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LE PANAFRICANISME NOUVEAU
25 avril 2016

GAMBIE : Le bilan chiffré des crimes de Yaya Jammeh

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 Au pouvoir depuis 1996, Yaya Jammeh dirige la Gambie en maître absolu et d’une main de fer. Il ne supporte ni critique des opposants,  a fortiori la presse. Jammeh n’en n’a cure de la liberté d’expression ni des droits de l’homme. Le jour de la fête de l’Aïd-el fitr, il a annoncé à la ville et au monde l’exécution, en mi-septembre, de 47 condamnés à morts. Mais ce n’est pas une première. Une liste de ses quelques victimes circule sur la toile.


Ils sont journalistes, hommes politiques, étudiants, soldats et agents de sécurité, ou encore ministres, activistes des droits humains, étrangers de passage en Gambie, à être victimes de la paranoïa d’un être qui a ramassé presque le pouvoir, à cause de la poltronnerie de son prédécesseur. Guidé par son libre-arbitre, Yaya Jammeh terrorise tout un peuple, musèle la presse et les organisations des droits de l’homme, torture et tue depuis des années, et en toute tranquillité. Dans les geôles gambiennes, on torture, on massacre, on assassine par pendaison. Le 20 août dernier, Jammeh annonçait l’exécution, mi-septembre, de 47 condamnés à mort. Alors que c’est l’un des meilleurs jours pour accorder clémence à l’offenseur. Peu de jours après cette annonce effroyable, Amnesty international, qui cite des « sources fiables » et « crédibles », annonce l’exécution de 9 personnes dont deux Sénégalais. « Neuf personnes, dont une femme, ont été extraites de leurs cellules de détention la nuit dernière et ont été exécutées ». Et deux des prisonniers annoncés morts « seraient des Sénégalais», indique le communiqué. Des sources jointes à Banjul  ne confirment ni n’infirment l’information, selon l’Agence France Presse (AFP). Néanmoins, une source sécuritaire a déclaré que les prisonniers condamnés à mort avaient simplement été tous «transférés la nuit dernière en un même endroit» et n’avoir pas connaissance d’exécutions effectuées. Elle a toutefois soutenu : « L’homme-là (le président gambien Yahya Jammeh, NDLR) est déterminé à exécuter les prisonniers, et il le fera». Plus tard, l’information sera finalement infirmée par Alioune Tine, président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO). «C'est une information erronée. Elle a été démentie par le président Yaya Jammeh lui-même », a dit M. Tine. Toujours-est-il que la cruauté de Yaya Jammeh n’est pas une nouveauté, il avait juste observé un répit

Palmarès de la cruauté

Yaya Jammeh a commis  quantité de crimes. Il a fait assassiner 26 soldats et agents de sécurité, fait disparaitre mystérieusement  plus de 17 personnes, et fait massacrer en 2000 autour de 14 étudiants de diverses écoles gambiennes. L’assassinant de 12 civils, dont Ousman Koro Ceesay, ancien ministre des Finances, Deyda Hydara,  correspondant Reuters et directeur du journal Le Point et l’opposant Sidia Sanyang,  mort sous torture, lui sont imputés.
Les étrangers n’échappent pas à la machine meurtrière du président gambien. Yaya Jammeh a massacré cinquante-huit (58) étrangers : cinquante-cinq (55) Ghanéens, deux (2) sénégalais, un (1) guinéen, un (1) togolais.  Cinq  prisonniers politiques ont été victimes de torture  en Gambie dont Alhagie Kebbeh, maintenant paralysé, Wassa Janneh (politicien membre de l’UDP),  Marian Denton, activiste,  Ousman Rambo Jatta, politicien, Tamba Fofana, enseignant.
Eu égard à cette terreurs les avocats Ousman Sillah et Mai Fatty, eux n’avaient qu’à accepter de subir ou de s’exiler. Et bien, ils ont fait la deuxième option pour sauver leur peau. Gambie, vraisemblablement, il suffit de franchir le territoire national  pour que  de forts soupçons pèsent sur vous sans justification. Comble de paranoïa ! Le journaliste de l’Agence Apanews,  raconte qu’en 2004, il s’était rendu à Banjul pour  réaliser une interview  avec un opposant.
Après l’entretien avec son cameramen, un agent de sécurité  les intercepte et leur demande ce qu’ils sont allés chercher chez ce type. Le journaliste, pour esquiver, feint de n’être pas anglophone. Alors, l’agent se mit au wolof.
Notre confrère fit par le signe du doit qu’il ne comprenait rien et réellement il  n’est pas un locuteur wolof. Alors que son cameraman voulut répondre à l’enquêteur, le journaliste le dissuada discrètement. Et c’est comme ça que l’agent colla la paix au journaliste et son cameraman qui ont rallié Dakar.

