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LE PANAFRICANISME NOUVEAU

17 juillet 2014

ARCHIVE MAURITANIE TPMN à Bakel : Journée mondiale des réfugiés. En images, le séjour auprès des réfugiés.

Le coordinateur de Touche Pas à Ma Nationalité, Abdoul Birane Wane, a réaffirmé l'engagement ferme de TPMN de défendre cette cause vieille de plus de 24 ans.  Et de poursuivre le combat pour le recouvrement de la dignité des négro-mauritaniens. 

Le coordinateur de TPMN en compagnie de Ibrahima N'diaye et du doyen du camp.
Le coordinateur de TPMN en compagnie de Ibrahima N'diaye et du doyen du camp.

La délégation de TPMN en compagnie de quelques éléments de la coordination de Dakar (Mody Ba et Ibrahima Ndiaye), Moustapha Sy de Diataar et Néné N'diaye du camp de Médina Fanaye dans un camp de réfugiés.
La délégation de TPMN en compagnie de quelques éléments de la coordination de Dakar (Mody Ba et Ibrahima Ndiaye), Moustapha Sy de Diataar et Néné N'diaye du camp de Médina Fanaye dans un camp de réfugiés.

Séance de lecture du Saint Coran
Séance de lecture du Saint Coran

Entretien avec les femmes réfugiées à Bakel
Entretien avec les femmes réfugiées à Bakel

Harouna Sidi Wélé et Abou Bohoum Sow
Harouna Sidi Wélé et Abou Bohoum Sow

Le coordinateur de TPMN à l'ouverture de la journée des réfugiés à Bakel
Le coordinateur de TPMN à l'ouverture de la journée des réfugiés à Bakel

Abderrahmane Moussa Ba, membre de la délégation de tpmn à Bakel
Abderrahmane Moussa Ba, membre de la délégation de tpmn à Bakel

Les représentants des différents sites de réfugiés
Les représentants des différents sites de réfugiés

Harouna Wélé président de séance lors de la deuxième journée
Harouna Wélé président de séance lors de la deuxième journée

Le coordinateur de TPMN avec les représentants des 14 sites de Bakel
Le coordinateur de TPMN avec les représentants des 14 sites de Bakel

Des délégués de sites avec le coordinateur de TPMN
Des délégués de sites avec le coordinateur de TPMN

Journée de clôture des activités, Thierno Sow du camp de Podor et le coordinateur de TPMN présentant les résolutions.
Journée de clôture des activités, Thierno Sow du camp de Podor et le coordinateur de TPMN présentant les résolutions.

Enfants de réfugiés à Bakel.
Enfants de réfugiés à Bakel.

Vendredi 5 Juillet 2013 - 17:50
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15 juillet 2014

MAURITANIE: des femmes debout

Portraits de mauritaniennes engagées : Ces femmes qui veulent une Mauritanie debout

14 juillet 2014

AFRIQUE: hommage à Nadine Gordimer 1923- 2014

Issue d'une famille bourgeoise, de père juif et de mère anglaise, Nadine Gordimer est élevée dans la religion chrétienne et grandit dans l'environnement privilégié de la communauté anglophone blanche. Elle n'en demeure pas moins sensible aux inégalités raciales et aux problèmes sociopolitiques de son pays. À neuf ans, elle rédige sa première nouvelle, inspirée par la fouille policière de la chambre de sa domestique noire. Ses premiers récits se situent dans le milieu juif d'Afrique du Sud. Par l'écriture, elle choisit ensuite de décrire la société inégalitaire sud-africaine et de s'engager contre le système eid. Elle est longtemps proche de l'ANC de Nelson Mandela. L'essentiel de son œuvre, de facture classique, en témoigne aujourd'hui et la lecture de ses textes enseigne une douloureuse page d'Histoire. Cependant, sa célébration grandiose des paysages sud-africains et son amour pour cette terre « odorante et colorée » — qu'elle n'a pas quittée — ajoutent de l'humanité et de la chaleur à ses écrits.

 

Ses œuvres se caractérisent par une volonté de s'émanciper de l'intrigue afin de privilégier l'étude psychologique et sociale. À la peinture détaillée de son pays natal, elle juxtapose la critique de ses dysfonctionnements, ses drames et son cheminement douloureux vers la démocratie et l'égalité entre Noirs etBlancs. Après la fin de la société d'apartheid, elle renouvelle son inspiration en s'adaptant à la nouvelle situation de l'Afrique du Sud et cesse d'évoquer le passé.

Elle a publié treize romans, deux cents nouvelles et plusieurs recueils d'essais et de textes critiques. Elle est agressée chez elle, à Johannesburg, par trois cambrioleurs le 26 octobre 2006 mais n'est pas sérieusement blessée lors de l'agression.

En 2008, elle rejoint plusieurs auteurs de renommée mondiale dont Philip RothSalman Rushdie et Carlos Fuentes et trois autres lauréats du prix Nobel (Gabriel García MárquezJ.M. Coetzee et Orhan Pamuk) pour soutenir l'écrivain franco-tchèque Milan Kundera, soupçonné d'avoir dénoncé à l'ancienne police tchécoslovaque l'un de ses concitoyens, condamné à vingt-deux ans de prison2.

Elle a été décorée le 31 mars 2007 de la Légion d'honneur française, lors d'une cérémonie à l'Ambassade de France à Pretoria3. Elle est en outre Commandeur de l'Ordre des Arts et des Lettres.

Elle décède le 14 juillet 2014, à l'âge de 90 ans, dans sa maison de Johannesburg, entourée de ses enfants.

14 juillet 2014

AFRIQUE dans la Première Guerre mondiale : "Les régiments maghrébins parmi les plus décorés"

© www.ecpad.fr | Devant Verdun en mars 1918, un bataillon de tirailleurs marocains

Texte par Stéphanie TROUILLARD 

Dernière modification : 30/01/2014

Dans le cadre du centenaire de la Grande Guerre, l'hommage aux soldats africains est encore timide. Les troupes du Maghreb ont été longtemps oubliées dans la mémoire collective. Un colloque organisé à Paris vise à mettre en lumière ces combattants.

En novembre dernier, lors du lancement des commémorations du centenaire de la Première guerre mondiale, le président François Hollande avait tenu à saluer les soldats africains "qui ont pris part à une guerre qui avait pu ne pas être la leur". Malgré cette reconnaissance officielle, l’engagement de ces combattants reste encore très méconnu.

Durant le conflit, plus de 600 000 soldats coloniaux ont pourtant été mobilisés sur tous les fronts. La moitié d’entre eux étaient originaires du Maghreb. Lorsd’un colloque organisé vendredi 31 janvier à l’Hôtel de Ville de Paris sur la mobilisation des troupes d’outre-mer, l’historien Jean Martin va rappeler à notre mémoire la mobilisation de ces poilus d’Afrique du Nord. "Les troupes coloniales ont joué un rôle d’appoint durant la Première Guerre mondiale, il a été moins décisif que durant la Seconde Guerre mondiale, mais cet apport n’a pas été négligeable", explique à FRANCE 24 ce professeur émérite des universités, qui a notamment enseigné à la Sorbonne et à Lille III. Au total, 173 000 Algériens, 58 770 Tunisiens et 25 000 Marocains ont participé à la "der des der" au sein del’armée d’Afrique.

Lorsque débute le conflit en 1914, la conscription des "indigènes" vient tout juste d’être mise en place en Algérie, à la suite d'une loi de 1911. Mais ce recrutement des soldats musulmans est loin de faire l’unanimité. "Les Européens d’Algérie étaient opposés à la levée en masse des indigènes, car ils redoutaient que ces combattants deviennent plus revendicatifs en matière de droits une fois revenus chez eux", souligne Jean Martin. Pendant les premiers mois de la guerre, les opérations de mobilisation ne sont donc pas très importantes. Des tirailleurs algériens sont toutefois envoyés rapidement vers le front. En septembre 1914, plusieurs régiments sont sous le feu lors de la bataille de la Marne. Des hommes qui n’avaient jamais vu l’Europe et qui n’avaient pas encore reçu d’instruction militaire : "Il y a eu des pertes très lourdes. Cela a été dramatique. On les a retirés du front et on les a formés."

 

LE 7E RÉGIMENT DE TIRAILLEURS ALGÉRIENS EN 1917
© Wikipedia

 

"Ils ne manquaient pas de bravoure"

Malgré ce manque d’expérience, les soldats nord-africains se distinguent très vite par leur sens du combat. "On s’est aperçu qu’ils pouvaient apprendre la manipulation d’armes de plus en plus modernes. Ils ne manquaient pas de bravoure", résume le spécialiste de l’histoire coloniale. Le maréchal Foch aurait ainsi déclaré à propos de la bataille de la Marne : "La fortune a voulu que la division marocaine (composée d’Algériens, de Tunisiens, de zouaves et de légionnaires, et non pas de soldats marocains, NDLR) fût là !". Les Marocains ne sont pas en reste. Dans l’historique du 1er régiment de tirailleurs du protectorat, le ministre de la Guerre, Alexandre Millerand, leur adresse de vives félicitations : "Disciplinés au feu comme à la manœuvre, ardents dans l'attaque, tenaces dans la défense de leurs positions jusqu'au sacrifice, supportant au-delà de toute prévision les rigueurs du climat du nord, ils donnent la preuve indiscutable de leur valeur guerrière".

