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LE PANAFRICANISME NOUVEAU

18 septembre 2014

CAMEROUN: Comment les services de renseignements ont capturé le capitaine Guerandi Mbara

Guérandi Mbara était exilé au Burkina Faso depuis le 5 juin 1984

Selon une enquête publiée dans Jeune Afrique, l’ex-putschiste a été drogué et transféré au Cameroun dans une transaction qu’il croyait destinée à l’achat d’armes

Selon une enquête publiée dans l’hebdomadaire Jeune Afrique, édition du 14 au 20 septembre 2014 et intitulée «Cameroun: Enquête sur une affaire d’Etat», Guérandi Mbara - l’un des cerveaux du putsch manqué de 1984 contre Paul Biya et l’un des derniers survivants de ce coup d’Etat – est, depuis janvier 2013, aux mains des services de renseignement camerounais. Mort ou encore en vie, le magazine ne répond pas toutefois à la question.

Pour l’hebdomadaire qui n’utilise pas le conditionnel dans son enquête, Guerandi est parti de l’aéroport de Sofia en Bulgarie le 25 janvier 2013 à bord d’un petit avion conduit par des pilotes macédoniens, croyant se rendre en Russie pour rencontrer un vendeur d’armes. C’est que l’ex-capitaine de l’armée camerounaise, exilé au Burkina Faso depuis le 5 juin 1994, nourrissait toujours le désir de voir partir Paul Biya du pouvoir, par les armes. A bord de l’avion, il sera plutôt drogué avec un sédatif et conduit…à l’aéroport international de Douala par ses convoyeurs. Arrivé le 26 janvier au matin, il a été remis à une équipe de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE), «dirigée par le commissaire James Elong Lobé], quelque part sur la route entre Edéa et Pouma», précise Jeune Afrique. Et depuis, plus de nouvelles de l’opposant.

A l’origine du traquenard
Militaire et fils de militaire Kirdi, Guérandi Mbara est issu de la promotion 1974 de l’Ecole militaire interarmées (EMIA) de Yaoundé avec Thomas Sankara et Blaise Compaoré. C’est ce dernier, président de la République du Burkina Faso, qui consentira à accueillir ce capitaine âgé de 30 ans à l’époque, le 5 juin 1984, après le putsch manqué d’avril de la même année, lequel putsch avait vu de nombreux militaires fusillés par la suite. Au Burkina Faso, Guerandi Mbara développe sereinement ses relations, se rendant en Occident à sa guise. Il obtiendra même un doctorat en Sciences politiques en France, à l’Université Paris-Descartes, en 1997.

Le début de la fin pour cet opposant de Paul Biya jusqu’à la moelle, intervient en 2012 lorsqu’il rentre en contact, à Paris, avec Georges Starckmann. Un dealer d’armes qui a mené quelques activités sur le continent: notamment en Côte d’Ivoire, au Biafra et même au Cameroun. «Devant Starckman donc, Guérandi Mbara se vante. Il dit disposer de 2000 hommes prêts à renverser Paul Biya et assure qu’il a un plan d’attaque détaillé. Une vidéo de la conversation serait parvenue aux services camerounais», écrit Jeune Afrique.

Starckman décide de revendre l’information au Cameroun, contre une prime de 500.000 euros. L’objectif est d’amadouer Guerandi pour le remettre aux autorités camerounaises. Après avoir perçu 350.000 euros, il recommande, pour la besogne, de s’attacher les services d’un colonel portugais, José Alberto Fernando Abrantes. Ancien de la sécurité de l’ambassade du Portugal en Côte d’Ivoire, ce colonel installé au Cameroun est en relation à cette époque avec la DGRE pour des «services».

C’est donc lui qui va exécuter la mission. «En dix mois, une trentaine de voyages et de rencontres seront nécessaires pour approcher, mettre en confiance et neutraliser l’opposant camerounais», poursuit Jeune Afrique. La première fois, le 14 janvier 2013, Guérandi accepte de rendre à Porto pour rencontrer Abrantes lequel devait officiellement le conduire en Russie pour son besoin.

Le plan de vol initial d’Abrantes est de droguer l’opposant à l’aide d’un sédatif pour le conduire à l’aéroport de Bafoussam en toute «discrétion». Les pilotes macédoniens de l’aéronef rejetteront l’idée au motif que ce n’est pas un aéroport international, leurs licences pouvant ainsi être compromises. Après des négociations et tergiversations, Abrantes va se résoudre à mettre le cap sur l’aéroport international de Douala après un transit par Sofia en Bulgarie. Pour faire passer son colis, arrivé le 26 janvier au matin à l’aéroport international de Douala, sans attirer le regard des curieux, Abrantes va être aidé en cela par «Thierry André Mathé, le commissaire de l’aéroport. Il leur trouve une porte discrète de sortie», indique Jeune Afrique. C’est sous l’effet du sédatif que Guérandi sera remis à une équipe de la DGRE, «quelque part sur la route entre Edéa et Pouma dans la région du Littoral», précise Abrantes à Jeune Afrique.

Le contractuel portugais, qui a livré les détails de cette opération au magazine, indique qu’il parle parce qu’il n’a pas été payé. Personne n’a les nouvelles de Guérandi Mbara depuis ce jour, ni même son cousin, Samuel Kleda, archevêque de Douala, que cite Jeune Afrique.

- See more at: http://fr.africatime.com/cameroun/articles/comment-les-services-de-renseignements-ont-capture-le-capitaine-guerandi-mbara#sthash.34k6igYB.dpuf

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15 septembre 2014

Mauritanie : L’exclusion des Noirs peut - elle durer encore ?

Rapide Info - Depuis son accession à l’indépendance, le 28 novembre 1960, laMauritanie a mis en place un système d’exclusion de sa composante noire tendant à l’affirmation d’une identité exclusive arabe et la négation de tout soubassement africain à travers la mise en place d’une série de reformes politiques. 

Le pouvoir militaire a procédé, au détour d’un conflit banal à l’origine, entre éleveurs mauritaniens et agriculteurs sénégalais en avril 1989, à des déportations massives de plusieurs dizaines de milliers de noirs mauritaniens vers le Sénégal et le Mali

Entre 1989 et 1992, sous le régime du Colonel Maawiya Ould Sid’Ahmed Taya, des milliers de civils et militaires noirs mauritaniens furent tués selon un mode opératoire présentant toutes les caractéristiques d’un génocide au sens retenu par les Nations Unies en 1948, dont une des conventions reconnait comme tel tout acte « commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux». 

Le général président Mohamed Ould Abdel Aziz a lancé depuis 2011 une opération dite d’ «enrôlement des populations» visant officiellement à doter laMauritanie d’un état civil fiable et sécurisé, comme dans tous les pays.

Cet enrôlement s’est révélé dans son application être une opération d’exclusion et de bannissement des noirs, suspectés d’être sénégalais ou maliens, ou d’avoir acquis frauduleusement les états civils en leur possession.

Nombre d’entre eux qui se sont vu refuser l’enregistrement, deviennent donc apatrides dans leur (propre) pays, d’autres l’ont été au prix d’humiliations de toutes sortes. Même de hautes personnalités civiles et militaires, ayant servi le pays pendant des décennies, se sont dans un premier temps fait exclure de l’enrôlement.

Dans le même temps, échappent à ces exactions, des étrangers, originaires de pays arabes, installés parfois depuis peu en Mauritanie. Parmi eux, des Libanais, des Maghrébins, et … des Touareg maliens ou nigériens. Aujourd’hui, cette opération se poursuit dans une relative opacité après de violentes manifestations encadrées par un mouvement de défense des droits civiques dénommé « Touche Pas à Ma Nationalité » et une partie de l’opposition. 

La deuxième phase de cet enrôlement réservée aux étrangers vivant en Mauritaniea commencé, brutalement imposée par les autorités depuis mai 2012, sans en avoir précisé les modalités, par la traque de ressortissants d’Afrique noire donc majoritairement des sénégalais et des maliens. Des expulsions (comme en 1989) ont suivi vers le Sénégal, puis des tractations avec certains pays ont donné un répit à ces étrangers auxquels l’Etat mauritanien impose de se munir de carte de séjour dans un délai très court. 

La troisième phase réservée aux mauritaniens établis à l’étranger met à nu les intentions et la ferme volonté du régime actuel de retirer la nationalité à la majorité des mauritaniens établis en France et en Europe.

Pour parvenir à cette fin, les autorités de Nouakchott qui clament sous tous les cieux leur attachement à la souveraineté nationale, exigent pourtant à leurs citoyens la présentation d’une carte de séjour délivrée par le pays hôte pour mériter de rester mauritaniens. 

Une immersion dans l’histoire de création récente de notre pays nous invite pourtant à la tolérance, à la mesure et à l’acceptation de notre diversité pour construire la nation et entretenir des relations apaisées avec nos voisins. 

La frontière avec le Sénégal, un enjeu humain d’abord 

Le nom de la Mauritanie n’apparait officiellement que le 27 décembre 1899 par décision ministérielle qui délimitait un territoire qui englobe les régions s’étendant de la rive droite du fleuve Sénégal et de la ligne entre Kayes et Tombouctou, jusqu’aux confins du Maroc et de l’Algérie. Cette décision ministérielle et le choix du nom ont été inspirés par Xavier Coppolani.

En 1900, la première limite du Territoire fut fixée à travers un tracé théorique délimitant les zones d’influences franco – espagnoles au Nord. Le 10 avril 1904, par arrêté, tous les territoires situés sur la rive droite du fleuve Sénégal sont rattachés aux protectorats des pays Maures.

Le 25 février 1905, un décret précise et fixe la frontière au milieu du fleuve Sénégalpuis le 8 décembre 1933, un autre décret repousse la frontière sur la limite du lit majeur du fleuve, c’est-à-dire sur la rive droite englobant le sud de la Mauritanie. En 1975 puis en 1989 surtout, l’internationalisation des eaux du fleuve dans le cadre de l’Organisation de Mise en Valeur du fleuve Sénégal a permis d’éviter le pire entre les deux pays mais jusqu’à quand ? 

A chaque crise majeure, chaque partie brandit « son décret », à ce jeu dangereux la Mauritanie donne plus l’impression de vouloir en découdre militairement. Les deux pays ont tout intérêt à trancher ce flou juridique au grand bonheur des populations riveraines. 

Enfin, le décret du 5 juillet 1944 rattache la région du Hodh, jusqu’alors sous dépendance du Soudan (actuel Mali), à la Mauritanie. Ce rattachement revêt un cachet sécuritaire, l’administration cherchant à neutraliser le mouvement Hamalliste (Cheikh Hamahoullah) dans cette région. 

En lieu et place des Émirats (Adrar, Trarza, Brakna, Tagant) et des États du Sud (Guidimakha, Waalo, Fouta Tooro) se substitue et se superpose le futur État deMauritanie. Jusqu’au 2 juin 1946, le nom de la Mauritanie continuera d’être associé, jumelé avec celui du Sénégal sous l’appellation de « CirconscriptionMauritanie – Sénégal » et Saint Louis du Sénégal restera capitale de laMauritanie jusqu’à la veille de l’indépendance. On comprend dès lors que bon nombre de Mauritaniens soient nés au Sénégal

Tel est le contexte historique et politique dans lequel a été enfantée la Mauritanieactuelle, regroupant Sooninko, Wolofs, Maures, Bambaras, Haratines et Haal Pulaaren qui vont devoir désormais vivre sur un même territoire unifié et placés sous une même autorité.

Il va s’en dire que pour présider aux destinées de notre pays, il vaut mieux connaître ce contexte et tenir compte de toutes les pièces du puzzle. Le prix à payer pour les fils de notre pays, maures comme noirs, sera énorme. 

Dès 1946 lors des premières élections législatives dans le cadre de l’Union Française, la question était déjà posée. En 1945, en prévision de ces élections, deux tendances s’étaient dessinées : Chez les maures « le représentant de laMauritanie ne saurait être un noir » tandis que les notables noirs, inquiets, font appel à une candidature européenne (source : Sous – série : 2G45 : 134, Archives Nationales du Sénégal). 

Un territoire, deux administrations et un système éducatif différencié 

Paradoxalement, la fracture entre maures et noirs de la vallée du Fleuve était déjà« officialisée » par les arrêtés n°469 et 470 du 20 août 1936 qui organisaient séparément les commandements et administrations : une administration indirecte chez les « indigènes maures », avec des émirs dépendant désormais de l’administration coloniale ; et une administration directe chez les populations sédentaires noires, avec la création de cantons dont les chefs étaient auxiliaires de police judiciaire et percepteurs des impôts. 

