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LE PANAFRICANISME NOUVEAU
31 juillet 2013

MAURITANIE: TPMN : Contre la gendarmerie coupable d’actes de tortures à Goumbana

Dans un communiqué dont copie est  parvenue à Taqadoumy, ce samedi 21 juillet, Touche pas à ma nationalité (TPMN) dirigée par Wane Abdoul Birane, à ne pas confondre avec TPMN formée autour du docteur Alassane Dia, a dénoncé les actes de tortures dont ont été coupables des éléments de la gendarmerie issus de la brigade d’Ould Yengé  à l’encontre des jeunes natifs du village de Goumbana, situé à 12 kilomètres d’Ould Yengé. Ces actes de tortures qui visent à arracher des aveux dans d’une histoire de vol auraient  causé au  moins  un blessé grave. La presse parle d’ailleurs d’un jeune gravement atteint  qui vomirait du sang suite aux actes de torture qu’il aurait subis.  La dynamique Touche pas à ma nationalité a par ailleurs appelé à la remise en liberté des victimes, qui selon elle, ne sont coupables en rien. Taqadoumy publie son communiqué dans son intégralité.     

Communiqué de presse


TPMN a pris connaissance de l’arrestation d’un groupe de jeunes, tous des négro-africains conduits manu militari  le mardi  17 juillet  de leur village Goumbana  par des gendarmes de la brigade de Ould Yengé. Ils sont accusés sans preuves avérées par un commerçant de cette localité bénéficiant des faveurs des autorités locales, d’être les auteurs d’un vol  de ses biens. Au lieu d’ouvrir des enquêtes  pour déterminer le bien –fondé de ces accusations dans le respect de la présomption d’innocence, la gendarmerie les a torturés avec  une cruauté inouïe.  Deux d’entre eux sont dans un état médical  grave,  les trois autres ont été déferrés au tribunal puis placés en détention à la prison de Sélibabay  sans aucune preuve de leur culpabilité. Les parents des accusés ont rejeté les faits portés contre leurs enfants et demandé aux autorités judiciaires de  les libérer en l’absence de preuves.  Ils n’ont eu comme réponses  que l’indifférence et la vexation des autorités. Face à ces faits graves, TPMN :
-         condamne avec fermeté cette brutalité sauvage à l’encontre d’êtres sans défense victimes  de la chasse aux autochtones  exercée par des arrivistes nostalgiques des années de terreur noire  dans le dessein de les tyranniser  pour mieux  perpétuer  un système de domination contre des paisibles citoyens.
-         Exige la libération sans condition des accusés et demande une  prise de  sanctions exemplaires contre les éléments  de la gendarmerie ayant commis ces actes de torture inhumains et dégradants contre des innocents.
-         Dénonce le comportement raciste des forces de l’ordre en particulier  la gendarmerie d’Ould Yengé, habituée à bafouer la loi et à terroriser les populations noires qu’elle spolie sans pitié. 

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15 juillet 2013

MAURITANIE: INFO OU INTOX?

 

Urgent : Le trio Bouamatou- Chaavi et Taya fomentaient un complot de renversement du pouvoir
 

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L’ex officier Mohamed Ould Kabach a reconnu avoir été  avisé sur une proposition faite conjointement par le trio composé de l’ancien officer  Ahmed Ould Taya, l’argentier en exil Mohamed Ould Bouamatou et l’opposant objet d’un mandat d’arrêt international lancé par son pays Moustapha Limam Chaavi pour renverser le pouvoir mauritanien, à travers la création d’une formation militaire, appuyée  par le Royaume marocain et financée par le Qatar.

L’officier qui a révélé ces informations d’extrême sensibilité et relativement logiques à, eu égard aux rapports tendus que le régime mauritanien  entretient avec les présumés séditieux, affirme détenir tous les documents attestant l’authenticité de ses propos.

 

Dans cette nouvelle relayée par l’ANI, Ould Kabaach  indique avoir eu des contacts téléphoniques avec l’ex officier de l’armée mauritanienne Ahmed Ould Taya,   fils de l’ex chef d’Etat Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya ainsi qu’avec  d’autres personnalités chargées par Moustapha Limam Chaavi et Mohamed Ould Bouamatou pour des missions s’inscrivant dans la même orientation rebelle.

Selon le témoigne de Kaabach, il a été directement contacté par  Ahmed Ould Taya via un médiateur mauritanien,  prenant soin de ne pas accepter immédiatement  la conversation, tant qu’il n’est pas certain d’avoir cerné l’identité de son appelant.

C’est seulement après cette vérification routinière qu’une discussion assistée d’une camera web s’est engagée entre les anciens  officiers.

Sur insistance de Ould kabach, Ould Taya fils a fixé un autre rendez-vous dans lequel il a indiqué qu’il a été chargé de l’informer qu’ils envisagent la création d’une aile militaire armée, mais faute de refuge, ce projet était semé d’embuches, avant de souligner  que ce problème ne se pose plus depuis que le Maroc a pris l’engagement d’héberger le mouvement clandestin en gestation dans le sud du Royaume, suivi aussi par le Burkina Faso.

Taya fils a informé aussi son vis-à-vis qu’ils ont trouvé un important bailleur pour les aspects financiers à savoir le Qatar et certains Etats européens.

A propos de la mission attendue de Kaabach dans ce complot, il s’est vu signifier  qu’il devrait voyager à Dakar puis vers le Burkina Faso, pour aller à la rencontre du trio  Limam Chaavi, Ahmed Ould Taya et l’homme d’Affaires Mohamed Ould Bouamatou.

Kaabach précise n’avoir aucune contrainte qui l’empêchait de traiter avec le trio conspirateur, du fait qu’il est un opposant radical de l’actuel régime militaire.

Toutefois, il motive ses hésitations et réserves par l’information portée à sa connaissance par Ahmed Ould Hadrami, selon laquelle, ils disposent d’une aile militaire armée ; ce qu’il a refusé catégoriquement, précisant que même en sa qualité d’opposant farouche, il condamne les violences dans toutes leurs formes, à la lumière de sa longue expérience militaire de plus 25 années qui lui a permis de connaître profondément les avantages et inconvénients de l’action militaire.

Kaabach précise aussi que malgré son respect au trio instigateur, il sera le premier à porter les armes contre eux s’ils optent pour la méthode putschiste.

Adressant un message à Moustapha Limam Chaavi, Kaabach a précisé n’avoir aucun  rapport avec  le conseiller du président burkinabé Blaise Compaoré, qu’il ne le connaît, qu’il n’a pas eu avec lui une conversation téléphonique, indiquant avoir souffert énormément d’une relation montée de toutes pièces avec  l’exilé.

Kaabach a exprimé le souhait que Chaavi brise le silence pour dire à tous la vérité sur les liens qui les unissent, rappelant avoir été arrêté en 2011 et accusé d’entretenir des rapports avec Moustapha, qu’il ne connaît qu’à travers les médias, indiquant être  disposé à coopérer avec lui, mais uniquement dans un cadre pacifique clair.

Il est à noter que le jeune Ahmed Ould Hadrami est actuellement détenu à la prison civile de Nouakchott suite à son accusation d’atteinte à  l’ordre et de liaisons suspectes avec Moustapha Limam Chaavi.

Des charges que Ould Hadrami avait démenti  un précédent contact téléphonique avec Nouakchott Anba.

Urgent : Le trio  Bouamatou- Chaavi et Taya fomentaient un complot de renversement du pouvoir

 

L’ex officier Mohamed Ould Kabach a reconnu avoir été  avisé sur une proposition faite conjointement par le trio composé de l’ancien officer  Ahmed Ould Taya, l’argentier en exil Mohamed Ould Bouamatou et l’opposant objet d’un mandat d’arrêt international lancé par son pays Moustapha Limam Chaavi pour renverser le pouvoir mauritanien, à travers la création d’une formation militaire, appuyée  par le Royaume marocain et financée par le Qatar.

L’officier qui a révélé ces informations d’extrême sensibilité et relativement logiques à, eu égard aux rapports tendus que le régime mauritanien  entretient avec les présumés séditieux, affirme détenir tous les documents attestant l’authenticité de ses propos.

Dans cette nouvelle relayée par l’ANI, Ould Kabaach  indique avoir eu des contacts téléphoniques avec l’ex officier de l’armée mauritanienne Ahmed Ould Taya,   fils de l’ex chef d’Etat Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya ainsi qu’avec  d’autres personnalités chargées par Moustapha Limam Chaavi et Mohamed Ould Bouamatou pour des missions s’inscrivant dans la même orientation rebelle. 

