Des cadres qui, depuis les indépendances, toutes générations confondues, n’ont aucun respect pour la dignité de leur peuple et qui se sont singularisés par leur manque d’attachement aux valeurs fondamentales de la cohésion et de la solidarité. Tous les peuples qui ont été opprimés, brimés, victimes de l’injustice, du racisme et de l’esclavage ont vu leurs élites prendre leurs responsabilités en croisant le fer avec le système politique porteur de leur négation, sauf ceux qu’on appelle les cadres négro-africains. Cette rencontre n’est que la continuation de l’attitude du larbinisme, de la lâcheté, de la honte, de la génuflexion, de la division dans le mépris de la dignité et de l’honneur de l’ensemble de la communauté. Ces hommes qui ont rencontré Aziz ont célébré dans la joie et dans l’ambiance de fête, l’anniversaire des massacres et des déportations du mois d’avril 1989. Ce temps devrait être consacré à des prières pour les morts, à des visites des camps des rapatriés du Sénégal.
Il est temps de dénoncer les collaborateurs de la politique des fossoyeurs de la communauté noire en Mauritanie. Ces hommes devraient, s’ils avaient du courage, au lieu d’aller partager avec Ould Abdoul Aziz quelques morceaux de viande, se recueillir pour les nombreuses victimes des années de terreur, dont le général président est complice en tant qu’officier promu par le système et qu’il sert avec loyauté et beaucoup de zèle.
Pourquoi ces «dignitaires » n’ont-ils pas rejoint le PLEJ de BA Mamadou Alassane ou l’AJD/MR avec Ibrahima Sarr ? Pourquoi-ils n’ont pas rejoint le Mouvement Touche Pas à ma Nationalité ? Ces hommes, présents sur la scène politique, pour certains, depuis les indépendances, feraient mieux de se draper dans leurs boubous, et d’égrener leur chapelet et présenter leurs excuses à la communauté en reconnaissant leur complicité, tantôt passive, tantôt bavarde, toujours nuisible. Ils sont rongés par la culpabilité et le sentiment de n’avoir pas été à la hauteur de leurs responsabilités. Le seul choix digne de ces hommes, c’est le cimetière ou la prison. Pendant que des jeunes sont prêts à mourir, ces hommes à l’article de la mort ou de la disqualification, s’inventent des dîners avec le président qui a rénové et perfectionné la logique raciste et esclavagiste du système. Ould Abdoul Aziz est menacé par sa propre médiocrité, son imprudence, son aventurisme, sa méchanceté et sa cruauté. Le président mauritanien est un démagogue dangereux, sans foi, sans loi, sans culture et qui est en train d’accumuler des erreurs qui lui seront fatales. Le général président est un égaré qui ne croit qu’à la violence, à la manipulation, au mépris.
Face à l’arrogance et au mépris d’Ould Abdoul Aziz, la seule option politique, c’est l’affirmation forte de l’exigence de justice, de démocratie et d’égalité. Le peuple noir est opprimé, humilié, nié, marginalisé dans ses droits les plus élémentaires. Le système politique mauritanien est fondé sur le déni de l’humanité des africains noirs.
La mise en scène des pratiques mesquines, misérabilistes et déshonorantes de ces « dignitaires » est inacceptable de la part d’hommes, qui, hors mis leur démarche indigne, ont plus de mérite que l’actuel président qui est un homme sans vergogne. Ce que nous attendons de nos dignitaires, c’est de se retirer, de s’effacer et de se préparer à la mort de manière un tant soit peu digne. Ces démarches du désespoir, de la peur, de la honte et de l’abdication n’ont jamais porté. Ce n’est pas en subissant l’affront, en se reniant par la trahison des siens que l’on obtient quelque chose. Messieurs les « dignitaires », à défaut de respecter votre communauté vaincue, souffrante, ayez un peu de respect pour vos héritiers à qui vous êtes en train de transmettre un héritage compliqué et inavouable. Votre retraite a sonné, il y a très longtemps parce que le combat n’est pas votre fibre. La facilité n’a jamais libéré un peuple, encore moins, permis d’obtenir le respect de ses droits. Vous vous êtes toujours trompés en ne pensant qu’à vous et à vos proches, oubliant votre appartenance à un peuple méprisé. Vous avez toujours accepté l’humiliation pour préserver des intérêts qui vous ont été retirés. Vous ne représentez personne, dans la mesure où vous avez déserté le camp de la justice, de la vérité, de la dignité, de l’honneur, de l’opposition. Le féodalisme nombriliste s’est fracassé contre les mécanismes de la solidarité tribale, raciste, esclavagiste et chauvinistes des dirigeants mauritaniens depuis les indépendances. Messieurs les dignitaires, même si vous brûlez la vallée, Ould Abdoul Aziz et les siens ne vous respecteront pas. Il est le porte drapeau de la politique de Daddah, en passant par Ould Saleck, Ould Haïdallah, Ould Taya et Ely Ould Mohamed Vall. Aziz a beaucoup appris auprès d’Ould Taya qui constitue son modèle, sa référence, son maître. Le président jure par Ould Taya !