Ce mode de gestion séparée est renforcé par la mise en place d’un système éducatif différencié. En effet l’administration coloniale, pour asseoir son autorité, affirme son intérêt pour l’école en vue d’une plus grande emprise sur les populations autochtones. Dans sa circulaire du 22 juin 1897, le Gouverneur Général E. 

Chaude écrit : « l’école est le moyen le plus sûr qu’une nation civilisatrice ait d’acquérir à ses idées les populations encore primitives». « C’est elle (l’école) qui sert le mieux les intérêts de la cause française » ajoutera le Gouverneur GénéralWilliam Ponty dans une circulaire du 30 août 1910, comme pour confirmer les propos de son prédécesseur. 

Simplement, l’implantation de cette école en Mauritanie se fera, et pendant longtemps, dans le Sud : Kaédi en 1898, Boghé en 1912…. alors que les Médersas le seront seulement à partir de 1916 à Boutilimit, puis à Atar en 1936…., en raison notamment de l’hostilité affichée en pays Maures. C’est ce qui explique qu’à l’accession de notre pays à sa souveraineté le 28 novembre 1960, l’essentiel des cadres et des lettrés en langue française sont du Sud. 

Du non règlement de la question nationale à la reconnaissance du génocide Plus de cinquante deux ans de vie commune, d’oppression, d’injustices, de domination, de persistance de l’esclavage, de déportation, de luttes et …. un pays à reconstruire.

Pourtant, à la veille de l’accession du pays à la souveraineté internationale des signaux clairs avaient été lancés de part et d’autre. Mais celui qui présidait aux destinées du pays, croyant en sa bonne étoile, s’est lancé comme si de rien n’était dans la construction « d’un Etat moderne, trait d’union entre l’Afrique Noire et leMaghreb » dans lequel devraient disparaitre tous les particularismes.

Cet équilibre affiché sera foulé dès les premières années de l’indépendance à travers une série de politiques préparant l’ancrage de la Mauritanie à l’ensemble maghrébin et arabe. Les clefs de ce nouvel ensemble, fraîchement créé, encore fragile, ont été confiées à Mokhtar Ould Daddah. Si celui-ci appelait à construire ensemble la nation mauritanienne, sa conduite des affaires sera très tôt considérée comme partisane : 

- Une conduite tendancieuse des affaires de l’Etat visant à donner une image exclusivement arabe du pays à l’étranger. Cette diplomatie a tellement réussi que bon nombre de Noirs Mauritaniens sont régulièrement suspectés de mentir sur leur nationalité ; pour cause « la carte postale Mauritanie » est autre. 

Il n’est pas rare de voir des compatriotes mondialement connus par leurs talents, par honte ou par facilité, être catalogués originaires du Mali ou du Sénégal

- l’imposition de la langue l’arabe dans le système éducatif s’avèrera être un subtil moyen de sélection par l’école : en quelques années les résultats des examens de l’entrée en sixième et au baccalauréat, jusque là marqués par un fort taux de réussite d’élèves francophones, majoritairement Noirs, vont s’inverser en faveur des élèves arabophones.

Comme langue de travail, le rôle de l’arabe va être déterminant dans la réussite aux examens et concours, notamment d’accès à la fonction publique. En tant qu’unique langue officielle à travers la politique d’« arabisation des ministères qui n’ont pas un caractère technique et qui sont en relation directe avec l’ensemble de la population comme la Justice et l’Intérieur », l’utilisation de l’arabe dans la sphère administrative se révélera comme un puissant outil de domination et d’exclusion : l’Etat laisse entendre sa volonté de s’adresser à toute la population mauritanienne au moyen de la seule langue arabe. 

- la concentration de l’essentiel des pouvoirs économiques, politiques et militaires depuis le coup d’Etat de Juillet 1978 entre les mains d’une partie de la composante maure. Cette armée budgétivore, véritable fonction publique parallèle, qui dirige le pays depuis, a trouvé le moyen de se débarrasser de sa composante noire ou de l’écarter des centres de décisions. 

- l’entrée en vigueur brutale à partir de 1983 d’une réforme foncière mal préparée et dont le seul objectif est l’expropriation, eut pour conséquence l’accentuation de la pression sur les terres agricoles de la vallée du Fleuve Sénégal d’investisseurs privés maures, bénéficiant de largesses de bailleurs arabes, et plus récemment d’investisseurs étrangers. 

- Plus généralement, les frustrations et les injustices ressenties par les Noirs, nées des traitements différenciés qui leur sont réservés et autrement plus sévères que ceux rendus pour les maures. 

L’opinion publique noire a souvent du mal à comprendre que les auteurs du dernier coup d’Etat manqué en Mauritanie, (appelé « coup d’Etat de Hannana », en juin 2003, certainement le plus violent du genre), n’aient été condamnés qu’à des peines d’emprisonnement de quelques mois.

Moins compréhensible encore la reconversion de deux des présumés auteurs qui se sont présentés à leur libération aux suffrages de nos compatriotes et réussi à se faire élire à la représentation nationale. Leur mandat court toujours. 

Alors que quatorze années plus tôt, en 1987, pour une tentative de coup d’Etat qui n’a jamais connu de début d’exécution, le régime d’alors, a, au terme d’une procédure expéditive, jugé, condamné et exécuté trois officiers Noirs. S’en est suivie une purge au sein de la grande muette qui a laissé dans le secret des tombes hâtivement creusées à Inal, Jreida, Akjoujt, Azlat, … des dizaines d’hommes qui s’étaient engagés au service de leur pays. 

Les effets cumulés de tous ces facteurs présageaient d’une explosion de conflits. Une partie des maures, embrigadés par les mouvances pan arabistes et ayant le sentiment de plus en plus renforcé, et le disent, d’être chez eux, le seul chez qui leur soit propre (ça rappelle quelque chose), où l’Etat leur garantit tout : sécurité, impunité.

La majorité des Noirs vivent cette condition comme un non choix, une condamnation à cohabiter, avec le recensement discriminatoire (enrôlement) en cours, ils ont fini par se dire qu’ils ne sont que tolérés ? Leurs revendications ont toutes été réprimées dans le sang ; sans qu’à aucun moment le régime en place ne prenne le temps de réfléchir sur les motivations réelles de ces crises à répétition, et ne propose des solutions qui aillent dans le sens du maintien de l’unité nationale. 

Le calcul politique qui sous-tendait ces mesures, les conditions de leurs applications, la mauvaise gestion des conséquences de ces applications en termes de contestations cristalliseront toutes les frustrations et « pollueront » pour ainsi dire le climat politique de notre pays. La brèche ouverte depuis est devenue un fossé, si grand aujourd’hui qu’il fait courir à notre pays le risque de conflits à répétitions. 

L’exclusion peut-elle durer encore ? Combien de temps ? 

Les gouvernants, tous régimes confondus – exception faite des parenthèses Ould Haidalla et Sidi Ould Cheikh Abdallah - ont invariablement œuvré au maintien et au renforcement de l’option arabe irréversible de la Mauritanie. Une option que même l’opposition dans son écrasante majorité ne remet pas en cause, en dépit des conflits et les risques d’explosion auxquels elle a exposé notre pays en cinquante et une années de vie commune. 

L’exacerbation de cette politique raciste, injuste et d’exclusion donnera naissance aux évènements de 1989 et suivants, avec des massacres massifs des populations noires du Sud. Des actes que l’on peine encore à qualifier avec les mots qui conviennent. 

La victoire a beaucoup de pères : Génocides reconnus 

Historiquement, ce sont les vainqueurs qui ont imposé leur volonté quand il s’est agi de qualifier les faits. Leur camp ayant eu le soutien des instances internationales, quand il ne les a pas créées, pour traduire les bourreaux : le Tribunal de Nuremberg pour qualifier le traitement réservé aux Juifs lors des deux grandes guerres de crime contre l’Humanité, ceux d’Arusha pour le génocide des Tutsi au Rwanda et de la Haye pour le génocide des Musulmans de Bosnie Herzégovine.

La Cour Pénale Internationale pour Charles Taylor et récemment Laurent Gbagbo pour les crimes commis contre les peuples Sierra Léonais et Ivoirien respectifs. 

La défaite est hélas orpheline : Génocide voilé 

Ce qui s’est passé en Mauritanie entre 1989 et 1992 présente toutes les caractéristiques d’un génocide au sens retenu par les Nations Unies en 1948 dont une des conventions reconnait comme tel tout acte « commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ». 

Abstraction faite du débat que peut soulever l’usage des concepts renvoyant au nombre de victimes, à l’ethnie, à la race, voire à la religion notamment chez certains scientifiques puristes, cette définition lève toute ambiguïté sur le caractère des massacres commis lors de la période référencée. 

Trois facteurs accablants sont à considérer ici, pris séparément ou mis ensemble. 

Premier facteur : l’intention (de détruire tout ou partie d’un groupe national). Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle y était, on est allé les chercher là ils se trouvaient : villages, lieux de travail (bureaux, écoles et marchés), au sein des forces armées et de sécurité. 

Deuxième facteur : le motif apparent pour désigner puis massacrer les cibles, était leur appartenance à une ethnie. A l’exclusion des exécutions au sein de l’armée, les pogroms le long de la vallée ont ciblé les peulhs. La population victime a donc délibérément été sélectionnée (tous ceux qui ont été massacrés avaient la particularité d’être Noirs). 

Troisième facteur : ces massacres ont été pensés, planifiés, et exécutés au nom d’une idéologie raciste dont l’objectif était la purification ethnique. Le maître d’œuvre en était le Colonel Ould Taya, conseillé par des idéologues civils se réclamant du Baathisme. 

Il en découle que les crimes commis l’ont été sur la base d’une sélection, un tri. Une effroyable opération qui a précédé l’exécution collective des victimes. La sélection confère donc à ces crimes la condition nécessaire de leur qualification en génocide, tandis que le caractère collectif érige le mal en crime d’Etat. Faut-il encore un argument supplémentaire pour convaincre qu’il s’agit bien là d’un génocide. La réponse est assurément NON. 

A l’évidence, ce drame est bien issu d’une volonté systématique et planifiée d’extermination. La Mauritanie doit porter un regard apaisé sur son passé d’autant que certaines franges pan arabistes n’hésitent pas à accuser les exilés et déportés Mauritaniens au Sénégal d’avoir participé aux massacres de leurs compatriotes en 1989 dans ce pays, telle la réplique de l’Etat Turc accusant la France de génocide en Algérie en réponse au vote par le Parlement Français, le 22 décembre 2011, de la proposition de loi pénalisant la contestation du génocide Arménien. 

Pourquoi alors s’obstine-t-on à utiliser d’autres qualificatifs ? 

D’abord parce que les bourreaux sont encore en activité, dans les premiers cercles du pouvoir. Conscients de leur responsabilité certainement directe dans les forfaits commis, ils font tout pour retarder ou empêcher la manifestation de la vérité. 

Ensuite, la majorité des partis politiques ont préféré laisser les ONG sous-traiter la question, désertant ainsi cet épineux terrain rendu glissant par sa connexion avec la question nationale. Le débit des autres partis est faible, presqu’inaudible, en raison d’un réseau saturé par des dissensions des associations des victimes. 

Enfin les divisions au sein des associations de victimes elles mêmes, liées peut être aux traumatismes subis, sont un pain béni pour les présumés coupables, pourtant répertoriés, qui n’ont eu aucun mal à surfer sur ces divergences pour essayer de passer la solution de cette question par pertes et profits.

Victimes et ayant droit s’accommoderont du discours édulcorant les crimes en « passif humanitaire ». En acceptant ainsi de suivre les autorités dans cette démarche, ils espéraient peut-être donner une chance à ces dernières de cheminer vers une véritable réconciliation, impliquant réparations et pardon. 

Mohamed Ould Abdel Aziz, qui fut aide de camp du président Ould Taya et commandant du Bataillon de Sécurité de la Présidence de la République(BASEP) de 1987 à 1991 puis commandant du bataillon de commandement et des services à l’Etat Major national d’août 1991 à juillet 1993 selon son cv, aurait été épargné pour accorder une chance supplémentaire à la chance de réconcilier laMauritanie avec elle-même.

Ce fut un coup de poker perdant. La « prière aux morts » qu’il a orchestrée en grande pompe, n’avait d’autres motivations que mystiques. La campagne qui l’a suivie, autour du pardon participaità une démarche de diversion, visant à faire passer les victimes pour des haineux, des rancuniers qui ne pouvaient pardonner.