FREDERIC ATAYODI

 

La communauté internationale aphone

La communauté internationale, habituellement prompte à hausser le ton sur les agissements de tel ou tel dirigeant africain, est étonnamment presque aphone sur le cas Yaya Jammeh.  Mandat d’arrêt international contre Omar El Béchir (Soudan) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité ; pression sur Tandja qui s’était octroyé une rallonge de 3 ans, après son deuxième et dernier mandat présidentiel ; soutien au Conseil national de transition en Libye ; pression sur le capitaine Dadis Camara (Guinée) pour qu’il quitte le pouvoir ; appel pressant à l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire) pour qu’il accepte sa défaite suite à la présidentielle, etc.
Les cas de pression sur les personnalités africaines sont légion. Mais dans la plupart des cas, les pays où cette communauté internationale  est intervenue fortement, on constate que les ressources minières sont débordantes. Pour la  Gambie, petit pays pauvre qui n’a ni or, ni pétrole, ni uranium, la communauté internationale qui malheureusement n’est composée de quelques pays riches, observe un silence coupable. Une hypocrisie qui  ne peut passerinaperçue. A l’annonce de l’exécution par Jammeh, les réactions n’ont pas fusé de partout comme dans certains cas.

Fatou Bensouda mal à l’aise

Le 16 juillet dernier, la gambienne Fatou Bensouda a pris ses fonctions comme première femme, et en même temps, première personnalité d’origine africaine à la tête de la Cour pénale internationale.  La CPI  est une juridiction  créée le 1er juillet 2002 par le statut de Rome, chargée de juger les personnes accusées de génocide, de crime contre l’humanité et de crime de guerre.
Après Carla Del Ponte, Luis Moreno Ocampo, une africaine a accédé à  la tête de cette institution.  Fatou Bensouda  avait été fortement soutenue par l’Union africaine et par ricochet, tous les Africains. Yaya Jammeh dont elle fut le ministre de l’avait  également épaulé. Mais aujourd’hui, le président Jammeh met très mal à l’aise l’une des 10 femmes africaines les plus influentes. Mme Bensouda, lors de sa prise de fonction, avait averti que la juridiction qu’elle dirige  accomplira sa mission sans une cible particulière. Une  déclaration  pour rassurer ceux qui présentent la CPI comme une justice de « Noirs contre les Blancs».

Auteur: FREDERIC ATAYODI - Le Senegalais.net

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24 avril 2016

HOMMAGE A FRANKLIN BOUKAKA le Panafricain

Franklin Boukaka, le poète assassiné en 1972. Immortel Boukaka: Rumba engagée, Poésie musicale et Pa 

Ce Document est une compilation des textes relayés de: Nwinda.org, Congopage et Afrikara

Franklin Boukaka, le poète assassiné en 1972
Immortel Franklin Boukaka : Rumba engagée, poésie musicale et panafricanisme


S’il y avait une référence musicale africaine à redécouvrir dans son discours politique panafricain en dehors de Fela, Franklin Boukaka serait un candidat idéal. Celui dont l’album «Le Bûcheron» paru en 1970 avait littéralement supplanté l’horizon installant l’artiste dans la double chaise du musicien poète et du politique devait malheureusement décéder assassiné, trois ans après la sortie de son album culte lors d’un coup d’état instruit dans son pays le Congo Brazzaville.

