Militaire, mais aussi ethnologue, Henri GADEN a laissé une collection importante de 355 clichés photographiques, conservée aux Archives municipales de Bordeaux, sa ville natale. Parmi ces photos j’ai été ému d’admirer, notamment, celles du résistant Samory Touré (1833-1900), d’Ahmadou TALL (1833-1898), fils d’El Hadji Omar TALL (vers 1797 – 12 février 1864), dont l’empire Toucouleur a été vaincu par le lieutenant-colonel Archinard en 1893.
Henri GADEN, affecté à Bandiagara, au Soudan (Mali) à partir du 15 novembre 1894, débarque à Dakar le 29 octobre 1894, rempli de préjugés. Henri GADEN est encore ce bourgeois, fondamentalement raciste et méprisant. Il évoque dans ses impressions, pour ses premiers contacts avec l’Afrique, l’accueil d’une «nuée de pirogues», ou encore «un tas de taches noires ont grimpé à bord», à son bateau. «Les Noirs sont décidément une sale race ; surtout ceux d’ici, terriblement paresseux et indolents qu’il faut rudoyer ferme pour en tirer quelque chose», dit-il.
Ces préjugés s’expliquent en partie par le milieu social conservateur de Jules, Nicolas, Henri GADEN, né le 24 janvier 1867, à Bordeaux au sein d’une famille de la haute bourgeoisie, de négociants en vin, d’origine allemande. Il avait quatre jeunes sœurs. Sa mère, Dorothée Marie Hélène ROUSSE est la fille d’un commandant de navire et corsaire originaire de la Rochelle.
Cette idéologie conservatrice peut également être renforcée par le fait qu’une partie de sa sont des colons établis à Saint-Louis du Sénégal depuis 1820. En effet, la tante d’Henri GADEN, Aménaïde GADEN, sœur de son père, épousa en 1857, Paul DEVES, fils de Justin DEVES (1879-1865, maire de Saint-Louis de 1909 à 1912), fondateur de la maison de commerce «Devès et Chaumet». Bruno DEVES fut à l’origine d’une communauté métisse basée à Saint-Louis, suite à son mariage avec une Sénégalaise.
Henri GADEN est encore d’une sensibilité conservatrice quand il est inscrit, en 1886, au lycée Louis-le-Grand, à Paris. Ainsi, il visite le site de la construction de la Tour Eiffel qui n’avait alors que 70 mètres de haut, et s’exclame : «elle promet de faire le plus vilain possible». Le penchant encore réactionnaire d’Henri GADEN l’incline à sympathiser pour la cause du général Georges BOULANGER (1837-1891) soutenu par d’importantes manifestations à Paris. Le général BOULANGER qui avait été ministre de la guerre, jusqu’en 1886, a remporté un franc succès aux élections partielles de 1888 en Dordogne, et avait pour ambition de fédérer un ensemble hétéroclite de monarchistes, de républicains, de populistes et de mécontents de tous bords. En janvier 1889, le général BOULANGER qui conspirait contre la démocratie, menacé d’arrestation, s’enfuit à Bruxelles, où il se suicida, sur la tombe de sa maîtresse.
Le choix d’Henri GADEN de la carrière militaire renforce ses idées de droite. Après son entrée à Saint-Cyr à partir de 1888, et son affectation au régiment de Tarbes le 1er octobre 1890, Henri GADEN fut mis à la disposition, du Ministère des Colonies à partir du 25 août 1894. En raison de la défaite de 1870 contre l’Allemagne, l’Armée est devenue une force conservatrice, avec un objectif de «restauration morale». La France, pour redorer sn blason, voulait entreprendre, à travers la colonisation, «la civilisation» de l’Afrique.
Au fil du temps, Henri GADEN va subir une transformation radicale. Il a noué de solides relations avec les Africains, notamment avec ses «amis Toucouleurs» appartenant «à ces peuples que nous aimons», prend t-il le soin de préciser. Pour l’essentiel, ses contributions tournent autour de la question Peule. Pourquoi cette transformation radicale ?
