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LE PANAFRICANISME NOUVEAU

13 décembre 2015

AFRIQUE:Le président de la Gambie annonce que son pays est un «Etat islamique»

Nouvelle sortie médiatique spectaculaire pour le président gambien Yahya Jammeh. Il a annoncé ce samedi 12 décembre que l'ex-colonie britannique à forte majorité musulmane devenait un Etat islamique. Une annonce déroutante comme de nombreuses autres avant elle dont l'application reste incertaine.

« Le destin de la Gambie est entre les mains du tout-puissant Allah. A partir d'aujourd'hui la Gambie est un Etat islamique. » C'est la déclaration mise en ligne ce samedi sur le site officiel de la présidence gambienne.

Au pouvoir depuis 21 ans et habitué des discours nationalistes et antiimpérialistes, Yahya Jammeh s'affranchit encore un peu plus du passé colonial du pays. Il y a deux ans, il avait claqué la porte du Commonwealth avant d'annoncer un an plus tard la fin de l'anglais comme langue officielle.

Reste à savoir dans quelle mesure ces mots peuvent être pris au sérieux venant d'un président habitué des annonces sans effets ou saugrenues. Il s'était dit par exemple capable de guérir le Sida ou encore prêt à accueillir la minorité musulmane Royingas de Birmanie.

© Screen grab/The Gambia Enquirer

Quoi qu'il en soit, ce qui peut être vu comme un appel du pied vers le monde arabe intervient dans un contexte intérieur difficile pour un président autocrate régulièrement accusé de violations des droits de l'homme. En septembre 2015, le FMI avait pointé du doigt l'« inconséquence » des politiques économiques du pays et un « risque sérieux » pour la situation budgétaire de la Gambie.

Selon la presse nationale, cela n'avait pas empêché Yahya Jammeh de faire une nouvelle promesse incertaine début décembre: la gratuité de l'université d'ici 2018.

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4 décembre 2015

MAURITANIE: SIRA DRAME à l'honneur

La chanteuse Sira Dramé décorée par le festival "Louss" des musiques, chants et danses du monde d’El-Oued en Algérie 

 

"J’ai passé d’agréables moments de communion avec le public d’El-Oued. Cette distinction me touche profondément. Votre pays, l’Algérie, montre que c’est un pays ouvert comme l’a illustré la participation des autres pays à ce festival". 

C’est par ces mots que la chanteuse mauritanienne Sira Dramé a accueilli sa décoration par le ministère de la culture algérien, lors du festival "Louss" international des musiques, chants et danses du monde, qui s’est déroulé à El-Oued, du 17 au 21 novembre dernier. 

C’était la première fois pour la chanteuse Sira Dramé de participer au festival "Louss" international des musiques, chants et danses du monde. Plus de 300 artistes venus de l’Algérie, Turquie, Pakistan, Palestine, Jordanie, Allemagne, Tunisie, Espagne, Pays-Bas et Egypte y ont pris part.

Crédits photos/ festival "Louss" international. 

©Cridem

Avec Cridem, comme si vous y étiez...


















 

 

14 novembre 2015

MAURITANIE: ARTISTE DU JOUR

Bakhan, l'Artiste du Jour

 

 

 

Bakhan est un artiste Mauritanien engagé qui mêle les influences sans complexe. Auteur, compositeur et interprète, il propose une musique originale, métissée et rythmée, nourrie d’influences ouest‐africaines et de la richesse culturelle de son pays, la Mauritanie. Le style et la voix extraordinaire de Bakhan sont remarqués en 2009 par le jury du Prix Découvertes RFI qui lui offre une place de finaliste parmi 400 musiciens de la scène musicale africaine.  Suite à cela, Bakhan autoproduit et réalise son premier album N’deysan à Paris fin 2010.  

 

 

 

 Issu d’une famille mauritanienne métissée, Bakhan écrit et chante en Wolof, Poulaar et Hassanya (arabe mauritanien). Il propose une musique mauritanienne moderne, fusion des richesses musicales d’Afrique de l’Ouest, teintées de funk, de soul et de blues, qui transcende les barrières ethniques et dépasse les genres. L’ensemble de ses compositions, animées d’espoir, naissent de son regard sur l’Afrique, le Monde et sa propre histoire. Né en 1981 à Rosso en Mauritanie, sur les rives du fleuve Sénégal, Cheikh Abdoulaye N’diaye dit Bakhan est issu d’une famille métissée mêlant les quatre ethnies majeures du pays : les Peul, les Maures, les Wolof et les Soninké. Ce métissage est à l’origine du profond désir qu’a Bakhan de valoriser la beauté de la culture mauritanienne à travers toutes ces composantes.