La disette de messages et de contenus dans laquelle sombre une part trop importante des musiques africaines oblige presque à une réécoute, une reconsidération de ces héritages que le tout bruissant pseudo musical, heureusement ne parvient recouvrir. Sous l’autorité processionnelle de péripatéticienne dame l’«ambiance», sésame d’une activité essoufflée et vide d’inspiration, les artistes, musiciens, créateurs divers se perdent dans une course au tube, dans une concurrence radiophonique, dj-sonique de décibels et de vitesse qui dessert probablement ce que le continent aurait de plus défendable en la matière.

Les Anciens, là et dans bien d’autres domaines, sans souscrire à une gérontocratie simplette, ont des leçons probantes à donner. Plus qu’un recours poussif à des objets sacralisés, quelques œuvres choisies des illustres devanciers offrent encore, à l’instar de la musique de Boukaka des moments de pur bonheur, en franchissant le mur du son et des rythmes pour accéder à cette plénitude que la musique seule sait convoquer. 
Commentaire de Ne Nzinga, Karanaute


Mélodies lumineuses, force du lyrisme allié à la poésie et à l´engagement politique : qui écoute le disque " Le Bûcheron " de Franklin Boukaka est subjugué non seulement par la beauté du style dépouillé des pièces et par leur arrangement (dû à Manu Dibango présent de même au piano) mais également par l´actualité du message véhiculé par cet artiste congolais de grand talent, trop tôt disparu (en 1972), victime de la violence politique. 

En effet il y a trente cinq ans Franklin Boukaka dénonçait déjà, à travers cette oeuvre, véritable pierre angulaire de la musique africaine - et qui à ce titre mériterait de figurer dans toutes nos discothèques - la répression sévissant à travers le continent tout en réclamant la mobilisation de tous pour une véritable indépendance des nations africaines. 

Artiste à la pointe du débat politique il chantait la liberté de l´Afrique et la bravoure des figures emblématiques qui marquèrent la scène politique du Tiers-Monde. Ainsi reliait-il, dans " les Immortels ", le destin révolutionnaire de Ben Barka à celui de Lumumba, Simon Kimbangu, Che Guevara, Malcom X (fondateur de l´Organisation de l´Unité Afro-américaine), Um Nyobe, André Matswa, tous assassinés ou morts en prison au nom de la liberté, du nationalisme, du panafricanisme. 

En 1967 le chanteur, qui vécut quelques années à Kinshasa, reprend à sa façon l´idée d´unification des deux Congo avec son fameux " Pont sur le Congo ". 

Le caractère panafricain de l´intellectualité musicale de Boukaka est tel qu´en 1969, il crée l´évènement au Festival Culturel Panafricain d´Alger. Une de ses compositions (Muanga) est même reprise par le légendaire groupe cubain Aragon. 

Mais c´est assurément sa plus célèbre chanson, " Le bûcheron " (et son lancinant violon joué par une musicienne de l´orchestre national de France), qui révèle encore, plus de trente ans après son assassinat politique, le vrai sens de son combat nationaliste et panafricaniste à travers ses vers chantés. Prémonitoire, Boukaka (la solitude, en langue Kongo) y observait : " tout homme doit mourir un jour; mais toutes les morts n´ont pas la même signification ". Boukaka est mort mais Boukaka est grand. Et sa voix singulière, son message, qui retentit du fond de notre histoire faite de luttes, parle toujours à des générations d´africains. 