Quand Henri GADEN arrive en Afrique, à Bandiagara, au Soudan (actuel Mali) pays des Dogons et des Peuls, le colonialisme est largement triomphant. Les dernières poches de résistances cèdent. Auparavant, le capitaine Joseph GALLIENI (1849-1916, une station de métro porte son nom, terminus de la ligne 3, à Bagnolet), envoyé pour surveiller la ligne de chemin de fer, fut attaqué, capturé et retenu par les Bambaras, pendant 10 mois, avant d’être libéré par l’Armée française. La ville de Bandiagara est tombée aux mains des Français, le 29 avril 1893, soit un an avant l’arrivée de GADEN, sous l’égide du lieutenant-colonel Archinard. Amadou Cheikou, le fils d’El Hadji Omar TALL s’est enfui ; c’est Aguibou TALL (1843-1907), un fils cadet d’El Hadji Omar qui est installé comme roi fantoche, avec un titre : «le Fama». Henri GADEN rencontre Aguibou TALL, pour la première fois, le 8 janvier 1895. «Au camp, grands palabres avec Aguibou d’abord, puis avec tous les chefs. Il y en a de tous sortes : Foutankés, anciens fidèles d’El Hadji Omar, peuls, anciens maîtres du pays, Habés (Dogons)», précise-t-il. Les Foutankés, rebaptisés par les Ouolofs «Toucouleurs», «race de conquérants qui avaient détrôné les Peuls, sont venus au Mali avec El Hadji Omar. Ce sont de fort beaux Noirs qui doivent à leur origine Peule, une physionomie fine et intelligente» souligne Henri GADEN.
Par conséquent, Henri GADEN est en contact avec les Peuls dès son arrivée en Afrique. Cependant, dans une démarche dite «indigéniste» et en vue de l’efficacité de sa mission, Henri GADEN a besoin de comprendre la motivation des Hal-Poularéen (Toucouleurs) qui ont suivi du Fouta-Toro au Mali, El Hadji Omar dans sa guerre sainte contre le colonialisme français. En effet, arrivé à l’âge de 27 ans en Afrique, Henri GADEN ne connaissait pas l’Afrique et ses coutumes. Sa relation avec Agui TALL, «le Fama», est difficile. «Les intrigues les plus ridicules se jouent autour du Fama. Il est entouré de conseillers détestables, et attisent la discorde au lieu de l’apaiser», dit-il. Henri GADEN avait envisagé d’établir un rapport sur la situation politique et sur l’esclavage, largement encore pratiqué en Afrique. Ses rapports avec Aguibou sont, de ce fait, encore tendus. Evoquant la personnalité d’Aguibou, il note : «c’est l’être le plus faux et le plus absurde que l’on puisse trouver». Or, pour être un bon administrateur, il a vite compris qu’il faut s’entourer de bons conseillers locaux afin d’éviter certains pièges. C’est ainsi qu’Henri GADEN rencontre, en janvier 1895, Mademba SY (1842-1919), un «Torodo» (noble) et frère de Mamadou Racine SY (1838-1902, 1er officier des Tirailleurs sénégalais), un ancien employé de la Poste et du Télégraphe, un grand traditionnaliste et connaisseur de la culture peule. Mademba SY est placé par les Français à la tête du royaume du Sansanding (région de Ségou, Mali) jusqu’en 1918. GADEN trouva que Mademba SY est un «homme très intelligent». «Mademba est fort intéressant sur le pays qu’il connaît à fond, son histoire, ses usages, ses langues», dit-il. Henri GADEN commence petit à petit à nuancer son jugement sévère sur les Africains. «La société est divisée en castes bien tranchée (…). Un Noir se croirait déshonoré, s’il prenait un autre métier que celui de son père. Et voila les gens que nous avons la prétention de civiliser !», s’exclame-t-il. Il a d’autres contacts locaux pour éclairer ses décisions, dont El Hadji Mamadou TRAORE, un marabout de Bandiagara, jugé : «très intelligent, connaissant bien l’histoire du pays et de ses différentes races ; c’est un homme à idées larges et à l’esprit très ouvert avec lequel je compte avoir de nombreuses conversations», dit-il. Mamadou TRAORE avait accompagné l’explorateur allemand, Heinrich BARTH (1821-1865) entre Say, sur le Niger et Koukaoua.
En 1897, Henri GADEN fut chargé avec son ami, Henri GOURAUD, de liquider le résistant Samory Touré. Mais la bataille ne démarra qu’à partir de septembre 1898. Le 27 septembre 1898, sur la base de renseignements fournis par des sofas, Samory est arrêté, sans coup de fusil, dans son camp, par le sergent Bratières et trois tirailleurs (Faganda et Banda Touré ainsi que Filifing Keita). Samory était armé, non pas par les Anglais, mais par des maisons de commerce françaises de Saint-Louis et de Kayes. Il avait mis en place un système de renseignement sophistiqué qui lui permettait d’anticiper les mouvements de troupes des Français ; il avait envoyé des jeunes garçons s’engager comme «boys» pour servir les Blancs. Car c’est autour de la table que les langues se délient. On sait que l’arrière petit-fils de Samory, Ahmed Sékou Touré, devint président de la Guinée en 1958. Ses relations avec la France étaient difficiles.