N’entendions-nous pas les chantres de cette campagne répéter à qui voulait l’entendre que « Allah, dans Son infinie bonté, accordait Son pardon à Ses créatures (fautives) qui le Lui demandaient ». Ce qu’ils omettaient de dire, c’est qu’Allah n’a jamais fait de mal à personne. 

Les victimes des exactions n’ont pas de contentieux avec Allah, mais bien avec des créatures comme elles qui se sont adonnées à des abominations, dont elles doivent répondre ici bas, avant de devoir en rendre compte devant notre Créateur et Ses Anges. Ils semblent être frappés d’amnésie, oubliant que certains de ces crimes ont été commis pendant le mois de Ramadan

Faute d’avoir pu l’empêcher de se produire, nous n’avons pas le droit de laisser les autorités ajouter au crime la bêtise de le minimiser. En effet, les expressions utilisées pour qualifier ces faits de « passif humanitaire », l’ont été, parfois sous la pression des bourreaux et de leurs amis au pouvoir. Comme si ce qui s’est passé n’était pas suffisamment grave pour mériter d’être qualifié autrement. 

Le « passif » (et l’ « actif »), usité en comptabilité ou en grammaire, ne peut ni ne doit en aucun cas être employé pour parler de cette abomination. On est en politique. En politique, comme en tout autre domaine, il est préférable d’utiliser les mots qui conviennent pour désigner les maux causés au risque de tomber dans le négationnisme. Les propos tenus récemment par le Général Meguett en constituent un début de commencement.

Souvenons nous qu’Hitler, tirant la leçon de la non application des résolutions du traité de Sèvres, signé le 10 août 1920 entre les Alliés et l’empire Ottoman, qui prévoit la mise en jugement des responsables du génocide arménien, aurait lancé en 1939 « Qui se souvient des massacres des Arméniens » à la veille de massacrer les handicapés, l’extermination des Juifs viendra deux ans plus tard. 

Rappelons aussi que le général père de la nation Turque, Moustapha Kemal avait pris soin de faire voter une amnistie générale des dits crimes le 31 mars 1929. EnMauritanie le colonel Maawiya Ould Sid’Ahmed Taya a fait voter une loi d’Amnistie de ses crimes, adoptée en 1993 par une Assemblée à ses ordres. La tentation de tracer un trait sur les faits était déjà là.

Le temps ne doit donc pas avoir de prise sur notre détermination et notre volonté à œuvrer pour la reconnaissance de ces crimes en génocide et la traduction pendant qu’il encore temps de leurs commanditaires devant la Cour Pénale Internationale. 

Est-il possible d’éviter à notre pays un futur incertain? 

Les Mauritaniens peuvent-ils s’arrêter un instant pour s’accorder sur l’essentiel en vue de construire un destin commun ? Quel modèle pour la Mauritanie : Etat unitaire, Etat fédéral ? Ancrage dans le monde Arabe ou dans l’Afrique noire ? Trait d’union ? 

Quoi qu’il en soit, nul ne peut gouverner paisiblement notre pays en méconnaissance totale de son histoire ou au mépris de celle-ci, faite de recompositions, de brassages, de mélanges de sociétés si différentes que tout éloignait au début, mais qu’il faut désormais administrer harmonieusement selon un principe si simple de justice et d’égalité, non pas de principe, mais d’égalité effective.

Pour cela l’armée au pouvoir depuis 1978, n’ayant pas vocation à faire de la politique et considérée comme comptable et responsable de ce génocide, n’est pas qualifiée à diriger la Mauritanie

Ciré Ba et Boubacar Diagana, Bruxelles 



 

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15 septembre 2014

MAURITANIE: Loupe du "Le Rénovateur" ! : Le nouveau PM dévoile son plan pour l’unité nationale

Temps Forts - Cette fois est encore est la plus flagrante, la plus osée, la plus méprisante, la plus provocatrice, la plus directe.

Tous les superlatifs ne suffiraient pour qualifier le geste combien maladroit mais aussi combien éloquent pour démasquer la personnalité d’un nouveau PM venu sans détour dénégrifier, blanchir, rincer la négraille ou le peu qui en existe encore, sans observer la moindre retenue ni égards pour une Mauritanie plurielle à laquelle il oppose ses propres rêves destructeurs.

Son plan machiavélique aux allures d’une précipitation rageuse est lancé. C’en est fait ! Ceux qui disaient que le nouveau Premier ministre Yahya Ould Hademine est l’incarnation d’une Mauritanie unique, dans une unité inique commencent à avoir raison.

Pas besoin d’aller chercher loin, le geste royalement perfide contre l’unité nationale est venu illustrer cette appréhension sur l’homme qui vient de prendre les commandes de l’exécutif. A suivre le dernier conseil des ministres et le chapelet consacrant les chapelles tribales des nominations à la primature avec sa horde de conseillers et de chargés de missions, il y a lieu de quoi s’inquiéter sur Notre unité nationale surtout sur le fossé qui se creuse davantage sous l’édifice déjà très précaire.

A qui profite le crime vachement personnel mais qui apparemment trouve dans le silence des autres l’occasion de se poursuivre de plus bel. Lisez et jugez-en de vous-même :

"Le Premier ministère a rendu public jeudi un arrêté nommant plusieurs chargés de mission et de conseillers. Il s’agit de :

- Mme Mariem Mint Tourad, chargée de mission ;

- MM. Mohamed Mahmoud Ould Bouasriya, chargé de mission au Premier ministère ;

Ahmed Salem Ould Mayabe, conseiller chargé des affaires islamiques ;

- Nagi Ould Khattry, conseiller chargé des affaires sociales ;

- Mme Aima Mint Salem Vall, conseiller chargée des affaires culturelles et de l’enseignement ;

- MM. Cheikhna Ould Idoumou, conseiller chargé des affaires administratives ;

Mohamed Yahya Ould Ahmed El Ghadhi, conseiller chargé des ressources de l’énergie et du développement industriel ;

Hasni Ould F’Ghih, conseiller chargé de la communication ;

- Isselmou Ould Meynouh, conseiller chargé de la justice, des droits de l’Homme et de la société civile ;

- Ebaba Mint Abbad, conseiller chargée des infrastructures ;

- Ahmed Ould Khteira, conseiller aux affaires politiques"


AMI a raison de préciser qu’il s’agit bien de « plusieurs chargés de missions et de conseils ». Cela tient à la nature même de cet arrêté taillé sur mesure d’un plan concocté apparemment seul par un homme qui semble avoir d’entrée de jeu des coudées franches pour mettre en œuvre ce qui correspond bien à sa vision d’une Mauritanie au goût de sa soupe.

Le tout dans une sorte de retour aux vieux amours d’une certaine déformation historique et culturelle chère aux nostalgiques d’une patrie dans laquelle il faut cantonner des patriotes apatrides.

Si tel est le cas le Président Mohamed Ould Abdel Aziz aura-t-il remis en cause ce qu’il avait déjà commencé à réaliser dans le retour progressif à la normale non encore normalisé de l’unité nationale ?

Cheikh Tidiane Dia 

8 septembre 2014

Visite de François Hollande au Niger vue par les associations nigériennes

La tournée de François Hollande en ce mois de juillet connait des réactions pour le moins partagées, notamment au Niger où les associations nigériennes ne voient pas d’un très bon œil cette visite du chef d’Etat français. Pour témoignage, ce positionnement d’Ali Idrissa, du collectif « Sauvons le Niger »Lire en ligne

17 Juillet 2014

Ali Idrissa, membre du collectif « Sauvons le Niger », estime que « le Niger n’a rien à gagner de cette visite ».

AA / Niamey / Balima Boureima

Le Niger, se prépare à accueillir, vendredi, le président français François Hollande. Une visite éclair d’une demi journée qui ne fait pas l’unanimité au sein de l’opinion publique à Niamey.

Les Grandes artères de la capitale connaissent depuis quelques jours un regain d’attention, notamment depuis l’annonce de l’arrivée de Hollande, dans le cadre d’une tournée africaine qui débute, jeudi, par la Côte d’Ivoire et de l ’achève, samedi, par le Tchad.

Iro Sani, responsable de la communication du parti au Pouvoir, le « Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS) », se réjouit de cette visite qui n’est autre que « le fruit de la diplomatie diplomatie menée par les autorités actuelles depuis leur arrivée au pouvoir ».

En revanche, la société civile considère que cette visite « ne sert en rien les intérêts du Niger ».

Depuis quelques jours, les médias nigériens multiplient la diffusion de messages audio et visuels invitant la population à sortir « en masse » pour accueillir « chaleureusement » le président français, alors que, dans le même temps, des responsables de la société civile promettent « un accueil d’un autre type ».

Au coeur de la discorde, l’accord signé le mois dernier entre le Niger et le groupe français Areva, concernant l’exploitation de l’uranium nigérien qui ne sert « que les intérêts de la France », selon certains membres de la société civile.

Interrogé par Anadolu, Ali Idrissa, membre du collectif « Sauvons le Niger », un regroupement d’une cinquantaine d’organisations de la société civile, estime que « Le Niger n’a rien à gagner de cette visite ».

« M. Hollande ne vient pas au Niger pour confirmer un partenariat gagnant-gagnant telle que promis par son prédécesseur Nicolas Sarkozy en 2007 » s’est-il exclamé.

« Si c’était le cas, il irait rendre visite aux populations d’Arlit (Nord) qui paient actuellement les conséquences de l’exploitation de l’uranium, et il rendra visite aux malades qui sont dans les hôpitaux » a encore martelé le membre du directoire collectif.

Durant cette brève visite, Hollande s’entretiendra avec son homologue nigérien Mahamadou Issoufou, avant de se rendre à la base militaire où sont logés les drones et les avions de chasse stationnés dans la cadre de l’opération Serval, a indiqué à Anadolu le service de communication de la Présidence du Niger.

Sur le plan économique, le chef de l’Etat français visitera la Société d’exploitation des eaux du Niger (Seen, une filiale de la société française Veolia) et la Société de transformation alimentaire (Sta, une société franco-nigérienne), spécialisée dans la production des aliments thérapeutiques notamment le Plumpy nuts, utilisé dans la lutte contre la malnutrition, toujours selon la même source.

En 54 ans d’indépendance, François Hollande sera le cinquième président français à fouler le sol nigérien. Georges Pompidou était à Niamey en 1972, François Mitterrand en 1982, Jacques Chirac en 2003 et Nicolas Sarkozy en 2007.

5 septembre 2014

SENEGAL: Le livre du Colonel Ndaw déterre les vieux secrets-défense des mauritaniens impliqués répondent