Pour preuve de cet héroïsme, les troupes du Maghreb comptent parmi les plus décorées. Les tirailleurs algériens ont reçu plus de 20 % des plus hautes distinctions décernées (drapeaux décorés de la Légion d'honneur ou de la Médaille militaire et fourragères rouges à la couleur de la Légion d'honneur) alors que leurs effectifs au combat ne représentent à la fin du conflit que 2 % du total des combattants. Les deux régiments de tirailleurs marocains ayant combattu ont également obtenu sept citations à l'ordre de l'armée.

 

LES CONTINGENTS D'OUTRE-MER PENDANT LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE

La Grande Guerre et les troupes coloniales par WWWSAFORG

 

Une armée plus égalitaire

Reconnus pour leurs faits d’armes, les membres de l’armée d’Afrique ne sont pas traités différemment des autres poilus. Contrairement à certaines idées reçus, ils reçoivent le même respect de leurs officiers : "Ils étaient rassemblés entre eux, mais c’était  plus pour des raisons de commodités. Ils recevaient de la nourriture halal et quand ils mourraient, ils étaient enterrés selon le rite musulman. La France respectait leur identité. Beaucoup d’entre eux ont raconté après coup que l’armée était plus égalitaire que la société coloniale car sur le front, ils étaient tous égaux et notamment devant la mort".

Pour Jean Martin, un autre cliché sur ces troupes doit aussi être corrigé. Selon l'historien, rien ne permet d’affirmer que les régiments nord-africains ont été plus exposés au feu que les autres : "Tout le monde était de la chair à canon. Quand vous voyez la région Bretagne par exemple, elle a payé un tribut plus lourd que le Maghreb. Pour les Bretons, on a profité du sentiment religieux et des distributions d’eau de vie pour les envoyer au front". Au total, l’armée d’Afrique a perdu presque 45 000 hommes, ce qui représente un peu plus de 3% des morts français de la Grande guerre.

Le Maghreb n’a pas seulement contribué à l’effort de guerre dans les tranchées mais également en fournissant des milliers de bras pour les usines. "C’est de la Première Guerre mondiale que date l’immigration maghrébine. Avant, il n’y avait pas plus de 15 000 Maghrébins en France métropolitaine", note Jean Martin. Pendant quatre ans, l’Afrique du Nord va envoyer 180 000 travailleurs dans l’Hexagone, dont beaucoup vont rester sur place après la fin des hostilités. Les premiers quartiers historiques maghrébins de France sont constitués à cette époque : la Goutte-d’Or et Beaugrenelle à Paris ou encore Vénissieux à Lyon.

En raison de cet apport militaire et économique, les sociétés du Maghreb ont connu d’importants changements au cours de cette période. Les "indigènes" de la république ont notamment eu le sentiment d’avoir versé leur sang pour une cause qui n’était pas la leur, et d’être en droit de réclamer des compensations. "Quand ils sont retournés chez eux, ils ont voulu être traité comme des Français à part entière. Ce n’était pas encore du nationalisme, mais une revendication égalitaire", estime Jean Martin. Soutenu par son empire, la France a pourtant occulté pendant longtemps la mobilisation de ces hommes venus d’Afrique : "Les auteurs ne font pas état des soldats coloniaux. On ne les voyait pas. On ne pensait pas à eux. Les Français avaient encore une vision très hexagonale, résume l’historien. C’est peut-être aussi par chauvinisme que la France a voulu trouver en elle-même les ressources de la victoire."

La mobilisation des troupes d'outre-mer pour la Grande Guerre, Hôtel de Ville de Paris, le vendredi 31 janvier de 17h30 à 20h00.

 

DES TIRAILLEURS ALGÉRIENS BLESSÉS INSTALLÉS DANS DES AUTOBUS D'AMBULANCE PENDANT LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE
© Wikipedia

 

14 juillet 2014

CHRONIQUE DE L'AFRIQUE: Françafrique cette association de malfaiteurs qui a paralysée l’Afrique

27 octobre 2012, 19:03

 Ces jours-ci, il est de bon temps de parler d’un vent de renouveau dans les relations France-Afrique. L’« honneur » des Africains est lavé, semble dire à l’unisson certains milieux politiciens des deux côtés de la méditerranée. Le nouveau président de la gauche française, François Hollande est venu soigner les « bobos » que son prédécesseur de la droite française, Nicolas Sarkozy, a commis envers les « élites » africaines. 

 

Contrairement à Nicolas Sarkozy qui avait dans la même ville, Dakar, commis l’impair en pensant avoir identifié le « drame de l’Afrique » en disant que « l’homme africain n’est pas assez rentré dans l’histoire », François Hollande préfère « encenser » le continent « berceau de l’humanité », en valorisant ses atouts et en axant sur son avenir, sans s’attarder sur le lourd passé des relations franco-africaines, dont il veut apparemment se distancer. Désormais, déclare-t-il dans son premier discours en terre d’Afrique: « Le temps de la Françafrique est révolu : il y a la France, il y a l’Afrique, il y a le partenariat entre la France et l’Afrique, avec des relations fondées sur le respect, la clarté et la solidarité. »[1] En fait, l’exposé est truffé de belles phrases, des promesses d’amitié, de sincérité, bref, un beau discours avec des énoncés tout à fait judicieux pour susciter l’adhésion des Africains en ces temps d’incertitudes et de crise globalisée, dont ils sont encore une fois les otages. 

 

Mais pour beaucoup d’Africains, le seul fait nouveau dans ce discours, c’est son orateur, le président François Hollande, le nouveau visage des intérêts de la France en Afrique. Le reste n’est que rengaine. Les mémoires sont pleines des promesses et autres engagements des gouvernements successifs de la France, qu’on s’empresse d’enterrer sitôt éteints les projecteurs. Qui ne se souvient du fameux discours prononcé à La Baule le 20 juin 1990 par un autre président français, également de gauche, François Mitterrand. Son contenu a marqué les esprits par le vent de changement qu’il prônait, autant en terme de relations entre la France et l’Afrique, qu’en terme de liberté, de développement et d’ouverture démocratique. D’autant que le contexte politique international de l’époque s’y prêtait particulièrement dans la foulée de l’effondrement de l’union soviétique et la chute du mur de Berlin. N’est-ce pas qu’il faut avoir la mémoire courte pour croire encore aux discours des présidents français sur l’Afrique? Aucun d’eux n’a jamais mis en péril le système néocolonialiste mis en place par le général de Gaule et son homme de main Jacques Foccart pour garder ses ex. colonies sous domination française. La machine monstrueuse qu’est la Françafrique est toujours active, même si les discours et les filières sont renouvelés à chaque changement de gouvernement français. 

Alors, morte la Françafrique comme le proclame le président Hollande? Pas sûr. Chacun de ses prédécesseurs avait, dans des termes plus ou moins similaires, proclamé publiquement l’acte de décès de cette association de malfaiteurs, dont l’ampleur des crimes contre l’humanité occuperait la cour pénale internationale pour des années, à tout le moins. Mais aucun des présidents, de droite comme de gauche, n’a vraiment dévié de la ligne tracée par Jacques Foccart, laquelle comme chacun sait, ne fait aucune place aux droits des peuples des ex. colonies. 

 Gauche et droite, nourries au sein de la Françafrique 

Si les Africains ne s’attendaient pas à des gestes révolutionnaires de la droite française, supposément pas très regardante sur la question des droits de l’homme dans la conduite de ses affaires en Afrique, l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 avait soulevé de grands espoirs. D’autant que François Mitterrand avait nommé au poste de ministre délégué à la « coopération » Jean-Pierre Cot, un homme tout acquis au changement dans les relations France-Afrique, comme l’écrivait Christian Fauvet dans l’Express : « La tête pleine d’idées généreuses (…), il s’emploie à faire souffler le vent du changement. Après tout, il est là pour ça. Dans son esprit, le changement consiste à abandonner la politique du secret, que symbolisait Foccart, (…) À promouvoir une autre politique du développement, fondée sur une certaine morale. »[2] Jean-Pierre Cot, explique pour sa part au réalisateur du remarquable documentaire Francafrique[3], Patrick Benquet : « qu’il représentait “l’image” à laquelle tenait le président Mitterrand”, l’ouverture sur le tiers-monde, le discours généreux du développement, les nations unies, les droits de l’homme… » Tout cela ne fut qu’une brève parenthèse. 