Après un séjour en France de 14 mois, d’août 1899 à octobre 1900, il revint à Zinder au Niger, pays des Touaregs et des Peuls. Son interprète, Bakary DIALLO, ainsi qu’Abdoulaye DEME, interprète de la mission française, sont des Peuls. Membre d’un tribunal local, Henri GADEN a renforcé ses liens avec les érudits musulmans.
D’octobre 1903 à mars 1904, il retrouve en vacance en France. A son retour, Henri GADEN a des missions au Congo et au Tchad. Il revient en France en juin 1907 pour être affecté en juin 1908, à Boutilimit, en Mauritanie. Il prit comme interprète Cheikh Siddiyya qui connaissait la famille de Bou El-Mogdad Seck (1826-1880) et celle de Ckeik Sadibou Chérif (1848-1917, ami des Français et adversaire de la guerre sainte), un éminent religieux. Proche maintenant du Fouta-Toro par son installation depuis septembre 1909 à Saint-Louis, Henri GADEN s’exprimant bien en Peul, a orienté ses recherches vers cette ethnie. Parmi ses éminents contacts et conseillers, on compte Abdoulaye KANE, interprète principal de l’administration coloniale et un notable originaire de Sinthiou Diongui, des Yirlaabé Hébbiayabé. C’est à ce moment qu’il rencontre Coumba Cissé qui sera sa compagne, jusqu’à sa mort, et qui l’a sans doute guidé dans ses contacts et recherches.
Le 2 avril 1914, il est mobilisé, pendant la première guerre mondiale, au Maroc sous le commandement du maréchal Hubert-Joseph LYAUTEY (1854-1934). Démobilisé le 24 décembre 1915, à la suite d’une blessure, Henri GADEN retourne à Saint-Louis du Sénégal, en novembre 1916, en qualité de Commissaire du gouvernement général pour le territoire civil de la Mauritanie. Par décret, la Mauritanie devient une colonie indépendante le 4 décembre 1920. Henri GADEN, gouverneur de 3e classe depuis le 7 août 1919, devient lieutenant-gouverneur de la Mauritanie jusqu’à sa retraite (officiellement le 31 décembre 1926). Il est l’organisateur de la Mauritanie, dont il devient le premier gouverneur.
Henri GADEN était, avant tout, un administrateur colonial qui poursuivait un objectif de connaissance de l’Afrique, mais le cadre d’une démarche, comme Maurice DELAFOSSE, «indigéniste». Il s’agit, pour le colonisateur, de mieux comprendre pour agir en connaissance de cause. En effet, si cette ethnologie de terrain apporte des renseignements utiles à la domination coloniale, mais on ne peut la limiter à cela. En effet, l’ethnologie valorise les cultures traditionnelles africaines que le colonisateur, dans «sa mission de civilisation», de mépriser. Cette question de la reconnaissance de l’identité africaine sera, plus tard, un socle pour le nationalisme africain et la revendication pour l’indépendance. Par conséquent, Henri GADEN a contribué, de façon décisive, à la réhabilitation de l’histoire africaine, à travers ses travaux linguistiques et ethnologiques. C’est à titre qu’il publie, en 1931, «Proverbes et maximes peuls et toucouleurs», fruit d’une vingtaine d’années de collecte et du travail avec ses «collaborateurs» africains dont il cite les noms dans l’introduction : Ismaïla M’BAYE, brigadier de police à Saint-Louis, son «vieil ami Seydou Nourou TALL», petit-fils d’El Hadji Oumar TALL et Djibril LY, interprète principal du cadre des interprètes de la Mauritanie. Henri GADEN explique l’une des motivations de son travail «En employant les loisirs de la retraite à la présentation de ces dictons, nous avons eu surtout pour but de faire mieux connaître des populations que nous aimons pour avoir pu apprécier leurs qualités, tout comme officier des troupes coloniales que comme administrateur».
Henri GADEN fait également traduire «La vie d’El Hadji Omar, Qacida en Poular», de Mahammadou Aliou TYAM, et entreprend de publier les cahiers de Yoro DYAO sur l’histoire et les coutumes des différents royaumes Ouolofs. Il ne peut mener à terme son projet de dictionnaire peul-français, Henri GADEN, meurt le 12 décembre 1939 à l’hôpital colonial de Saint-Louis.
