns restés sur place, humiliés, jurèrent par tous leurs dieux de ne plus saluer les Idayqub. Ce fut la seule fois où on les battit. Actuellement ils font tout pour oublier cette douloureuse page de leur histoire. " Efficacité et rapidité " continuent d'être la devise des lutins et c'est pourquoi ils sont si modernes. Par leur travail( invisible malheureusement ) ils ont pu faire de leur Mauritanie (invisible malheureusement ) un pays aussi développé et aussi performant que le Japon (le Japon visible, bien entendu). Vu que les djinns japonais, ce qu'ils font comme boulot hein!

 Je me pose toujours la question pourquoi " les partenaires étrangers " les " bailleurs de fonds " n'ont pas choisi de traiter leur business avec nos diables plutôt qu'avec nos humains.

 Peut-être que je me trompe après tout et que se sont réellement nos djinns qui sont au pouvoir et mènent les affaires du pays. Ce n'est pas du tout à cause de la " rapidité et l efficacité " de nos gouvernements mais de la deuxième caractéristique des djinns du pays : la haine viscérale de la symétrie et de l'équilibre.

 On rapporte ainsi qu'un grand notable djinn de la région du Hodh oriental ne pouvait pas dormir à cause d'un certain détail chez un petit âne gris, du côté de Keur Macène, tout à fait à l'Ouest du pays. Sur un demi-chameau, il embarqua tous ses fils, tous ses frères, tous les adultes de la tribu et prit la route de Keur Macène. Ils trouvèrent le petit âne gris dans un bosquet d'euphorbes. La compagnie mit pied à terre. Le plus âgé marcha doucement, doucement pour un diable n'exagérons rien, tendit le plus long de ses six doigts - l'auriculaire - et l'enfonça dans l'œil du petit âne gris qui broutait dans un bosquet d'euphorbes au Nord-Ouest de keur-macène. Et la délégation se réembarqua sur sa moitié de chameau pour le Hodh, laissant derrière elle un petit âne gris et borgne.

Et le diabolique notable put dormir tout son soûl. Parce que le petit âne gris n'avait plus qu'un seul œil. Autre illustration de cette haine de la symétrie et de l'équilibre.

 Pour transporter par exemple deux sacs de mil sur le dos d'un âne, les djinns ne procèdent pas comme " nous " ( ?)en mettant un sac sur chaque flanc du bourricot pour équilibrer la charge. Non, ils mettent les deux sacs sur un seul côté, l'un sur l'autre et ne mettent aucun contre poids de l'autre côté de la bête. C'est ce que les Maures appellent " rvud ehl lekhla ". On peut dire par exemple qu'au foot un score de 3 à O ou même de 8 à 1 s 'appelle " rvud ehl lekhla. Tout d'un côté et rien de l'autre ou presque rien.

Je ne sais pas si ça peut s'appliquer à un parlement monocolore et à des résultats formule kobenni. Il me semble toutefois que la philosophie djinniste de l'équilibre est à la base de notre système de gouvernement, média, et surtout média, y compris.

Autre fait dominant de nos sympathiques ombres sans ombre : ils sont toujours au Nord-Ouest. Et comme le dit un mathématicien de mes amis, puisque chaque point P du globe est obligatoirement au Nord-ouest d'un autre point P'. On peut dire que la totalité de la terre est recouverte par les Djinns. Nos glorieux ancêtres qui étaient sûrs que la terre était plate comme un discours de ministre (Pourquoi pas le savant Horbiger défendait bien la thèse selon laquelle la terre était une sphère creuse ) évitaient soigneusement les " Nord-Ouest "( à remarquer que la partie la plus intime des femmes était souvent appelée Nord-ouest aussi ).On interdisait aux femmes de jouer au Nord ouest des tentes. Les voyageurs ne sortaient pas du campement par le nord-ouest. Les étrangers n'abordaient pas par cette direction. Embargo total sur le nord-ouest. Comme on l'a vu ce sont des précautions inutiles vu que chaque point P du globe etc, etc, etc.

Je tiens à préciser que " l'évitement du nord-ouest " n'a pas empêché les mauritaniens de venir à Nouadhibou taquiner le poisson - qui ne leur a jamais rien dit - et expédier le fer du Tiris au-delà des mers.

Justement le fer joue un grand rôle dans cette histoire de diable : C'est l'arme absolue contre " ceux que nous n'avons pas nommés ". Pour les contrer il suffit de brandir un couteau ou toute autre pièce métallique. Ainsi la femme qui vient d'accoucher aura toujours un couteau à la main. Pendant les quarante premiers jours, la jeune mère était littéralement mise en " quarantaine " afin d'éviter " l'échange " de son bébé contre un bébé-djinn. Nous remarquons que l'exportation du fer est une sorte de pacte avec le diable, vu sous cet angle-là.

Est-ce à dire que nos pouvoirs successifs ont eu partie liée avec le Malin ?

C'est un pas que je ne franchirai point mais que penser de " l'objectif SNIM 12,5 millions ", du projet Guelb, et tout ce tralala sinon c'est pour évacuer le maximum de fer du pays pour que les Djinns se sentent à l'aise ? Nous ne pouvons pas ne pas noter l'étrange affection que portent nos farfadets aux peignes et aux cure-dents, dans " l'imagerie populaire ".

On s'interdit ainsi de les jeter pour ne pas que les mauvais esprits s'en emparent. C'est sans doute dû au fait que les djinns aiment beaucoup les ossements, les cheveux que le peigne arrache et les ongles. (" Tout ce qui a été soustrait à un vivant " - ma ubina min hayyin - comme disent les jurisconsultes musulmans ).

Un ministre limogé est-il considéré comme ayant été " soustrait à un vivant " ? Plus exactement, un ministre démis de ses fonctions est-il " habité " ?