colonel ndao

Pour l’honneur : réponse au Colonel Abdoulaye Aziz NDaw
Dans un ouvrage publié sous le titre « Pour l’honneur de la gendarmerie sénégalaise » Tome 1, le sens d’un engagement, publié chez l’Harmattan, paru en juillet 2014, le Colonel NDaw, notamment en son chapitre 9 (Officier de renseignement), écrit ceci en pages 101 et 102 :
« Après la Gambie, la DDSE s’intéressera à la Mauritanie pour contrer la politique de beydanisation entreprise depuis les barrages sur le fleuve dont le paroxysme fut atteint avec les évènements de 1989.
Il était temps de prendre les taureaux par les cornes et donner au gouvernement une étude progressive sur les relations entre les deux pays et établir une stratégie de sortie de crise.
Mon ami et frère Pape Farba SARR, patron de la Division Etudes et Prospectives, grâce à l’appui de tous les services et sous mon impulsion fit produire un excellent document qui aboutira à la reprise maîtrisée des relations diplomatiques entre le Sénégal et la Mauritanie.
Cette étude nous permit de contrer à temps la politique d’aide et de soutien à la rébellion casamançaise entamée par le gouvernement mauritanien pour nous déstabiliser. Je fis faire quelques coups de main par les réfugiés mauritaniens et organiser quelques razzias de bétail qui firent comprendre aux interlocuteurs que ce sera coup pour coup.
Dès lors, les deux services prirent langues au Mali et purent faire des échanges fructueux qui permirent aux Ministères des Affaires Etrangères de renouer le fil du dialogue et rétablir les relations diplomatiques. »
Comme Mauritaniens, vivant au Sénégal au moment des faits relatés, nous sommes doublement concernés, et à ce titre souhaitions apporter quelques clarifications.
Fuyant la répression du Colonel Maawiya Ould Sid’Ahmed Taya, nous nous sommes réfugiés à Dakar à partir de septembre 1986. Avec nos camarades rescapés des arrestations qui ont suivi la publication du Manifeste du Négro-mauritanien opprimé, nous y avons organisé la résistance et reconstruit notre organisation, les Forces de Libération Africaines de Mauritanie (FLAM). Depuis cette date et jusqu’en 1992 avec nos départs progressifs pour la France, nous avons occupé et monopolisé l’espace médiatique sénégalais et international pour dénoncer le régime de Nouakchott et le caractère sanguinaire de la répression qu’il faisait abattre sur la communauté noire. La déportation de plusieurs dizaines de nos compatriotes noirs vers le Sénégal et le Mali a fini par crédibiliser notre combat contre le racisme d’Etat en Mauritanie.
Le Sénégal nous a donc accueillis et protégés, ainsi que les dizaines de milliers de déportés arrivés plus tard contre leur gré sur son territoire. En de nombreuses circonstances, nous avons témoigné notre reconnaissance à l’endroit de ce pays, de personnalités ou partis politiques nous ayant soutenus au cours de cette période. Pour autant, nous ne saurions porter le chapeau que l’auteur du livre veut faire porter à des réfugiés mauritaniens, même si l’allusion manque de précision.
A ce titre, nous avions, il est vrai, des contacts civils, militaires et politiques jusqu’au très haut niveau de l’Etat, notamment avec Jean Collin, Ministre de l’Intérieur au moment du déclenchement du conflit de 1989, avec lesquels nous entretenions des relations discrètes, fondées sur la confiance mutuelle qui ont permis à nos interlocuteurs de mieux connaitre la nature du régime qui nous avait poussés à l’exil ; tandis que s’ouvraient pour nous des portes jusque-là fermées. Le secret qui entourait ces relations commande ne pas révéler de nom en dehors du numéro deux de l’Etat.
Le croisement des renseignements réunis par les services placés sous ses ordres a certainement permis au Colonel Abdoulaye Aziz NDaw d’accéder à des bribes d’informations présentées au chapitre 9 de son livre. Mais ces informations ne présentent aucun lien de cause à effet entre les éléments décrits et les évolutions politiques annoncées. Si les faits relatés sont réels, force est de constater qu’ils sont parcellaires et par conséquent rendent peu compte de la réalité dans sa globalité et sa complexité.
Nous ne connaissons pas personnellement le Colonel NDaw. Nous ne pouvons de ce fait remettre en cause ses allégations. Toutefois, nous estimons devoir témoigner pour la mémoire de nos martyrs combattants tombés à l’intérieur de la Mauritanie, et pour l’honneur de nos anciens camarades.
Nous avions eu des opportunités hautement crédibles de changer radicalement la donne en Mauritanie si nous n’avions inscrit notre lutte politique uniquement pour l’égalité et la démocratie. Si nous avions épousé l’idée fortement suggérée en 1989 de la division de la Mauritanie, fondée sur le décret du 8 décembre 1933 selon lequel la frontière entre les deux pays se situerait sur la rive droite, des moyens conséquents auraient peut être été mis à notre disposition. Force est de constater que nous n’avions pas eu tort. Car cette question frontalière, un temps posée comme préalable à toute discussion en vue de la reprise des relations diplomatiques avec la Mauritanie, fut progressivement assouplie avant d’être abandonnée.
Les révélations du Colonel, outre le fait qu’elles accréditent l’hypothèse longtemps avancée par le pouvoir de Nouakchott sans jamais pouvoir y apporter la moindre preuve, d’un soutien à ses opposants, discréditent la diplomatie sénégalaise. En effet, dans un livre blanc publié par le régime du Colonel Oud Taya, la responsabilité des autorités sénégalaises est directe dans les attaques perpétrées contre les domiciles et les commerces de Mauritaniens à Dakar et sa région, pour avoir encadré et armé des nervis guidés par des éléments des FLAM, « un groupe de racistes, commandité par le Sénégal pour essayer de déstabiliser la Mauritanie en y suscitant une guerre civile », rapporté par Olivier Leservoisier dans son ouvrage « La question foncière en Mauritanie. Terres et pouvoirs dans la région du Gorgol » Editions L’Harmattan, 1994, page 230. Alors que pendant ce temps, la Mauritanie de son côté, en dépit d’un faisceau d’indices importants tendant à démontrer qu’elle soutenait la rébellion casamançaise, a systématiquement nié cet état des faits, sans jamais faiblir.
Si comme le prétend le Colonel, le Sénégal voulait montrer à la Mauritanie que ce serait « coup pour coup », on peut se demander pourquoi il a alors choisi de le faire via des éléments disparates, donc incontrôlés, alors que des contacts existaient avec un groupe politico–militaire organisé et structuré. Notre branche militaire, dirigée par des officiers déportés, a courageusement, avec les moyens du bord, financés par nos militants installés en Europe et des bonnes volontés, mené plusieurs opérations à l’intérieur du territoire mauritanien uniquement sur des positions militaires nouvellement installées le long de la vallée du fleuve, sur les sites de villages dont les occupants avaient été déportés. Il y a eu des pertes de part et d’autres, des blessés et un prisonnier.
Alors, en choisissant de prendre langue avec des éléments isolés, le Colonel NDaw a porté un coup à notre cause, ainsi qu’au regard porté sur les réfugiés par les Mauritaniens des régions riveraines dont la compassion leur était de fait acquise. En effet, les éléments isolés qui menaient des razzias en territoire mauritanien, avec la bénédiction (on le tient désormais de lui-même) du Colonel NDaw et de ses hommes, ramenaient du bétail des villages paisibles. Ce qui n’était pas pour apaiser les esprits.
On comprend mieux par ailleurs et avec le recul et les révélations, la particularité de quelques camps de réfugiés, celui de Dodel notamment, leur hostilité vis à vis de notre organisation au moment des faits. C’est dans ce camp qu’est né, du jour au lendemain, le Front Uni de Résistance Armée de Mauritanie (FURAM). Nous soupçonnions dès le début que ce front avait la bénédiction de certains milieux, mais étions loin d’imaginer lesquels. L’expérience de notre organisation, ainsi que son assise lui ont permis toutefois de reprendre très rapidement le dessus.
Quant à l’évolution favorable des relations diplomatiques entre les deux pays que l’auteur du livre situe au même moment, elle tient plus à la volonté de la communauté internationale, la France en particulier, dont les efforts, voire les pressions, dans ce sens avaient abouti à faire se rencontrer les deux parties qui ne pouvaient continuer à s’ignorer. Le rétablissement des relations diplomatiques a été officiellement annoncé le 23 avril 1992 et la réouverture des frontières, effective le 2 mai 1992.
L’option prise par la France de normaliser les relations entre les deux pays, allait s’accompagner de l’organisation d’une élection visant à « recycler » le Colonel Ould Taya. Cette élection a porté un autre coup terrible à notre lutte. Les tenants de son organisation arguaient que « la priorité, c’est le rétablissement des relations entre la Mauritanie et le Sénégal, l’organisation d’élections en Mauritanie ». Devant nos revendications pour la convocation d’une Conférence Nationale à l’image de pays africains ayant tenté à l’époque une transition démocratique, ainsi que la disqualification du Colonel Ould Taya à participer à ces élections comme préalables, ils n’hésiteront pas à nous intimer de « rentrez dans au pays, une mauvaise élection est préférable à l’absence de démocratie ». Ould Taya élu à l’issue de ce simulacre, a été maintenu au pouvoir jusqu’au coup d’Etat du 3 août 2005.
Notre témoignage, fondé sur des faits réels et vérifiables, qui sera peut être complété par d’autres, lève toute ambiguïté quant aux allégations fantaisistes selon lesquelles le Sénégal nous aurait soutenus, distillées çà et là encore aujourd’hui en Mauritanie, dans les milieux les plus racistes prêts à en découdre.
Boubacar DIAGANA, ancien SG et Ciré BA, ancien porte-parole des FLAM au Sénégal.

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24 juillet 2014

OBAMA PRIX NOBEL DE LA PISSE AND LOUVE

Discours d’Obama au Caire (texte intégral en traduction française) 

 

mis en ligne le 5 juin 2009
par Barack Obama

[Historique, l’adresse d’Obama au monde musulman ? L’avenir le dira (qui se souvient du discours de Clinton à Gaza, qualifié lui aussi d’historique ?). En tous cas, il marque un réel tournant dans la politique américaine. Il nous a semblé important de mettre ce (long) texte à la disposition de nos lecteurs.]

The Guardian, 4 juin 2009

http://www.guardian.co.uk/world/200...

Traduction : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant

Je suis honoré de me trouver dans la ville éternelle du Caire, et d’être accueilli par deux remarquables institutions. Depuis plus de mille ans, al-Azhar joue le rôle de phare de l’érudition musulmane, et depuis plus d’un siècle, l’Université du Caire est l’une des sources du progrès de l’Egypte. Ensemble, vous représentez l’harmonie entre tradition et progrès. Je vous suis reconnaissant pour votre hospitalité, et pour l’hospitalité du peuple égyptien. Je suis également fier d’apporter avec moi la bonne volonté du peuple américain et un salut de paix de la part des communautés musulmanes de mon pays : assalaamou aleikoum.

Nous nous rencontrons en une période de tension entre les Etats-Unis et les musulmans partout dans le monde, une tension inscrite dans des forces historiques qui dépassent tout débat politique en cours. Dans la relation entre l’islam et l’Occident, il y a eu des siècles de coexistence et de coopération, mais aussi un conflit et des guerres religieuses. Plus récemment, cette tension a été nourrie par le colonialisme qui a privé de nombreux musulmans de leurs droits et de leurs chances, et par une guerre froide où des pays à majorité musulmane ont été trop souvent considérés comme des sous-traitants, sans égard pour leurs propres aspirations. De plus, les changements énormes provoqués par la modernisation et la mondialisation ont conduit d nombreux musulmans à considérer l’Occident comme hostile aux traditions de l’islam.

De violents extrémistes ont exploité ces tensions chez une minorité réduite mais puissante de musulmans. Les attentats du 11 septembre 2001 et les violences continuelles de ces extrémistes contre des civils ont conduit certains, dans mon pays, à percevoir l’islam comme irrémédiablement hostile, non seulement à l’Amérique et aux pays de l’Occident, mais aussi aux droits de l’homme. Cela a renforcé encore la peur et la méfiance.

Tant que notre relation sera définie par nos différences, nous renforcerons ceux qui sèment la haine et non la paix, et qui promeuvent le conflit plutôt qu’une coopération qui peut aider nos peuples à parvenir à la justice et à la prospérité. Ce cycle du soupçon et de la discorde doit cesser.

Je suis venu chercher un nouveau oommencement entre les Etats-Unis et les musulmans du monde entier, qui se fonde sur un intérêt et un respect mutuels ; qui se fonde sur le fait que l’Amérique et l’islam ne sont pas exclusifs l’un de l’autre et ne sont pas voués à se faire concurrence. Au lieu de cela, ils se chevauchent et partagent des principes communs : justice et progrès ; tolérance et dignité de tous les êtres humains.

Je fais cela en ayant conscience que le changement ne peut pas s’effectuer en un jour. Un discours seul ne peut éradiquer des années de méfiance. Et je n’ai pas non plus de réponse immédiate à toutes les questions complexes qui nous ont amenés au point où nous sommes. Mais je suis convaincu que pour avancer, nous devons dire ouvertement ce que nous avons sur le cœur et que, trop souvent, nous ne disons que derrière des portes fermées. Il doit y avoir un effort soutenu pour s’écouter, apprendre l’un de l’autre et chercher des terrains d’entente. Comme le dit le sait Coran ; « Sois conscient de Dieu et dis toujours la vérité. » C’est ce que je me propose de faire : dire la vérité du mieux que je peux, humble devant la tâche qui nous attend, et ferme dans ma croyance que les intérêts que nous partageons en tant qu’êtres humains sont beaucoup plus forts que les forces qui nous séparent.

Cette conviction est en partie liée à ma propre expérience. Je suis chrétien, mais mon père venait d’une famille kenyane qui comprend plusieurs générations de musulmans. Enfant, j’ai vécu plusieurs années en Indonésie et j’entendais l’appel du muezzin à l’aube et à la tombée du jour. Jeune homme, j’ai travaillé dans des communautés de Chicago où beaucoup ont trouvé dignité et paix dans leur foi musulmane.

Instruit en histoire, je connais aussi la dette de la civilisation envers l’islam. Ce fut l’islam - dans des endroits comme l’Université al-Azhar - qui a porté la flamme de l’étude pendant plusieurs siècles, montrant la voie en Europe à la Renaissance et aux Lumières. Ce fut l’esprit d’innovation qui soufflait sur les communautés musulmanes qui a produit l’algèbre, nos compas et outils de navigation, notre maîtrise de l’imprimerie, notre compréhension de la transmission des maladies et des moyens de la soigner. La culture musulmane nous a donné des arches majestueuses et des spirales élancées, une poésie éternelle et une musique magnifique ; une calligraphie élégante et des endroits de paisible contemplation. Dans son histoire, l’islam a fait la preuve, par les paroles comme par les actes, que la tolérance religieuse et l’égalité raciale étaient possibles.