I – Henri GADEN spécialiste de l’histoire et des traditions peules
A – Henri GADEN et les chroniques du Fouta Sénégalais
Dans le courant de 1911, Henri GADEN remit à Maurice DELAFOSSE deux manuscrits arabes, dont l’un émane d’Abdoulaye KANE, interprète principal en retraite, à Saldé, et l’autre procuré par Paul Chéruy, commandant à Boghé (Mauritanie) qui lui-même est en relation avec Yahia KANE, chef des Yirlaabé Hebbiyabé, et gendre d’Abdoulaye KANE. Ces manuscrits sont l’œuvre de Siré Abbas SOH, originaire de Diaba, un éminent généalogiste, spécialiste de l’histoire du Fouta-Toro et de ses grandes familles. Siré Abbas SOH s’est fondé, lui-même de la tradition orale et des travaux de Tapsirou Bogguel. Une chronique sur le Fouta a été établie par Elimane Léwa, au temps du Satigui Soulèye N’DIAYE, sur l’histoire des Déniyankobé. Thierno Siwol a reconstitué la chronologie de cette dynastie peule. Ces documents ont été complétés par des renseignements recueillis par Henri GADEN. Henri GADEN pour ses notes et commentaires dans «Chroniques du Fouta sénégalais», a fait recours à Bouna N’DIAYE (17 décembre 1895-28 juillet1952), fils du roi du Djolof.
Maurice DELAFOSSE regrette que le document original en arabe, de Tapsirou Bogguel sur lequel s’est fondé, en partie, Siré Abbas SOH, soit perdu. Par ailleurs, il juge de façon sévère la qualité de l’expression écrite de SOH dont la valeur littéraire est «nulle», avec un style «amphigourique». «Le merveilleux tient une place un peu trop considérable en ces récits» ajoute Maurice DELAFOSSE. Mais le fait qu’il ait accepté de publier le texte atteste bien de sa valeur historique.
Une bonne partie de ce récit traite de l’origine des familles régnantes au Fouta-Toro : la première dynaste, les Dia Ogo, qui seraient d’origine «judéo-syrienne», avec résidences à Agnam Godo, Bokki Diawé et Kawel ; Moussa, dynastie des Manna, dont l’un des clans BA, des Seybobbé avec un règne de 300 ans ; Les Tondions ; les Diawfulfili, ancêtres des Diouf, Sérères ; Les Lam Termès avec nom DIA, de N’Guidilogne et Thilogne avec un règne de 30 ans ; les Lam-Taga).
Cet ouvrage relate, et en particulier, l’histoire des Dényankobé qui portaient le titre de Satigui : Coly Tenguella BA, après un périple du Mali en Guinée, puis en Gambie et enfin au Fouta-Toro et résida à Agnam Godo pendant 27 ans et unifia le Fouta-Toro avec une puissante cavalerie ; Yéro Coly, dit Yéro Diam, Yéro Siré Coly ; Samba Yéro Coly dit Sawa Laamou ; Boubacar Sawa Laamou dit Boubacar Tabakali Diadié Garmé ; Siré Sawa Laamou dit Siré Tabakali ; Guéladio Siré Sawa Laamou dit Guéladio Bambi ; Guéladio Boubacar Sawa Laamou dit Guéladio Tabara ; Samba Boubacar Sawa Laamou dit Samba Mali Gatta ; Guéladio Bocar Sawa Laamou dit Guéladio Diégui ; Sawa Dondé, Guéladio Dondé ; Gatta Coumba, Diaam Hola ; Siré Garmé ; Boubou Moussa Hamady Silman ; Samba Guéladio Dégui dispute le pouvoir à Konko Bou Moussa et son frère Soulèye Boubou Moussa dit Soulèye N’DIAYE, il s’exile au Boundou ; Siré Boubou Moussa ; Yéro Sade ; Samba Guéladio Diégui ; Siré Dondé et Soulèye N’DIAYE, «le jeune», dernier monarque de la dynastie des Dényankobé. Les Satigui, pourtant une des dynasties prestigieuses du Fouta-Toro, ont souvent régné avec l’aide des Maures et ont installé des pratiques de pillage et d’esclavage.