 

 

 

 

Il débute le chant à l'âge de 10 ans alors qu'il est réfugié avec sa famille au Sénégal, suite aux violences ethniques survenues en Mauritanie en 1989. Marqué à vie par la violence de ces évènements, Bakhan rêve d’une Mauritanie unifiée, pacifique et développée, message qu’il porte haut et fort à travers ses compositions. Après s’être exprimé à travers le rap de 1999 a 2003, Bakhan prend conscience que sa voix peut le porter plus loin. Il se tourne vers un univers instrumental et vocal qu'il construit et développe en puisant dans les richesses musicales de son pays. Il travaille avec de nombreux artistes mauritaniens dont la grande chanteuse mauresque Dimi Mint Abba, Sedoum, Hawa Djimera la diva de la chanson Soninké et d’autres encore. Sa passion pour les musiques africaines et l’écriture le confortent dans cette voie.   

 

 

Il construit son projet artistique autour d’un rêve : créer une musique mauritanienne moderne et promouvoir à travers elle, la culture et l'unité du peuple mauritanien. De 2006 à 2008 Bakhan met la scène entre parenthèses et se consacre à l’apprentissage et à l’échange. Avec peu de moyens, il parvient à suivre les cours du Département des Arts Scéniques de l’Ecole des Arts de Dakar, qui lui permettent de débuter le piano comme de se perfectionner à la guitare et aux percussions. En décembre 2008, Bakhan participe à l’atelier musical régional « Les voix du Sahel » organisé au Tchad, occasion de partager les richesses musicales de Mauritanie avec seize artistes africains de talent. En traversant l’Afrique, du Sénégal au Tchad en passant par le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Nigeria, Bakhan observe, échange et découvre ; une rencontre marquante avec la mère Afrique qui nourrit ses inspirations.

 

 

Avec pour bagage 10 ans d’expérience et une volonté féroce de faire connaitre sa musique, en avril 2009 Bakhan se lance un défi : participer au Prix Découvertes RFI. Il enregistre alors en deux mois sa maquette d’album à Dakar. Il décide également d’adopter son nom d’artiste, Bakhan, qui fut son deuxième prénom, perdu lors de son exil au Sénégal. Bakhan signifie la bonté en wolof.  Le pari est lancé. Alors qu’il est en France depuis trois semaines, Bakhan est sélectionné par le jury du Prix Découverte RFI, alors séduit par la voix et le style uniques de l’artiste. Lors de sa participation à la finale du Prix,  à Lomé au Togo, Bakhan montre qu’au‐delà de la puissance de sa voix et de ses mélodies, il est un homme de scène à l’énergie et  au charisme saisissants.  

 

 

 

 

C’est à partir de là que commence l’aventure parisienne qui l’amène à enregistrer son album N’deysan à Paris et à jouer sur de nombreuses scènes. Dans l’album N’deysan comme sur scène, Bakhan s’associe à des musiciens talentueux venant d’horizons divers qui contribuent avec passion à produire une musique énergique, puissante et universelle.

3 novembre 2015

FRANCE: Le Pen élue en 2017, ou le vertige de la mort

L'Express


 
Marine Le Pen à Senlis le 23 octobre 2015
© afp.com/ PHILIPPE HUGUEN Marine Le Pen à Senlis le 23 octobre 2015

Le FN peut gagner, le FN va gagner, le FN doit gagner: tel est le frisson de l'automne, la complaisance ultime d'un microcosme en manque de soufre, le bain de boue où se vautrent les perclus de la politique.

Le funeste pronostic concerne en apparence les élections régionales, et cette balafre brune qui pourrait défigurer le pays, le 13 décembre, non plus de Dunkerque à Tamanrasset, mais de Calais à Vintimille, en passant par Amiens, Reims, Mulhouse et Avignon. En réalité, les Cassandre évoquent un autre scrutin, se pourlèchent à imaginer un autre festin faisandé: une élection présidentielle gagnée par Marine Le Pen.

Une République qui fait bâiller

Les commentateurs ne sont pas les derniers à chercher l'étincelle dans cette politique-friction. Le Pen au pouvoir, c'est le 21 avril puissance 1000, c'est le souffle brûlant de l'Histoire dans les ailes des plumitifs, c'est le moment de vérité où l'on doit choisir: résister ou collaborer, agir ou regarder. Il est tentant de sortir d'un débat national appauvri, sans grande figure ni grandes idées, par un accident démocratique majeur.

Pour les idéalistes, ce serait là l'occasion de débusquer les opportunistes, emportés par la violence du moment, et de distinguer les vrais meneurs de demain; sans comparaison excessive, ceux-là songent qu'il faut un 10 mai 1940 pour connaître un 18 Juin. Pour les cyniques, il s'agit uniquement de relancer le show du pouvoir dans une République qui fait bâiller à l'approche de sa soixantième saison: si les méchants gagnent, le public reviendra.

Au sein des professionnels de la politique, les hiérarques, sous-chefs et porte-serviettes des partis politiques sont encore plus atteints par ce vertige de la mort - en l'occurrence, celle de leurs formations. Et chaque camp, bien sûr, considère que la peste ne ravagera que l'ennemi.