 

Les Africains découvrent rapidement que ce n’est qu’une image derrière laquelle le président Mitterrand est devenu lui-même la nouvelle matrice de la Françafrique et encaisse dans les pures traditions de celle-ci, les dividendes engendrés par le pillage, les détournements, et autres crimes infligés aux peuples du continent. Ils ne sont pas les seuls à être déçus par la gauche française. Le ministre de la coopération l’est tout autant de voir son président reproduire dans les coulisses ce qu’il condamnait publiquement. Jean-Pierre Cot démissionne et devient ainsi une victime de l’argent sale, qui alimente les caisses noires de l’Élysée et les comptes bancaires des dictateurs alliés. Sauté l’obstacle Jean-Pierre Cot, la Françafrique repart sous la houlette de François Mitterrand, qui du même coup enterre le discours d’ouverture de la Baule qui faisait la part belle à la démocratie, au développement et les droits de l’homme dans les ex. colonies. Pendant un court instant de l’histoire, les peuples africains s’étaient mis à rêver si fort qu’ils en oubliaient que l’orateur et son assistance, un parterre de dictateurs sanguinaires et corrompus, étaient les pourvoyeurs exclusifs de leurs souffrances. Mitterrand a tout bonnement enterré le projet de rupture avec la Françafrique et mis celle-ci au service de ses propres ambitions. 

 On efface et on recommence 

 Plus de 15 ans plus tard, après d’autres guerres[4], d’autres massacres, et d’autres coups d’état qui ont confiné le continent dans la misère et la violence, le candidat président de la droite, Nicolas Sarkozy se présente aux Africains avec le même projet de rupture avec la Francafrique. Il parle d’instaurer une : « relation transparente. Il nous la faut, déclare-t-il, débarrassée des réseaux d’un autre temps, des émissaires officieux qui n’ont d’autre mandat que celui qu’ils s’inventent. Le fonctionnement normal des institutions politiques et diplomatiques doit prévaloir sur les circuits officieux qui ont fait tant de mal par le passé. Il faut définitivement tourner la page des complaisances, des secrets et des ambiguïtés »[5] Son secrétaire d’état chargé de la coopération et de la Francophonie, Jean-Marie Bockel va connaître le même sort que celui de Mitterrand, Jean-Pierre Cot. Dans un discours fort critique des relations France-Afrique, il déclare devant la presse : « Je veux signer l’acte de décès de la “Françafrique”[6]. Je veux tourner la page de pratiques d’un autre temps, d’un mode de relations ambigu et complaisant, dont certains, ici comme là-bas, tirent avantage, au détriment de l’intérêt général et du développement. » Il n’en fallait pas plus pour réveiller les monstres de la Françafrique. Et au lieu de rupture, c’est plutôt le secrétaire d’état qui est démis de ses fonctions dans la « patrie » des droits de l’homme. Cependant, contrairement à Jean-Pierre Cot qui a refusé de monnayer ses principes en déclinant l’offre de son gouvernement, cet ancien colonel accepta d’occuper le poste de ministre aux anciens combattants. 

 

50 ans après les indépendances, la mort de la Françafrique devrait être une affaire exclusivement africaine 

 Tous ces épisodes de la Françafrique, qui renait à chaque fois de ses cendres, prouvent aux Africains que la balle de leur émancipation est désormais dans leur camp. Il leur faudra regarder bien en face, et surtout évaluer les incidences des instruments de leur dépendance vis-à-vis de l’ancienne puissance coloniale, la Françafrique, bien sûr, mais aussi la Francophonie et la Franc-maçonnerie[7], qui sont autant de ghettos qui neutralisent le développement des ex. colonies. Si la mondialisation n’est pas l’idéal pour l’humanité, il n’empêche qu’elle a permis l’ouverture du continent africain à d’autres possibilités de développement. Quand les Africains entendent les politiques et médias français s’indigner que la Chine fasse des affaires avec des régimes qui violent les droits humains, ça prête à sourire, tant le sarcasme est énorme. Il faut être bien arrogant et surtout méprisant pour reprocher aux Chinois, un crime qu’eux-mêmes commettent systématiquement et sans état d’âme depuis 50 ans sur le continent noir, au vu et au su de toute l’Europe, dont ils sont le fer de lance dans cette partie du monde. Tout comme les Britanniques et les États-Unis le sont dans d’autres endroits de la planète. 

C’est parfait de vouloir tourner la page, mais alors, que la France cesse séance tenante son soutien aux dictateurs, qu’elle publie tous leurs biens et leurs avoirs[8] sur son territoire et qu’elle les restitue aux peuples pillés[9], qu’elle libère les archives de ses ex. colonies, qu’elle mette fin aux accords militaires secrets, et qu’elle procède au démantèlement de ses bases militaires. Peut-on y croire? Après 50 ans de pratiques inégales et de mensonges, les préjugés instillés par les réseaux de la Françafrique finissent comme une seconde nature qu’on peine à éliminer. Et on aurait tendance à penser que rien de cela ne sera fait. Force est de constater, encore une fois dans le cas du Mali, ce va-t-en guerre, dont la France use si facilement sur le continent et qui trahit la nature des relations néocolonialistes encore diffuses dans les esprits de l’Élysée. Ce n’est sûrement pas les peules du Congo, de la Côte d’ivoire, du Rwanda, du Tchad et beaucoup d’autres, comme aujourd’hui, les Maliens qui diraient merci à la France d’avoir intervenu militairement dans leur pays. Finalement, ce qui est présenté comme une rupture dans les relations avec l’Afrique peut se révéler n’être qu’une mutation et tous les atermoiements ne justifieraient ultimement qu’une chose : les intérêts économiques de l’Occident en Afrique, menacés par les économies émergentes, en particulier la Chine, de plus en plus présente sur le continent. Et sûrement à moindre coût (humain et matériel) pour des Africains en quête de liberté, de dignité et de développement. 

 Zehira Houfani, écrivaine 

 Notes 

 [1]Le discours de François Hollande, le Point.fr, 12 octobre 2012, 

 http://www.lepoint.fr/monde/verbatim-le-discours-de-francois-hollande-a-dakar-12-10-2012-1516395_24.php 

 [2] L’écart de Jean-Pierre Cot, Christian Fauvet , l’Express,10 décembre 1982 

 [3] Françafrique, Patrick Benquet, Infrarouge, France 2, 13 octobre 2010 

 [4] Voir cette chronologie partielle sur le monde :http://www.lemonde.fr/web/module_chrono/ifr/0,11-0@2-3212,32-867026@51-1016961,0.html et aussi, http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article4418 

 5] Discours prononcé au Bénin le 19 mai 2006 

 [6] Les voeux à la hussarde de Jean-Marie Bockel, Vincent Hugeux, L’EXPRESS, 15 janvier 2008 

 [7]Franc-maçons : les maîtres de l’Afrique, Théophile Kouamoua, Jeune Afrique, 11 avril 2011 

 Voir aussi l’excellent documentaire « Françafrique » de Patrick Benquet cité plus haut, qui montre une scène surréaliste et surtout affligeante de ces maîtres de l’Afrique dans leur accoutrementde franc-maçon 

 [8] Voir le site de l’ONG française Survie et l’important travail de son président, François-Xavier Verschave , une véritable bibliothèque sur les crimes de la Françafrique :www.survie.org 

 [9] Les affaires des biens mal acquis, ONG Sherpa : 

 

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14 juillet 2014

POÉSIE: Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent

 

Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont

Ceux dont un dessein ferme emplit l'âme et le front.
Ceux qui d'un haut destin gravissent l'âpre cime.
Ceux qui marchent pensifs, épris d'un but sublime.
Ayant devant les yeux sans cesse, nuit et jour,
Ou quelque saint labeur ou quelque grand amour.
C'est le prophète saint prosterné devant l'arche,
C'est le travailleur, pâtre, ouvrier, patriarche.
Ceux dont le coeur est bon, ceux dont les jours sont pleins.
Ceux-là vivent, Seigneur ! les autres, je les plains.
Car de son vague ennui le néant les enivre,
Car le plus lourd fardeau, c'est d'exister sans vivre.
Inutiles, épars, ils traînent ici-bas
Le sombre accablement d'être en ne pensant pas.
Ils s'appellent vulgus, plebs, la tourbe, la foule.
Ils sont ce qui murmure, applaudit, siffle, coule,
Bat des mains, foule aux pieds, bâille, dit oui, dit non,
N'a jamais de figure et n'a jamais de nom ;
Troupeau qui va, revient, juge, absout, délibère,
Détruit, prêt à Marat comme prêt à Tibère,
Foule triste, joyeuse, habits dorés, bras nus,
Pêle-mêle, et poussée aux gouffres inconnus.
Ils sont les passants froids sans but, sans noeud, sans âge ;
Le bas du genre humain qui s'écroule en nuage ;
Ceux qu'on ne connaît pas, ceux qu'on ne compte pas,
Ceux qui perdent les mots, les volontés, les pas.
L'ombre obscure autour d'eux se prolonge et recule ;
Ils n'ont du plein midi qu'un lointain crépuscule,
Car, jetant au hasard les cris, les voix, le bruit,
Ils errent près du bord sinistre de la nuit.