Selon le témoigne de Kaabach, il a été directement contacté par  Ahmed Ould Taya via un médiateur mauritanien,  prenant soin de ne pas accepter immédiatement  la conversation, tant qu’il n’est pas certain d’avoir cerné l’identité de son appelant.

C’est seulement après cette vérification routinière qu’une discussion assistée d’une camera web s’est engagée entre les anciens  officiers.

Sur insistance de Ould kabach, Ould Taya fils a fixé un autre rendez-vous dans lequel il a indiqué qu’il a été chargé de l’informer qu’ils envisagent la création d’une aile militaire armée, mais faute de refuge, ce projet était semé d’embuches, avant de souligner  que ce problème ne se pose plus depuis que le Maroc a pris l’engagement d’héberger le mouvement clandestin en gestation dans le sud du Royaume, suivi aussi par le Burkina Faso.

Taya fils a informé aussi son vis-à-vis qu’ils ont trouvé un important bailleur pour les aspects financiers à savoir le Qatar et certains Etats européens.

A propos de la mission attendue de Kaabach dans ce complot, il s’est vu signifier  qu’il devrait voyager à Dakar puis vers le Burkina Faso, pour aller à la rencontre du trio  Limam Chaavi, Ahmed Ould Taya et l’homme d’Affaires Mohamed Ould Bouamatou.

Kaabach précise n’avoir aucune contrainte qui l’empêchait de traiter avec le trio conspirateur, du fait qu’il est un opposant radical de l’actuel régime militaire.

Toutefois, il motive ses hésitations et réserves par l’information portée à sa connaissance par Ahmed Ould Hadrami, selon laquelle, ils disposent d’une aile militaire armée ; ce qu’il a refusé catégoriquement, précisant que même en sa qualité d’opposant farouche, il condamne les violences dans toutes leurs formes, à la lumière de sa longue expérience militaire de plus 25 années qui lui a permis de connaître profondément les avantages et inconvénients de l’action militaire.

Kaabach précise aussi que malgré son respect au trio instigateur, il sera le premier à porter les armes contre eux s’ils optent pour la méthode putschiste.

Adressant un message à Moustapha Limam Chaavi, Kaabach a précisé n’avoir aucun  rapport avec  le conseiller du président burkinabé Blaise Compaoré, qu’il ne le connaît, qu’il n’a pas eu avec lui une conversation téléphonique, indiquant avoir souffert énormément d’une relation montée de toutes pièces avec  l’exilé.

Kaabach a exprimé le souhait que Chaavi brise le silence pour dire à tous la vérité sur les liens qui les unissent, rappelant avoir été arrêté en 2011 et accusé d’entretenir des rapports avec Moustapha, qu’il ne connaît qu’à travers les médias, indiquant être  disposé à coopérer avec lui, mais uniquement dans un cadre pacifique clair.

Il est à noter que le jeune Ahmed Ould Hadrami est actuellement détenu à la prison civile de Nouakchott suite à son accusation d’atteinte à  l’ordre et de liaisons suspectes avec Moustapha Limam Chaavi.

Des charges que Ould Hadrami avait démenti  un précédent contact téléphonique avec Nouakchott Anba

 

 

 

15 juillet 2013

Mauritanie: L’AJD/MR dénonce "l'épuration biométrique en cours après l’échec de celle physique des années 89-91"

ALAKHBAR (Nouakchott) – « L’AJD/MR dénonce avec la dernière énergie cette épuration biométrique en cours [après] l’échec de l’épuration physique des années 89-91 », lit-on dans un communiqué du Bureau politique de ce parti d’opposition mauritanien reçu ce dimanche à Alakhbar.

Le communiqué est  en réaction aux "conditions imposées aux seuls Mauritaniens de France ".

Pour l'AJD/MR, "à l’extérieur, certaines ambassades ont commencé sans difficulté l’enrôlement des Mauritaniens. C’est le cas de l’Arabie saoudite ou de la Cote d’ivoire ".

Mais, "pour le cas de la France, l’Etat Mauritanien n’a ouvert qu’un seul centre d’enrôlement pour toute l’Europe ".

Conséquence: "des Mauritaniens sont obligés de parcourir plusieurs centaines voire des milliers de kilomètres pour venir faire le pied de grue devant l’ambassade à Paris, sans être certains d’être enrôlés".

Ces "conditions imposées aux seuls Mauritaniens de France, outre leur caractère discriminatoire, ségrégationniste et raciste, sont inacceptables, intolérables, contraires à la souveraineté et à la dignité de notre pays sur la scène internationale ", dénonce le communiqué.

 "Devant cette situation scandaleuse, discriminatoire et raciste faite à nos compatriotes vivant en Europe, l’AJD/MR leur apporte son soutien total et exige de l’état Mauritanien la suppression du titre de séjour français comme condition préalable à leur enrôlement. Nos compatriotes sont des Mauritaniens, l’état Mauritanien ne peut donc leur exiger qu’une pièce administrative délivrée par les autorités Mauritaniennes", ajoute le communiqué.

Enfin, l'AJD/MR s’interroge: " Que cherche l’état mauritanien à travers cette condition inique et discriminatoire ? Est-ce par ce que la majorité des Mauritaniens vivant en France sont noirs ? "

15 juillet 2013

RACISME OCCIDENTAL: Italie: un sénateur compare une ministre d'origine congolaise à un orang-outan

Il y a un mois, une élue de la Ligue du Nord avait appelé à «violer» Cécile Kyenge, la ministre de l'Intégration.
REUTERS/Tony Gentile/Files
Par RFI

Un sénateur du parti anti-immigrés de la Ligue du Nord a comparé Cécile Kyenge, première ministre noire de l'histoire italienne et originaire de RDC, à un orang-outan. Des paroles que le chef du gouvernement Enrico Letta a jugées, dimanche 14 juillet, « inacceptables » mais qui ne sont malheureusement pas tout à fait inédites.

Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir

Ce n’est pas la première fois qu’un dirigeant de la Ligue du Nord, parti connu pour ses penchants racistes et xénophobes, insulte la ministre Cécile Kyenge, femme d’origine congolaise qui a suivi toutes ses études de médecine en Italie et milite de longue date au sein du Parti démocrate.

T-shirt anti-islam

Cette fois, il s'agit du sénateur Roberto Calderoli qui avait dû démissionner en 2006 de son poste de ministre chargé de la Simplification, après s’être exhibé avec un T- shirt anti-islam sur Mahomet. Ce qui avait provoqué de graves problèmes diplomatiques, notamment entre Tripoli et Rome.

Lors d’une fête de son parti, samedi à Treviglio, près de Bergame, dans le nord de l’Italie, il a déclaré à propos du gouvernement Letta : « (...) Quand je vois les images de Kyenge, je ne peux m’empêcher de penser à des ressemblances avec un orang-outan, même si je ne dis pas qu'elle en soit un ».

Interrogé par les médias italiens sur cette agression verbale, il n’a pas jugé bon de s’excuser.

15 juillet 2013

MAURITANIE: Démantèlement d’un réseau de falsification des passeports

 Une brigade de la gendarmerie a arrêté une bande de  falsificateurs des passeports et des documents initialement  établis par les agences de voyage officiellement reconnues au  profit des voyageurs vers l’étranger.

 Le réseau démantelé aurait déjà réussi la falsification de plus  de 500 passeports contre le paiement de 30.000 l’un soit  15.000.000 UM (quinze millions). 

 Cette campagne massive des passeports s’est déroulée, au  cours d’une période caractérisée par la difficulté pour les citoyens d’obtenir des passeports suivant les procédures courantes auprès des structures officielles habilitées.

Une période où les demandeurs de ces documents, généralement des hommes d’affaires pressés et des accompagnateurs de patients dans une situation grave nécessitant leur évacuation immédiate sont prêts à toutes les bourses pour avoir le précieux sésame.

Selon des sources généralement informées, le réseau arrêté est composé de 3 personnes toutes issues de la wilaya du Guidimakha. Parmi les individus arrêtés dans le cadre de cette bande, les mêmes sources évoquent les noms d’Adama Ishagho, Traoré ainsi que deux de leurs amis en l’occurrence Samba Ould Sidiye etWassago Baka.

Habituellement remis dans un délai de 15 jours après le dépôt des demandeurs de leurs dossiers complets auprès des services compétents de l’agence du registre contre le versement de 30 mille UM, ces titres précieux pour les déplacements internationaux peuvent désormais être retirés, selon les mêmes sources, dans un temps record contre un paiement de 100 mille UM.