FRANKLIN BOUKAKA - Le Bûcheron (1970)



Nzumba Matassa
www.mwinda.org

17 avril 2016

FRANCEAFRIQUE: LES MULTINATIONALES PILLEUSE DE L'AFRIQUE

Vincent Bolloré avait déposé plainte contre un article publié en 2012 par Bastamag sur l’implication des multinationales françaises dans le processus d’accaparement des terres. Entretien avec deux des personnes poursuivies, Julien Lusson (JL) et Ivan du Roy (IDR).

Cet article de synthèse, s’appuyant sur plusieurs rapports et différentes sources d’informations afin de faire le point sur les acteurs français impliqués dans ce processus, avait été rédigé par la journaliste Nadia Djabali et repris par Ivan du Roy et Agnès Rousseau. Tous trois sont poursuivis, ainsi que Julien Lusson, alors directeur de publication de Bastamag, mais également les médias et personnes qui avaient relayé des liens hypertextes vers l’article dans une revue de presse : Pierre Haski en tant que directeur de publication de Rue89, la journaliste Dominique Martin-Ferrari sur son blog, et deux blogueurs amateurs, Thierry Lamireau et Laurent Ménard.

Bolloré est-elle la seule des entreprises mentionnées dans l’article à avoir réagi ?

JL : Oui, le groupe Bolloré est le seul à nous avoir poursuivis. Aucune autre des multinationales citées dans l’article n’a émis le moindre commentaire, ni entamé la moindre poursuite. A l’évidence, Bolloré poursuit là sa stratégie, désormais très claire, consistant à tenter de faire taire tous les journalistes qui parlent de ses investissements en Afrique.

Comment l’avocat de Bolloré a-t-il justifié cette plainte ?

JL : L’audience a permis de revenir sur le processus d’accaparement des terres d’un point de vue général, puisque dans l’article en question 9 paragraphes (dont le titre) étaient poursuivis, dont 5 qui ne traitent pas directement du groupe Bolloré. Cette dimension même « d’accaparement » était en cause, puisque Bolloré estime diffamatoire d’utiliser ce terme, donc il a fallu aborder ce sujet ; puis il a fallu traiter de la responsabilité du groupe Bolloré dans ce processus via les importantes participations qu’il possède dans la Socfin, une entreprise basée au Luxembourg qui gère de nombreuses plantations en Afrique et en Asie. Au cours de l’audience, les témoignages des ONG comme le ReAct, GRAIN, la FIDH et AGTER, ont permis d’évoquer les pratiques de la Socfin à l’égard des riverains et des travailleurs, les conditions d’acquisition des terres ou d’octroi des concessions foncières, etc.

Mais face à ces récits accablants, la défense de l’avocat de Bolloré, Me Olivier Baratelli, a été en gros de dire « c’est pas nous ». Selon lui, il s’agit de la Socfin et non de Bolloré, qui en est un actionnaire certes important mais minoritaire, et qui ne peut par conséquent pas assumer la responsabilité pleine et entière de ce qui se fait dans les plantations – et prétendre le contraire serait diffamatoire. Me Baratelli a en effet pris soin de rappeler que Bolloré ne contrôle pas directement de terres en Afrique, hormis celles de la SACAFAM au Cameroun, qu’il a présentée comme une plantation limitée, où les conditions d’emploi seraient formidables et où tout se passerait bien.

Au final, l’avocat a demandé 1 euro symbolique de dommages et intérêts, en disant que c’était la preuve que le groupe Bolloré ne cherchait pas à étouffer les médias. Il a évidemment omis de dire que ce type de poursuites a un coût considérable, en frais de justice et d’avocats. Il a aussi demandé 5000 euros au titre de l’indemnité de frais d’avocats et, si condamnation il doit y avoir, qu’elle soit publiée dans plusieurs journaux. Le tribunal rendra sa décision le 7 avril.

L’article s’appuyait notamment sur des rapports qui n’avaient pas été attaqués...

JL : Pour ce qui concerne les participations du groupe Bolloré, l’article citait notamment des rapports de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), de l’ONG étatsunienne Oakland Institute et de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH). Ces rapports avaient tous fait l’objet de réponses, souvent menaçantes, de la part du groupe Bolloré ; mais pas de poursuites.