Je sais aussi que l’islam a toujours fait partie de l’histoire américaine. Le Maroc a été le premier pays à reconnaître notre nation. En signant le Traité de Tripoli en 1796, notre deuxième président, John Adams, avait écrit : « Les Etats-Unis n’ont aucune trace d’hostilité envers les lois, la religion et la tranquillité des musulmans. » Et depuis notre fondation, les musulmans américains ont enrichi les Etats-Unis. Ils ont combattu dans nos guerres, servi au gouvernement, lutté pour les droits civiques, créé des entreprises, enseigné dans nos universités, excellé dans nos sports, été lauréats de prix Nobel, construit nos immeubles les plus hauts et allumé la torche olympique. Et lorsque le premier musulman américain a été élu au Congrès, il a fait le serment de défendre notre constitution sur le même Coran que l’un de nos pères fondateurs, Thomas Jefferson, avait conservé dans da bibliothèque personnelle.

Ainsi, j’ai connu l’islam sur trois continents avant de venir dans la région où il a été révélé. Cette expérience guide ma conviction qu’un partenariat entre l’Amérique et l’Islam doit être fondé sur ce qu’est l’Islam et non sur ce qu’il n’est pas. En tant que président des Etats-Unis, je considère qu’il est de ma responsabilité de lutter contre les stéréotypes sur l’Islam, où qu’ils apparaissent.

Mais ce même principe doit s’appliquer à la manière dont les musulmans perçoivent l’Amérique. De même que les musulmans ne correspondent pas à un stéréotype grossier, l’Amérique n’est pas le stéréotype grossier de l’empire mû par ses seuls intérêts. Les Etats-Unis ont été l’une des plus grandes sources de progrès que le monde ait jamais connues. Nous sommes nés d’une révolution contre un empire. Nous avons été fondés sur un idéal selon lequel tous sont créés égaux, et nous avons versé du sang et lutté pendant des siècles pour donner un ses à ces mots - à l’intérieur de nos frontières et partout dans le monde. Nous sommes formés de toutes les cultures, attirés vers tous les bouts de la Terre et dévoués à une idée simple : « E pluribus unum. »

On a beaucoup parlé du fait qu’un Afro-américain du nom de Barack Hussein Obama pouvait être élu président. Mais mon histoire personnelle n’est pas si exceptionnelle. Le rêve des occasions pour chacun ne s’est pas réalisé pour tous en Amérique, mais cette promesse existe pour tous ceux qui viennent chez nous - et cela comprend les presque 7 millions d’Américains musulmans de notre pays qui bénéficient d’un revenu et d’une éducation qui sont au-dessus de la moyenne.

En outre, la liberté en Amérique ne peut être séparée de la liberté de pratiquer sa religion. C’est la raison pour laquelle il y a une mosquée dans chaque Etat de l’Union, et plus de 1 200 mosquées à l’intérieur de nos frontières. C’est la raison pour laquelle le gouvernement des Etats-Unis a été au tribunal défendre le droit des femmes et des filles de porter le hijab, et punir ceux qui le leur refusent.

Alors, qu’il n’y ait aucun doute : l’islam est une partie de l’Amérique. Et je crois que l’Amérique recèle la vérité qui dit que, sans égard à la race, la religion où la position sociale, nous tous partageons les mêmes aspirations : vivre en paix et en sécurité, bénéficier d’une éducation et travailler dans la dignité ; aimer notre famille, notre communauté et notre Dieu. Ce sont des choses que nous partageons. C’est l’espoir de toute l’humanité.

Bien sûr, le fait de reconnaître notre humanité commune n’est que le commencement de notre tâche. Les mots seuls ne peuvent répondre aux besoins de nos peuples. Ces besoins ne seront satisfaits que si nous agissons avec audace dans les années à venir, et si nous comprenons que les défis auxquels nous faisons face sont partagés et que nous ne les surmontons pas, nous en serons tous affectés.

Car l’expérience récente nous a appris que lorsqu’un système financier s’affaiblit dans un pays, la prospérité est affectée partout. Quand une nouvelle grippe infecte un seul être humain, tous sont en danger. Quand une nation cherche à obtenir l’arme nucléaire, le risque d’une attaque nucléaire augmente pour toutes les nations. Quand des extrémistes violents opèrent dans une chaîne de montagnes, des gens sont en danger de l’autre côté de l’océan. Et quand des innocents en Bosnie ou au Darfour sont massacrés, c’est une tache sur notre conscience collective. Voilà ce que signifie partager dans ce monde du XXIe siècle. Là est la responsabilité que nous avons l’un envers l’autre en tant qu’êtres humains.

C’est une responsabilité difficile à comprendre. Car l’histoire humaine a souvent été une suite de nations et de tribus s’assujettissant les unes les autres pour servir leurs intérêts propres. Or, dans cette ère nouvelle, pareilles attitudes iraient à l’encontre du but recherché. Compte tenu de notre interdépendance, tout ordre mondial qui élèverait une nation ou un groupe au-dessus des autres échouera inévitablement. Alors, quoi que nous pension du passé, nous ne devons pas en être prisonniers. Nos problèmes doivent être résolus par le partenariat, le progrès doit être partagé.

Cela ne veut pas dire qu’il faille ignorer les sources de tension. En fait, cela signifie le contraire : il faut regarder ces tensions en face. Et c’est dans cet esprit que je vais maintenant parler, aussi clairement et simplement que possible, de certaines questions dont je pense qu’il nous faudra les affronter ensemble. La première question que nous devons affronter est celle de la violence extrémiste sous toutes ses formes. A Ankara, j’ai dit clairement que l’Amérique n’est pas et ne sera jamais en guerre contre l’Islam. Néanmoins, nous affronterons sans relâche la violence extrémiste qui menace gravement notre sécurité. Car nous rejetons ce que les hommes de toutes les fois rejettent : le meurtre d’innocents, hommes, femmes et enfants. Et mon premier devoir de président est de protéger le peuple américain.

La situation en Afghanistan met en lumière les objectifs de l’Amérique et notre besoin de coopérer. Il y a plus de sept ans, les Etats-Unis ont pourchassé al-Qaida et les taliban avec un large soutien international. Nous n’y sommes pas allés par choix mais par nécessité. Je sais que certains mettent en doute ou justifient les événements du 11 septembre. Mais soyons clairs : ce jour-là, al-Qaida a tué près de 3 000 personnes. Les victimes étaient des innocents, hommes, femmes enfants, d’Amérique ou d’autres nations, qui n’avaient fait de mal à personne. Et al-Qaida a choisi de les assassiner sans pitié, a revendiqué ces crimes et déclare même sa détermination à tuer sur une grande échelle. Il a des alliés dans de nombreux pays et tente d’augmenter son influence. Il ne s’agit pas là d’opinions dont on peut débattre, mais d’actes qu’il faut traiter.

Ne vous y trompez pas : nous ne souhaitons pas que nos troupes restent en Afghanistan. Nous ne cherchons pas à y établir des bases militaires. Il est très douloureux pour l’Amérique de perdre nos jeunes femmes et nos jeunes hommes. Il est coûteux et difficile politiquement de poursuivre ce conflit. Nous ramènerions avec plaisir chacun de nos soldats à la maison si nous pouvions avoir la certitude qu’il n’y aura pas d’extrémistes violents en Afghanistan et au Pakistan, déterminés à tuer le plus d’Américains possible. Mais ce n’est pas encore le cas.

C’est la raison pour laquelle nous sommes membres d’une coalition de 46 pays. Et malgré les coûts, l’engagement américain ne faiblira pas. Réellement, aucun d’entre nous ne doit tolérer ces extrémistes. Ils ont tué dans de nombreux pays. Ils ont tué des gens de différentes fois. Ils ont tué des musulmans plus que d’autres. Leurs actes sont inconciliables avec les droits des êtres humains, le progrès des nations, et avec l’islam. Le Coran enseigne que quiconque tue un innocent tue l’humanité tout entière, et que quiconque sauve une vie sauve toute l’humanité. La foi tenace de plus d’un milliard de gens est bien plus forte que la haine étroite de quelques-uns. L’islam ne fait pas partie du problème dans le combat contre la violence extrémiste, il a au contraire un rôle important à jouer dans la promotion de la paix.

Nous savons aussi que la force militaire ne va pas résoudre les problèmes en Afghanistan et au Pakistan. C’est pourquoi nous comptons investir chaque année pendant cinq ans 1,5 milliard de $ pour construire avec les Pakistanais des écoles, des hôpitaux, des routes et des entreprises, et des centaines de millions pour aider les personnes déplacées. Et c’est pourquoi nous dépensons plus de 2,8 milliards de $ pour aider les Afghans à développer leur économie et les services dont les gens dépendent. Parlons de l’Irak. A la différence de l’Afghanistan, l’Irak a été une guerre par choix qui a suscité de fortes oppositions dans mon pays et dans le monde. Bien que je pense que le peuple irakien se trouve en définitive bien mieux sans la tyrannie de Sassam Hussein, je pense aussi que les événements en Irak ont rappelé à l’Amérique la nécessité de la démocratie et du consensus international pour résoudre nos problèmes, chaque fois que cela est possible. Souvenons-nous des paroles de Thomas Jefferson qui a dit : « J’espère que notre sagesse grandira comme notre puissance et nous apprendra que moins nous utilisons notre force, plus grande elle sera. »

Aujourd’hui, l’Amérique a une double responsabilité : aider les Irakiens à bâtir un avenir meilleur - et laisser l’Irak aux Irakiens. J’ai dit clairement au peuple irakien que nous ne voulions aucune base, ne revendiquons aucun territoire ou ressource. La souveraineté de l’Irak lui appartient. C’est pourquoi j’ai ordonné le départ de nos brigades combattantes en août prochain. C’est pourquoi nous respecterons notre engagement auprès du gouvernement irakien démocratiquement élu et retirerons les troupes de combat des villes irakiennes dès juillet, et toutes nos troupes d’Irak en 2012. Nous aiderons l’Irak à entraîner ses forces de sécurité et à développer son économie ; mais nous soutiendrons un Irak sûr et uni en tant que partenaire, et jamais en tant que patron.

Enfin, de même que jamais l’Amérique ne pourra tolérer la violence d’extrémistes, nous ne devons jamais dévier de nos principes. Le 11 septembre a été un immense traumatisme pour notre pays. La peur et la colère qu’il a provoquées sont compréhensibles, mais dans certains cas, il nous a conduits à agir en contradiction avec nos idéaux. Nous sommes en train d’agir pour changer de direction. J’ai interdit sans équivoque l’usage de la torture par les Etats-Unis, et j’ai ordonné la fermeture de la prison de Guantanamo Bay au début de l’année prochaine.

Ainsi, l’Amérique se défendra dans le respect de la souveraineté des nations et de l’Etat de droit. Et nous le ferons en partenariat avec des communautés musulmanes, menacées elles aussi. Plus tôt les extrémistes seront isolés et mal vus dans les communautés musulmanes et plus tôt nous serons en sécurité.

La deuxième source de tension dont il nous faut parler est la situation entre les Israéliens, les Palestiniens et le monde arabe.

Les liens solides entre l’Amérique et Israël sont bien connus. Cette relation est indestructible. Elle est fondée sur des liens culturels et historiques, et sur la conscience que l’aspiration à une patrie juive est enracinée dans une histoire tragique qui ne peut pas être niée.

Partout dans le monde, le peuple juif a été persécuté pendant des siècles, et l’antisémitisme en Europe a culminé avec une catastrophe sans précédent. Demain, je vais visiter Buchenwald, qui faisait partie d’un réseau de camps où les Juifs étaient réduits à l’état d’esclaves, torturés, tués par balles et gazés à mort par le IIIe Reich. Six millions de juifs ont été tués, plus que la totalité de la population juive d’Israël aujourd’hui. Nier ce fait est sans fondement, c’est de l’ignorance et de la haine. Menacer Israël de destruction ou répéter des stéréotypes ignobles sur les juifs est profondément mal et ne sert qu’à rappeler aux Israéliens les plus douloureux des souvenirs tout en empêchant la paix que les gens de cette région méritent.