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15 juillet 2013

UN JOUR UN HOMME: AMADOU HAMPATHE BA ENTRETIEN

14 juillet 2013

UN JOUR UN HOMME: LE COLONEL Mohamed Ould Bah Ould Abdel Kader

Le chamelier du ciel : 1990 – L’AUTRE JOURNAL par HEDI DAHMANI

Feu_Colonel_Kader

Enfant, il guettait les avions dans le ciel du désert. Kader ne savait pas qu’il deviendrait un jour le seul aviateur de Mauritanie et le héros de la guerre du Sahara. Ni qu’il serait executé à l’âge de 40 ans.

Sahara, 1977. Dans la région de Zouérate, un avion de l’armée de l’air mauritanienne est abattu par le Front Polisario. Lorsqu’ils retrouvent le carnet de bord du pilote,les combattants sahraouis sursautent: l’appareil appartient au colonel Abdelkader. Mais le commendant des forces aériennes n’est plus dans l’avion. Quelques hommes se lancent alors à sa poursuite. A pied, en plein desert, Abdelkader ne peut pas aller très loin. Sûrs d’eux-mêmes, les Sahraouis s’apprêtent à réaliser leur plus importante prise de guerre depuis le début du conflit du Sahara. A bord de leurs jeeps, ils décrivent des cercles de plus en plus larges autour de l’épave. Mais, trois kilomètres plus loin, Abdelkader demeure toujours invisible. Là, le sable et la pierre, vierge de toute trace de pas ; ailleurs, quelques feuillages immobiles et partout, l’horison… Rien ne bouge. Et surtout pas cet arbuste, à une cinquantaine de mètres derrière eux : enterré jusqu’au cou, la tête recouverte de branchages, Abdelkader regarde s’éloigner la colonne du polisario qui poursuit ses recherches. Il ne bougera pas du trou. Les militaires mauritaniens partis à son secours le retrouveront le lendemain, affamé, déshydraté, le visage brulé par le soleil. Les soldats qui lui sauvent la vie sont commandés par le colonel Khouna Ould Haïdalla. Les deux hommes, qui se connaissent et se respectent, se sauveront d’ailleurs mutuellement la vie lors de divers épisodes de la guerre du Sahara. En 1979 Haïdalla deviendra le numéro un du pays. Deux ans plus tard, abdelkader tentera de le renverser à la faveur d’un putsch. Son coup d’Etat échouera et Haïdalla le fera exécuter malgré les appels à la clémence de nombreuses capitales étrangères. Destin unique que celui du colonel Abdelkader, héros de la guerre du Sahara, exécuté par les siens à l’âge de quarante ans et qui, une quinzaine d’années durant flirta plus d’une fois avec la mort…

Mohamed Ould Bah Ould Abdel Kader est né en 1941 à Néma dans le Hodh, région chamelière du Sud mauritanien. Ses cinq fils Abdoullah, Eby taleb, Ethmane, Sidi Mohamed, Sidi Boubacar et sa fille Khadouj reçoivent de leur père fonctionnaire dans l’administration, une éducation stricte.

“Kader”, comme l’appellent ses proches dès son plus jeune âge, ira d’abord à l’école coranique de Néma avant d’entamer des études secondaires à Boutilimit puis à Rosso. L’enseignement est de haut niveau mais le jeune Kader est un élève vif, intelligent, avide de connaissances.
A la fin de ses études, en 1959, il décide d’intégrer la toute jeune armée mauritanienne. Cet engagement ne se fait pas sur un coup de tête. Sa vocation militaire remonte à la fin des années 40. Entouré des chameaux du domaine familial, le petit garçon passe ses journées à observer les exercices des soldats français de la base militaire de Néma. II est fasciné par les ballets aériens, des avions et succombe au prestige de l’uniforme.
En 1959 donc, il décide de s’engager mais emprunte une voie inhabituelle : au lieu de se présenter directement aux autorités militaires, il envoie une lettre d’engagement volontaire à la présidence de la République. La missive atterrit chez un haut gradé français, le commandant François Besley, du cabinet présidentiel de Mokhtar Ould Daddah. Surpris, par cette requête peu orthodoxe, Besley écrit personnellement à Kader pour lui signifier qu’il peut intégrer l’armée, à condition de passer le concours d’entrée qui se déroule à Dakar. Kader ne s’y rend pas. Mais débarque trois mois plus lard à Nouakchott la capitale mauritanienne – et réussit à voir le commandant Beslay.
Son enthousiasme est tel qu’il se fait incorporer dans la garnison de la ville d’Atar. Indépendante depuis le 28 novembre 1960, la République islamique de Mauritanie (RIM) a besoin d’officiers de valeur. Kader est de cette trempe. Ses supérieurs l’envoient donc en stage en France. Après l’Ecole de cavalerie de Saumur, il se porte volontaire, en 1961, pour faire partie des troupes parachutistes de Pau.

1961. Entouré des parachutistes de Pau, le chamelier fait du ski…

Premier voyage à l’étranger et première désillusion: comment supporter le climat Pyrénéen lorsque l’on a toujours vécu par 35° à l’ombre ? Outre le froid. Kader a du mal à soutenir le rythme des entraînements. Le moral du garçon de vingt ans en prend un coup. Le pays lui manque. Il décide de rentrer et se rend à Marseille. Mais, arrivé sur le Vieux port, il regrette déjà. Que dire à ses supérieurs, à sa famille, à ses amis? Qu’il avait trop froid ? Que ses camarades de chambrée n’étaient pas gentils. En pleine guerre d’AIgérie les parachutistes français vivent leurs plus belles heures et Kader, avant d’être un des leur, n’est après tout, qu’un Maure, subissant l’hostilité et les brimades de certains soldats. Son orgueil est atteint. Il rebrousse chemin et retourne à sa garnison. Le petit Mauritanien passera Noël 1961 à Pau. Il serre les dents. Et entre deux exercices, le chamelier de Néma découvre la neige, la glisse, le ski.
Une expérience extraordinaire qui vient atténuer ses souffrances. Lorsqu’il revient à Nouakchott en 1962 bien noté par ses supérieurs, il est le premier parachutiste Mauritanien.

Pionnier de l’inutile dans un pays; où personne ne saute en parachute, on l’envoie commander une unité à dos de chameau. Kader se charge de recruter des nomades pour en faire des soldats de la brigade des méharistes d’Aïoun-el-Atrouss (Hodh). Il se chargera durant six mois du leur instruction avant de retourner dans la capitale, affecté au secrétariat générale de la Défense nationale. II part ensuite à Dakar, s’initier aux techniques du renseignement (Chiffre, Photos, logistique) et, de retour au ministère du la Défense, devient le représentant de la Mauritanie au comité de défense de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) à Addis Abeba. II n’a que vingt deux ans.