Dans le cas de la FIDH, il y a eu par exemple une réponse de la SOCFIN contenant une menace de poursuites. La FIDH y a répondu dans un courrier précis signé de sa présidente de l’époque, la défenseur des droits de l’homme de nationalité tunisienne, Souhayr Belhassen, en maintenant toutes ses conclusions ! A l’audience, l’avocat de Bolloré a fourni une argumentation étrange et ambiguë, il a expliqué que le dossier n’avait pas pu se régler parce que la FIDH avait envoyé une avocate tunisienne, pour traiter avec un avocat français, au sujet du Cambodge… Par ailleurs, il ne s’est pas expliqué concernant la MINUL. Il a par contre justifié que son client n’avait pas poursuivi Oakland Institute car il s’agissait d’une ONG états-unienne (NDLR : aux USA, le Premier amendement de la Constitution rend impossible toute poursuite en diffamation).

L’audience a toutefois permis de rappeler que toutes ces menaces de poursuites n’avaient justement pas été suivies d’effets. D’une certaine manière, on peut aussi penser que la procédure engagée contre Bastamag est un substitut de poursuites que le groupe Bolloré n’a pas eu le courage de mener… Il sait, comme tout le monde, que toutes ces organisations sont connues pour le sérieux et la qualité de leurs travaux, c’est ce qui en fait la crédibilité.

Le traitement médiatique de ce procès était-il à la hauteur des enjeux ?

De fait oui, parce que les enjeux pour la presse n’étaient pas minces. Il y avait en fait plusieurs enjeux dans ce procès.

Il y avait d’abord le fait de savoir s’il est encore permis de parler des activités du groupe Bolloré et de ses participations, en particulier en Afrique ! Il faut se rendre compte que sa stratégie d’intimidation systématique de la presse est en passe de réussir. Bolloré multiplie les procès contre la presse qui ne lui est pas acquise et prône la censure dans les médias qu’il contrôle directement. Comme l’a souligné au cours de l’audience Pierre Haski, de Rue89, les journalistes n’osent plus parler des affaires de Bolloré, de peur de devoir affronter un procès ! C’est un danger réel pour la démocratie, si les tribunaux n’y mettent pas un coup d’arrêt !

Il y avait ensuite un autre enjeu important, celui de la responsabilité lorsqu’un site renvoie par des liens hypertexte vers des articles dont le fond est contesté. Cela renvoie directement au fonctionnement d’internet.

Il y avait, enfin, un enjeu plus large concernant le processus d’accaparement des terres et l’audience était de ce point de vue-là extrêmement importante parce qu’elle a permis de mettre en lumière ce processus et ses impacts absolument dramatiques, sur lesquels le traitement médiatique n’est pas du tout à la hauteur aujourd’hui. Plusieurs journalistes qui étaient présents ont découvert le sujet et sa gravité.

Du coup, avec ce procès, Bolloré voulait nous faire taire, mais il a contribué par lui-même à faire davantage parler de lui, des pratiques des filiales de la Socfin, et de l’accaparement des terres. Cela a aussi permis de renforcer les réseaux qui luttent contre ce processus. L’enjeu est désormais d’accentuer encore davantage les campagnes internatio-nales et mobilisations contre l’accaparement des terres, d’insister sur la « responsabilité sociale » des grands groupes… Il faut continuer à exercer un rôle de contre-pouvoir par rapport à ces groupes, très puissants, qui disposent de moyens démesurés et se jouent souvent du droit, voire peuvent contribuer à façonner le droit à leur avantage.