L’arrogance et le mépris d’Ould Abdoul Aziz doivent être combattus avec la plus grande fermeté. Messieurs les dignitaires, vous avez failli à vos devoirs, à vos responsabilités. Le sens de la dignité et le respect des victimes, en ce mois d’avril, anniversaire des massacres et des déportations des africains noirs de Mauritanie en 1989, devraient vous inciter à décliner cette invitation de la honte et de la diversion. Il est temps de refuser les pressions du ventre pour les exigences éthiques du respect de la personne humaine. Ould Abdoul Aziz ne vous respecte pas en vous invitant en cette période de deuil, de tristesse et de souffrances. Quelle idée vous vous faites de l’injustice et de l’arbitraire du système ? Si Ould Abdoul Aziz croit réussir son opération de séduction, il se trompe. Personne n’a jamais fait confiance au général président même s’il y avait eu une euphorie illusoire pour jouer les prolongations dans la dynamique de l’oubli des années Ould Taya.
Entre la démocratie au Sénégal et la prise des armes au Mali, ce dîner-débat n’avait pas sa place. La dure réalité doit inviter à plus de retenue, de sagesse. La maturité permet de prendre du recul, d’évaluer avant d’agir, surtout quand on se donne la prétention d’assumer le statut de « dignitaires ». La seule représentation qui vaille aujourd’hui, dans le monde moderne, est celle des idées et des valeurs politiques et non l’illusion d’une forme de « respectabilité » d’un autre âge. Il faudra nous en dire un peu plus sur ce dîner qui sera très mal digéré et qui s’avère, tout simplement, être une rencontre d’allégeance à un président continuateur du système raciste et esclavagiste de Nouakchott.
Nous, nous attendons d’Ould Abdoul Aziz, l’acceptation d’une commission d’enquête pour que les auteurs des crimes contre l’humanité soient traduits devant la justice internationale. Ce que nous attendons d’Ould Abdoul Aziz, c’est le respect de la citoyenneté des africains noirs de Mauritanie. Ce que nous attendons du général président, c’est de rétablir les droits des rapatriés. Ce que nous recommandons à Ould Abdoul Aziz, c’est de respecter les organisations mauritaniennes de défense des droits humains. Ce que nous exigeons d’Ould Abdoul Aziz, c’est de respecter l’opposition mauritanienne. Ce que nous exigeons d’Ould Abdoul Aziz, c’est le respect de la politique du bon voisinage et de cesser de provoquer le Mali et le Sénégal. Nous invitons Ould Abdoul de se décomplexer et d’apprendre les règles de politesse et de grandeur en politique.
Aux « dignitaires » nous leur disons, qu’ils ne représentent qu’eux-mêmes et les invitons à faire preuve de discrétion, parce que leur bilan sur ce plan, n’est pas honorable. Moins ils se font entendre, mieux, c’est.
La Mauritanie a besoin de femmes et d’hommes justes, responsables, des militantes et des militants qui se rassemblent autour du combat pour la démocratie et la justice. Les Mauritaniennes et les Mauritaniens ont faim de justice, de liberté et de vérité. Le peuple mauritanien veut se libérer de l’obscurantisme de ces « dignitaires » de ces cadres médiocres, mesquins, des élites intellectuelles qui, au lieu de penser, sont des experts en phraséologie, en démagogie. La société mauritanienne veut vivre dans de meilleures conditions où on respecte le mérite par l’effort et la compétence. Ce qui n’est pas le choix d’Ould Abdoul Aziz, ses compagnons et ses courtisans. La banalisation de l’Etat, des institutions, la politique de l’humiliation, du mépris, de la haine finiront par perdre notre pays. L’urgence est le rassemblement des démocrates justes et courageux pour mettre fin au régime d’Ould Abdoul Aziz qui n’a fait qu’accentuer la misère, amplifier l’injustice, le particularisme, le tribalisme et l’impunité. Ould Abdoul Aziz n’a aucun souci de l’intérêt général, de la cohésion nationale et de la survie de la Mauritanie. Si le régime d’Ould Abdoul Aziz persiste, la Mauritanie est appelée à se disloquer. L’actuel président est un aventurier qui engage notre pays vers le désastre et le chaos. Les démocrates justes doivent se lever et se rassembler autour des femmes et des hommes qui aiment la Mauritanie dans sa diversité. Sauvons la Mauritanie de la menace que représentent Ould Abdoul Aziz et ses amis.
SY Hamdou Rabby
26 avril 2012