Nous répondrons oui parce qu'on considère en général que tout ce qui est " tombé " est immédiatement " léché par les gens du vide ".Heureusement-pour les ministres mais surtout pour les diables - un ministre, c'est notoire n'a pas bon goût, ce qui empêche qu'on puisse le lécher longtemps. En outre le ministre a plus l'habitude de lécher ( avec une prédilection pour les bottes de type rangers ) que d'être léché. Il reste qu'être obligé, de part sa fonction naturelle, à lécher un ministre qui " tombe ", est une condition inhumaine, si on me permet le mot. Un peigne, un cure-dent, passe encore, mais un ministre ! Je ne voudrais que l'on me taxe d'être l'avocat du Diable, mais il est impératif à mes avis de créer une ligue nationale des droits des Djinns.

 Habib AL-Bayane N° 65 du 10 au 16 mars 1993

28 février 2013

CHRONIQUE DE L'AFRIQUE: L’UNION AFRICAINE UN ARBRE A PALABRE DES DICTATEURS

Quelques repères historiques

L’union Africaine est née des cendres de l’organisation de l’unité Africaine OUA qui fut créée par 32 États à Addis-Abeba (capitale de l’Éthiopie) en 1963. Elle  existera  39 ans après les indépendances de 1963 à 2002, date à laquelle elle a été dissoute et remplacée par l'Union africaine (UA).

Elle avait comme principal objectif de promouvoir l'unité et la solidarité des États africains et de faire acte de voix collective du continent mais l’OUA se focalisera surtout à l'éradication de l’Apartheid et le colonialisme et avait établi un Comité de libération afin d'aider les mouvements d'indépendance. Parmi les chefs d'État fondateurs, les avis divergeaient sur sa nature. Les partisans du fédéralisme, menés par le président du Ghana Kwame Nkrumah, s’opposaient aux tenants d’une « Afrique des États » avec à leur tête le président sénégalais Léopold Sédar Senghor. Ces derniers imposèrent leur vision et l’OUA devint un outil de coopération, et non d’intégration, entre les États.

Aujourd’hui il est aisé de constater que le père de l’indépendance Ghanéenne avait raison sur le premier président du Sénégal, qui fut le plus Français des Africain, d’ailleurs il finira sa vie en France en Normandie après  avoir été membre de l’Académie Française, chantre de la culture Française.  L’OUA était sous la coupe de la Conférence de la Réunion des chefs d'État et de gouvernement une fois l'an, c'était en tout cas l'organe décisionnel de l'Union, qu’on retrouvera également au sein de l’Union Africaine que je considère comme le talon d’Achille des organisations Africaine, car chaque Etat a à sa tête un despote qui écarte toute initiative tendant à menacer son pouvoir. Il est difficile de dresser un quelconque bilan de l'OUA, moins encore un bilan positif tant les Etats étaient divisés par leurs intérêts divergents, mais surtout par le refus des dirigeants Africains de s’ouvrir à la démocratie. A cela s’ajoute les problèmes de langue, de culture et de niveau de richesses en terme, de ressources naturelles

L'Union africaine que nous connaissons aujourd’hui fut créée en 2002, à Durban en Afrique du Sud, en application de la déclaration de Syrte du 9 septembre 1999 sous la houlette du colonel Kadhafi, elle se fixera des objectifs dont les signataires ne mesurent pas la difficulté quant à leur mise en œuvre et de leur acceptation par tous.

En effet les buts  de L’UA sont : œuvrer à la promotion de la démocratie, des droits de l'homme et du développement à travers l'Afrique, surtout par l'augmentation des investissements extérieurs par l'intermédiaire du programme du Nouveau partenariat pour développement de l'Afrique (NEPAD, que nous analyserons successivement.

A lire Ce programme, on a tendance à considérer que les chefs d’Etat Africains avaient compris que la paix et la démocratie sont des préalables indispensables au développement durable, mais c’est méconnaitre la mégalomanie des chefs d’Etats Africains. Mieux encore, les objectifs de l'UA comportent également la création d'une banque centrale de développement dont le siège était fixé à Lagos, un autre outil indispensable pour toute indépendance économique et financière, qui ne verra jamais le jour.  Revenons donc aux objectifs de l’union Africaine

  • Sur la promotion de la démocratie et des droits de l’homme et le développement durable:

En matière d’instauration de la démocratie et la promotion des droits de l’homme et le développement durable en Afrique, on peut dire l’UA a faillit à sa mission, et c’est en somme tout à fait logique, il suffit de poser la question à savoir, comment peut-on concevoir qu’un chef d’Etat militaire en général, au pouvoir depuis une dizaine d’année sans aucun bilan positif, accepterait-il d’organiser des élections libres et transparentes dans son pays au risque de perdre son fauteuil et être traduit devant un tribunal pénal?

Beaucoup de chefs d’Etats ont les mains souillées de sangs d’opposants ou de militants des droits humains, mais aussi ont à leurs actifs des exactions sommaires, des arrestations arbitraires de journalistes. Des morts dont le plus illustre est Norbert Zongo, journaliste Burkinabé et trois proches qui ont été retrouvés morts et calcinés dans leur véhicule le 13 décembre 1998 à une centaine de kilomètres au sud de Ouagadougou, sur la route de Sapouy. 

Des centaines de journalistes sont incarcérés en Afrique, des femmes sont violées à longueur de journée, dans l’Est de la RDC, en présence des casques bleus de l’ONU une autre institution au service des puissances occidentale où l’Afrique ne dispose pas de siège de membre permanent du conseil de sécurité, donc pas de veto, cela veut dire qui les autres puissances décident et l’Afrique s’exécute.