D’un autre côté, il est aussi indéniable que le peuple palestinien - musulmans et chrétiens - a souffert dans sa quête d’une patrie. Pendant plus de 60 ans, il a enduré les douleurs du déracinement. Beaucoup attendent, dans des camps de réfugiés en Cisjordanie, à Gaza et aux alentours, une vie de paix et de sécurité qu’ils n’ont jamais pu mener. Ils subissent les humiliations quotidiennes - grandes et petites - qui accompagnent l’occupation. Alors, qu’il n’y ait aucun doute : la situation du peuple palestinien est intolérable. L’Amérique ne tournera pas le dos aux aspirations légitimes des Palestiniens à la dignité et à un Etat à eux.

Pendant des dizaines années, il y a eu une impasse : deux peuples aux aspirations légitimes, chacun avec son histoire douloureuse qui fait fuir tout compromis. Il est facile de pointer du doigt les responsabilités - pour les Palestiniens, pointer les migrations provoquées par la fondation d’Israël, pour les Israéliens de pointer la constante hostilité et les attaques qu’ils ont subies dans leur histoire, depuis l’intérieur de leurs frontières aussi bien que du dehors. Mais si nous ne considérons ce conflit que d’un côté, noue ne verrons pas la vérité : la seule solution pour répondre aux aspirations des deux côtés passe par deux Etats, où Israéliens et Palestiniens vivront chacun en paix et en sécurité. Il y va de l’intérêt d’Israël, de la Palestine, de l’Amérique et du monde. C’est pourquoi j’ai l’intention de rechercher personnellement cette solution, avec toute la patience que la tâche requiert. Les obligations que les parties ont contractées dans le cadre de la feuille de route sont claires. Pour que la paix advienne, il est temps pour elles - et pour nous tous - de prendre nos responsabilités.

Les Palestiniens doivent renoncer à la violence. La résistance par la violence et le meurtre est mauvaise et ne marche pas. Pendant des siècles, les Noirs d’Amérique ont subi le fouet pour les esclaves et l’humiliation de la ségrégation. Mais ce n’est pas la violence qui a conquis l’égalité et la plénitude de leurs droits. C’est par une insistance pacifique et déterminée sur les principes au centre de la fondation de l’Amérique. La même histoire peut être dite par des peuples d’Afrique du Sud et d’Asie du Sud-Est, d’Europe de l’Est ou d’Indonésie. Cette histoire a une vérité toute simple : la violence est une impasse. Ce n’est ni un signe de courage ni un signe de force que de tirer des roquettes sur des enfants endormis ou de faire sauter de vieilles femmes dans un autobus. Ce n’est pas ainsi qu’on revendique une autorité morale, c’est ainsi qu’on se dépouille de cette autorité morale.

Il est maintenant temps pour les Palestiniens de se concentrer sur ce qu’ils peuvent construire. L’Autorité palestinienne doit développer sa capacité à gouverner, avec des institutions qui répondent aux besoins de son peuple. Le Hamas a du soutien chez certains Palestiniens, mais il a lui aussi des responsabilités. Pour jouer un rôle et répondre aux aspirations des Palestiniens, et unifier le peuple palestinien, le Hamas doit mettre fin à la violence, reconnaître les accords passés et reconnaître le droit d’Israël à l’existence.

Dans le même temps, les Israéliens doivent reconnaître que, tout comme le droit d’Israël à exister ne peut pas être nié, celui de la Palestine ne peut pas l’être non plus. Les Etats-Unis n’acceptent pas la légitimité de la continuation de la colonisation. Ces constructions violent les accords précédents et sapent les efforts consentis pour parvenir à la paix. Il est temps que ces colonies cessent.

Israël doit aussi respecter ses engagements et assurer aux Palestiniens la possibilité de vivre, travailler et développer leur société. Et, tout comme elle dévaste les familles palestiniennes, la crise humanitaire qui continue à Gaza ne sert pas la sécurité d’Israël, pas plus que l’absence continue de perspectives en Cisjordanie. Le progrès de la vie quotidienne des Palestiniens doit faire partie du chemin vers la paix ; et Israël doit prendre des mesures concrètes pour permettre ce progrès.

Enfin, les pays arabes doivent reconnaître que l’Initiative de paix arabe a constitué un début important, mais non la fin de leurs responsabilités. Le conflit israélo-arabe ne doit plus être utilisé pour détourner les peuples des nations arabes d’autres problèmes. Au lieu de cela, il doit être un moteur pour agir et aider le peuple palestinien à développer les institutions qui feront vivre leur Etat ; reconnaître la légitimité d’Israël ; et choisir le progrès plutôt qu’une obsession mortifère du passé.

L’Amérique accordera sa politique avec ceux qui recherchent la pais, et dira en public ce qu’elle dit en privé, aux Israéliens, aux Palestiniens et aux Arabes. Nous ne pouvons pas imposer la paix. Mais en privé, de nombreux musulmans reconnaissent qu’Israël ne disparaîtra pas. De même, de nombreux Israéliens reconnaissent la nécessité d’un Etat palestinien. Il est temps pour nous d’agir sur ce que tout le monde sait être vrai. Trop de larmes et de sang ont été versés. Nous avons tous une responsabilité : celle d’œuvrer au jour où les mères israéliennes et palestiniens pourront voir leurs enfants grandir sans peur ; où la terre sainte des trois grandes religions sera l’endroit de paix que Dieu avait pensé ; où Jérusalem verra cohabiter dans la sécurité et la durée juifs, musulmans et chrétiens et sera un endroit où tous les enfants d’Abraham se mêleront pacifiquement, comme dans l’histoire d’Isra, quand Moïse, Jésus et Mahomet (la paix soir eux) se sont joints pour prier ensemble.

La troisième source de tension relève de notre intérêt commun dans les droits et les devoirs des nations au sujet des armes nucléaires. Cette question est une source de tension entre les Etats-Unis et la République islamique d’Iran. Pendant des années, l’Iran s’est défini en partie par son opposition à mon pays, et il est vrai qu’il y a entre nous une histoire tumultueuse. Au milieu de la Guerre Froide, les Etats-Unis ont joué un rôle dans le renversement d’un gouvernement iranien démocratiquement élu. Depuis la révolution islamique, l’Iran a joué un rôle dans des actes de prises d’otages et de violences contre des Américains, militaires et civils. L’histoire est connue. Plutôt que de demeurer piégé dans le passé, j’ai dit clairement au peuple et aux dirigeants iraniens que mon pays est prêt à aller de l’avant. La question, aujourd’hui, n’est pas de savoir contre quoi est l’Iran, mais quel avenir il veut bâtir.

Il sera difficile de surmonter des décennies de méfiance, mais nous agirons avec courage, rectitude et résolution. Il y aura de nombreuses questions à discuter entre nos deux pays, et nous sommes prêts à aller de l’avant sans conditions préalables, sur la base d’un respect mutuel. Mais il est clair pour tout le monde que lorsqu’il s’agit d’armes nucléaires, nous atteignons un point décisif. Il ne s’agit plus simplement des intérêts américains, mais d’empêcher une course à l’arme nucléaire au Moyen-Orient qui pourrait mener cette région et le monde sur une voie extraordinairement dangereuse.

Je comprends ceux qui protestent contre le fait que certains pays disposent d’armes que d’autres n’ont pas. Aucune nation ne doit choisir quelles nations possèdent l’arme nucléaire. C’est pourquoi j’ai réaffirmé fortement l’engagement des Etats-Unis dans la recherche d’un monde sans armes nucléaires. Et toute nation - y compris l’Iran - doit avoir le droit d’accéder à l’énergie nucléaire à des fins pacifiques sii elle respecte ses obligations dans le cadre du traité de non-prolifération. Cet engagement est au cœur du traité. Seuls ceux qui le respectent doivent y avoir droit. Et j’espère que tous les pays de la région pourront partager cet objectif.

Quatrième question que j’aborderai : la démocratie.

Je sais qu’il y a eu des controverses sur la promotion de la démocratie, pour une grande part en relation avec la guerre en Irak. Mais je serai très clair : aucune nation ne peut imposer à une autre un système de gouvernement. Mais cela ne minore pas mon engagement envers les gouvernements qui reflètent la volonté de leur peuple. Chaque nation fait vivre ce principe à sa manière, enracinée dans ses traditions. L’Amérique ne prétend pas savoir ce qui est bon pour tout le monde. Mais je pense, sans aucune concession possible, que les gens souhaitent certaines choses : la possibilité de donner son avis sur la façon dont on est gouverné ; la confiance en l’Etat de droit et une administration de la justice égale pour tous ; un gouvernement transparent qui ne vole pas son peuple ; la liberté de choisir son style de vie. Ce ne sont pas seulement des idées américaines mais des droits de l’homme, et c’est pourquoi nous les soutiendrons partout.

Il n’existe pas de ligne droite pour réaliser cette promesse. Mais cela au moins est certain : les gouvernements qui protègent ces droits sont finalement plus stables, plus sûrs et réussissent mieux. La répression des idées ne réussit jamais à les faire disparaître. L’Amérique respecte le droit de toutes les voix pacifiques et respectueuses de la loi à se faire entendre partout dans le monde, même si nous sommes en désaccord avec elles. Et nous ferons bon accueil à tout gouvernement élu et pacifique, s’il gouverne en respectant son peuple.

Ce dernier point est important car certains ne défendent la démocratie que lorsqu’ils n’ont pas le pouvoir. Une fois au pouvoir, ils répriment impitoyablement les droits des autres. Quel que soit l’endroit du monde, le gouvernement du peuple et par le peuple implique des règles simples pour ceux qui exercent le pouvoir : il faut l’exercer par le consentement et non par la coercition, respecter les droits des minorités, placer les intérêts du peuple et les processus légitimes du processus politique au-dessus de votre parti. Sans ces ingrédients, les seules élections ne font pas une vraie démocratie.

Cinquième question dont je parlerai : la liberté religieuse.

L’islam a une tradition de tolérance fière d’elle-même. Nous le voyons dans l’histoire de l’Andalousie et de Cordoue. Je l’ai vu moi-même enfant en Indonésie, où des prêtres chrétiens pratiquaient leur religion librement dans un pays dont l’immense majorité est musulmane. C’est l’esprit dont nous avons besoin aujourd’hui. Dans tous les pays, les gens doivent être libres de choisir et de vivre leur foi sur la base de la persuasion de l’esprit, du cœur et de l’âme. Cette tolérance est essentielle pour la religion, mais elle est menacée de différentes manières.

Chez certains musulmans, il existe une tendance inquiétante à mesurer sa foi par le rejet de celle d’autrui. La richesse de la diversité religieuse doit être préservée, que ce soit pour les maronites au Liban ou pour les coptes en Egypte. Les lignes de fracture doivent être fermées aussi chez les musulmans, car les divisions entre sunnites et chiites ont provoqué des violences tragiques, en particulier en Irak.

La liberté religieuse est capitale pour permettre aux peuples de vivre ensemble. Il nous faut toujours examiner les façons de la protéger. Pas exemple, aux Etats-Unis, les règles qui régissent les dons caritatifs ont rendu plus difficile pour les musulmans la pratique de leurs obligations religieuses. C’est pourquoi je me suis engagé à travailler avec les musulmans américains pour garantir qu’ils puissent exercer la zakat.

De même, il est important que les pays occidentaux évitent d’empêcher leurs citoyens musulmans de pratiquer leur religion comme ils l’entendent - par exemple en dictant la manière dont une musulmane doit s’habiller. On ne peut pas déguiser l’hostilité à l’égard d’une religion sous le couvert du libéralisme.

La foi doit nous réunir. C’est pourquoi nous avons mis en route des projets d’offices communs qui réunissent chrétiens, musulmans et juifs. C’est pourquoi nous saluons des efforts comme ceux du roi Abdallah d’Arabie saoudite pour le dialogue interreligieux ou des dirigeants turcs pour l’Alliance des civilisations. Partout dans le monde, nous pouvons transformer le dialogue en offices communs, de façon que les ponts entre les peuples mènent à l’action, que ce soit pour combattre la malaria en Afrique ou pour apporter du secours après une catastrophe naturel.

Sixième question : les droits des femmes.

Je sais qu’il y a un débat sur cette question. Je rejette l’opinion de certains occidentaux pour qui une femme qui choisit de couvrir sa chevelure est d’une certaine façon moins égale, mais je crois aussi qu’une femme à qui l’on refuse l’éducation se voit dénier ses droits. Et ce n’est pas par hasard si les pays où les femmes ont accès à une éducation de haut niveau ont de bien plus grandes chances de prospérer.