Quoi ! ne point aimer ! suivre une morne carrière
Sans un songe en avant, sans un deuil en arrière,
Quoi ! marcher devant soi sans savoir où l'on va,
Rire de Jupiter sans croire à Jéhova,
Regarder sans respect l'astre, la fleur, la femme,
Toujours vouloir le corps, ne jamais chercher l'âme,
Pour de vains résultats faire de vains efforts,
N'attendre rien d'en haut ! ciel ! oublier les morts !
Oh non, je ne suis point de ceux-là ! grands, prospères,
Fiers, puissants, ou cachés dans d'immondes repaires,
Je les fuis, et je crains leurs sentiers détestés ;
Et j'aimerais mieux être, ô fourmis des cités,
Tourbe, foule, hommes faux, coeurs morts, races déchues,
Un arbre dans les bois qu'une âme en vos cohues !

13 juillet 2014

MOYEN ORIENT: L’apartheid d’Israël est « plus sophistiqué que celui de l’Afrique du Sud »

L’apartheid d’Israël est « plus sophistiqué que celui de l’Afrique du Sud », selon un nouveau livre recensé par David Cronin
Pourquoi Israël ? C’est une question qu’on pose à tout sympathisant de la solidarité palestinienne.

Habituellement, la question est posée en guise de diversion tactique. Pourquoi condamner Israël alors qu’il y a tellement plus de gens tués en Syrie qu’à Gaza ?

Le livre de Suraya Dadoo et Firoz Osman « Pourquoi Israël » énumère les multiples raisons justifiant qu’on se focalise sur les crimes commis au nom du sionisme. Tout sioniste croit en l’oppression des Palestiniens, déclarent les auteurs. Un défenseur d’Israël n’a donc aucune autorité morale pour défendre la liberté, où que ce soit.

Les sionistes aiment à se plaindre que leurs opposants tentent de fixer à Israël des critères plus élevés qu’à d’autres états. Mais en fait c’est Israël lui-même qui prétend avoir des critères plus élevés que ses voisins.

Israël se prétend une démocratie éclairée, une démocratie qui accueillait récemment une liste de célébrités hollywoodiennes pour fêter le 90ème anniversaire de Simon Peres, son président. Mais grattez le vernis glamour, et vous trouverez une forme virulente d’apartheid.

Dadoo et Osman sont bien placés pour identifier ce qui constitue une état d’apartheid, puisqu’ils sont d’Afrique du Sud. Dans leur livre, qui compte plus de 630 pages, ils tracent de multiples parallèles entre la manière dont Israël traite les Palestiniens avec la façon dont les noirs étaient traités en Afrique du Sud sous le régime des blancs.

Bien des choses qu’ils mettent en évidence sont d’une importante cruciale, quoique peu connues du grand public.

Une interprétation très « sélective » du droit international

Combien de fois les médias de masse nous rappellent-ils que l’approche israélienne des prisonniers politiques reflète celle de l’apartheid sud-africaine ? Les deux états ont décidé de grappiller dans le droit international les parties qui les arrangent ; tous deux ont refusé de signer un protocole additionnel à la Convention de Genève exigeant que les combattants pour la liberté ne soient pas traités comme des criminels quand ils sont incarcérés.

Combien de fois nous incite-t-on à nous indigner des lois inhumaines d’Israël qui séparent des familles ? Les Palestiniens de Cisjordanie sous occupation et de Gaza n’ont pas le droit de vivre en Israël, même s’ils sont mariés avec des citoyens israéliens. L’apartheid sud-africain, lui aussi, imposait des restrictions aux mariages entre citoyens du pays, interdisant les relations interraciales.

Combien de fois nous dit-on qu’Israël s’est déclaré « en état d’urgence » et ce chaque année depuis sa création en 1948 ? Cette déclaration sert de prétexte pour empêcher la liberté d’expression et de réunion et pour interdire aux Palestiniens de pénétrer dans les « zones militaires fermées ». L’apartheid en Afrique du Sud, lui aussi, se plaisait à édicter des oukases justifiés par « l’état d’urgence ».

Et combien de fois nous dit-on que les propagandistes israéliens se servent de techniques quasiment identiques à celles utilisées par l’apartheid sud-africain ? Pendant les années 1980, des journalistes israéliens ont été amenés en Afrique du Sud aux frais de la princesse, étant entendu qu’ils aideraient à « blanchir » l’apartheid. Aujourd’hui, Israël et les groupes de lobbying qui le défendent offrent le même type de voyages tous frais payés, aux mêmes conditions.

Des mensonges provocateurs

L’une des raisons principales pour lesquelles il faut lire ce livre, c’est qu’il fournit aux militants toute une panoplie d’arguments pour combattre les mensonges sionistes.

Quand on utilise le terme « apartheid » en référence à Israël, on se voit communément rétorquer qu’Israël est tellement aimable avec ses citoyens palestiniens ( les arabes israéliens, comme disent les sionistes) qu’il les autorise à voter et à se présenter aux élections. Cette situation contraste avec celle de l’apartheid sud-africain, où la majorité noire était privée de tout droit électoral.

Dadoo et Osman démontrent que ces arguments sont spécieux. Refuser le droit de vote, soulignent-ils, n’est pas explicitement mentionné sur la liste de ce qui constitue la discrimination raciale dans la Convention sur l’Apartheid des Nations Unies de 1973. Cette Convention précise également qu’un Etat ne doit pas nécessairement imiter en tous points l’Afrique du Sud sous régime blanc pour être coupable d’apartheid.

Dans un passage particulièrement perspicace, les auteurs écrivent : « La version israélienne de l’apartheid est plus sophistiquée que la version sud-africaine. L’apartheid sud-africain était rudimentaire, mesquin, primitif – littéralement en noir et blanc, avec une séparation nette et aucun droit. L’apartheid d’Israël est plus dissimulé par l’image fallacieuse de « démocratie » qu’il se donne. Les citoyens palestiniens d’Israël ont le droit de vote. Mais dans tous les autres domaines, la loi et la politique les discriminent.

Un livre exhaustif

Bien que basé sur des recherches rigoureuses et accompagné de notes copieuses en bas de page, ce livre fait un peu trop confiance aux sources secondaires, à mon goût. Plutôt que de paraphraser les nombreux écrivains et journalistes dont ils ont étudié l’oeuvre, Dadoo et Osman ont tendance à reprendre des extraits d’autres publications secondaires.

A l’exception de certaines références au Media Review Network, que le duo représente, nous n’obtenons pas un aperçu direct des expériences des auteurs. Résultat : le livre n’est pas aussi engageant qu’il aurait pu l’être.

Si vous être actif depuis peu dans le mouvement de solidarité palestinienne et avez besoin d’un premier livre sur la comparaison entre Israël et l’Afrique du Sud de l’apartheid, celui-ci ne serait pas la première source que je vous recommanderais. Le livre de Ben White « Israeli Apartheid : A Beginner’s Guide » et le film documentaire « Roadmap to Apartheid » de Ana Nogueira et Eron Davidson sont plus concis et plus digestes.

Mais par ailleurs, ceux qui cherchent un aperçu exhaustif de toutes les questions importantes concernant la Palestine feront bien de se pencher sur « Why Israël ? ».
Peu de faits, voire aucun, ont échappé à l’attention des auteurs.

David Cronin

David Cronin est le correspondant de l’agence de presse Inter Press Service. Né à Dublin en 1971, il a écrit pour diverses publications irlandaises avant de commencer à travailler à Bruxelles en 1995. Son dernier livre, " Corporate Europe : How Big Business Sets Policies on Food, Climate and War " est publié en août chez Pluto Press www.plutobooks.com.

SOURCE : http://electronicintifada.net/content/israeli-apartheid-more-sophistic...