En  pratique, l’UA n’est rien d’autre qu’une coquille vide, un arbre à palabre qui connait sans cesse les parades des dictateurs Africains, en effet seule quelque pays peuvent être qualifiés de démocratiques, en tout cas ont réussi à organiser des élections libre avec des résultat atteignant le seuil dit acceptable, qui sont : Le Mali depuis la chute de Moussa Traoré, Le Bénin depuis la chute kérékou Mathieu, le Nigéria depuis le départ des militaires, le Ghana, L’Afrique du SUD depuis la fin de l’Apartheid, le Sénégal depuis son indépendance et aujourd’hui le Niger depuis la chute de Barré Maïna sara, tous les autres Etats sont dirigé par des régimes militaires reconvertis en civils, dans une sorte de monarchie électorale sans aucune possibilité d’alternance.

Certains chefs d’Etat morts au pouvoir ont réussi à se faire succéder par leurs enfants telle une monarchie institutionnelle, c’est notamment le cas de Gabon, Omar Bongo après 41 ans, 6 mois et 6 jours de règne sera succédé par son fils Ali Bongo, c’est aussi le cas du Togolais  Gnassingbé Eyadema après 37 ans, 9 mois et 20 jours au pouvoir sera succédé par son fils Faure Gnassingbé Eyadema, c’est enfin le cas de La République « Démocratique » du Congo RDC, après l’assassinat de Joseph Désiré Kabila (Père), ils sera succédé par son « Fils » Joseph Kabila. C’est dire que l’UA a raté l’une de sa mission consistant à l’instauration de la démocratie sur le continent des coups d’Etat militaires, dont les record est détenus par La Mauritanie, le Niger, et le Tchad.

L’échec dans l’instauration de la Démocratie en Afrique à pour conséquence la prolifération des rebellions et mouvements armés sur le continent, qui engendrent à leurs tours la prolifération des armes sur le continent, facilitant ainsi la prédation des ressources du continent par les Etats occidentaux et les multinationales étrangères,  qui financent les rebellions en argent et en arme.

Même sur le plan judiciaire, l’échec est total, aujourd’hui les Africains constituent l’essentiel des prévenus devant la cour pénal internationale, parmi eux l’ex-président ivoirien Gbagbo, l’ex-président du Libéria Charles Taylor, Jean pierre Bemba, qui seront rejoint bientôt par Charles Blégoudé ancien leader des jeunes dit patriotes mais en réalité xénophobes partisans de l’ « ivoirité ».

L’Etape de la démocratisation du continent loin d’être finie, l’UA fait face à un autre défit, celui de la formation d’un gouvernement de l’union pour à long terme parvenir à un Etat fédéral.

Ce sujet entraîna des divisions parmi les États africains, certains (notamment la Libye sous Kadhafi) ayant une vision maximaliste d'un tel gouvernement, avec notamment une armée de l'Union africaine ; et d'autres (dont les États du sud de l'Afrique) soutenant un renforcement des structures existantes, avec quelques réformes pour s'adapter aux défis administratifs et politiques en rendant la Commission de l'Union africaine et les autres institutions pleinement opérationnelles.

Là encore nous pouvons bien regretter et pleurer à grosses larme la disparition du guide libyen, certes pas du tout démocrate, voire despote, mais avais la bonne option pour éviter des crises comme celle que connait aujourd’hui le Mali, annexé par d’abord au Nord par les rebelles Touaregs du MNLA, avant d’être repris par des jihadistes salfaistes venus de l4Algérie et de la Mauritanie, mais aussi de Maliens du nord enrôlé et quelques nigérian du mouvement boko haram.

Si l’UA était une véri

dictateur

table institution c’est-à-dire bien organisée et dotée d’une armée bien équipée et bien entrainée, le continent n’aurait pas eu besoin d’une intervention Française dans ce conflit (bien que salvatrice pour repousser les assaillants), au point de réconforter la Françafrique, qui est cette main mise de la France sur les ressources et l’économie des pays d’Afrique de l’Ouest.

Si l’ l’UA a échoué dans sa mission de paix et de stabilité sur le continent, c’est parce qu’elle ne dispose pas suffisamment de moyens financiers pour couvrir les charges de ses missions qu’elle se fixe. Nombreux sont les Etat qui ne sont pas à jour dans leurs cotisation, l’organisation survie avec les dons de l’union Européenne et autres bailleurs, qui auront un pouvoir d’influence considérable sur les décisions qu’elle pourra prendre.

Sankara disait « Refuser l’état de survie, desserrer les pressions, libérer nos campagnes d’un immobilisme moyenâgeux ou d’une régression, démocratiser notre société, ouvrir les esprits sur un univers de responsabilité collective pour oser inventer l’avenir. Briser et reconstruire l’administration à travers une autre image du fonctionnaire, plonger notre armée dans le peuple par le travail productif et lui rappeler incessamment que, sans formation patriotique, un militaire n’est qu’un criminel en puissance.” Discours aux Nations unies, 4 octobre 1984

L’autre point faible de l’UA demeure la situation des armées  des pays Africains depuis les indépendances.

Dans tous les pays Africains, l’armée dispose du plus gros budget de l’Etat, mais elles demeurent sous équipées, mal formées, seuls quelques officiers proches des hommes aux pouvoir bénéficient de bourses et de bonnes formations à l’étranger, les autres militaires se contentent de juste encaisser leurs maigres salaires à la fin du mois. Il est donc légitime de se demander où va l’argent destiné à l’achat des armes ? A cela s’ajoute la faible rémunération des hommes de rang, qui, en temps de guerre sont en première ligne, il est donc plus aisé désormais de comprendre le manque de combativité des armées Africaines face à l’ennemi.

Les rares généraux sont de salon, c’est-à-dire n’ont jamais foulé les pieds sur le terrain ou champs de bataille.

L’intervention tardive et le déploiement désorganisé des troupes de la CDEAO au Mali démontre cette carence.

.Pourquoi ce retard de déploiement sur le terrain à coté de l’armée Malienne avant même l’arrivée des français? Question de gros sous ? La main tendue des Africains s’allonge à l’heure où le Mali est libéré d’un conflit qui concerne pourtant toute la sous-région.