Je serai clair sur ce point : la question de l’égalité des femmes n’a pas à être un problème pour l’Islam. En Turquie, au Pakistan, au Bangladesh et en Indonésie, nous avons vu des pays à majorité musulmane élire des femmes à leur tête. Dans le même temps, la lutte pour l’égalité des femmes continue dans de nombreux aspects de la société américaine, et un peu partout dans le monde.

Nos filles peuvent contribuer à la société autant que nos fils, et notre prospérité commune progressera et permettant à toute l’humanité - hommes et femmes - d’atteindre leur potentiel. Je ne pense pas que les femmes doivent nécessairement faire les mêmes choix que les hommes pour être leurs égales, et je respecte ces femmes qui choisissent de mener leur vie dans des rôles traditionnels. Mais cela doit être leur choix. C’est pourquoi les Etats-Unis coopéreront avec tout pays à majorité musulmane pour soutenir l’alphabétisation des filles et aider les jeunes femmes à chercher un emploi par le micro-crédit qui aide les gens à réaliser leurs rêves.

Enfin, je parlerai de développement économique et de perspectives.

Je sais que pour beaucoup, la mondialisation a deux visages. L’Internet et la télévision peuvent convoyer connaissances et information, mais sexualité offensante et violence illimitée. Le commerce peut apporter de nouvelles richesses et de nouvelles perspectives, mais aussi d’énormes bouleversements. Dans toutes les nations, y compris la mienne, ce changement peut s’accompagner de craintes. Crainte qu’à cause de la modernité, nous perdions le contrôle sur nos choix économiques, notre politique et, plus important encore, notre identité - les choses auxquelles nous tenons le plus, nos familles, notre tradition, notre foi.

Mais je sais aussi que le progrès humain ne se refuse pas. Il n’y a pas nécessairement de contradiction entre développement et tradition. Des pays comme le Japon et la Corée du Sud ont développé leur économie tout en maintenant une culture bien distincte. Cela est également vrai pour les progrès étonnants accomplis dans des pays à majorité musulmane, de Dubaï à Kuala Lumpur. Dans les temps anciens comme à notre époque, des communautés musulmanes ont été à l’avant-garde de l’innovation et du développement.

Cela est important parce qu’aucune stratégie de développement ne peut reposer uniquement sur ce qui vient de soi-même, et ne peut pas non plus se poursuivre quand de jeunes gens sont au chômage. De nombreux pays du Golfe ont bénéficié d’importantes richesses grâce au pétrole, et certains se concentrent aujourd’hui sur un développement plus large. Mais nous devons tous reconnaître que l’éducation et l’innovation seront la monnaie du XXIe siècle. Or, dans trop de communautés musulmanes, il y a eu sous-investissement dans ces secteurs. Je donne beaucoup d’importance à ces investissements dans mon pays. Alors que, dans le passé, l’Amérique s’est beaucoup souciée du pétrole et du gaz provenant de cette partie du monde, nous recherchons aujourd’hui un engagement plus large.

Sur l’éducation, nous développerons des programmes d’échanges et augmenterons les bourses, comme celle qui a fait venir mon père en Amérique, tout en encourageant davantage d’Américains à aller étudier dans des pays musulmans. Nous accueillerons les étudiants musulmans prometteurs dans des internats américains, investirons dans l’enseignement en ligne pour les enseignants et les enfants partout dans le monde, et créerons un nouveau réseau en ligne, de sorte qu’un adolescent du Kansas pourra communiquer instantanément avec un adolescent du Caire.

Sur le développement économique, nous créerons un nouveau corps de volontaires entrepreneurs pour monter des partenariats avec leurs homologues de pays à majorité musulmane. Et nous accueillerons cette année un sommet sur l’entreprenariat pour identifier les moyens d’approfondir les liens entre chefs d’entreprise, fondations et entrepreneurs sociaux aux Etats-Unis et dans les pays musulmans.

Sur la science et la technologie, nous lancerons un nouveau fonds de soutien au développement technologique dans les pays à majorité musulmane, et aiderons à diffuser les idées sur les marchés afin qu’elles puissent créer des emplois. Nous ouvrirons des pôles d’excellence en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est. Nous nommerons de nouveaux émissaires de la science qui collaboreront à des programmes destinés à développer de nouvelles sources d’énergie, créer des emplois écologiques, numériser des enregistrements, purifier l’eau et faire pousser de nouvelles récoltes. Et aujourd’hui, j’annonce un nouvel effort mondial avec l’Organisation de la Conférence islamique pour éradiquer la polio. Nous développerons également des partenariats avec des pays musulmans pour promouvoir la santé des enfants et des mères.

Tout cela doit s’effectuer en partenariat. Les Américains sont prêts à se joindre aux civils et aux gouvernements, aux organisations communautaires et aux leaders religieux dans les pays du monde entier pour aider nos peuples à bâtir une vie meilleure. Les choses que j’ai décrites ne seront pas faciles à, réaliser. Mais il est de notre responsabilité de joindre nos efforts au nom du monde que nous voulons - un monde où les extrémistes ne menacent plus nos peuples, où les soldats américains sont rentrés chez eux ; un monde où Israéliens et Palestiniens sont chacun en sécurité dans leur Etat, où l’énergie nucléaire n’est utilisée qu’à des fins pacifiques ; un monde où les gouvernements sont au service de leurs citoyens et où tous les droits des enfants de Dieu sont respectés. Ce sont des intérêts qui nous sont communs. C’est le monde que nous voulons. Mais nous ne pourrons y arriver qu’ensemble.

Je sais que beaucoup - musulmans ou non - doutent de notre capacité à mettre en œuvre ce niveau commencement. Certains veulent attiser les flammes de la division et se mettre en travers de la voie du progrès. Certains disent que l’effort n’en vaut pas la peine, que nous sommes condamnés au désaccord et que les civilisations sont condamnées à s’entrechoquer. Bien plus encore sont tout simplement sceptiques sur le fait qu’un réel changement puisse avoir lieu. Il y a tant de peur, tant de méfiance. Mais si nous choisissons d’être prisonniers du passé, nous n’avancerons jamais. Je souhaite particulièrement dire ceci aux jeunes gens de toutes les fois, dans tous les pays : vous, plus que quiconque, avez la capacité de refaire ce monde.

Chacun d’entre nous partage ce monde pour une brève période. La question est de savoir si nous passons ce temps à nous concentrer sur ce qui nous divise, ou si nous nous engageons à faire un effort - un effort soutenu - pour trouver des points de convergence, pour se concentrer sur l’avenir que nous souhaitons pour nos enfants et pour respecter la dignité de tous les êtres humains.

Il est plus facile de commencer des guerres que d’y mettre fin. Il est plus facile de blâmer les autres plutôt que de regarder à l’intérieur de soi, de voir ce qu’il y a de différent chez quelqu’un plutôt que de trouver ce que nous avons en commun. Mais nous devons choisir la voie juste et non la voie facile. Il y aussi au cœur de chaque religion une règle : nous agissons envers autrui comme nous souhaitons qu’il agisse envers nous. Cette vérité transcende les nations et les peuple et elle n’est pas nouvelle. Elle n’est ni noire, ni blanche ni brune, elle n’est ni chrétienne, ni musulmane ni juive. C’est une idée qui a battu au berceau de la civilisation, et qui bat toujours dans le cœur de milliards de gens. C’est la foi en l’autre, et c’est ce qui m’amène ici aujourd’hui.

Nous avons le pouvoir de faire le monde que nus voulons, mais seulement si nous avons le courage d’un nouveau commencement, en gardant à l‘esprit ce qui a été écrit.

Le Coran nous dit : « Oh, humanité ! Nous t’avons créée mâle et femelle, et nous t’avons dispersée en nations et tribus afin que vous puissiez vous connaître. »

Le Talmud nous dit : « Toute la Torah n’a pour but que de promouvoir la paix. »

La Bible nous dit : « Bénis soient les bâtisseurs de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. »

Les peuples du monde peuvent vivre ensemble en paix. Nous savons que c’est la vision de Dieu. Maintenant, cela doit être notre travail, ici sur terre. Merci. Et que la paix soit sur vous.

21 juillet 2014

PALESTINE VERSUS ISRAËL. Vidéo: Michèle Sibony, une femme d’honneur, fière et altière

Affrontements rue de la Roquette : un piège qui a permis de ne pas parler de Gaza

michelePar Michèle Sibony
Union Juive Française pour la Paix.

Dimanche à Paris, en marge d’une manifestation de soutien au peuple palestinien, des heurts ont éclaté entre militants pro-israéliens et pro-palestiniens. Que s’est-il vraiment passé ? Pour Michèle Sibony, membre de l’Union juive française pour la paix et de l’agence média Palestine, il n’a pas été rendu compte fidèlement de la réalité.

 

Michèle Sibony

Michèle Sibony

Commençons par ce qu’il faut dire, et ce qui devrait intéresser tout citoyen comptant sur ses médias pour être correctement informé : la "guerre" de Gaza comme elle est appelée n’est pas une guerre, c’est en réalité l’opération d’éradication du Hamas lancée par le gouvernement israélien à partir de l’enlèvement des trois colons qui a servi de prétexte, mais surtout annoncée dès la constitution d’un gouvernement d’union nationale soutenu par les États-Unis et l’Union européenne.

Depuis une semaine l’opération militaire "bordure de protection" a déjà fait plus de 200 cents morts, des civils hommes femmes et enfants pour l’essentiel, piégés sur un territoire minuscule, avec la plus haute densité de population du monde. Des centaines de blessés, des écoles des mosquées, des hôpitaux attaqués, tout cela lors de frappes dites chirurgicales. "L’Humanité" a informé du risque d’utilisation par l’armée israélienne d’une arme particulièrement redoutable : le dîme.

Une connivence médiatico-politique

Tout cela au moment du sinistre anniversaire de sept ans de siège et d’un blocus illégal aux yeux de toute la communauté internationale privant toute cette population de l’essentiel.

Au sens strict et précis de toutes les normes du droit international, il s’agit-là de crimes de guerre tels que définis par l’article 8 du statut la CPI.

Pardon de ce qui semblerait être une digression, mais qui dit cela en France ? Quel média rappelle ne serait-ce qu’une fois le contexte d’occupation et de colonisation qui enferme le peuple palestinien tout entier ? Qui rappelle que la résistance d’un peuple occupé est un droit ?

Nous avons assisté depuis le début de cette offensive à une présentation totalement univoque, en adéquation parfaite avec la position de notre propre gouvernement, elle même calquée sur la version israélienne des événements : Israël est attaqué par des roquettes et a le droit de se protéger par tous les moyens. Disons, pour rester pudiques, que les chiffres des victimes dans les deux camps parlent d’eux même du rapport de forces en jeu.

Il nous faut, pour pouvoir être clairs, commencer par dénoncer cette connivence médiatico-politique avec Israël, l’ambassade d’Israël en France et les soi-disant représentants de la communauté juive, le CRIF.

Les manifestants pro-palestiniens sont tombés dans un piège

La manifestation à Paris du 13 juillet était la première grande manifestation nationale de soutien à la Palestine. Quelques jours avant la manifestation dont le parcours était connu, Barbès-Bastille, les sites de plusieurs groupes juifs d’extrême droite appelaient à un rassemblement de soutien à Israël devant la synagogue de la rue de la Roquette, qui devait servir de bastion et de clé de voûte à l’opération de par sa proximité de la fin du parcours : on peut voir ces appels et cette préparation ici

Le président du consistoire central, Joël Mergui, a affirmé lui à l’AFP que "plusieurs dizaines de manifestants" s’étaient "délibérément" rendus devant la synagogue de la Roquette, non loin de la Bastille, "pour agresser verbalement et physiquement des juifs" réunis dimanche après-midi "pour prier pour la situation en Israël et pour la paix" (sic).

Les provocateurs – tous les témoins et les vidéos le montrent – ont été protégés et aidés par la police, ils ont entraîné à coups d’insultes et de fumigènes un petit groupe de manifestants excédés vers la synagogue.

Attirés devant la synagogue, les jeunes manifestants sont tombés dans le piège qui a permis :

1- De ne pas parler de Gaza, et de ce qui s’y joue

2- De ne pas parler de la solidarité française avec la Palestine,

3- De transformer la grave question des crimes commis en ce moment à Gaza, en une opération antisémite méritant sanction, et

4- La sanction est sortie du tiroir où elle était prête : volonté d’interdiction des manifestations de soutien à la Palestine.

Il y a d’autres questions à se poser

Le manque de clarté de la plupart des médias français, tombés dans le même piège, sans doute parce qu’ils n’avaient même pas pris la peine de "couvrir" la manifestation, et qui ont décidé comme on le leur avait soufflé qu’en l’occurrence le seul événement c’était des "heurts antisémites", a largement contribué à la réussite de cette opération.