Vint, par la suite, la dynastie des Almany (1776-1890) ou «La Révolution des Torodo» avec Thierno Souleymane BAL, «Mouddo Horma», fils de Racine Samba Boubacar Ibrahima et de Maïmouna Oumou DIENG, qui mit fin à ce racket des Maures et réactiva l’islamisation du Fouta-Toro. Parti venger la mort injuste de Mohamadou Aly Racine, l’Almamy Souleymane BAL fut lui aussi tué lors de la deuxième expédition en Mauritanie. L’imposition du turban est le rite principal intronisant chaque nouvel Almamy. Abdoulkader KANE succéda à Thierno Souleymane BAL. Parti poursuivre le Damel du Cayor, Amary N’Goné, qui a assassiné par surprise Hamady Ibrahima (il faisait la prière), Abdelkader fut fait prisonnier, pendant un an. Les gens de Bossoya qui l’accompagnaient se sont enfui la nuit et l’ont lâché. Pendant cette capture, il fut remplacé par Hamady Lamine BAL. Les gens du village d’Ogo contestèrent, un certain temps, sa légitimité, et il avait plus de 80 ans. Il fut tué le jeudi 4 avril 1807, au village de Gouriki. Il fut remplacé, à titre intérimaire, par Moctar Koudédié TALLA de Dionto, par Hamady Lamine BAL de Pire jusqu’en 1810.
Le régime des Almamy est un Etat théocratique, démocratique, et fondé sur principes et valeurs morales, notamment de probité. Il en résulte que le vrai pouvoir est détenu par le «Baatou», l’assemblée des notables du Fouta-Toro. On a recensé 85 désignations d’un Almamy, avec de courtes périodes de vacance du pouvoir. La durée moyenne de règne de chaque Almamy est entre 3 mois et un an et demi. Chacun a le droit de postuler au titre d’Almamy ; ce qui en renforce l’aspect démocratique. On est loin de certains régimes africains actuels, de président à vie, fondés sur la cupidité, l’arbitraire et l’autoritarisme. En conséquence, les grandes familles du Fouta-Toro sont accédé à l’Almamat (KANE, BAL, BA, ANNE, TOURE, DIA, SY, THIAM, TALLA, BARRO, LY, WANE, N’DIACK). Mais deux familles qui ont dominé cette dynastie : les LY ont été 30 fois au pouvoir et les WANE 23 fois, tandis que les BAL, à l’origine de cet Etat, n’ont été désignés que 4 fois Almamy. Les différents Almamy sont issus de différents villages, notamment de Bodé, Ogo, N’Guidjilone, Haïré Lao, M’Boumba, Diaba, Sinthiou Bamambé, etc. Certains Almamy ont été 2 ou 3 fois au pouvoir. Il est vrai qu’un certain Youssoufa a été 13 fois Almamy, mais à chaque fois, c’est à la suite d’une élection. Lorsqu’El Hadji Omar TALL tenta d’inférer dans ce jeu de désignation de l’Almamy, ce fut une grave crise.
Siré Abbas SOH cite la liste, sans qu’elle soit exhaustive, sans établir une chronologie précise, des Almamy suivants : Youssoufou Siré Demba LY de Diaba, Aboubacry Lamine BAL de Bodé, retour de Youssoufa, puis Siré Amadou Siré Aly d’Ogo, Youssoufa Siré, Aly Thierno Ibrahima de M’Boumba, Youssoufa Siré encore lui, il engagea une guerre contre Bocar Lamine BAL, Siré Lamine Hassane de Haïré, retour de Youssoufa, Bocar Modibo Soulèymane de Dondou, retour de Youssoufa, Ibra Diattar Attoumane de Gawol, Mohamadou Tapsirou Siré ANNE de N’Guidjilone, Youssoufa, Birane Thierno Ibra de M’Boumba, Mamadou Siré Malick BA d’Agniam Thiodaye, Mahmoudou Siré Malick d’Agniam Wouro Siré, Amadou Bouba LY d’Ogo, Siré Amadou Siré de Diama Halwaly, Youssoufa Siré LY (13ème fois Almamy), Almany Birane de Horé Fondé. Le Fouta-Toro resta un certain temps sans Almamy, en raison d’une grande famine. Ensuite ce furent, à partir de 1836, Baba LY Tapsirou Bogguel de Diaba, Mohamadou Birane WANE de M’Boumba, Mohamadou Mamoudou Siré d’Agniam Wouro Siré, Mohamadou Birane, Siré Aly Thierno Ibra WANE de M’Boumba, Amadou Hamat Samba SY de Pété, Racine Mahmoudou Hamady Ibra, de Médina N’Diatibé, Mohamadou Birane et ce fut l’avénèment d’El Hadji Oumar qui l’envoya avec Thierno Mollé Ibra pour une mission dans le Fouta. Ce furent ensuite Sibaway Siré Ahmadou d’Ogo, Amadou Hamat Samba, Racine Mahmoudou Hamady, Mahamadou Birane (vers 1859, fort de Matam). Ce dernier accompagna El Hadji Oumar à N’DIOUM qui recommandait aux Foutankais la nomination d’Amadou Thierno Demba, comme nouvel Almamy, contre Moustapha, pendant un certain au Fouta-Toro. Ensuite, les Foutankais élirent : Mahmoudou Elimane Malick de Bababé, Ahmady Thierno Demba de Diaba, Hamat N’DIAYE dit Alhassane de Haïré, (construction du fort de Haïré), Racine Mahamadou de Sinthiou Bamambé, Sada Ibra Amadou de M’Bolo Birane, Mohamadou Mamadou Aliou Tacko de Haïré (incursion d’une armée des Foutanakais, avec Demba War, chez Lat-Dior pour délivrer Ibra, le fils de l’Almamy Mohamadou), Malick Mohamadou de Diaba Deklé, Racine Mamadou pour la seconde fois. Le dernier Almamy est Boubou Abba LY de 1884 à 1890.