A quoi servent les multiples sommets et réunions de chefs d’Etat majors, avec au bout des communiqués insipides ?

Cet argent aurait pu servir aux populations dans les quartiers populaires privées d’eau, d’électricité, d’écoles et de centre de soins.

-Sur la dépendance financière de l’Afrique :

Depuis les indépendances, les pays Africains vivent exclusivement des exportations des matières premières épuisables à long terme, sans jamais produire ni transformer ces matière en produits finis, mais aussi des dons, qui les mettent sous perfusion économique, en plus des dettes extérieurs.

Les pays Africains sont devenus dépendant des institutions de crédit telles que la banque Mondiale et le FMI, les argentiers du capitalisme occidental, mais aussi des dons des pays étrangers, et même des pays africains du Maghreb, c’est quand même extraordinaire.

Sankara disait à ce sujet : « Ces aides alimentaires (…) qui installent dans nos esprits (…) ces réflexes de mendiant, d’assisté, nous n’en voulons vraiment plus ! Il faut produire, produire plus parce qu’il est normal que celui qui vous donne à manger vous dicte également ses volontés.” 1ère conférence nationale des CDR, 4 avril 1986.

Pour l’Afrique sorte de cette dépendance économique, politique et financière, elle doit produire africain, consommer Africain, dans un marché Africain, aujourd’hui, la part de l’Afrique représente 1% du marché mondiale.

Il faut également une monnaie Africaine mais surtout une banque centrale africaine qui prêtera aux  Etat Africains avec des taux d’intérêts plus favorables à ceux pratiqués par les bailleurs de fonds Européens et les institutions financières qui bâtissent fortune sur le dos des Africains.

Il faut dissoudre ce pléthore d’organisations Africaines qui n’ont pas les moyens financiers d’atteindre leurs objectifs et qui ne servent à rien à l’arrivée,  si ce n’est priver les populations des moyens supplémentaires de subsistance, et remettre tout à plat pour fonder une et une seule organisation des Etat Africaine, disposant d’une armée formée de contingents venus de tous les pays avec un commandement tournant, ayant pour missions la prévention et le règlement des conflits interafricains.

Mettre en place un tribunal pénal Africain chargé de juger les Africains par les africains, au lieu d’envoyer nos enfants pour se faire juger par des étrangers, jadis nos colonisateurs, avec des lois et des pratiques différentes des notre. 

Ainsi plus jamais de mercenaires, plus de crise par impérialistes imposé et mama Africa ne sera plus la rusée du monde par le pillage de masse de ses matières premières.

 

NGaary Ba 

27 février 2013

CHRONIQUE DE LA MAURITANIE: Pillage organisé en Mauritanie, partie II

Depuis son accession au pouvoir, le Président Mohamed Ould Abdel Aziz, malgré ses promesses, a passé son temps à construire sa propre fortune au lieu de gouverner. Il fait main basse sur l’ensemble de l’économie mauritanienne, de l’exploitation des ressources naturelles aux banques, en passant par la pêche et les projets d’infrastructures. En trois ans, l’auto-proclamé « Président des pauvres » a établi un quasi-monopole du business : état des lieux des pillages du pays et présentation des hommes du président. (Partie 2)

 

Bellahi Ould Boumowzouna et Sidi Mohamed Ould Bobatt :

Il s’agit ici encore de proches cousins et amis de longue date du Président Mohamed Ould Abdel Aziz. Ce duo opère dans la pêche avec le bateau chinois le La Fayette qui a une capacité de stockage de 300 000 tonnes ; chassé du Chili, ce bateau est désormais exploité par ces nouveaux venus dans le secteur. En dehors de la pêche, leur activité s’est élargie à :

- La logistique pour le compte de Kinross et de MCM (Mauritanian Mines Corporation).

- Le Transit et la Consignation : Ould Bobat et Ould Lahah sont les seuls qui peuvent s’endetter sans limitation auprès du Trésor.

- Usine de savon de Marseille. : Atlantic Service

- Projet Bumi Mauritanie pour l’exploitation du fer de Tamagout

- Radio privée : Mauritanide FM.

 

Cheikh Ould Ahmed Ould Baya :

Colonel à la retraite, il est maintenu en toute illégalité comme conseiller du ministre des Pêches pour continuer à avoir la haute main sur le secteur halieutique. Il continue à collecter les amendes de pêche pour le compte du Président. Il cherche d’ailleurs à bouter Ould Yaha hors de Polyhondone car il considère la pêche comme sa chasse gardée.

Il a en outre acheté une importante flotte d’équipements de BTP qu’il loue à Kinross et il est le président de la Société Mauritanienne de Sécurité Privée (MSP) à laquelle l’Etat a accordé par le biais de la Caisse des Dépôts un prêt de 900 millions d’ouguiyas (2 millions d’Euros).

 

Le tandem Taleb Ould Abdi Vall/ Boubacar Ould Ahmedou Ould Ghaddour :

Ascension fulgurante et chemin parsemé de marchés de complaisance et de grosses commissions et dessous de table.

Marché de la Centrale électrique de 36 MW

Achat des avions de Mauritania Airlines : 45 millions de dollars en cash.

Marché du système de télécommunications de la SNIM (TETRA) : 20 millions d’Euros.

SNIM Nouadhibou : fabrique de traverses en béton et construction d’une centrale de production d’énergie éolienne et solaire (le tout pour près de 50 millions d’Euros), et ce sans compter la manne que représente budget de fonctionnement de la SNIM qui avoisine annuellement le milliard de dollars américains.

Le marché de la Prison d’Aleg pour plus de 600 millions MRO.

Construction d’un Centre Hospitalier à Rosso pour 1,5 milliards de MRO.