Cette ascension en flèche ne doit rien au hasard ni à la seule pauvreté des effectifs militaires. Comme à l’école, Kader étonne ses supérieurs. II apprend vite, avale un à un les dossiers, et surtout aime cette vie au service de son pays. De 1964 à 1968, Kader dirige le deuxième Bureau à Nouakchott, devient l’adjoint du commandant d’arme d’Atar, prend lui même le commandement de la ville de Akjoujt avant de devenir préfet de la région de Bir Moghreîn (ex Fort Trinquet) en juillet 1966. Entre temps, il a épousé Lalla Radia Boughaleb issue d’une famille chérifienne originaire de la ville de Fez au Maroc, mais installée à Rosso Mauritanie. Il aura avec elle six enfants.
Entre temps aussi, Kader était retourné en France, en 1963, à l’Ecole d’application d’infanterie de Saint Maixent L’Ecole (Deux Sèvres). Ce qui n’aurait pu être qu’un banal épisode de sa carrière militaire bouleversera sa vie dix ans plus tard. Ses camarades de promotion sont africains comme Denis Sassou Nguesso – futur président du Congo – et Mauritaniens, Ahmed Ould Bouceif – futur Premier ministre -, Mustapha Ould Salek futur président – ou encore Maaouya Ould Sid’ Ahmed Taya l’actuel chef de l’Etat. Au total, une demi douzaine de futures personnalités politiques. Lui et ses compatriotes joueront tous un rôle de premier plan dans la vague de coups d’Etat que connaîtra la Mauritanie à partir de 1978. Mais en 1963, l’école de Saint-Maixent ne réunit encore que de jeunes soldats dont personne ne peut imaginer la destinée. Quinze ans plus tard ils feront l’Histoire.
Kader devient l’unique aviateur du pays
Toujours est il qu’en 1962, le préfet Kader quitte Bir Moghreîn. Les taches administratives l’ennuient et il revient à Nouakchott, hanté par une idée fixe : voler dans les airs. II se souvient des heures de son enfance passées à regarder les avions dans le désert et de ses premiers sauts en parachute. Mais sauter dans le vide ne lui suffit plus: il rêve de tenir le manche. Il dépose une demande auprès de ses supérieurs, qui ne comprennent pas ce qui peut pousser un préfet, promis à une confortable carrière, à devenir aviateur. Ils ne répondent pas. Têtu, persuasif, Kader finit par convaincre les dirigeants mauritaniens de le laisser tenter sa chance. Or, justement, le pays ne compte alors que deux aviateurs. L’un d’eux n’est autre que Sidi Mohammed, le propre frère de Kader. La reconversion est d’autant plus facile que les volontaires sont rares. Kader réussit les tests de présélection et bénéficie d’une bourse pour se rendre en France. Aulnat, Cognac, Arvor : il passe avec succès tous les stages comprenant toutes les filières de l’aviation.
En mars 1973, Kader revient en Mauritanie, brevet de pilote en poche, et élevé au grade de capitaine. Dès ce jour, l’aviation bouleversera sa vie. A ce moment, la flotte aérienne se limite à deux DC 3, un DC 4, un Broussard et un Cesna. Nouvelle coïncidence : des divergences entre Paris et Nouakchott provoquent la rupture de l’accord de défense entre les deux pays. Le gouvernement Pompidou rapatrie tout le personnel de l’assistance technique : il ne reste plus un seul aviateur français. Un jour d’août 1972, tout ce que l’« armée de l’air » mauritanienne compte comme effectif six personnes, dont les officiers mécaniciens navigants – embarque à bord de l’un des DC 3 pour un simple vol d’entraînement. C’est l’accident. II n’y a aucun survivant, Excepté Kader. Grippé, il avait renoncé le matin même à embarquer avec ses camarades et avait préféré rester couché. Mais le Ciel n’avait pas épargné Sidi Mohamed. « Ce fut une épreuve très dure, Je venais de perdre mon frère, mon unique compagnon », dira t il plus tard. Meurtris, ses parents veulent l’obliger à quitter l’armée, mais persuadé de sa vocation, l’officier reste en place.
Seul pilote du pays, Kader se trouve soudainement confronté à une mission herculéenne: faire voler et entretenir tous les appareils. Dans la chaleur du désert, le sable et le soleil ont vite fait usé le moindre boulon. Et c’est ainsi que des semaines durant, le bleu du ciel de Nouakchott appartient à un seul homme. A peine décolle t’il à bord du Cesna qu’il fait atterrir le DC 4. Vérifie t’il la fiabilité du DC 3 qu’il tente une acrobatie au commandes du Broussard. Loopings et tonneaux n’ont plus de secret pour lui. II slalome entre les nuages. Et lorsque la nuit tombe, il n’est pas rare de le voir inspecter les volets de freinage ou la suspension des trains d’atterrissage. Fatigué mais heureux, Kader deviendra, grâce à cet « entraînement » intensif, un as de l’aviation. Le meilleur.
Deux autres pilotes mauritaniens, formés entre temps en France, viendront l’épauler : Sidi Mohamed Ould Hiyine rentré à Nouakchott en novembre 1973, suivi quelques mois plus tard du capitaine N’Diaye Ndiak C’est encore insuffisant.
En 1974, Kader écrit au gouvernement pour obtenir l’acquisition de nouveaux avions ainsi que la création d’une école pour former des officiers mécaniciens navigants. Proposition acceptée. Son choix se porte sur deux Skyven. Des appareils irlandais qui répondent aux besoins du moment: décoller et atterrir sur des pistes courtes, en mauvais état et adaptés au climat saharien. Il s’occupe du recrutement d’une dizaine de jeunes pilotes et les envoie en Irlande effectuer plusieurs séries de stages techniques. Son emploi du temps devient démentiel : outre les aller retour Belfast, il continue à diriger l’aviation, s’acquitter des tâches administratives et organiser la défense aérienne. Devant l’ampleur dit travail, il est autorisé à recruter un pilote français, retraité de l’aviation, du nom de Benzoni. Ce qui lui permet de repartir pour deux mois en Irlande. II revient pour le quinzième anniversaire de l’indépendance qui marque un événement historique: le 28 novembre 1975, deux avions paradent pour la première fois lors du défilé militaire. L’armée de l’air mauritanienne est née.

Le hasard veut également que ces avions soient arrivés deux semaines seulement avant le déclenchement du conflit du Sahara. Si bien qu’avec les deux Cesna, l’armée ne dispose pour se défendre, que de quatre appareils et de trois pilotes : Kader, Ould Hiyine et Ndiak. Missions de reconnaissance, transport des troupes, évacuation sanitaire, etc. : pour un territoire de plus d’un million de kilomètres carrés deux fois la France ! – cette flotte révèle vite ses limites. Kader décide d’accroître l’encadrement et le matériel. Après un rapide tour d’horizon, il persuade les dirigeants de doter l’armée du Defender anglais. Equipé de deux mitrailleuses et de seize roquettes, le petit appareil britannique devient un avion de reconnaissance, de convoi et d’appui aux troupes terrestre. Ne sachant pas combien de temps pourrait durer cette guerre, Kader prend les devants et décide de rapatrier les jeunes pilotes envoyés à l’étranger.
Ironie du sort huit de ces soldats étaient alors en Algérie, à l’école militaire de Churchell, pour une formation qui devait durer quatre ans. Alger, qui appuie le Polisario, refuse logiquement de les laisser regagner Nouakchott. Certains élèves pilotes réussissent néanmoins à franchir clandestinement la frontière avant de gagner la France pour une formation accélérée. En moins de six mois, l’armée mauritanienne passe de 3000 à 12000 hommes . Et le Mauritanien de la rue apprend l’existence d’un pilote incroyable qui atterrit sur des routes, vise comme personne, porte secours aux Blessés et bien d’autres choses encore…

8 juin 1976. Emmenés par le fondateur et secrétaire général du Front Polisario Mustapha Sayed El Ouali en personne, un commando se lance dans l’une des opérations les plus audacieuses du conflit sahraoui. Partis de Tindouf base de lancement des attaques sahraouies, à la frontière algérienne les Combattants du Polisario parcourent les 1500 kilomètres qui les séparent de Nouakchott sans être inquiétés. Le raid sur la capitale mauritanienne échoue in extremis.
Le lendemain, nouvel assaut, nouvel échec. Le Commando bat en retraite. Quelques heures plus tard. Kader ramène à bord du Defender le corps d’El Ouali rattrapé et abattu à Oum Tounsi à 80 kilomètres au nord de Nouakchott. Jusqu’à ce que la photo du cadavre d’El Ouali paraisse dans Echaâb le quotidien du Parti du peuple mauritanien (PPM, parti unique), les Sahraouis refuseront toujours de croire à la mort de leur leader. Pour eux, El Ouali était un mythe, une légende vivante, l’incarnation même de l’idéal sahraoui. Révolutionnaire idéaliste, fan de Lin Piao et du colonel Kadhafi. El Ouali était le héros du peuple. On ne saura rien des circonstances exactes de sa mort, mais immédiatement les regards se tourneront vers Kader. L’autopsie du secrétaire général du Polisario montre en effet qu’une balle de mitrailleuse lui a traversé la tête pour sortir sous le menton, en lui arrachant un œil. Selon toutes les probabilités, le projectile provenait de l’un des deux avions. Le plus doué et le plus habile des pilotes Kader endosse la responsabilité de la mort d’….
En Mauritanie, l’ex chamelier devient un héros. Le Polisario, lui, jure d’avoir sa peau. Et il y parvient presque. Le 28 décembre 1976, le mouvement sahraoui abat en effet le premier avion mauritanien. Mais à son bord, c’est Ould Hiyine qui est tué sur le coup. L’année suivante, une roquette atteint le Defender de Kader. Il s’enterre pour échapper à ses poursuivants, avant d’être recueilli par les hommes de Khouna Ould Haïdalla. L’homme qui lui sauve la vie ce jour là est un compagnon d’arme, un ami même. Mais la guerre du Sahara fera éclater cette amitié, chacun choisissant sa propre voie…
Kader promu n°2 du gouvernement
Le 10 juillet 1978. Lui coup d’Etat mené par plusieurs officiers dont Haïdalla porte au pouvoir le lieutenant Colonel Mustapha Ould saleck. Malgré les apparences, le putsch ne fait pas l’unanimité au sein de la hiérarchie militaire. Parmi ceux qui s’y opposent, les lieutenants colonels Ahmed Ould Bouceif, Ahmed Salem Ould Sidi et Kader. Par le jeu des alliances, les trois hommes deviennent les alliés des modérés, favorables au partage du Sahara avec le Maroc et farouchement hostiles au Polisario. Mais la discipline militaire jouant, les trois amis préfèrent rentrer dans le rang sans toutefois renoncer à leurs convictions. Neuf mois après son investiture, le président Ould Salek n’arrive pas à clarifier le jeu. Sa politique floue et maladroite complique la position du pays dans la région. Les officiers s’énervent, et le 6 avril 1979, un Comité militaire de salut national (CMSN) réussit un coup d’Etat, « constitutionnel ». Ould Salek reste président mais le pouvoir revient au nouveau Premier ministre Ahmed Ould Bouceif.
Kader, son ami et son plus proche allié politique, devient le < numéro deux > du pays. Les deux hommes inversent la politique mauritanienne et entreprennent de reconstruire l’axe Nouakchott Rabat. Mais, le 27 mai, Bouceif est invité au Sénégal pour participer au 5eme sommet des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Au large de Dakar, le Buffalo qui le transporte tombe à la mer. Accident ? Un vent de sable d’une force exceptionnelle soufflait ce jour là et tout le monde conclura à la catastrophe naturelle. Assassinat? Cinq hauts dignitaires du régime qui devaient accompagner le Premier ministre se sont décommandés à la dernière minute. Et lorsque l’épave de l’avion est renflouée, on retrouve plusieurs corps calcinés exactement comme s’il s’était produit une explosion à bord avant la chute de l’appareil…