Dans son étude sur «le régime des terres dans la Vallée du Sénégal, au Fouta, antérieurement à l’occupation française», Henri GADEN s’est entouré de conseils de traditionnalistes, notamment Abdoulaye KANE et de Cheikh Mamadou Mamadou KANE le père d’Abdou Salam KANE, (1879-1955), prestigieux chef de canton, un descendant de l’Almamy Abdelkader KANE. Siré Abbas SOH était de surcroît son ami. Une des sœurs de Bou El Mogdad, qui a collaboré avec Henri GADEN, était mariée à Abdou Salam KANE.
Henri GADEN pense que les institutions indigènes du Fouta-Toro, et leur régime foncier, personnifie un autre versant de l’histoire et de l’organisation des Hal Poularèen. En effet, selon lui, le régime des terres se trouve au centre de l’histoire du Sénégal et de son peuplement. Il a fondé, sur cette problématique, sa reconstitution de l’histoire des dynasties du Fouta-Toro.
Henri GADEN considère également que la connaissance des pratiques foncières, est fondamentale pour la politique coloniale. Les Peuls ont une conception de la propriété foncière, fondamentalement, différente du droit français. Henri GADEN fait remarquer que la colonisation loin d’améliorer le régime foncier en Afrique a introduit une logique privatiste qui va perturber ce système. Il suggère que le système traditionnel soit maintenu ; le colonisateur ne devrait pas le réformer, au nom de la «civilisation», au risque de menacer l’équilibre social.
B – Henri GADEN et la vie d’El hadji Oumar TALL
Henri GADEN a fait traduire et publier l’ouvrage de Mohammadou Aliou TYAM relatant l’épopée d’El Hadji Oumar TALL qui se voulait continuateur du Prophète Mohamet. Il chante le Jihâd à travers la biographie poétique de celui-ci. Cette guerre sainte se déroule dans un contexte de conquête coloniale ; ce qui a valu à El Ehadji Oumar d’être au centre d’une littérature abondante.
Le témoignage de Mohammadou Aliou THIAM est encore actuellement une des sources importantes de cette époque, avec un savant mélange de l’oralité et de l’écriture. Né vers 1830 à Dian, près de Haïré Lao, il est issu d’une famille maraboutique. Il appartient à la première génération de Foutankais qui ont rallié la cause d’El Hadji Oumar, vers 1846. En 1862, il est désigné comme missionnaire par El Hadji Oumar, afin d’obtenir la conversion d’Ali D. Monzon, roi fugitif de Ségou.
La «Qacida» est un long poème de 1200 vers rimés, composé à la fin du Jihâd, mais rédigé à Ségou entre 1864 et 1880. Le texte embrasse toute la vie d’El Ehadji Oumar : naissance, Jihâd, disparition. Il sublime Ahmadou, le successeur d’El Hadji. On note des héros secondaires, mais haut en couleurs, comme les deux lieutenants d’El Hadji Oumar que sont Alpha Oumar Thierno Baïla et Alpha Oumar Thierno Mollé, symboles de fidélité et d’héroïsme. Les griots ou artisans du verbe sont omni présents ; car El Hadji Oumar était un excellent communicateur, et ces griots lui ont assuré une survie pour la postérité. Imprégnés de la culture islamique, ces griots épicent leurs récits de versets de Coran.
El Hadji Oumar est peint sous les traits d’un être extraordinaire, supérieur aux hommes, «un Waliyou», très proche des Dieux païens. Capable de se métamorphoser, il boute la mort à distance. Omar est également un faiseur de miracles, grâce auxquels il sauve d’une situation critique, ou plonge son ennemi dans une position désespérée ou intenable.