 

Yahya Ould Hademine :

D’abord comme directeur général d’ATTM et ensuite comme Ministre de l’Equipement, Yahya Ould Hademine (avec la collaboration de son collègue Sidi Ould Tah le Ministre de l’Economie) contrôle et supervise la dépense faramineuse de plus de 185 milliards d’ouguiya (liste des projets à suivre) depuis 2009.

Les deux mêmes sont également les maîtres d’œuvres de la convention de troc pour l’aéroport de Nouakchott avec le groupe Ciment de Mauritanie : un aéroport pour deux millions de passagers (alors que les prévisions disent que le pays n’atteindra le million de passagers qu’en 2030), contre un terrain de 450 ha dont une partie est située sur le territoire de la fameuse ceinture verte de Nouakchott dont la mise en place, il y a une trentaine d’années, avait nécessité des dizaines de millions de US$ de financements norvégien, hollandais, belge et de la Banque Mondiale.

 

Abdallahi Ould Oudaa : ADG de la SNIM

Administrateur Directeur Général de la Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM). A ce poste stratégique depuis plus de deux ans il a la main sur une entreprise au budget de fonctionnement d’un milliard de dollars qui dépend directement de la Présidence. Il distribue à tour de bras les marchés et est sous la coupe directe de Ahmedou Ould Abdel Aziz, qui est son véritable patron. La SNIM se développe notamment sur des partenariats avec le suisse Xstrata et le chinois Minmetals .

 

Sidi Mohamed Ould Ghadda & Brahim Ould Ahmed Salem dit Behaye Ould Ghadda : GROUPE WAFA

A eux seuls ils contrôlent plus de 70 % du marché des produits alimentaires, grâce notamment à la Abdallahi Ould Oudaa. Le Goupe Wafa qu’ils possèdent est devenu en quelques mois un conglomérat très diversifié avec :

- Le pôle distribution : SIREX S.A.

- Le pôle industrie agro-alimentaire : Mirex S.A.

- Le pôle immobilier

- Le pôle BTP : MTC (Mauritanienne pour les Travaux et la Construction).

- Le pôle de recherches minières : Wafa Mining sa

- La banque : BFI (Banque Financière Islamique)

- Une Chaîne de télévision, Sahel TV

 

Et comme « chiens de garde » :

Le directeur général des Impôts Mokhtar Ould Djiay (photo de gauche) et le Gouverneur de la Banque Centrale de Mauritanie Sid’Ahmed Ould Raiss (à droite), à ces deux postes stratégiques ces hommes sont chargés de baliser la route et d’éliminer tous les concurrents ; ils sont ainsi la terreur des hommes d’affaires récalcitrants. Au passage ces deux jeunes sont en train de se constituer un immense patrimoine immobilier.

Par Ali Attar

27 février 2013

CHRONIQUE DE LA MAURITANIE: LE MOUVEMENT DU 25 FÉVRIER

Un communiqué de presse a annoncé le 2 octobre la naissance du Mouvement du 25 février,

 

qui semble s’inspirer de la coordination du 25 février qui avait donné du fil à retordre aux autorités avant que certains de ces dirigeants ne soient «peshmergués» par le gouvernement qui leur a offert ou promis des faveurs dit-on et les a intégré dans une dynamique politique toujours en gestation.

Les inspirateurs du Mouvement du 25 février quelque soit leur bonne foi se heurteront à la méfiance née de la première expérience fortement réprimée au début, puis amadouée par la suite. Machiavel veille au grain !

 

Ci-dessous le communiqué qui nous a été transmis par ce mouvement.

 

                              Communiqué constituant


Notre pays vit des conditions politiques, économiques et sociales terribles à cause des régimes militaires successifs dont le bilan est profondément amer. Ces régimes étaient une véritable catastrophe qui s’est abattue sur le pays et ses habitants. 
Refusant cette réalité et œuvrant pour la changer, la jeunesse mauritanienne est sortie le 25 février dernier d’une façon civilisé scandant des slogans pacifistes demandant des reformes sociales, économiques et politiques. La réaction du régime militaire en place fut de rejeter ces doléances et pire, de réprimer sauvagement et d’emprisonner les jeunes. 
Dans ces conditions, conscients de leur responsabilités et de leur rôle dans le changement espéré et son accélération, un groupe des jeunes, croyant en leur Dieu et en leur patrie, s’est réuni et a décidé de poursuivre la voie engagée par leur première sortie en adoptant un discours et une vision unitaire et en créant un cadre nouveau et organisé dans lequel ils agiront. C’est ainsi qu’est né le "Mouvement du 25 février" qui est un mouvement indépendant regroupant des jeunes de tout bord ou toutes les couches sociales, toutes les tendances politiques et intellectuelles sont représentées et qui a choisi les moyens pacifiques et la stratégie de la guerre non-violente pour atteindre son but.

Les objectifs du mouvement sont les suivants : 
- mettre sur pied un état démocratique, institutionnel ou le pouvoir sera au main du peuple sans tutelle militaire et ou chaque individu peut jouir de ses droits sans interventions de quiconque. 
- Renforcer l’unité nationale et créer une réelle symbiose entre les différentes composantes du peuple en combattant toutes les formes du racisme et d’exclusion, en mettant définitivement fin a l’esclavagisme et ses tares et en orientant les efforts vers les couches défavorisées et fragiles. 
- Œuvrer pour la diminution des prix pour qu’ils soient accessibles surtout aux plus pauvres et pour une assistance médicale à la porté de tous 
- Travailler pour que la femme ait la place qui lui convient pour qu’elle participe à cote de l’homme à la construction de la société 
- Chercher à trouver un enseignement qui prend en considération les besoins du marche de travail et trouver aussi un travail qui permet de vivre dignement 
- Arrêter la dilapidation méthodique des ressources du pays et les biens du peuple et les exploiter à bon escient. 
- Consolider la société civile pour qu’elle joue un rôle efficace dans la construction de l’état et la reforme de la société. 
- Établir des relations extérieures au service de la protection des intérêts de notre patrie et de ses citoyens et basées sur le respect mutuel et la coopération entre les pays.