Bouceif mort la logique de la hiérarchie militaire veut que Ahmed Salem Ould Sidi, issu d’une famille émirale, prenne la succession mais au sein du CMSN, le subtil jeu des alliances en décide autrement. Afin qu’il n’assiste pas aux tractations, les alliés du Polisario envoient le colonel Kader à Dakar s’occuper du rapatriement du corps de Bouceif. Lorsqu’il revient à Nouakchott, il est mis devant le fait accompli. Ould Sidi a été écarté au profit du ministre de la Défense: Khouna Ould Haïdalla. La ligne favorable à l’Algérie et au Polisario triomphe.
Dans une atmosphère de « complotite », Kader démissionne le 17 juin, avant de s’exiler. Il gagne le Sénégal puis trouve refuge au Maroc où l’attendent Lalla Radia et leurs six enfants. Lui et Haïdalla deviennent des ennemis jurés. Kader homme de sud profond croit à une entité mauritanienne globale –une, indivisible, souveraine– agressé par le Polisario. Originaire de Nouadhibou (nord-ouest), ayant des parents au Maroc et au Sahara, Haïdalla croit, lui, à un ensemble saharien de type tribal, géographiquement homogène et injustement morcelé par les frontières subjectives du colonialisme.
Le 5 août 1979, le gouvernement mauritanien signe à Alger un « accord de paix définitive » avec le Front Polisario. Le texte indique que la Mauritanie renonce à toute prétention sur l’ex-Sahara occidental. Une clause secrète prévoit que les troupes de Nouakchott se retirent, dans un délai de sept mois, de leur partie du Sahara afin de favoriser la création de la République arabe sahraoui démocratique (RASD). Immédiatement informé de cette clause, le Maroc prend les devants. Hassan II, décide d’une opération « coup de poing ». L’armée royale entre dans Dakhla. Et le 12 août, les dirigeants de ville mauritanienne font allégeance au Roi du Maroc. Ould Sidi passe dans l’opposition, avant de s’exiler à son tour en janvier 1980 et de rejoindre le Colonel Kader.

Pour faire front à la politique de Haïdalla, les opposants mauritaniens en exil créent, le 22 mai 1980 à Paris, l’Alliance pour une Mauritanie Démocratique (AMD). Kader et Ahmed Salem en sont les plus hauts dirigeants militaires. La cour de sûreté de l’Etat les condamne tous deux par contumace. Vingt ans de travaux forcés pour Ould Sidi ; la peine capitale pour Kader. Les autorités qualifient ce dernier de « traître » et de « mercenaire », passant sous silence le fait qu’il est alors le seul militaire mauritanien deux fois cité à l’ordre de la nation. Il est vrai que c’était pour faits de guerre contre le Polisario…
Le coup d’Etat raté
Kader et Ahmed Salem sont d’accord : les militaires ont conduit le pays au bord du gouffre et seul un coup d’Etat qui restituerait le pouvoir aux civils peut sauver la Mauritanie.
Kader, Ould Sidi et leurs complices sont traduits le 24 mars, devant un tribunal militaire d’exception. Le procès se déroule dans la caserne de Jreïda, à une vingtaine de kilomètres de Nouakchott. Les avocats des putschistes insisteront sur le courage de Kader durant l’audience. La tête haute, il fera le procès du régime militaire depuis le premier coup d’Etat du 10 juillet 1978.
« La Mauritanie n’a pas de pétrole. Sa seule richesse est sa dignité. Et depuis, cette dignité a été bafouée par les militaires… ». Ce sera une plaidoirie pour l’honneur. La cour n’accorde aucune circonstance atténuante à Kader, Ould Sidi et deux autres officiers. Le verdict tombe : la mort. Mais les deux hommes bénéficient depuis des années de nombreuses amitiés à l’étranger. Des appels à la clémence sont lancés par plusieurs gouvernements.

Le lendemain de la condamnation, le 25 mars, l’avion de Tarek Aziz, le ministre irakien des affaires étrangères, se pose dans la capitale mauritanienne. Il est 9 heures du matin. Le chef de la diplomatie irakienne, dont le pays entretient des rapports étroit avec Nouakchott, vient demander leur grâce. « Navré, lui répond le président Haïdalla, ils ont été exécutés à l’aube… ». La sentence avait été accélérée. Il semble que Haïdalla n’ait pas voulu la mort de Kader et qu’il ait été victime des pressions de son entourage. Cette exécution provoquera néanmoins des vifs remous au sein du CMSN qui ne se réunira plus durant plusieurs mois. En 1984, un nouveau coup d’Etat, mené par Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya, actuel chef de l’Etat, éliminera le lieutenant-colonel Haïdalla.
Le souvenir de Kader reste très vif dans la mémoire de la population. Admiré par ses fidèles, respecté par ceux qui l’on combattu, le nom de Mohamed Ould Bah Ould Abdelkader revient sur toutes les lèvres lorsque, de Néma à Nouakchott, au détour de longues conversations, les mauritaniens font et refont l’histoire du pays.
Plus que ses exploits, ils insistent sur son sens de l’honneur et de l’amitié. Les amis du chamelier aviateur en sont persuadés : aujourd’hui Kader est au ciel.
Article Le chamelier du ciel : 1990 – L’AUTRE JOURNAL par HEDI DAHMANI

14 juillet 2013

FRANCE:Des associations dénoncent un défilé néocolonial le 14 juillet

Réunis à l’occasion d’une conférence tenue à Paris le 11 juin, des militants de l’association Survie, de Sortir du Colonialisme et un activiste tchadien ont dénoncé l’organisation par la France le 14 juillet d’un défilé sur les Champs-Élysées mettant à l’honneur des troupes françaises et tchadiennes mobilisées dans la guerre au Mali.

« Ce défilé donne un parfum de victoire à une opération militaire qui est loin de pouvoir être présentée ainsi étant donné les nombreuses zones d’ombre qui l’entourent et les incertitudes qui demeurent sur son issue » a déclaré Fabrice Tarrit, Président de l’association Survie, rappelant que la France était probablement le pays le moins légitime pour intervenir au Mali, du fait de son passif historique dans la sous-région et de la succession d’interventions militaires qu’elle y a mené depuis 50 ans, contribuant à sa déstabilisation ». Une publication de l’association, intitulée « La France en guerre au Mali : enjeux et zones d’ombre » [1] apporte de nombreux éclairages sur ces aspects qui ont été jusque-là peu développés dans les médias.