Traduction : Info-Palestine.eu - Marie Meert http://www.info-palestine.net/spip.php?article13754

12 juillet 2014

MAURITANIE: L'unité en question par Hindou Mint Ainina


L´Unité Nationale. Un rêve, un beau rêve pour tout mauritanien assez conscient pour voir ce qui se passe. Tout citoyen qui aime sa patrie et veut en faire un lieu de tolérance, d´unité dans la diversité, d´acceptation mutuelle. Un citoyen assez ouvert pour voir et surtout concevoir que cette terre qu´on aime et claironne à tort et à travers, la qualifiant de terre de contact et de rencontre entre les peuples-doit rester ce qu´elle était toujours: non sans heurts, mais elle l´était quand même. Une terre de rencontre de civilisations Berbères Sanhaja, Négro-africains du Ghana et du Waalo, et, plus tard, les arabes bédouins, tous-en l´absence d´un pouvoir centralisé- vivaient, chacun dans son domaine, en échangeant leurs cultures et leurs produits. 
C´est beau de disserter sur ce sujet, si beau que bien des gens le font au risque de déformer certaines réalités passées et d´autres réalités présentes. On a trop parlé de cette unité. Parfois, on en parle tellement, au point d´oublier que le fait même d´en parler suppose qu´elle n´existe pas, ou au moins qu´elle est à parfaire. On en oublie que, pour unir des choses, il faut d´abord accepter le principe de leur différence et qu´elles soient séparées.

Il faut que l´on sente qu´on n´est pas menacé, non seulement dans son appartenance, mais aussi dans sa survie. Et pour avoir cette assurance, il faut que l´on se sente accepté tel qu´on est, avec tout ce qu´on a de différent. 

Il ne suffit pas de crier à l´unité nationale pour qu´elle soit, il faut d´abord savoir pourquoi elle "n´a pas été". Ceux qui croient que dans ce pays il y a eu une unité, au sens le plus élémentaire du terme, entre ses peuples depuis leur existence, doivent se rectifier.

D´ailleurs, comment pouvaient-ils s´unir ? Comment les Noirs, qu´on attaquait il n´y a pas très longtemps encore dans des razzias pour les vendre en esclaves, pouvaient-ils avoir confiance en ces Blancs du désert qui représentaient l´horreur à leurs yeux ? Comment les Berbères-et plus tard, la plupart des Zwayas et Aznagas-pouvaient-ils se fier à ces Arabes conquérants, "pilleurs et sanguinaires", qui les avaient réduits en hommes de second rang sauf récupération et qui leur avaient même imposé leur langue ? Comment ces groupes aussi différents pouvaient-ils s´unir, étant donné que leur survie même obligeait qu´ils s´opposent ? Ils faisaient beaucoup d´échanges certes, mais ils n´avaient aucune raison de s´unir, car leurs modes de vie étaient relativement différentes. 

N´essayons pas, comme se hasardent à le faire bien des gens, de donner à l´islamisation de la région une action unificatrice- bien qu´il soit répandu dans la région, l´Islam n´a pas changé l´état des choses. C´étaient les arabo-berbères musulmans qui razziaient et vendaient les esclaves- c´étaient eux même qui soumettaient des populations musulmanes pour en soutirer un tribut. C´étaient ceux là même qui parlaient au nom de l´Islam qui dominaient au nom de celui-ci. Cela n´est pas un plaidoyer contre l´Islam, ni contre sa capacité à constituer, à un moment de l´histoire- n´importe lequel- un facteur unificateur, ne serait-ce que théoriquement. Mais alors on doit bien se demander de quel Islam s´agit-il ? Le vrai, c´est-á-dire celui qui prône l´égalité des hommes, quelle que soit leur race et leur origine ? Ou bien celui qui, ici, classe les gens en "pseudo-castes" nettement distintes rien que par leur soit-disant naissance ? 

Est-ce l´Islam qui recommande la justice sur la base de l´égalité devant Dieu, ou celui qui permet de tenir d´autres musulmans en servitude et de les traiter en hommes inférieurs? Celui qui recommande le droit au savoir ou celui qui permet à une minorité de monopoliser le savoir religieux et de l´utiliser à l´egal des armes-comme moyen de supériorité et de domination? On voudrait bien savoir de quel Islam il s´agit avant de prétendre qu´il a pu être un facteur d´unité dans cette région. Cet espoir d´unité que l´Islam aurait pu faire et n´a pas fait naitre, ce n´est pas l´arabisme borné et l´arabisation forcée qui le feront naitre. Nous avons trop peur de dire certaines choses, à tel point que nous finissons par croire qu´elles n´ont pas existé. 

A mon humble avis, ce n´est pas en criant notre arabité sur les toits que nous arriverons à nous convaincre que nous sommes arabes. En fait, ceux parmi nous qui tiennent ce langage donnent l´impression d´un enfant qui arrive tant bien que mal à exprimer ce qu´il croit, mais a besoin de l´approbation de sa mère pour y croire vraiment. Nous paraissons vouloir nous convaincre nous même d´un fait qui a été accompli avant nous. Là , il faut retenir qu´un arabe est, ni plus ni moins, quelqu´un qui parle un langage arabe comme langue maternelle. Il faut aussi préciser que tous ces Arabes d´Afrique ou d´ailleurs, qu´ils soient d´origine egyptienne, turque, persane, bérbere ou autre, se caractérisent uniquement par l´usage de cette langue, qui n´est plus ni moins qu´une langue. 

Seulement, dans notre Inconscient collectif nous n´arrivons pas à essuyer la défaite historique devant les conquérants Hassanes. Peut-être aussi ne pardonnons - nous pas les problèmes que la Mauritanie a rencontré pour être reconnue comme Etat Nation Arabe. Cet inconscient nous pousse à faire des actes qui pourraient prouver à nous même et au monde entier que nous sommes arabes. Ici, chacun peut expliquer cela à sa facon. 

Dans notre raisonnement simpliste, on ne peut être arabe que d´origine- ce qui en réalité limiterait le nombre d´arabes aujourd´hui au moins leur dixième. Comment arrivons-nous á prouver que nous sommes arabes d´origine? Nous ne tenons en fait de nos appartenance Sanhaja que ce qui prouve que nous étions autre chose que des arabes: les noms de nos tribus et parfois nos familles-essayez seulement d´être assez superficiel pour convaincre les gens de l´origine arabe des Lemtouna,Tendgha ou Techouncha, rien qu´à titre d´exemple.

Ces noms nous rappellent trop la défaite, et à défaut de l´essuyer, nous la renions, et du coup nous nous renions. 

Nous ne sommes devenus arabes-peut-être malgré nous- et nous n´avons pas besoin de le crier pour que ca soit vrai. Mais soyons conséquents avec nous même et n´imposons pas notre langue aux autres. Car ces gens que nous voulons assimiler font partie de ce pays et n´en disparaitront que s´il n´existe plus (le cas kurde d´Irak n´est pas enviable). Laissons les choisir eux même d´être avec nous. Précisons leur que pour être ensemble dans ce pays et pour que ce pays continue à exister, il faut qu´ils nous acceptent, mais aussi que nous les acceptions. 

Il faut que chacun d´entre nous admette que le fait de reconnaitre la différence de l´autre n´enléve rien à sa légitimité ni à ses droits, pas plus qu´à son appartenance. Il est temps que chacun de nous comprenne que la Mauritanie est difficilement comparable aux pays d´Afrique de l´Ouest,...pas plus qu´aux pays arabes. Admettons ensemble que nous avons des réalités différentes ici, et que nous avons une réalité différente du reste du monde. C´est uniquement comme cela que nous sauverons notre pays, et que nous pourrons avoir une identité, une personnalité, une caractéristique sociale qui nous est propre. Ce qu´il faut faire aujourd´hui, ce n´est pas de vouloir un retour en arriére vers une histoire et une civilisation dont on ne retient que des demi-vérités déformées. 

Notre salut ne sera pas non plus dans la course vers un arabisme et une arabisation qui n´a pas encore fait ses preuves dans le monde actuel, et qui pose bien des problèmes pour des arabes bien "plus anciens"que nous- En se fondant dans le monde arabe- avec la passion qui nous est propre- nous perdons notre personnalité mauritanienne, et du coup notre histoire notre identité. 

Que ceux qui tentent de nous pousser à cela par les paroles ou les actes sachent qu´en perdant leur personnalité mauritanienne ils seront moins que rien, non seulement aux yeux du monde- qui ne les voit qu´à la loupe-mais à leurs propres yeux. Car ce qui est sûr, c´est qu´un maure (arabe, berbère, arabo-berbère, ce que vous voulez) ne peut se reconnaitre nulle part ailleurs. Cette identité qui fatigue tellement chez nous nous risquons de la perdre, parce qu´au rythme où nous allons nous risquons de perdre la Mauritanie. 

Par Hindou Mint Aïnina


NOTES: Article publié pour la première fois dans "Mauritanie- Demain" du 13-19 novembre 1991, republié sur FLAMBEAU- Journal des FLAM, numéro 

12 juillet 2014

La construction politique de la Mauritanie : 1946-1960

 

I

maginée en Décembre 1899 par l’administration coloniale, la construction du cadre historique et géographique de la Mauritanie s’est poursuivie jusqu’en 1944.