Tout en proclamant la naissance de notre mouvement, nous invitons tous ceux qui aiment leur patrie et qui se soucient de son avenir parmi les jeunes à se joindre à nous. nous tendons la main aussi aux forces vives de la société mauritanienne avec lesquelles nous partageons la même vision ou une partie de nos idée comme les autres mouvement, les partis politiques, les organisations de la société civile pour travailler ensemble afin de réaliser notre objectif commun. nous insistons sur notre indépendance vis à vis de tous les partis politiques, tous les mouvements et toutes les idéologies.

Notre mouvement déclare le démarrage de ses activités a travers deux campagnes : 
- La campagne "Revenants" qui comprend des activités sur le terrain et d’autres médiatiques. 
- la campagne du " troisième choix" qui a pour but de propager la culture de la guerre non-violente pour créer une conscience avec un choix autre que celui de la capitulation (soumission et opposition traditionnelle) ou de la violence (coups d’état ou opposition armée). 
Mouvement du 25 février 
Nouakchott le 2 octobre 2011

Source  :  Tahalil hebdo le 02/10/2011

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

26 février 2013

CHRONIQUE DE LA MAURITANIE: Rôle et enjeux du système éducatif en Mauritanie dans l’évolution politique

1 Indépendante depuis le 28 Novembre 1960, la République Islamique de Mauritanie s’étend dans l’Ouest du Sahara sur un territoire de 1 030 000 km2 entre le Maroc et l’Algérie au nord, le fleuve Sénégal au sud et le Mali à l’est. Pays crée artificiellement par l’empire colonial français sur des réalités sociales différentes, la Mauritanie est composée d’une population très hétérogène. Unifié dans la religion musulmane, le peuple mauritanien est constitué de deux grands ensembles : l’ensemble hassanophone et l’ensemble négro mauritanien.

L’ensemble hassanophone, lui-même réparti en deux sous ensembles : les Maures blancs ou

Beïdanes et les Maures noirs ou Harratines, descendants d’esclaves asservis par les Maures blancs. L’ensemble négro mauritanien, quant à lui, se répartit en trois sous ensembles : les Halpoulars (Peuls), les Soninkés, les Wolofs. Une division conflictuelle incessante entre ces deux grands ensembles explique la dualité dans laquelle vit la Mauritanie, dualité traduite par une hétérogénéité culturelle et linguistique. i

2 C’est à travers la question linguistique, et plus précisément les politiques linguistiques que nous tenterons de comprendre les tensions entre ces différents groupes.

1. L’évolution du statut des langues en Mauritanie

3 Si l’ensemble négro mauritanien a ses langues propres pour le domaine familial, il a toujours été favorable à l’enseignement du français. Le wolof, le soninké et le pulaar ont acquis le statut de langues nationales en 1979. Cependant, la scolarisation en langue nationale n’a pas dépassé le stade de l’expérimentation chez les populations négro mauritaniennes, considérée comme un ghetto les privant du français.

4 En 1960, l’arabe était langue nationale et le français langue officielle. L’arabe est passé du statut de langue nationale au double statut de langue nationale et officielle, c’est à dire la langue de fonctionnement du système politique, la langue de scolarisation et des médias.

5 Le français, quant à lui, d’un point de vue juridique, est passé du statut de langue officielle dans la constitution de 1960 à celui de langue d’enseignement aujourd’hui. ii

6 La politique d’arabisation a été perçue comme une entreprise d’assimilation culturelle par les populations négro mauritaniennes. Le français n’a en fait jamais été revendiqué comme une langue de l’unité nationale mais plutôt comme revendication ethnique de l’ensemble négro-mauritanien contre l’arabe et le peuple maure.

7 Les divergences linguistiques ont fortement marqué le parcours politique de la Mauritanie de l’indépendance à nos jours, mettant le pays, par intermittence, au bord de la guerre civile :

1966, 1979, 1989iii. Elles ont aussi marqué l’évolution du système éducatif, dont les diverses réformes reflètent les tâtonnements des différents régimes qui ont gouverné le pays, pour trouver une solution satisfaisante pour tous et donc garante de paix sociale. Ainsi, le rapport conflictuel entre la langue arabe (arabe/hassanya) et les langues nationales transfère le conflit sur un autre terrain, l’école, dont le français est l’enjeu. iv

8 Depuis 1960, le pays aura ainsi connu cinq réformes du système éducatif qui sont des actes de politique linguistique. La place accordée au français, à l’arabe et aux langues négro-africaines a été l’objet de toutes ces réformes. Entre tentative d’arabisation et mesures d’apaisement, la question linguistique a donc été omniprésente. De 1979 à 1999, la Mauritanie s’est finalement divisée en créant deux filières scolaires : les enfants pouvaient s’inscrire soit dans la filière arabe, soit dans la filière bilingue (qui correspondait à un enseignement en français). La scission culturelle du pays se retrouvant ainsi sur les bancs de l’école dans des classes séparées. v

9 La dernière réforme, en 1999, par sa réintroduction du français langue d’enseignement, marque le retour au bilinguisme et l’échec relatif de 40 ans de réformes du système éducatif. Le changement majeur est le retour à un enseignement unifié, mettant fin aux anciennes filières Rôle et enjeux du système éducatif en Mauritanie dans l’évolution politique. 3

Le Portique arabes et bilingues qui divisait le pays. Aujourd’hui, les disciplines littéraires (histoire-géographie, éducation civique, philosophie…) sont enseignées en arabe et les disciplines scientifiques (mathématiques, sciences naturelles, physique…) en français.