Pour le Président de Survie, « sous couvert de mobilisation en faveur de la démocratie et des droits de l’Homme, cette intervention sert clairement les intérêts politiques, économiques et militaires de la France au Mali. Un parallèle peut être dressé avec le défilé organisé par Nicolas Sarkozy en 2010, année de commémoration du cinquantenaire des indépendances africaines, en présence de 10 chefs d’État africains. François Hollande perpétue cette politique, en prenant l’initiative sur des dossiers qui concernent avant tout les africains, en s’entourant d’un aréopage de chefs d’État et dictateurs alliés et en vantant l’ingérence militaire française sur le continent. »

« Cette intervention marque un échec », a renchéri David Mauger, lui aussi membre de Survie,« l’échec du multilatéralisme, tant il est flagrant que la France, concernant le Mali, a tenu le stylo pour toutes les initiatives, toutes les résolutions de l’ONU, qu’elle a dû constater l’incapacité opérationnelle des forces africaines de la Cedeao qu’elle est supposée renforcer depuis des décennies, et que par ailleurs elle n’a trouvé aucun partenaire pour intervenir au niveau de l’OTAN, peinant même à obtenir des soutiens européens à la mission de formation EUTM ». « Nous assistons à un retour du bilatéral entre la France et l’Afrique », a-t-il ajouté.

Ce retour du bilatéralisme est visible concernant la mobilisation des troupes tchadiennes au Mali, qui a fait l’objet de tractations diplomatiques entre la France et le Tchad, pays dirigé par le dictateur Idriss Déby et dont les forces armées sont réputées pour leurs violations des droits de l’homme et lerecrutement d’enfants soldats. « La société civile tchadienne, est la victime principale de cette intervention militaire française appuyée par le Tchad » a relevé Abdelkerim Yacoub Koundougoumi, soulignant la vague de répression qui a suivi ce début de retour en grâce de Déby sur le plan diplomatique, donnant lieu à de très faibles réprobations, de la France en particulier. « Je suis choqué et déçu que les troupes tchadiennes soient mobilisées pour défendre la liberté et la démocratie dans un pays étranger alors qu’elles les refusent à leur propre peuple », Le militant tchadien en a profité pour lancer un appel de soutien à Makaila Nguebla, blogueur poursuivi par le régime tchadien jusqu’au Sénégal, dont il a été récemment expulsé, actuellement en attente d’un visa pour la France.

Le porte-parole de Sortir du Colonialisme, Patrick Farbiaz a appuyé cette demande et exprimé sa préoccupation à propos du refus de visa subi récemment par l’écrivaine malienne Aminata Traoré, jusque-là considérée en France comme une interlocutrice de poids, mais victime de son discours discordant sur l’intervention militaire française.

Le mouvement Sortir du Colonialisme, qui a émis en février un appel intitulé « Mali : la politique de la canonnière n’est pas une solution » voit dans ce défilé du 14 juillet une relégitimation de l’ordre colonial, à travers la mise en scène d’une armée française intervenant en Afrique, de troupes africaines lavées de tout soupçon d’exactions, et plus globalement d’une Françafrique qui a adopté un nouveau look tout en restant dans le giron de l’Élysée, de l’Etat-major et des entreprises françaises. Le nouveau Livre Blanc de la Défense, redonne une légitimité d’intervention militaire française en Afrique, cautionnant cette « stratégie du gendarme ».

Ce défilé intervient en effet à mi-chemin entre deux dates importantes. Le lancement le 1er juillet de la MINUSMA, la mission onusienne censée prendre le relais de Serval pour « pacifier » le pays, au sein de laquelle la France conserve un rôle de commandement, disposant par ailleurs de sa propres force « parallèle » d’intervention. D’autre part la date prévue du premier tour de la Présidentielle malienne, le 28 juillet, date imposée par la France, qui avait menacé d’être « intraitable » selon les propres mots de François Hollande, alors que les conditions d’organisation de l’élection sont bien loin d’être réunies. A la veille de ce scrutin, alors que la France est très investie dans la course aux marchés pour la reconstruction du Mali, qu’elle engrange peu à peu, il y a fort à redouter que le régime qui sera issu de ce processus peine à conquérir une vraie légitimité, continuant ainsi à laisser la part belle à ceux qui, comme la France, ont décidé de maintenir le pays sous tutelle.

Les représentants de l’association Survie, en conclusion de la conférence de presse ont tenu à dénoncer le rôle autoproclamé de gendarme de l’Afrique que la France s’est octroyé au Mali et condamné l’ingérence politique, diplomatique et militaire dont elle a fait preuve depuis le déclenchement de la crise malienne, appelant à un départ des troupes françaises du pays et plus globalement du continent africain.

Un appel à la vigilance et à la mobilisation citoyenne a également été lancé en prévision de l’organisation à Paris les 5 et 6 décembre d’une conférence internationale consacrée à la sécurité en Afrique, initiative pilotée par la France et qui s’apparente à une nouvelle version des Sommets France-Afrique dont les prédécesseurs de François Hollande ont tous usé pour rassembler la« famille françafricaine ».


Conférence Survie : La France en guerre au Mali... par survie-media

[1] Edition Tribord, 249 pages, 7 € parution le 22 Août, disponible auprès de Su

14 juillet 2013

MAURITANIE: UN GÉNOCIDE OUBLIÉ

PAR HAMDOU RABBY SY

Je remercie l’Association des Veuves et des Orphelins de Mauritanie (AVOMM) qui regroupe pour l’essentiel des anciens militaires, rescapés des prisons et des camps de la mort et qui défendent aujourd’hui la cause de la justice pour résister contre le bannissement et l’oubli d’une tragédie qui reste encore d’actualité.


Hamdou est actuellement porte parole de l'AVOMM
Hamdou est actuellement porte parole de l'AVOMM
 
 
Il est difficile d’élaborer un propos sur un sujet aussi sensible et douloureux devant des victimes, à qui le travail de deuil n’a pas été rendu possible à cause de la persistance de l’idéologie de la négation et du déni de la réalité qui se poursuit avec arrogance par une politique de mépris et d’exclusion. D’où la difficulté de l’œuvre de la mémoire. 

C’est pourquoi, le but de mon intervention est de m’interroger sur le type de génocide qui a bien eu lieu en Mauritanie de 1989 à 1991 pour prendre la période la plus cruelle qui singularise la tragédie vécue par ce qu’il est convenu d’appeler les « négro-mauritaniens ». Je ne reviendrai pas sur le pourquoi de cette dénomination pour caractériser la composante socioculturelle dont l’appartenance à la Mauritanie est niée par des courants racistes, chauvins et xénophobes qui constituent les sources d’inspiration de la planification politique et militaire de l’épuration ethnique. Mon intervention sera articulée autour d’une réflexion sur la nature de l’épuration ethnique comme figure du génocide à partir de quelques définitions, la caractérisation du cynisme du régime actuel dans son nouveau visage et enfin autour de l’impasse (dans laquelle se trouve) de l’opposition. 

Je voudrais, pour commencer, tenter de cerner à travers quelques définitions le terme de génocide les caractéristiques qui apparentent la tragédie des négro-africains à un génocide. Dans le Grand dictionnaire Larousse, il est écrit « Extermination systématique d’un groupe humain , national, ethnique, racial ou religieux. » 
Dans l’Encyclopédia Universalis, on peut lire ceci : « le concept de génocide signifie l’extermination de groupes humains entiers comme tels. » plus loin « les actes constitutifs du génocide aboutissent toujours à l’anéantissement physique et biologique du groupe, ce qui constitue d’ailleurs l’essence de ce crime, quels que soient les moyens mis en œuvre pour atteindre ce but : meurtre d’un nombre plus ou moins grand de membres, atteinte grave à leur intégrité physique ou mentale, soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence susceptibles d’entraîner sa destruction physique totale ou partielle. » 

Je retiens de ces deux définitions, un processus qui débute par une volonté, une intention dont la visée explicite est la mise à mort d’une entité nationale du fait de sa race, de son identité ou de sa religion. Pour l’exécution de cette intention criminelle, des moyens sont mis en œuvre qui sont des instruments capables de tuer pour éliminer un nombre important des membres du groupe cible. Le meurtre dans ces conditions étant justifié au départ par les détenteurs de la légitimité, il est supposé que les acteurs agissent en toute impunité. Acte prémédité, orienté et encadré, le processus est déclenché avec une finalité précise, l’anéantissement physique d’un groupe. 