IDR : Au-delà du groupe Bolloré, ce procès s’est déroulé dans un contexte de débat autour du « secret des affaires », dont la définition européenne est quand même assez large et suffisamment floue pour intégrer beaucoup d’aspects. Même si pour l’instant le travail des journalistes reste protégé en tant que tel dans le cadre d’une éventuelle loi ou directive européenne sur le secret des affaires, cela pose problème pour les sources : si demain un syndicaliste, un paysan, ou n’importe qui d’autre qui fournit des informations ou un témoignage critique sur un grand groupe, qu’il s’appelle Bolloré ou pas, peut être poursuivi suite à l’adoption d’une telle réglementation, cela risque d’assécher totalement les sources des journalistes et donc de couper l’accès à toute information remontant d’autres acteurs que le service communication de ces grands groupes.

Bolloré multiplie les plaintes en diffamation. Les juges peuvent-il y voir des « poursuites baillons » ?

JL : Notre avocat, Me Antoine Comte, a insisté au cours de sa plaidoirie sur l’instrumentalisation des juridictions par le groupe Bolloré, dans le but effectivement de faire taire les journalistes. Les juridictions ont la possibilité d’y mettre un terme. Un des problèmes rencontrés aujourd’hui par les tribunaux, c’est l’engorgement. Donner raison à des groupes comme Bolloré, de poursuivre les journalistes, ça contribue à l’engorgement, ça menace la presse libre et le débat démocratique sur des enjeux importants. On a bien vu à travers cette audience que les questions de l’accaparement des terres et de l’implication des entreprises doivent faire l’objet d’un débat jusqu’au plus haut niveau. Et là-dessus, les juges et les tribunaux ont un rôle à jouer : la décision, qui sera rendue le 7 avril, permettra d’apprécier si les juges entendent bien permettre que l’on puisse parler de ce sujet de manière critique, à partir d’un point de vue éditorial affirmé qui n’est pas de soutenir par principe les activités des grands groupes.

IDR : Il s’agit tout simplement de la possibilité de faire valoir d’autres points de vue. Aujourd’hui, nous sommes abreuvés du point de vue des dirigeants des grands groupes sur les questions économiques, sociales et environnementales : beaux engagements en matière de « développement durable », indignation permanente sur le coût des « charges » sociales, nécessité de s’implanter et d’exporter sur d’autres marchés (notamment en Afrique et en Asie) présentée comme impérieuse, etc. Ce point de vue là est massivement diffusé, il est visible partout : est-ce que d’autres points de vue qui ne vont pas forcément dans ce sens peuvent s’exprimer ? Le travail des journalistes, c’est aussi de les relayer. Donc ce n’est pas aller chercher de l’information critique « parce qu’ »elle est critique, c’est simplement de demander aux personnes concernées par un processus ou une activité ce qu’elles en pensent – et peut-être qu’elles n’en penseront pas la même chose que le service communication de l’entreprise en question. Donc c’est ça qui est en danger, aujourd’hui : est-ce que d’autres points de vue que ceux des directions peuvent s’exprimer ou pas ?

Propos recueillis par Thomas Noirot.

17 avril 2016

PRÉSIDENT THOMAS SANKARA DISAIT

 La faute est à ceux qui exploitent l’Afrique. La faute est aussi aux africains qui ne s’unissent pas pour prendre leur place. L’esclave mérite ses chaînes. L’esclave qui ne lutte pas, qui ne prends pas d’engagement, ne peut pas se débarrasser de ses chaînes. Il reste esclave quels que soient les discours moralistes de son maître. Les Africains doivent s’organiser contre tous ceux qui les excluent des débats de ce monde. Ils doivent s’imposer et il leur est possible de s’imposer.

Je crois en l’unité africaine et je crois qu’elle se fera. Peut-être dans mille ans, je ne sais quand, mais elle se fera en fonction de ce que les peuples voudront. De plus en plus, les peuples africains ignorent les frontières. Ce qui veut dire que si les dirigeants ne veulent pas être balayés par leurs peuples, ils doivent s’identifier à eux et respecter les intérêts de leurs peuples. Cela va amener à l’unité. L’unité au sommet entre quelques dirigeants ne suffira pas.