 

2. Pourquoi un retour au bilinguisme ?

10 D’un point de vue politique, le bilinguisme tend à répondre à des impératifs d’ordre politique et culturel : unifier le peuple, mettre fin à des conflits, faciliter des échanges, transférer des savoir faire…

Mais ce bilinguisme étatique cache la juxtaposition de plusieurs « unilinguismes » retors.vi Dans le cas Mauritanien, ce retour au bilinguisme répond à deux facteurs.

11 Tout d’abord, cette dernière réforme semble répondre à un impératif d’unité nationale et de paix civile dans le pays. Elle a réconcilié les différentes composantes des mauritaniens entre elles en envoyant leurs enfants à la même école, dans la même classe, devant le même maître…

12 Ensuite, la génération « arabisée » s’est retrouvée en grande partie « sacrifiée »vii ; en effet le manque de débouchés des bacheliers arabophones vis à vis des universités étrangères a pointé une insuffisance du système. L’Université de Nouakchott n’offrant pas encore de troisième cycle à ses étudiants, ceux-ci doivent poursuivre leurs études à l’étranger, or un mauvais niveau

de langue en français ferme bon nombre de portes… De plus, une journaliste notait « qu’un médecin ou un ingénieur formé en arabe doit travailler avec des documents généralement en Français ».viii

13 Le résultat espéré d’une telle réforme est d’obtenir, à terme, l’émergence d’une « communauté linguistique » au sens que lui donne William Labov : « groupe de locuteurs qui partagent un ensemble d’attitudes sociales vis à vis de la langue »ix

3. La nouvelle réforme en question

14 Nos enquêtes de terrain cherchent à percevoir la mise en oeuvre et les opinions des différents acteurs ainsi que les répercussions d’une réforme d’une telle envergure sur ce retour au bilinguisme.

15 

16 Aux premiers abords, tous nos informateurs semblent accueillir positivement la nouvelle réforme. Le caractère unificateur est perçu comme une avancée positive pour le peuple Mauritanien. Beaucoup souhaitent voir s’apaiser les tensions ethniques et le retour des enfants sur les bancs d’une même école est porteur d’espoir.x C’est le voeu commun de voir naître « un jeune mauritanien » et non pas deux comme c’était le cas jusqu’à présent.

17 Cependant, selon la position des personnes interrogées, des nuances peuvent être apportées…

Les directeurs d’établissements et certains théoriciens de la réforme ont souvent un discours bien plus optimiste que les hommes de terrain, ceux qui sont face aux élèves quotidiennement : les enseignants. Bien que ces derniers soient généralement favorables à cette hétérogénéité ethnique, ils sont assez dubitatifs quant à la mise en oeuvre pratique de la réforme. Confrontés aux soucis logistiques, ils estiment tous que les théoriciens n’ont prévu aucune mesure d’accompagnement ce qui conduit sur le terrain à un échec probant. De ce fait, malgré l’unification qu’ils considèrent positive, la plupart d’entre eux préféraient enseigner dans l’ancien système.

18 Aujourd’hui, la réforme a atteint la seconde année du secondaire. Tous les élèves du fondamental ont donc suivi l’enseignement arabe (langue de culture) et français (langue scientifique). Mais les enseignants déplorent le niveau linguistique des élèves, tant en arabe qu’en français. Certains diront même qu’avant, au moins, le système formait des arabisants ou des francisants, maintenant il y a des « riennistes »xi… Ce constat sur la médiocrité des résultats nous a été décrié mais plusieurs facteurs peuvent être explicatifs.

19 En premier lieu, la scolarisation massive ces dernières années a entraîné un énorme besoin d’enseignants. Mais les centres de formation initiale (ENI, ENS) xii ne peuvent accroître démesurément leur capacité d’accueil. De nouveaux enseignants ont alors été recrutés, dans l’urgence. Certains étudiants de niveau licence ou maîtrise ont été sollicité directement à Rôle et enjeux du système éducatif en Mauritanie dans l’évolution politique 4

Le Portique l’Université même si leurs disciplines étaient différentes de leurs futurs enseignements.

Des formations accélérées leur ont permis de rejoindre des établissements scolaires le plus rapidement possible. Certaines formations accélérées ont même été réduites à cinq jours. xiii

Avec une formation initiale si brève, il n’est alors pas étonnant d’observer sur le terrain que nombre d’enseignants ne maîtrisent pas leur langue d’enseignement ou ne connaissent pas le contenu de leur enseignement.

20 Il y a non seulement une réforme des langues d’enseignement mais également des contenus et pédagogies d’enseignement. L’IPN xiv a révisé tous les programmes et des nouveaux manuels scolaires ont été conçus pour chaque niveau. Mais l’édition et la distribution de ces manuels est loin d’être achevée… Les écoles fondamentales sont depuis un an entièrement fournies mais les enseignants de première année de secondaire doivent encore « bricoler » comme ils peuvent. Des cours de mathématique ou de sciences dispensés en français sont assurés grâce à des manuels en arabe… Les enseignants s’indignent d’une mise en application aussi rapide, ils auraient souhaité avoir tout le matériel avant de se lancer dans une telle mission !

21 Des pages entières ne suffiraient pas à décrire tous les problèmes concrets qui entravent la réforme. Des retards matériels, des financements insuffisants, la situation précaire des enseignants, la corruption pour le passage en classe supérieure, l’impossible reconversion linguistique de certains enseignants xv, des classes pléthoriques aux niveaux trop hétérogènes qui retardent les programmes… Mais derrière tous ces aspects techniques se cachent en filigrane des questions d’ordre culturel et identitaire qui sont encore loin d’être résolues. Le conflit ethnique est toujours d’actualité même si aujourd’hui il apparaît comme sous-jacent.