L’un d’eux s’est-il interrogé sur le sens d’un rassemblement destiné à soutenir Israël devant et dans une synagogue ? L’un d’eux a-t-il mentionné que la grande synagogue de la Victoire recevait il y a un mois un général de l’armée israélienne, qu’elle présentait à ses ouailles pour parler du service militaire en Israël ?

Il y a ceux qui parlent, repris par le ministre Valls, d’importation du conflit. En réalité, il nous semble qu’on peut se poser la question d’une stratégie concertée, entre le CRIF et l’ambassade d’Israël, qui se résume en quelques phrases simples, mais redoutables : sachant qu’il n’est à l’évidence pas possible de gagner la bataille de la popularité, il s’agit de faire à tout prix diversion et forcer le silence.

L’antisémitisme est alors tragiquement utilisé quand il existe, comme dans le cas de l’affaire Merah à Toulouse, pour imposer le renforcement des liens avec Israël, et quand il n’existe pas il faut le fabriquer parce qu’il est la meilleure arme, la seule dont on dispose et qui marche à tous les coups pour faire taire sur les crimes en cours à Gaza.

Qui trouble l’ordre public ? De quel ordre s’agit-il ? Ce sont là les questions que chacun devrait se poser.

Source: Le Plus

20 juillet 2014

MAURITANIE: L'Orchestre National de Mauritanie mort depuis des années, voilà aujourd'huimais ressuscité par sahelsounds

L'Orchestre National de Mauritanie cover art
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about

Formed in 1968, Mauritania's National Orchestre was the official band of the post-colonial desert country. Led by the young Hadrami Ould Meidah and trained in Guineau Conakry under the guidance of the Bembeya Jazz, the Orchestre National was both musical group and idealogical symbol - sharing many of the aspirations of the young country. To the Mauritanian classical music, with its rigid and complex modal system, the group unabashedly added electric guitars and brass sections. Traditional epics were adapted with contemporary sounds. Multi-lingual compositions honored the diverse ethnic groups throughout the country. 

The life of the National Orchestra would parallel the events shaping the nation, lasting from 1968 to 1975 - shortly before the military coup which would spell not only the end of the Orchestra, but the end of a democracy. Recordings are hard to come by. Aside from the few copies of the 7" that still exist, no other commercial releases were ever made. The remaining legacy of the Orchestra consisting of live performances and radio broadcasts, was nearly destroyed during the coup d'etat of 1978. Under orders to burn any and all recordings related to the Daddah regime, the radio archive was looted by loyal military forces. During the chaos, one heroic radio engineer snuck into the archives and salvaged the reels of the music contained here which were sequestered in his home for the past decades. Working with Hadrami Ould Meidah, radio archivists, and former members of the band, these selections highlight some of the remaining recordings of the prolific L'Orchestre National de Mauritania. 

For the CD or vinyl release, visit www.sahelsounds.com or your local music retailer.

credits

released 01 March 2013 

L'Orchestre National de Mauritanie 

Hadrami Ould Meidah - Vocals 
Gils Koné - Bass Guitar 
Ibrahim "Petit" Sall - Guitar 
Souleymane Ndiaye - Vocals 
Mohamed "Neyfara" Vall Ould Mahmoud - Flute, Trumpet 
Boylil Ould Mbareck - Trumpet 
Sidaty Ould Saoud - Vocals 
Soukaba Ould Ngeizh - Drums 
Mohamed Mahmoud Ould Mbaye 
Ganne Coulibaly - Bass 
Saidou Bâ - Hoddu 


Text by Christopher Kirkley 
Photos courtesy of Hadrami Ould Meidah 
Photo restoration by Justin Cronin 
Transfer by Josh Derry 
Mastering by Timothy Stollenwerk 


Special thanks to Bilal, Hadrami Ould Medeh, Sidi Ould Boyah, Ganne Coulibaly, Malcolm Sweeney, Afrimedia, and all the friends in Cinquieme. 

Sahelsounds SS-013 
Mississippi Records MRP-032

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18 juillet 2014

MAURITANIE: CE QUE JE CROIS ET CE QUE JE PENSE : LE PROBLÈME DES NOIRS DE MAURITANIE, UN PROBLÈME ? POURQUOI ?


CE QUE JE CROIS ET CE QUE JE PENSE : LE PROBLÈME DES NOIRS DE MAURITANIE, UN PROBLÈME ? POURQUOI ?
« Un citoyen mauritanien répondant au nom de Boubacar Sally Cissé originaire de Sélibaby était venu pour corriger une erreur sur ses documents d’état-civil. 
Selon des sources citées par le site d’information Sahara Média, il avait rendez-vous ce jeudi (17 juillet ) avec l’Agence nationale du registre des populations et titres sécurisés pour voir son problème réglé avant qu’il ne s’entend dire que c’est remis à plus tard, chose qui l’a fait sortir de ses gongs, d’autant que ce n’est pas le premier report. 

En sortant de la direction générale de l’Agence, il a versé de l’huile sur l’une des voitures de cette administration et y a mis le feu. Des éléments de la police sont alors intervenus pour l’arrêter.» 
Cette l’information que j’ai lue tout à l’heure. Voilà ce que je pense : 
Je pense que les agissements de ce citoyen constituent certainement la réaction d’exaspération d’une personne à qui on fait perdre tout le temps et toute la patience pour obtenir un papier que lui accorde par droit sa nationalité mauritanienne. 

La Mauritanie n’est pas en réalité cette Mauritanie entachée par des incidents de ce genre qui se multiplient mettant en mal des mauritaniens généralement noirs contre leur propre pays. Pays où pourtant ils ont tous les droits que confère la constitution à leur citoyenneté. 

La Mauritanie n’est pas un pays raciste. Mais je crois que la Mauritanie est un pays pris en otage par des individus racistes dont les agissements commencent sérieusement à porter préjudice à notre cohésion nationale. Sinon pourquoi un mauritanien de nationalité mauritanienne avérée doit-il courir à longueurs de journées et de mois derrière un autre mauritanien pour obtenir son droit, ou pour accéder à des services publics auprès d’une administration devant laquelle les citoyens ont les mêmes droits ? 
Je me demande pourquoi, les pouvoirs publics ne se décident t’ils pas à faire cesser ces maladresses volontaires provocatrices qui montent des citoyens d’une communauté contre ceux d’une autre communauté ? Il est vraiment temps que nous nous ressaisissions et que nous luttons et franchement et avec détermination pour éliminer toutes formes de discrimination raciale qui ternit l’image de notre pays. Parce que, quoique feront les nostalgiques du racisme des années 66 et 89, la Mauritanie ne sera jamais une Mauritanie blanche uniquement, comme elle ne sera jamais une Mauritanie noire uniquement. Elle était, elle est et elle restera toujours une Mauritanie noire et blanche. Une Mauritanie multiraciale, musulmane. C’est tout. Mon ami Ibrahima Moctar Sarr, disait « les noirs de Mauritanie n’ont pas de problème avec les blancs de la Mauritanie. Les noirs de Mauritanie ont un problème avec le « système » instauré en Mauritanie ». Le système désigne ici, le pouvoir, qui est en fait les « pouvoirs » qui se sont succédés depuis l’indépendance. Libérons le « système » de cette prise d’otage orchestrée par des marginaux, attardés nationaux, véritables accessoires politiques et idéologiques qui ne se retrouvent que dans le désordre ou l’anarchie deux environnements où ils s’adaptent parfaitement bien, où ils prospèrent parfois même au prix de sacrifices de vies humaines (1966 et 1989) et même au prix de génocides (INAL). 
Soyons raisonnables et objectifs. On ne peut pas aimer les noirs seulement pour leur riz au poisson, la beauté de leurs femmes ou leurs voix aux élections. Ils, (les noirs) méritent plus que ça. Je ne veux pas verser pas dans ce débat dans lequel peut être m’entraineraient mes amis KAW Touré, Ahmed Salem Deida, Samba Djiméra, Mohamadou Sy, Mina KANE et Djeinaba Malick et d’autres. Mais moi, qui suit blanc et qui n’appartient pas au « système » d’après ce que j’ai compris, les noirs de mon pays ne demandent pas l’impossible. En fait, ils demandent qu’on « ACCEPTE » une fois pour toutes et sans plus d’ambiguïté leur « mauritanitée » au sens constitutionnel du terme. 

Que le passif humanitaire soit épongé par une vérité et une réconciliation consensuelle nationale, que pour leurs biens spoliés par les évènements survenus en 89 ils soient dédommagés, que leurs ou « des » terres leur soient restituées et qu’enfin on ne « TOUCHE PAS ET PLUS A LEUR NATIONALITE ». Ce n’est pas beaucoup demander. 

Je suggère, comme on est au mois béni de RAMADAN, mois de PARDON et de RECONCILIATION de l’individu avec son âme et sa conscience, que les pouvoirs publics réfléchissent à créer un environnement favorable à la résolution définitive de ce problème de noirs de notre pays…. parce que le problème des noirs c’est aussi notre problème nous les blancs. Donc, pendant qu’il est temps prenons sur nous blancs et noirs tous confondus le courage de défricher un terrain d’entente où nos générations futures peuvent vivre comme par le passé dans la paix, la sérénité et le respect mutuel. C’est tellement simple pourtant ! 



© Facebook Mohamed CHIGHALI 
18 juillet 2014

MOYEN ORIENT: Dalil Boubakeur recteur de la Grande Mosquée de Pariglorifie Israël et justifie la guerre à Ghaza

Grande Mosquée de Paris : Dalil Boubakeur glorifie Israël et justifie la guerre à Ghaza
« Concernant les derniers événements à Gaza, je crois personnellement que lorsque des organisations comme le Hamas bombardent pendant des années le territoire d'Israël, elles suscitent forcément des réactions d'Israël et exposent les populations palestiniennes à des représailles. Ce qui est irresponsable et dangereux ». 

Celui qui s'exprime ainsi n'est pas membre d'un lobby pro-israélien en France ni un élément de la communauté juive de ce pays. Ces propos ont été tenus par le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, dans une interview, publiée mercredi 1er avril, par magazine israélien « SVP-Israël ». 

« J'ai grandi en Algérie. Je me rappelle que nous disions alors - lorsque des juifs s'installaient dans un village - que la richesse venait avec eux et que s'ils partaient, la misère revenait. Il faut savoir que l'antisémitisme n'est pas une invention arabe mais typiquement européenne. Car être antisémite pour un arabe n'a aucun sens, car ce serait pour un sémite être contre soi-même. Juifs et arabes sont donc amenés, par la nature des choses, à se tenir la main, poursuit M. Boubakeur. 

Puis le recteur évoque un projet de voyage en Israël et glorifie ce pays et l'intelligence de ses hommes, comparés à leurs voisins des pays arabes. « Concernant Israël, je le voie et l'admire comme un pays en pleine expansion et qui a d'énormes ­possibilités grâce à l'intelligence de sa population, surtout quand on voit comment le pays a mis en valeur ses terres, en comparaison aux terres de ses pays voisins... Israël est l'expression même de l'homme livré à la nature. D'où l'importance à mes yeux, de la connaissance et de l'intelligence humaine ». 

Au lendemain de sa publication, l'entretien suscite déjà un malaise au sein de la communauté musulmane en France et pourrait mettre le gouvernement algérien dans l'embarras dans le contexte des élections présidentielles qui démarre le samedi 4 avril dans l'Hexagone. Le journal, qui se présente comme le guide magazine israélien du tourisme et des affaires, insiste en effet sur l'appartenance de la Grande Mosquée de Paris à l'Algérie. Certains passages laissent entendre que le recteur s'exprime officiellement au nom d'Alger. 

Mais il y a aussi le contexte de la publication de cet entretien. Elle intervient le jour de la prise de fonctions en Israël du gouvernement de coalition de droite et d'extrême droite, dirigée par Benyamin Netanyahou. Les propos de M. Boubakeur interviennent également dans un contexte international où même les défenseurs habituels d'Israël en France se montrent discrets, après les massacres et les crimes de guerre commis par l'Etat hébreu à Ghaza. 

« Le recteur de la Mosquée de Paris a toujours cherché à plaire aux associations communautaires juives en France. Mais cette fois, il est allé trop loin », souligne un responsable d'une association communautaire algérienne. 

http://www.tsa-algerie.com/Grande-Mosquee-de-Paris---Dalil-Boubakeur-glorifie-Israel-et_6496.html http://www.tsa-algerie.com/Grande-Mosquee-de-Paris---Dalil-Boubakeur-glorifie-Israel-et_6496.html 

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