Source : Interview de Inga Nagel publié dans Jeune Afrique le 11 novembre 1987.

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Photo de L'idéologie Sankariste & Panafricaine.
1 avril 2016

DROIT DE REPONSE A LA MINISTRE: Quand l’esclave s’exprime !

Laurence,

Quand l’esclave s’exprime !

Cendrillon : l’esclave la plus célèbre des contes de fées  devenue princesse chantait « doux rossignol », quant à nous « esclaves » consentantes de ce voile que l’on arbore nous  vous demandons tout simplement de vous taire…au moins le temps de lire cette missive…

Alors vous voilà, ministre des familles et des droits des femmes, tenir un discours des plus scandaleux (devant une absence totale de réaction de Mr Bourdin que plus rien ne choque)  au sujet cette intrusion diabolique d’une tenue islamique que nous pourrions voir sur les podiums de la fashion week,  puis dans une seconde lecture, ce parallèle, que même la dignité ne vous empêche pas de faire sur l’esclavage et le consentement de certains esclaves.

Je marque une pause… j’accuse le coup de ce que je viens d’entendre… je ris, je pleure… le mieux serait de vomir un peu je crois !

Et je ne sais pas le lequel de vos propos me choquent le plus : votre racisme d’état assumé ou votre islamophobie révélée. On y avait presque cru avec cet hashtag plein d’espoir #tousuniscontrelahaine. Ça commence par quoi disiez votre campagne ? Ah oui…des mots ! Là ce sont les vôtres dont il s’agit.

Et bien… merci de votre sincérité Mme la ministre, je ne crois pas au dérapage ! Je ne m’étendrais pas ici sur le regret que vous semblez manifester de ce passé colonial… de ces « nègres » qui étaient satisfaits de leur statut d’esclave. Comme face à ce syndrome que certains psychiatres appellent de Stockholm, rêvez-vous secrètement de cet instant où ils vous diront merci ?

En caractérisant la femme musulmane d’esclave consentante, vous venez de discriminer  une tranche assez conséquente de la population mondiale d’ailleurs… bon comme le disent certains les autres on s’en fout ! Le problème c’est en France qu’il se situe en tout cas pour vous. Je vous rappelle néanmoins, dans vos qualités de ministre du droit des femmes, qu’aujourd’hui dans notre pays une femme meurt tous les  3 jours sous les coups. Terrible statistique dont il faudrait peut-être que votre ministère se préoccupe avant de cristalliser des angoisses, des tensions sur la question d’un morceau de chiffon sur des têtes souvent bien remplies !

Oui, Mme la ministre, je suis voilée et oui je suis libre. Libre de défendre les idées qui sont les miennes, libre de me vêtir comme je l’entends et non comme on tente de me l’imposer. Je suis libre d’être soumise à mes valeurs, mes principes, mes envies, mes convictions… ma croyance ! Cette liberté est la mienne comme vous avez la vôtre que je respecte.

Je vous remercie mais je n’ai pas besoin pour me sentir plus libre de me calquer sur votre conception de la liberté. Je n’ai pas besoin d’être affranchie, je ne me sens esclave de rien…à l’exception de cette laïcité falsifiée que le gouvernement nous crache au visage en actionnant les leviers de la peur et du danger de l’islam.

En fait, je n’ai pas besoin de vous… le problème est le suivant : en tant que citoyenne française musulmane, j’estime que mes droits sont bafoués dans ce pays que j’affectionne tant. Devant cet état de fait, je devrais avoir besoin du soutien de ce ministre chargée de mes droits. Il se trouve que ce ministre c’est vous…

 

L’équation est simple, une de nous 2 n’est pas à sa place !

 

Face à ce dilemme…une seule certitude ne jamais rien lâcher…telle est ma devise.

 

Charlotte V.D, militante associative, citoyenne engagée, membre de Havre De Savoir

Cet article a été publié dans Havre de savoir le 31 mars 2016
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