Mais c'est en novembre 1946 que commence sa construction politique. A l'instar des ressortissants des autres colonies, les Mauritaniens sont appelés à voter pour élire leurs représentants : un Député à l'Assemblée Nationale Française, un Sénateur et un Conseiller au Grand Conseil de l 'Union de l'Afrique de l'Ouest. Ces élections symbolisaient le début d’une individualisation politique et territoriale par rapport au Sénégal. 

Nous avons choisi de mettre en lumière cette période (1946 – 1960) très importante de l'histoire de notre pays, paradoxalement peu connue, alors qu'elle met en scène un nombre impressionnant d'acteurs dont certains, encore en vie ou disparus aujourd'hui, ont accepté d'être pour nous il y a un peu plus de vingt cinq ans de grands témoins. Des témoignages corroborés et complétés par des sources consignées dans les Archives nationales de Mauritanie et du Sénégal. C'est donc une période sensible, très sensible, voire trop sensible qui a vu naître les premières formes d'organisations politiques, les premiers enjeux de lutte pour la conquête, le contrôle du pouvoir et finalement notre présent. 

L’élection de novembre 1946 : premier test pour la Mauritanie, premières frictions. 

En 1945, l’annonce des prochaines élections avait suscité des hostilités entre Maures et Noirs. Les documents d’archives (Sous – série 2 G 45 : 134, Archives Nationales du Sénégal) indiquent cette unanimité chez les Maures que « le représentant de la Mauritanie ne saurait être un Noir »; et qu'ils commençaient à manifester une volonté de renouer avec le monde Arabe, évoquant un « éveil de la race Maure ...... et le désir d’être rattachés de fait au Maroc ». 

Les Noirs de la vallée du Fleuve Sénégal et du Hodh, qui se sentaient très attachés à leurs frères de sang du Sénégal et du Soudan (actuel Mali), estimaient que « seule une candidature européenne pourrait partager les voix en Mauritanie ». 

Deux candidats briguaient le suffrage des mauritaniens à l’occasion de cette élection. 

D’un côté, Horma Ould Babana, interprète, engagé en politique en 1944 en adhérant au Bloc Africain de Lamine Guèye et L.S. Senghor. Ce parti, affilié à la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO) n’avait pas obtenu de grands succès auprès des populations de la vallée lors d’élections précédentes. A l’occasion de la campagne électorale d’août 1946, Lamine Guèye et Senghor  parcoururent toute la vallée, et partout ils présentèrent Horma comme un chérif, un descendant du Prophète à qui devrait revenir de fait la députation d’un territoire dont les habitants sont des musulmans. Ce dernier avait déjà le soutien des tribus du Tagant et une masse importante des Noirs de la Vallée, victimes des brimades des chefs de cantons locaux. De l’autre, Yvon Razac administrateur français, candidat de l’administration coloniale. 

A l’issue de l’élection de novembre 1946, Horma Ould Babana est élu député de la Mauritanie par 6 076 voix contre 3 525 pour Yvon Razac. 

En 1948, se créa une véritable fronde contre Horma, rassemblant les courants conservateurs Maures et Noirs ainsi que les tribus les plus engagées aux côtés de l’administration coloniale. Ses électeurs Maures se montraient «...impatients et, ne supportant plus l’influence noire, étaient (désormais) prêts à embrasser toute doctrine extrémiste quelle que soit l’étiquette pour couvrir leurs aspirations nationales » (source : 2 G 47 : 20, Archives Nationales du Sénégal, rapport politique du premier trimestre 1947, page 7). Tandis que les chefs traditionnels et une partie de l’intelligentsia Noirs de la Vallée se sentant trahis par l’administration coloniale et noyés dans un ensemble Maure, vont tenter de s’organiser en vue de défendre l’intérêt de leur communauté à travers un groupement politique. 

L’apparition des premières formations politiques 

L’Union Générale des Originaires de la Vallée du Fleuve (U.G.O.VA.F) créée fin 1946 à Dakar. Elle connut trois phases : 

En 1946, l’U.G.O.VA.F (U.G.O.F dans certaines sources) n’était qu’une simple association d’élèves et anciens élèves Haal Poular en et Soninko des deux rives, sortants pour la plupart de l’école Normale William Ponty, pour « créer un climat familial ». Présidée par Abdoulaye Watt, l’association comptait parmi ses membres : Thierno Saydou Nourou Tall, Samba Gandega, Aly Bocar Kane, Mamoudou Samboly Ba, Moustapha Touré, Ismail Sy, Demba Labbo Dioum, Aly Ciré Ba, Boubou Sall… 

En 1947, l’U.G.O.VA.F évolue pour défendre les intérêts de la communauté noire en territoire de Mauritanie et devient une association politique affiliée à la SFIO avec un seul objectif : Veiller aux intérêts des « fluviaux ». Le renouvellement de ses instances en 1948, verra apparaitre deux tendances qui occasionneront le départ des « futurs Mauritaniens » vers l’Entente Mauritanienne. 

En 1951, Hamath Ba, médecin en poste à Boghé sollicite et obtient le soutien de l’U.G.O.VA.F pour sa candidature aux législatives de 1951

L’Union Progressiste Mauritanienne (U.P.M). Créée en 1948 à Rosso, elle regroupait des chefs traditionnels, des fonctionnaires locaux et des administrateurs civils Français en service dans les Territoires du Sénégal et de Mauritanie. L’UPM se proposait de « réaliser l’union de tous les habitants de la Mauritanie, sans distinction de race ou de parti pour qu’ils deviennent éléments actifs de l’Union Française… ». 

A sa naissance, elle était présidée par Bouna Mokhtar, la vice-présidence était assurée par Sidi El Moktar N’Diaye. Parmi ses membres les plus influents de l’époque, on peut citer : Mohamed Ould Daddah, Amadou Diadié Samba Diom Ba, Thiécoura Dembélé, Ahmed Saloum Ould Haibale, Abdallahi Ould Cheikh Sidiya. 

Patronnée par le Général de Gaulle et Abdallahi Ould Cheikh Sidiya, l’U.P.M représentait une alliance de «grandes familles Maures et Noires» avec une prédominance du Trarza et l’appui d’Émirs comme celui du Tagant Abderrahmane Ould Bakar Ould Soueid Ahmed. 

L’Entente Mauritanienne, créée en 1950 par Horma Ould Babana à Rosso et une équipe de jeunes qualifiés de « socialistes » dont N’Diawar Sarr, Di Ould Zein, Dieri Sidibé, Harouna Salzman, Dey Ould Sidi Baba, rejoints par Samba Gandega et Mamoudou Samboly Ba qui viennent de quitter l’U.G.O.VA.F. L’Entente ambitionnait de « faire évoluer le pays d’une structure archaïque et féodale vers un statut démocratique, avec l’aide de la France ». Le parti va s’affilier d’abord à la S.F.I.O, puis à l’Union Démocratique des Socialistes Républicains (U.D.S.R). 

L’élection de Juin 1951 : un paysage politique redessiné 

La perspective de l’élection de 1951 pour le renouvellement du siège de député représentant le Territoire de Mauritanie à l’Assemblée Nationale Française, fait naître un regain d’activités au sein des partis en présence. 

Si l’Entente et l’U.G.O.VA.F n’eurent aucun mal à désigner respectivement Horma Ould Babana et Hamath Ba comme candidats, du côté U.P.M, le choix du candidat ne fut pas simple : l’administration coloniale interfèrera et préfèrera Sidi El Moktar N’Diaye. 

En prélude à cette élection, l’UGOVAF tenta d’exploiter le sentiment d’insécurité, régnant au Gorgol et au Brakna surtout, créé par celui qui est présenté comme un brigand : Ould Mseik ou Mseikine, de son vrai nom Mohamed Ould Mseikine qui s’attaquait principalement aux Haal pulaar en du Brakna. Cette politisation se fera par l’entremise des représentants locaux (Boghé) du Rassemblement Démocratique Africain (RDA) : Oumar Ba et Mamadou Sada Wane. L’administration mettra fin aux jours de Ould Mseikine en 1952. Était-il brigand, manipulé ou révolté contre les injustices que subissaient les Haratines ? 

A l’issue du scrutin de Juin 1951, l’U.P.M sort vainqueur avec 39 646 voix contre 23 323 voix pour l’Entente Mauritanienne et son candidat, Sidi El Moktar N’Diaye, est donc élu Député. Mais cette victoire est contestée par les autres partis qui voient dans cette élection une mascarade orchestrée par l’administration coloniale visant à favoriser celui des candidats qui représenterait le mieux ses intérêts. En effet, depuis la découverte des mines de fer à Zouerate et de cuivre à Akjoujt, la France a beaucoup investi à partir de 1946 pour exploiter ces richesses. Cet engagement du capitalisme français s’accompagne désormais d’une ingérence dans les affaires politiques de la Mauritanie. 