22 Les discours des enseignants négro mauritaniens francisants sont révélateurs dans bien des cas d’une totale démotivation et d’une rancoeur prononcée envers le système. Ils sont pour la plupart originaires du sud de la Mauritanie et sont affectés aux quatre coins du pays pour enseigner. Ils ne croient pas au bilinguisme au sens où nous l’avons décrit précédemment, c’est une vague utopie qui pour eux ne sera jamais atteinte en Mauritanie. Un système unifié ne comblera pas les inégalités culturelles du pays. A diplômes équivalents, un maure sera toujours prioritaire sur un négro mauritanien pour un emploi selon leurs dires. Le retour du français comme langue d’enseignement ne changera en rien cet état de fait qui apparaît comme immuable. Leur discours est souvent paradoxal, à la fois chargé de satisfaction face au retour du français pour tous mais également inquiet face à l’avenir.

23 Un autre phénomène permet à cette situation conflictuelle de perdurer, c’est la position de certains parents d’élèves. Ils n’encouragent nullement leurs enfants à fournir des efforts dans la langue « adverse », la qualifiant d’inutile. Le mépris face à « l’autre » et à sa culture est encore frappant dans bien des régions et cela, dans tous les groupes. Par ailleurs, la pratique de la langue maternelle au foyer parental n’incite guère à approfondir les langues d’enseignement.

24 Malgré ces discours pessimistes sur la possibilité d’un bilinguisme futur, quelques ouvertures ne sont pas à négliger. En effet, si la génération adulte reste encore très scindée, les cours de récréations le sont beaucoup moins. Ceci est surtout visible dans les grandes villes qui regroupent les différents ensembles culturels. Gardons à l’esprit que ce bouleversement scolaire est loin d’être achevé et qu’une telle ambition nécessite patience et persévérance.

25 Entre arabité et africanité, la question identitaire fait encore débat en Mauritanie. Etudier les représentations sociolinguistiques parait, dans le cadre de la poursuite de notre action, une piste intéressante à explorer. Quelles perceptions ont les différents acteurs du système éducatif de toutes ces langues pratiquées ? Quel est le besoin qu’ils expriment pour chacune d’elle ? Le degré d’affectivité qui leur est attaché est-il synonyme de revendication identitaire ? Autant de questions qui nous l’espérons, s’éclairerons au fur et à mesure de nos enquêtes de terrain !

Notes de fin littérales

1L-a Mauritanie est toujours présentée en deux communautés, mais il est très difficile de déterminer la part de chacune d’elle. Selon les sources, ou plutôt l’origine de l’information, les chiffres varient sensiblement…

Rôle et enjeux du système éducatif en Mauritanie dans l’évolution politique 5

Le Portique

2-Dans la constitution de 1960 « la langue nationale est l’arabe, la langue officielle le français », dans celle de 1991 « les langues nationales sont l’arabe, le pulaar, le soninké, le wolof ; la langue officielle est l’arabe ». On remarque que le français a perdu tout statut institutionnel, et le statut de langue d’enseignement ne concerne que les disciplines scientifiques.

3- 1966 et 1979 marquent des révoltes face à l’arabisation du système éducatif mais les évènements de 1989 ont été beaucoup plus tragiques, de violents affrontements ethniques ont conduit à des expulsions importantes de part et d’autre de la frontière sud avec le Sénégal.

4- Christine Matignon, Sociolinguistique des langues en Mauritanie, Une lecture du niveau en français des étudiants de l’Université de Nouakchott ?, mémoire de DEA, Juin 2004.

5- Il est à noter que certains enfants issus de ce système sont incapables de communiquer entre eux puisque certains ne parlent que le hassanya et l’arabe classique et d’autres le français est une langue négro mauritanienne.

6- Idoumou Ould Mohamed Lemine, Le bilinguisme dans le nouveau système éducatif mauritanien : essai de réflexion, communication lors du III° séminaire sur l’Harmonisationdes Programmes de Français, Nouakchott, 15 au 20 janvier 2002.

7-  Cette expression peut paraître excessive mais c’est celle de nos interlocuteurs !

8- Hindou Mint Hainina, journaliste Al Bayane, propos recueillis par Pierre Lamailloux,

Diagonales, n°26, p34.

9- William Labov, Sociolinguistique, édition de Minuit, Paris, 1976.

10-  Certains informateurs négro mauritaniens m’avouaient qu’ils pourraient pardonner les évènements de 1989 même s’ils ne pourraient pas les oublier. A travers ce « refus d’oubli » se trame souvent une volonté de différenciation permanente des groupes dans les discours.

11 Cette expression nous a fait sourire mais elle reprend l’idée de bon nombre d’enseignants !

12- Respectivement école normale des instituteurs et école normale supérieure (qui forme les enseignants du second degré)

13- Un jeune enseignant de sciences naturelles qui était en licence d’économie quelques mois avant son embauche, n’a reçu que 5 jours de formation avant d’être envoyé en classe.

14- Institut Pédagogique National

15- Que vont faire, en effet, certains professeurs arabisants de mathématiques ou francisants de philosophie ?

Pour citer cet article

Référence électronique

Aurélie Candalot, « Rôle et enjeux du système éducatif en Mauritanie dans l’évolution politique »,

Le Portique [En ligne], Archives des Cahiers de la recherche, Cahier 3 2005, mis en ligne le 15 avril 2006, Consulté le 09 février 2013. URL : /index760.html

À propos de l'auteur Aurélie Candalot

Aurélie Candalot prépare un doctorat d’ethnologie sur le rôle et les enjeux du système éducatif dans l’évolution politique en Mauritanie sous la direction d’Abdel Wedoud Ould Cheikh. Elle est également chargée de cours à l’Université de Metz.

Publicité
Publicité
LE PANAFRICANISME NOUVEAU
  • Le Panafricanisme est une idée politique et un mouvement qui promeuvent et encouragent la pratique de la solidarité entre les africains où qu'ils soient dans le monde. Le panafricanisme est à la fois une vision sociale, culturelle et politique d'émancipati
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Visiteurs
Depuis la création 150 108
Publicité