Au vu de ces définitions, la configuration du processus d’épuration ethnique en Mauritanie en constitue une illustration claire en ce sens que le groupe désigné ce sont les négro-africains, il est constitutif de la communauté nationale de laquelle, le régime raciste a décidé de l’exclure. Ce groupe a été soumis à des conditions inhumaines et dégradantes, nié dans son identité nationale, par la destruction des preuves de son état civil, l’expropriation de ses terres, l’interdiction d’accès au fleuve pour des populations dont la vie en dépendait et les persécutions permanentes infligeant aux populations des souffrances atroces. A ces deux définitions, j’ajouterai la formulation lumineuse sur l’épuration ethnique par Boye Alassane Harouna : « L’épuration consiste pour un Etat, une administration, une institution, à se débarrasser par l’exclusion ou par élimination physique de personnes jugées (…) hostiles ou dangereuses du fait (…) de leur identité, de leur appartenance, de leurs idées ou actes. » dans sa conférence faite (tenue) à Orléans le samedi 24 mai 2003. 
Le constat est sans appel, les actes posés par le régime de Ould Taya, dont la radicalisation a pris prétexte de la publication du Manifeste des FLAM pour amplifier la répression contre la communauté négro-africaine. Entre le déni de la réalité et ses manifestations effectives, la démonstration de la vérité peut se passer des polémiques sémantiques dont l’intérêt est ailleurs. 

Il est établi que les auteurs du génocide ne peuvent admettre la dimension horrible de leurs actes au nom du principe de méconnaissance de l’humanité de l’autre. La pédagogie du génocide, pour fonctionner, dans sa barbarie et produire son efficacité redoutable se refuse à reconnaître sa victime comme un être humain. Certes, il est conscient qu’il n’est pas en face d’objets sans âme ou de simples animaux, mais il lui faut se dépouiller de toute vision humaine de l’humain et de l’humanité de l’autre dont l’assignation à résidence identitaire et raciale, lui permet de tuer sans être troublé. Hélas, La Mauritanie est entrée à partir de 1989 dans l’histoire terrible et difficilement reconnaissable de l’horreur infligée à (une communauté entière) des peuples dont le seul tort est d’être différents. L’histoire de l’humanité, à travers ses barbaries innommables, semble nous dire : « malheur à un peuple différent dans un pays où la domination s’instaure comme loi et ce, sur la base du refus de la différence. » 

C’est pourquoi tous les génocides de l’histoire, comme celui perpétré dans notre pays se présentent comme un « gigantesque massacre » qui ont fait des victimes innombrables, sans coupables désignés. C’est avec l’évacuation de tout sentiment de culpabilité, que les acteurs du crime organisé se mettent à l’œuvre avec rapidité avant que ne se déclenche la réaction de la dénonciation ou la nausée qui est causée par l’excès de la mise à mort. Au bout de l’aventure désastreuse du meurtre, le dégoût du tueur qui résulte du retour à la vie consciente et ordinaire. Un sentiment de révulsion l’envahit au point de se poser la question torturante de la conscience solitaire qui reprend le dessus, à la cessation de la fureur collective qui emporte dans une sorte d’ivresse où la foule en transe ne permet plus d’entendre la voix de la conscience. 

En ces journées folles du mois d’avril 1989, où des centaines de mauritaniens furent massacrés sur toute l’étendue du territoire, il n’y a point de doute qu’une logique génocidaire s’est déployée et s’est prolongée par le massacre de centaines de militaires en 1991 dont les corps gisent dans le désert et dans des fosses communes. Il y a eu bien un voyage sans retour et une descente aux enfers pour des hommes, des femmes et des enfants qui avaient le tort d’être noirs. 

L’extermination définitive programmée de la communauté négro-africaine fut prolongée par la décision des autorités de poursuivre l’épuration ethnique par la déportation et en 1991 n’eût été le déclenchement de la guerre du Golfe dont la conséquence fut la défaite de Saddam qui soutenait le génocide en Mauritanie la tragédie aurait atteint sa phase définitive. 

Si la guerre du Golfe n’avait pas eu lieu, la question négro-africaine aurait trouvé une solution catastrophique : l’élimination systématique et radicale de la composante négro-africaine pour que l'homogénéité de la Mauritanie arabe devienne effective. 
Le déclenchement d’une logique de pouvoir consistant à nier et à banaliser la réalité de cette tragédie conduisit le régime à se précipiter dans une offensive diplomatique pour étouffer les voix de la communauté internationale en fermant les frontières afin d’empêcher la circulation des informations. Le régime raciste s’était rendu compte de l’énormité des crimes commis et de l’atrocité indescriptible des méthodes appliquées pour exterminer des vies dont l’innocence se transforma en culpabilité. Génocide ou épuration ethnique, le fait est que la volonté d’extermination a atteint des objectifs incontestables par une folie meurtrière avec l’aide de tous les corps : militaires, gendarmes, policiers, gardes. Les Préfets, les Gouverneurs, les Magistrats, les chefs d’établissements, les cadres civils Baathistes, Nassériens et sympathisants finirent par participer à l’entreprise d’extermination du « négro-africain » pour enfin concrétiser le rêve d’un Etat arabe. 


Il en résulte que l’inhumanité de cette monstrueuse entreprise accomplie par le régime de Taya a proclamé la consigne de la négation des faits au point que les militants négro-africains du parti-Etat sont tenus de faire la propagande de la falsification de l’histoire pour ôter toute crédibilité au combat de l’opposition mauritanienne et des victimes de la politique raciste de Taya. D’où, le cynisme du régime qui constitue le deuxième point de mon propos. 

S’il est vrai que des efforts n’ont pas été faits dans le sens de la construction de la nation mauritanienne fondée sur un Etat de droit, pilier d’une République respectueuse de sa diversité, il est incontestable que c’est avec le régime actuel que la barre de la dislocation de la cohésion nationale a été franchie. Ould Taya a trouvé les stratégies les plus efficaces pour la construction d’un Etat fondé sur l’identité exclusive dans la perspective de l’admission définitive de la Mauritanie dans le bloc arabe. Il a ainsi défié la communauté internationale et arabo-africaine qui n’ont pas réagi face à une tragédie qui continue à être ignorée, méprisée, occultée, voire niée. 

Le régime de Nouakchott multiplie les sujets de diversion occultant sa vraie nature raciste et tribale afin de bénéficier de la complicité des Puissances et des pays de la sous-région pour persévérer dans sa politique de ségrégation et de marginalisation des Noirs. Pour traduire cette exclusion en acte, les pressions, les intimidations, les arrestations arbitraires et l’absence de perpectives des cadres négro-africains sont devenus des actes institutionnalisés dans la pratique. L’instauration de l’arabisation comme pilier du système et l’éradication du bilinguisme ont accentué l’isolement des cadres francophones. L’éviction des langues nationales du primaire pour le supérieur a fini par sceller le refus de leur promotion dans le système d’enseignement. La consolidation des réseaux de clientélisme fondés sur l’appartenance tribale et régionale pour l’accès aux postes de décision et aux ressources économiques et financières est une règle sacro-sainte du dispositif du système. 

Sur le plan international, le régime a réussi par le bradage des ressources nationales à rendre inaudible la dénonciation de l’injustice érigée en règle. Ould Taya a donné l’image d’une Mauritanie engagée dans la lutte contre le terrorisme pour séduire l’Amérique de Bush. Aujourd’hui, avec la perspective du pétrole qui, paraît-il, coulera à flot, la diversion s’est amplifiée comme si le pétrole pouvait apporter la démocratie et la justice en lieu et place des minerais et du poisson. La valse diplomatique en dit long sur la volonté du régime actuel d’étouffer la voix de ceux et de celles qui entendent porter à la face du monde, l’obstination du régime à persévérer dans la consolidation du système d’exclusion et de ségrégation au détriment des aspirations du peuple. Les opprimés, les déportés et les apatrides qui n’aspirent qu’à retourner dans leur pays et y vivre dignement. 

L’actualité récente, depuis la victoire du candidat Haïdalla transformée en défaite, met en évidence la logique constante de l’arbitraire ; les arrestations continuent, les enfants de l’ancien président ne sont pas épargnés. En vérité, Taya se moque de l’opinion nationale et internationale profitant du cynisme des Puissances pour exécuter un programme politique consacrant l’exclusivité arabe de la Mauritanie. Convaincu, dans le fond, que la base idéologique du système dans son orientation panarabiste est confortée par la majorité de la classe politique, Taya procède à l’accomplissement du processus d’exclusion des Négro-africains sans soucis. C’est plutôt, la dimension tribale et clanique de son régime qui lui donne quelques inquiétudes ; le coup de force du 08 juin apparut comme un signal d’alarme. Il a tenté de banaliser cet événement, comme il est de coutume dans son cynisme habituel. Mais, il est conscient que son pouvoir est désormais fragilisé et menacé par les frustrations accumulées par ceux des Mauritaniens qui ne peuvent pas se soumettre au fatalisme de l’impuissance et de la peur et qu’il ne peut pas désarmer comme les Négro-africains. Par son mépris constant de son entourage et son refus de partager le pouvoir et d’accepter la nécessité de la transformation de la dictature en démocratie et par son entêtement suicidaire, Taya expose le pays à toutes les dérives. Le pays est véritablement en danger. D’où le cynisme du Pouvoir et sa crispation dictatoriale. 