Cheikh Moussa CAMARA, de Gouriki, mais qui a grandi à Ganguel (1863 ou 1864-1945), qui a également consacré une biographie à El Hadji Oumar, célèbre les grandes vertus de ce Foutankais. Contrairement aux autres chroniqueurs, il dénonce le fait de rattacher la généalogie d’El Hadji Oumar à celle du Prophète Mohamet. Il réitère le caractère fondamentalement peul d’El Hadji Oumar qui a renversé les royaumes Bambaras, jadis ennemis jurés des Toucouleurs. Pour Cheikh Moussa CAMARA, en dépit de ses grandes qualités, El Hadji Oumar est un mortel. Cheikh Moussa CAMARA est resté célèbre, en raison notamment de sa distanciation et son esprit critique, et notamment de son opposition farouche à la guerre sainte.
Henri GADEN connaissait Cheikh Moussa CAMARA (1864-1945), un ami de Cheikh Saadi Bouh (1848-1917). Cheikh Moussa, spécialiste des grandes familles régnantes du Fouta-Toro, avait remis en 1924, à Maurice DELAFOSSE, en 1924, un manuscrit à traduire, son «Zuhûr Al-Basâtin» ou «Florilège au Jardin de l’histoire des Noirs : l’aristocratie peule et la Révolution des clercs musulmans (Vallée du Sénégal)», mais Maurice DELAFOSSE mourut en 1926. Cheikh Moussa Camara remit un nouveau manuscrit à Henri GADEN le 22 mars 1937. Moussa CAMARA disparut en 1945, son projet ne vit le jour que 75 ans après, sous la direction de Jean SCHMIDT en 1998.
II – Henri GADEN et la connaissance de l’idéal Peul (Poulagou)
A – Henri GADEN et les Proverbes et maximes Peuls
«Les proverbes d’un pays riches de tout bon sens de la race qui l’habite. En eux se trouvent la malice, l’expérience, la sagesse des hommes. Ils résument, sous une forme imagée et frappante, de longues observations et des réflexions souvent profondes. Ils nous aident à comprendre des peuples différents de nous», dit Henri GADEN.
Dans son ouvrage «Maximes et proverbes peuls» daté de 1931, Henri GADEN relate qu’il prenait des notes depuis 1910 et s’est appuyé sur différents traditionnalistes, dont son «vieil ami, El Hadji Saïdou Nourou TAL». Il a recensé 1282 proverbes et maximes et les a regroupés sous différents thèmes : l’enfant, l’amour, le pouvoir, le bien et le mal, le caractère, le courage et l’intelligence, la parole, la bienséance, l’avarice, la reconnaissance, l’ingratitude, l’honnêteté, la malhonnêteté et la méchanceté, la sagesse pratique, la vie l’attachement aux traditions. Ces maximes ont souvent «un but de renseignement moral» ou sont «un concept moral et pratique», précise GADEN. J’ai deux illustrations de ces maximes.
D’une part, les maximes et proverbes qui relatent des sentiments affectifs. «Le cœur n’est pas un genou pour qu’on le plie. On pliera un genou, mais non son cœur ; car on ne commande pas à ses sentiments» ou encore «Gros, maigre, qu’importe au coeur. Peu importe au cœur que la personne aimée soit grasse ou maigre, riche ou pauvre, car l’amour est aveugle».
D’autre part, certaines maximes font référence au pouvoir : «Le crapaud et ses provisions de route font ensemble le dîner du Roi. Le sujet et ses biens sont à la discrétion du Roi qui n’en fait qu’une bouchée, quand il lui plaît».
B – Henri GADEN et «Le Poular, dialecte peul du Fouta”
«Enfin, Malherbe vint», disait Boileau. Avec cet ouvrage d’Henri GADEN sur le Poular, nous savons plus exactement ce qu’est la langue peule, la plus vieille et la plus structurée des langues africaines. Il y avait, certes, avant cette contribution d’Henri GADEN, des études d’ethnologues allemands, de Dietrich Westermann (1875-1956) en 1909 et Carl Meinhof (1857-1944) en 1911, mais elles étaient limitées et incomplètes.
La lucidité et la précision d’Henri GADEN nous font découvrir cette belle langue qu’on a crue complexe et indéchiffrable dans sa structure. Henri GADEN nous expose la langue peule avec une logique mathématique. Pour cela, il fait recours à la fameuse loi dite de la «permutation des consonnes», mais qu’il dénomme «loi des alternances» ; elle sert à distinguer les noms des êtres humains des autres noms. Pour la première fois, sont définis et expliqués les phénomènes de la nasalisation, le rôle des voyelles de liaison, la formation des adjectifs et des participatifs, la valeur de chacune des catégories de suffixe, etc. Il présente les similarités avec la langue bantoue.