Ce qui n’a pas empêché l’UPM de connaitre une crise dès 1953, lors du choix du candidat au Grand Conseil de l’AOF. A la demande des Noirs de ce parti d’être représentés par Moktar Touré, l’UPM imposera Souleymane Ould Cheikh Sidiya. Celui-ci battra N’Diawar Sarr de l’Entente par 22 voix contre 2 (Circulaire 338/INT – AP du 19 Avril 1952 et Série B55, Archives Nationales de Mauritanie). La base de ce parti reproche à ses dirigeants de faire preuve d’inertie. Sa jeunesse, sensible à la fermentation politique au Maghreb et en Afrique Noire va claquer la porte avec son chef de file Mohamed Ould Jiddou et forme l’Association de la Jeunesse Mauritanienne (A.J.M) à Rosso avec Yacoub Ould Boumediene et Mohamed Ould Jiddou.

 L’AJM restera un creuset d’idées et un foyer de formation politique de jeunes Maures hostiles à toute éventuelle intégration de la Mauritanie à l’Afrique de l’Ouest. Elle évoluera lentement mais progressivement vers un mouvement pan arabiste, voire pro marocain. 

L’élection de 1956 : Nouvelle recomposition, affirmation plus claire des clivages 

Pour ce deuxième renouvellement du poste de la représentation du Territoire de Mauritanie, trois candidats s’affronteront : Sidi EL Moktar N’Diaye pour l’UPM, Horma Ould Babana pour l’Entente et Mohamed Ould Jiddou de l’A.J.M. 

Sidi El Moktar NDiaye remporte l’élection de janvier 1956 avec 106 000 voix contre 7 731 voix pour le candidat de l’Entente et 584 à celui de l’AJM. 

Après cette défaite, l’Entente Mauritanienne implose : 

- d’un côté Horma Ould Babana rejoint le Maroc la même année et s’aligne sur les positions du parti Al Istiqlal de Allal El Fassi qui avait des visées territoriales sur la Mauritanie. Ces revendications, formulées en 1956, vont se préciser en 1957 et devenir officielles en 1958. Horma Ould Babana va épouser ces revendications qui prendront un caractère armé (Armée de Libération Nationale) avec à leur actif le siège de la ville d’Atar et plusieurs attaques en Territoire mauritanien jusqu’à la veille du Congrès d’Aleg. 

- de l’autre côté, certains Noirs de l’Entente forment, à Kaédi, le Bloc Démocratique du Gorgol (BDG) en 1956 et lorgnent de plus en plus les Fédéralistes comme Senghor qui propose une indépendance du Sénégal dans un cadre fédéral avec le Soudan (actuel Mali). 

L’AJM de son côté ne s’en relèvera pas. Naitra de ses cendres la NAHDA, crée en août 1958 à Kaédi par Bouyagui Ould Abidine et Mohamed Taghi avec un programme politique « révolutionnaire », inspiré des luttes du Machrek et du Maghreb. Seulement ce parti, composé exclusivement de Maures, était tellement pan arabiste qu’il finira par épouser l’idée du Grand Maroc, mettant en cause l’existence de la Mauritanie dans ses frontières de 1944. 

La tension était tellement perceptible qu’un administrateur français a cru bon d’attirer l’attention d’un groupe de Maures en 1956 en ces termes « Si vous ne faites pas instruire vos enfants, les Noirs continueront à occuper toutes les bonnes places et l’on continuera à voir le médecin noir commander à l’infirmier maure » (Francis de Chassey : La Mauritanie 1900 – 1975). 

Le Congrès d’Aleg : Mythe et réalités 

Avec l’entrée en vigueur de la loi-cadre, chaque Territoire peut élire sa propre Assemblée Territoriale et un Conseil de Gouvernement. En Mauritanie ses élections auront lieu en 1957. 

Pour l’élection du Conseil de Gouvernement, l’UPM présente la candidature de Mokhtar Ould Daddah. Il est élu en mai 1957 Vice-président du Conseil de Gouvernement. Son élection symbolise la continuité des bonnes relations entre la France et sa tribu, celle de Cheikh Sidiya Baba (Oulad Biéri). Son mariage avec une française renforce cette idée. Dès lors, la France ne pouvait craindre de lui une attitude contestatrice. 

Mokhtar Ould Daddah forme alors un Conseil de Gouvernement (premier gouvernement de Mauritanie) composé de huit membres : Cinq Maures, deux Français et un Noir : Amadou Diadié Samba Diom Ba au portefeuille technique de Ministre des Travaux publics. 

Désormais, avec la confiance de la France, Mokhtar Ould Daddah est « programmé » pour prendre en mains la destinée de la future Mauritanie. Maitre à bord du navire Mauritanie, il place alors l’unité nationale au premier plan de ses préoccupations, forme une équipe gouvernementale ouverte aux anciens de l’Entente, appelle les Mauritaniens « à faire ensemble la patrie» et convoque un congrès de regroupement des forces politiques : c’est le très célèbre congrès se tiendra du 2 au 5 mai 1958 à Aleg dont les deux premiers jours seront marqués par d’après discussions sur l’orientation politique et la conception du type d’État en Mauritanie. Le Congrès d’Aleg verra la participation de tous les poids lourds de la période 1946/1958 et confirmera le poids politique de certains autres éléments du Sud comme Youssouf Koita, Dah Ould Teiss, Gaye Silli Soumaré, Petit Ba, Hamath NGaide, et Yaya Kane. 

A l’issue de ce congrès, les participants optent pour la participation à la CommunautéFrançaise avec option pour l’indépendance, créent un nouveau parti, unitaire : le Parti du Regroupement Mauritanien (P.R.M, qui deviendra Parti du Peuple Mauritanien) et désignent un comité paritaire, composé de 4 Noirs et 4 Maures, chargé de réfléchir sur la cohabitation. Ce comité était dirigé par Gaye Silli Soumaré et Mohamed Ould Cheikh. Mais ses conclusions resteront lettres mortes. Deux tendances se dégagent alors parmi les congressistes Noirs. L’une, autour du Dr Moussa Sao, Abdoul Aziz Ba, Racine Touré, Bocar Alpha Ba, prône la Fédération. L’autre choisit de jouer la carte de la Mauritanie unitaire, «trait d’union entre l’Afrique méditerranéenne et l’Afrique noire ». 

Le 28 Septembre 1958, les Mauritaniens adhèrent par référendum à la Communauté et se dotent d’une Constitution le 22 Mars 1959 puis d’un deuxième Gouvernement de 10 membres, élargi à d’anciens militants de l’entente Mauritanienne. La représentativité des Noirs semble être fixée à un sur cinq. Ils sont deux : Amadou Diadié et Mamoudou Samboly Ba qui occupe le portefeuille de l’urbanisme et de l’habitat. 

Les revendications des noirs du Sud vont passer de la représentativité proportionnelle à la mise en cause de la cohabitation. Cette règle va se confirmer dans le 29 Septembre 1961 avec la nomination du troisième Gouvernement : Sur onze membres, seuls deux sont noirs, il s’agit de Bocar Alpha Ba qui fait son entrée à la santé et Mamoudou Samboly Ba aux finances. 

L’évolution politique du pays va continuer à susciter des contestations qui ont conduit à la création des deux nouveaux partis, à assise régionale. D’un côté, l’Union Nationale Mauritanienne (U.N.M) créée en Juillet 1959 visait à « préserver les liens historiques avec la Fédération du Mali (Sénégal et Mali). Ses principaux animateurs étaient des mécontents du congrès d’Aleg : Ould Khattri , Abdoul Aziz Ba, Tène Youssouf Gueye et Yaya Kane. De l’autre, l’Union Socialiste des Musulmans Mauritaniens (U.S.M.M) créée à Atar en 1960. Mal connue, l’USMM exprimerait avant tout un particularisme régional de l’Adrar. Ce regain de régionalisme marque le climat politique de notre pays à la vieille de son accession à la souveraineté internationale. Plus tard, en 1963, avec l’Union Générale des Originaires de la Mauritanie du Sud (UGOMS) puis en 1966 avec le Manifeste des 19, des cadres de la Vallée réclamaient toujours une plus grande place pour les Noirs. 

Le 28 novembre 1960, notre pays accède à l’indépendance nationale avec d’importantes réserves de cuivre et de fer surtout. Le minerai de fer de Fort – Gouraud (Zouerate) était estimé à 100 millions de tonnes d’un minerai titrant de 63 à 67% de fer, exploité par la société Française des Mines de Fer de Mauritanie (MIFERMA) dont l’État Français était actionnaire principal depuis juin 1952. Quant au cuivre d’Akjoujt, il est exploité par la société Française des Mines de Cuivre d’Akjoujt (MICUMA) depuis 1953. 