Où est l’opposition ? que peut-elle faire ? 

Le questionnement sur l’opposition mauritanienne exige un sens de la mesure et une conscience réelle de l’opacité du régime et de son intolérance quant à l’émergence minimale d’une opposition ayant le droit et le devoir de participer à la construction d’une nation juste et démocratique. En réalité, le tyran-président n’est pas prêt à respecter l’existence effective et active d’un pluralisme politique. En grande partie, l’impasse de l’opposition tire sa source des blocages instaurés par le pouvoir qui n’a jamais voulu accepter l’instauration de la démocratie. Il est clair qu’une opposition sans possibilité d’accès aux médias et à l’espace public se renforce difficilement. Pour exister, il faut des espaces de liberté, de discussion publique et de rencontres régulières avec le peuple. La Radio, la télévision et bon nombre de médias qui se disent indépendants sont sous la coupole de l’Etat ou de ses alliés. Comment, dans cette situation, conscientiser le peuple ou faire passer le message ? Sans oublier que la censure est en vigueur, les pressions et l’obligation pour les cadres de s’inscrire dans la logique du Parti-Etat, condition d’accès à une promotion ou à la préservation de leur poste. Même, pour une affectation ou pour l’accès au logement administratif, il est de règle d’accepter d’être dans la mouvance du pouvoir. 

Il convient de reconnaître que l’opposition souffre de ses propres maux qui reflètent, en grande partie, les tares de la société mauritanienne où la conscience du sacrifice est la moins partagée. Le militantisme politique, comme dévouement à une cause et un engagement pour un idéal, est déficient au point que la politique est réduite à son sens le plus vulgaire et le pus commun : carriérisme, arrivisme et opportunisme. Nous sommes encore sous le règne de la mentalité qui voudrait que la politique s’identifiât à l’exercice de fonctions qui permettent de s’enrichir et d’enrichir les siens. Au vu de la nature du régime et de la tragédie dont il est responsable, il serait inacceptable de raisonner en termes de gain ou de profit, c’est à dire d’envisager la politique dans le court terme. 

La vacuité du projet politique et pour cause le manque de formulation claire d’un programme qui puisse rassembler les partisans d’une Mauritanie juste et démocratique entretiennent le flou, les tergiversations et les revirements d’un peuple pris de panique par l’absence de perpectives et d’issue devant les agressions permanentes d’un régime boutiquier qui se soucie peu de la survie quotidienne des Mauritaniens et surtout des plus démunis. Aux blessures de l’humiliation s’ajoutent les souffrances d’un quotidien insupportable dans un pays où le commerçant est roi, étant entendu qu’il est le financier du dictateur et qui le laisse faire les lois du marché. 

Perspectives 

Devant une situation aussi chaotique, l’opposition a l’obligation de s’entendre à partir d’une discussion sincère et soucieuse du respect de la diversité afin de mettre au point un programme minimal pour réaliser le changement indispensable que le peuple attend avec impatience. Au lieu de continuer à vivre dans une sorte de clubisme atavique et caractéristique des formations politiques mauritaniennes, il est urgent de faire preuve de dépassement pour anticiper les dérives qui prennent corps et qui sont dans leur phase d’explosion. Il est de la responsabilité des hommes politiques qui incarnent une certaine idée de la Mauritanie de mettre en pratique leur vigilance par la formulation de propositions permettant une sortie de crise. Il est à constater que depuis le mois de novembre, la situation s’enlise et les discussions, à défaut de se poursuivre, piétinent et les initiatives sont autant rares que difficiles. 

Il convient de reconnaître aussi que la complexité de notre situation politique n’échappe à personne, néanmoins, devant la difficulté, la conjugaison des efforts et le rassemblement des énergies sont un impératif de survie. C’est pourquoi, il est nécessaire et vital de retrouver le sens de l’initiative que le pouvoir a confisqué depuis longtemps et que nous n’arrivons pas à reprendre ne serait-ce que sur le terrain des idées qui ne constituent pas sa force puisqu’il agit par la force qui est le propre des médiocres et quand la médiocrité et la force font alliance, elles produisent le mal. Si, l’opposition veut précipiter la fin de la violence que subit notre peuple, elle doit se faire violence pour se donner les moyens de cheminer vers son objectif qui est de libérer le pays du dictateur. L’heure de la fin du règne de Taya a sonné, mais quelle succession ? Qui va prendre sa place ? Quelle place va occuper l’opposition ? Ces questions doivent nous interpeller et nous permettre de préciser notre action pour ne pas être pris au dépourvu. L’histoire n’attend pas et ne s’arrête guère, elle poursuit sa marche tumultueuse et heurtée alternant guerre et paix, en s’enrichissant plus de tragédie que de paix. Et, nous devons prêter aux clameurs de l’actualité agitée du monde et de notre continent tenaillé par la violence de conflits meurtriers au grand dam de nos peuples. 

Il en résulte que le long chemin de la reconnaissance de l’injustice subie oblige le bourreau à persister dans l’entreprise de méconnaissance et de négation pour se faire bonne conscience. La demande de reconnaissance est une lutte sans merci qui, n’a de répit que l’aveu du coupable dont la traduction en acte est l’acceptation de l’autre, dans son altérité, c’est à dire sa différence. La dignité offensée et l’honneur blessé par une logique de l’arbitraire ne peuvent trouver leur compensation que dans le rétablissement de la justice. Les morts sans sépulture dont les corps sont perdus dans notre vallée et dans le désert hantent notre sommeil à la tombée de la nuit et tourmentent notre mémoire qui attend que justice soit faite pour enfin commencer le travail de deuil. C’est pourquoi, l’oubli est impossible. S’il n’est plus possible de se contenter du regret et du silence complice, il importe de s’inscrire avec intransigeance dans une dynamique de l’exigence de justice. Il n’y a pas de courage pour la paix quand l’impunité fait loi. La Mauritanie que nous voulons bâtir et à laquelle nous aspirons doit reposer sur la citoyenneté républicaine, fondée sur l’Etat de droit, socle de la démocratie. Il n’est pas possible de construire une société paisible sur le racisme, le négationnisme et le particularisme tribal ou ethnique. 

S’il est vrai que les vœux pieux ne peuvent être le ressort d’un combat pour la justice, il faut reconnaître que sans idéal, le combat politique perd son sens et produit de l’amateurisme, dont l’activisme artisanal est sans lendemain. L’aspiration à la liberté et à l’égalité sous la dictature s’apparente à une lutte à mort parce qu’elle prétend à la ruine de ce que le régime dictatorial entend ensevelir au profit de la logique de l’arbitraire qui est le moteur de la tyrannie. C’est pour dire non à cette logique insensée de la négation de l’autre et du refus de reconnaître son humanité et son identité nationale dans le respect de la différence que votre association a bien voulu organiser cette journée. 

Je vous remercie. 

SY Hamdou Rabby sy 
   
      philosophe 

 porte parole de l'AVOMM 

*à la conférence de l'AVOMM 
à Mantes la jolie le 29 mai 2004
14 juillet 2013

MAURITANIE: LES ÉVÉNEMENTS DE KAEDI: UN JOURNALISTE S'EXPRIME

Les événements de Kaédi affirment que nous sommes face à un Etat d'injustice (Wadiaa)

Alakhbar(Nouakchott)- Le journaliste mauritanien et militant des droits de l'homme, Ahmedou Ould Wadiaa, estime que ce qui se passe à Kaédi traduit l'injustice profonde qu'exècre l'Etat à l'encontre de la communauté négro-mauritanienne.


Ould Wadiaa explique sur son compte de facebook le ras-le-bol de la population de Kaédi par le sentiment des négros-mauritaniens d'être traités par les services étatiques locaux de la ville comme des citoyens du deuxième degré.

Il appelle aussi les mauritaniens de s'élever contre l'injustice, le racisme, et l'esclavage avant que "l'entité mauritanienne s'écroule sur les têtes de tous les mauritaniens". 

Ould wadiaa indique également que l'unité nationale et la cohésion sociale sont aujourd'hui menacées par "les arrestations arbitraires, et les pratiques de la torture menées par les services sécuritaires contre des individus qui appartiennent à la même communauté".
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