Il existe un système de classification des noms avec une distinction des êtres et des objets. La distinction entre le singulier et le pluriel est répartie entre 4 classes. «Si un homme n’a ni Ndi, ni dam, ni bé, qu’il se taise», dit un proverbe peul. Le «Ndi» est le pronom de la classe des grains et des éléments farineux, «Dam», le pronom des liquides, notamment de l’eau et du lait, «Bé», le pronom des hommes. Finalement, ce proverbe pourrait signifier que «si un homme n’a ni grain, ni eau, ni lait, ni gens, qu’il ne fasse pas le fanfaron ; car il n’est rien de ce qui est nécessaire à l’homme».
C – Henri GADEN et «Les cahiers de Yoro DYAO», sur les coutumes et légendes du Sénégal.
Henri GADEN a fait publier les cahiers de Yoro Boly DYAO né à Khouma, vers 1847, dans le Oualo. De souche noble, un Brack de la dynastie des Loggar, fils de Tagne Fara Penda et de Peinda M’BDJI, Yoro DYAO a été l’un des premiers africains à fréquenter, en 1856, l’école des Fils de chefs, créée en 1855 par le général Louis FAIDHERBE (1818-1889). Il s’y fera remarquer par sa grande intelligence et son application. Yoro DYAO fut nommé, en 1861 commandant du canton du Oualo. Très fier de ses origines d’aristocrate du Oualo, il a eu une longue carrière agitée, fut démis 5 fois, puis réintégré dans l’administration coloniale, à plusieurs reprises. Suspendu le 12 février 1914, il obtient sa pension de retraite, la même année en raison, notamment de sa charge de famille ; il avait 27 enfants. Yoro DYAO meurt le 3 avril 1919.
Chaque fois que les griots et notables se réunissaient dans la cour de son père, il prenait des notes, d’où ces fameux «cahiers» publiés par Henri GADEN. Yoro DYAO voulait écrire l’histoire du Oualo, ainsi que celle de l’ancien empire du Djolof qui comprenait les pays du Oualo, Cayor, Baol, Sine et Saloum. Cet empire est crée au XIIème siècle par N’Diadiane N’DIAYE. Suivant Henri GADEN, Yoro DYAO serait un descendant de Lamane DYAO qui aurait cédé la souveraineté de son pays à N’Diadiane N’DIAYE. Ainsi, dans l’un de ses «Cahiers», Yéro DYAO relate, notamment l’histoire de N’Diadiane N’DIAYE (vers 1200) qui est, en fait, commune aux Peuls et aux Ouolofs. N’Diadiane N’DIAYE, souvent décrit comme un ancêtres des Oulofs, est en fait un métis. Son père est un berbère, (Boubacar Ibn Amar, dit Abou Darday) et sa mère est peule (Fatimata SALL). En effet, le père de N’DIAYE convertit le Lam-Toro qui lui donna en mariage sa fille. Ils eurent un enfant nommé Ahmadou qui fut appelé, par la suite, nommé N’Diadiane N’DIAYE et qui régna 44 ans, de 1212 à 1256, sur l’empire du Djolof.
Avec la même histoire, les mêmes héros, on explique au Fouta-Toro, l’origine des Lidoubé Diam. Un Arabe, originaire de Médine, nommé Ahmed Fadéla, vint un jour s’établir au village de N’Diawara, et le chef de village lui donna sa fille en mariage. Il eut un fils, puis mourut. L’enfant fut nommé Diam Ly et fut l’ancêtre des Lidoubé Diam. Diam LY devint le Cadi de N’Diawara, mais fut contraint par les villageois à l’exil ; beaucoup de gens n’acceptaient pas qu’une personne de souche étrangère soit chargée des fonctions de juge. Il se rendit sur la rive droite du fleuve, et devint le chef des peuls Diaobé Dindi.
BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE :
1 – Les travaux d’Henri GADEN
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GADEN (Henri), «Du nom des Toucouleurs et les peuples islamisés du Fouta sénégalais», in Revue des études ethnologiques et sociologiques, 1912, (1-2) pages 50-56 ;
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TYAM (Mohammadou Aliou), La vie d’El hadji Omar, Qacido en Poular, Paris, Institut d’ethnologie, transcription, traduction, notes et glossaire d’Henri GADEN, 1935, 289 pages ;
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2 – Les contributions sur Henri GADEN ou certaines figures historiques
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Paris, le 8 août 2015, par M. Amadou Bal BA – http://baamadou.over-blog.fr/.