Ciré Ba (historien) etBoubacar Diagana (géographe),Paris

11 juillet 2014

Pauvreté en Mauritanie:Un phénomène Rural La

Pauvreté en Mauritanie:Un phénomène Rural  

La représentation nationale du PNUD en Mauritanie a organisé hier à Nouakchott un point de presse auquel ont pris part les médias publics et privés. Ce point de presse entre dans le cadre des activités commémoratives de la journée internationale de l'élimination de la pauvreté, placée cette année sous le thème "de la pauvreté au travail décent : Combler le fossé ". Dans son exposé liminaire, la représentante adjointe du PNUD en Mauritanie a fait l'état des lieux de la pauvreté dans le monde en insistant sur l'importance de l'emploi. Elle s'est félicitée de la collaboration du PNUD avec la presse nationale. Lui succédant, M. Baba Ould Boumeiss, directeur général de l'Office National de la Statistique a introduit une communication sur la pauvreté en Mauritanie.


Selon le directeur général de l'Office national de la Statistique, le profil de la pauvreté2008 permet de cerner la problématique suivant ses aspects multidi-mensionnels, qui se manifeste prin¬cipalement sous trois formes: la pauvreté monétaire, la pauvreté dans les conditions de vie, et la pau-vreté des potentialités.

La Mauritanie, a-t-il dit, ne dispose pas d'un seuil de pauvreté spéci¬fique. Le seuil de pauvreté utilisé pour les enquêtes EPCV est de 1 dollar par personne et par jour, aux prix constants de 1985.

Le seuil de l'extrême pauvreté, quant à lui, correspond à un niveau de consommation de 270 dollars par tête et par an. Le profil de pauvreté de 2008 confirme une diminution continue de la pauvreté depuis 1990.

L'analyse des données en matière de pauvreté appelle aux conclusions suivantes: si l'on en croit Baba Ould Boumeiss, 42% de la population vivent dans la pauvreté: une telle proportion, bien qu'elle traduit un rythme de réduction plus accéléré qu'avant (environ 1,2 point par an)proportion, bien qu'elle traduit un rythme de réduction plus accéléré qu'avant (environ 1,2 point par an) au cours des quatre dernière années, implique plus de renforcement des efforts en termes de coordination, de planification et de réalisation du CSLPI II, afin de créer les condi-tions d'une réduction plus rapide de la pauvreté et plus favorable face aux pauvres.

Le directeur général de IONS a précisé que l'inégalité dans les dépenses mesurée par l'Indice Gini (Indice pour expliquer l'inégalité de la richesse) diminué d'un point passant de 39% en 2004 à 38% en 2008. Cette diminution, qui est légère, n'était pas en faveur des plus pauvres. C'est-à-dire que les plus pauvres se sont appauvris davan-tage (les 10% les plus pauvres de la population se partagent seulement 2,5% de la dépense globale en 2008 contre 2.7% en 2004). En effet, la distribution n'a pas profité du con-texte favorable créé par la crois-sance afin d'une meilleure réduction de la pauvreté.


Il a indiqué que la pauvreté demeure un phénomène rural. Malgré que l'incidence de la pauvreté a baissé de façon générale, elle a augmenté en milieu rural entre 2004 et 2008 passant respectivempnt de 59% à 59.4%. Comme la pauvreté, l'ex¬trême pauvreté aussi est un phénomène rural (40,8% en milieu rural, contre 7,7% en milieu urbain).


L'analyse de la pauvreté par wilaya selon l'incidence, dit-il, permet de les classer en quatre groupes princi-paux: Le groupe des wilayas les plus pauvres où 60% de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté (Tagant, Gorgol, Brakna), le groupe des wilayas où le taux est compris entre 55% et 60% (Hodh El Charghi, Adrar, Guidimagha et Assaba), le groupe de wilayas où l'incidence de pauvreté est comprise entre 30% et 50% (Hodh El Gharbi, Trarza et Inchiri) et le groupe de wilayas où l'incidence est inférieure à 20% (Dakhlet-Nouadhibou, Tiris-Zemmour).


La redistribution n'était pas égali-taire entre les régions; Hodh El Charghi, Assaba, Adrar, Brakna et Tagant ont connu une détérioration des conditions de vie; tandis que la pauvreté s'est réduite dans le reste du pays
M Baba Ould Boumeiss a fait remarquer que la pauvreté n'est pas très discriminatoire selon le genre du chef de ménage. Elle est légèrement plus faible chez les membres des ménages dont le chef est de sexe féminin (40.3%) que chez celles si 1 CM est un homme (42.6%).


Les indépendants agricoles furent les plus touchés par la pauvreté parmi les groupes socio-économi-ques considérés. En fait, Les indépendants agricoles furent les plus touchés par la pauvreté parmi les groupes socio-économiques considérés. En fait, les ménages dirigés par des indépendants agricoles sont les plus touchés par la pauvreté avec une incidence voisine de 70%.


La pauvreté perçue demeure sensi-blement sur le même niveau respec-tivement 80,6%, 82,2% et 81,2% pour les années 2000, 2004 et 2008. En outre, 56,5% des chefs de ménages pensent que leur quartier ou village est pauvre,- alors qu'ils n'étaient que 50% dans ce cas en 2004 et 43,3% en 2000.

La pauvreté

dans les conditions de vie

En matière d'éducation et d'al-phabétisation, le conférencier a noté que le taux brut de scolarité fonda-mental obtenu par l'enquête est de 90.9 % en 2008 contre 76.6 % en 2004. Ce taux cache les: disparités importantes tant entre les milieux de résidence (79.6 % en milieu rural et 108.5 % en milieu urbain) qu'au niveau de sexe (93,5% chez les filles contre près de 88% chez les garçons).

Le TBS de l'enseignement secondaire est demeuré pratique-ment stable au cours des quatre dernières années passant de 29.6 % en 2004 à 30.5% en 2008. Les adultes ' âgés de 15 ans ou plus alphabétisés représentent 61.5 % en 2008 contre 57.5 % en 2004.

Dans le domaine de la santé, il a fait remarquer que le taux.de morbidité s'élève en 2008 à 7,8% contre 6,4% en 2004. La couverture prénatale a augmenté, passant de 80,2% en 2004 à 87,4% en 2008. Le pourcentage d'enfants de 12 à 23 mois complètement vaccinés a diminué passant de 79% en 2004 à 68,8% en 2008.


S'agissant de l'emploi, il a indiqué que le taux d'activité des individus de 15 à 65 ans s'élève à 52,2% en 2008 contre 59,2% en 2004.

Les hommes ont deux fois plus de chance d'être en activité que les femmés.

Le niveau global du chômage est estimé en 2008 à 31,2%, légèrement plus faible que celui estimé en 2004 (32,5%).

Le secteur du commerce est le premier pourvoyeur d'emploi en 2008 avec 24,6% des employés, suivi par le secteur de l'agriculture avec 20,4% (y compris le sous-secteur d'éle-vage).


Pour ce qui sst du logement, le directeur générale de IONS pense que les habitats précaires (Tente, Case hutte, Baraque et M'bar) occupés globalement par 32,5% des ménages les habitats de types maison occupés par le reste (67,5%). On constate Cn 2008 la prédominance des ménages propriétaires de leurs logements (74%), suivi par les locataires (12%) et les(67,5%).

On constate en 2008 la prédominanee des ménages propriétaires de leurs logements (74%), suivi par les locataires (12%) et les ménages en situation d'appropriation de logement, (Gazra) soit 7,5%. Ainsi 45,7% des ménages ne dis¬posent pas de toilettes dans leur logement contre 48% en 2004 ; et 58,3% des ménages ont accès à l'eau potable en 2008 contre 52% en 2004. D'autre part, le mode d'éclairage le plus utilisé est la torche (51%) suivi de l'électricité (30,6%) et l'énergie la plus utilisée pour la cuisson des aliments est le gaz (37%) suivi du bois près de (33%).

Analyse des déterminants de la pauvreté:


Il s'agit d'une analyse multi variée des déterminants de la pauvreté monétaire à partir d'un modèle linéaire, sur, la base des données de 1'EPCV 2008. Cette analyse prend en compte trois groupes de va-riables: les variables de localisation géographiques, les variables socio-démographiques, les variables socio-économiques. Il ressort de ce modèle que: les wilayas les plus prospères sont Nouadhibou, Nouak-chott, les moins prospères sont Tagant, Hodh Charghi et Assaba; le niveau de vie s'améliorè avec le niveau d'instruction; il semble se dégrader avec la taille du ménage; les Salariés du public et les indépen¬dants non agricoles ont des condi¬tions de vie meilleures que les autres GSE (groupements socio- . économi-ques). Certains avoirs des ménages constituent un déterminant du niveau de vie, a-t-il conclu.


B. Diagana

 
Source: AMI/PMDa
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