Ainsi, la gauche, après avoir conquis ou gardé tant de fiefs grâce au FN et à l'"effet triangulaire", estime que la victoire du Front, allié bien sûr avec de nombreux renégats de la droite républicaine, la relancera. En effet, le combat électoral opposerait alors les affidés de l'ordre réactionnaire aux tenants du progressisme tolérant, dans un schéma binaire qui coaliserait autour du PS les centristes apeurés, les gaullistes dépités et toute la gauche radicale, moralement contrainte à l'unité. On comprend que le cauchemar FN puisse être le rêve de la Rue de Solferino...

A l'inverse, la droite parie que l'élection de Marine Le Pen, en conclusion d'un quinquennat Hollande dont le désastre muterait ainsi en tragédie, discréditerait à jamais le socialisme. Alors, la gauche pulvérisée vivoterait en chapelles et groupuscules, laissant droite et centre partir à la reconquête. Le PS, après avoir abandonné l'électorat populaire au FN, verrait les bobos rejoindre le parti "républicain-démocrate", et ne conserverait que quelques nostalgiques de Karl Marx et de Che Guevara. On comprend que le cauchemar FN puisse être le rêve de la Rue de Vaugirard... 

L'union d'un FN dédiabolisé et d'une droite décomplexée

Plus pervers, certains, à droite, veulent la victoire du lepénisme sans Le Pen, par une digestion des idées et une éviction des personnes. C'est ce qu'a tenté, notamment, Nicolas Sarkozy au second tour de la présidentielle 2012, c'est ce que recommande le trio de "démons" dont L'Express dévoile cette semaine la stratégie. Ils veulent graver leurs revendications dans le disque dur du vainqueur de la primaire des Républicains, et travaillent à l'union d'un FN dédiabolisé et d'une droite décomplexée.

Mais le plus inquiétant n'est pas dans les fantasmes dégoulinant d'adrénaline des éditorialistes, ni dans le machiavélisme aux allures de roulette russe des apparatchiks: il est au coeur de la nation, au sein du peuple français, où s'enracine désormais la tentation FN. Les plus nombreux veulent punir et chasser les politicards, certains souhaitent pour le pays une purge autoritaire, sécuritaire et xénophobe, un "chacun chez soi" au blindage d'ordre et aux barbelés d'intolérance.

Quelques-uns, enfin, aspirent carrément à un effondrement du pays, une nouvelle "divine surprise", une nuit purificatrice, une catharsis. A ces Français-là, comme à tous ceux qui se résignent à, souhaitent ou pronostiquent l'élection de Marine Le Pen à la présidence, il faut rappeler qu'au fil de l'Histoire la France n'est jamais morte, mais qu'elle s'est parfois suicidée.

1 novembre 2015

FRANCE RACISME REPUBLICAIN: Lettre ouverte d'un nageur français à Nadine Morano

Pedurand Morano© ICON SPORT/Reuters Pedurand Morano

La lettre adressée par le nageur français Ganesh Pedurand à Nadine Morano suite aux récents propos de l'ancienne ministre.

"La France est un pays judéo-chrétien de race blanche"."Une phrase prétendument empruntée au Général de Gaulle pour justifier la perpétuation d’un racisme quotidien anodin. Une phrase qui entretient cette idée qu’un français qui n’est pas blanc et judéo-chrétien n’est pas tout à fait un français.Entendre ceci de la bouche d’une ancienne Secrétaire d’Etat de la famille et de la solidarité me consterne profondément.Je me permets Madame la députée européenne de vous conseiller d’allumer votre télévision ou simplement de vous rendre au bord d’un bassin, dans un stade ou le long d’un tatami. Vous vous rendrez compte Madame, que la France n’a ni couleur ni religion.Lorsqu’un sportif aborde une compétition internationale, il vient sublimer l’art qu’il pratique au quotidien. Il vient avec l’intention de gagner, de se dépasser, de livrer corps et âme dans une âpre bataille.Mais il vient surtout représenter son pays, sa patrie, sa nation. Il est fier. Fier de porter haut les couleurs du drapeau tricolore.Croyez vous Mme Morano que Teddy Riner s’est demandé s’il n’était pas trop noir pour être français lorsqu’il a conquis chacun de ses huit titres mondiaux en judo ? Croyez-vous Madame Morano que Zinedine Zidane s’est demandé s’il convenait au standard que vous définissez lorsqu’il a marqué deux buts en finale de la Coupe du Monde de football 1998 ?Avez-vous souvenir d’un tel rassemblement populaire depuis cette victoire emblématique ?Qu’en est-il de Brahim Asloum ? Laura Flessel ? Paul Pogba ? Karim Benzema ? Coralie Balmy ? Mehdy Metella ?Pour ma part, le long de ma modeste carrière internationale, j’ai eu l’occasion de représenter la France lors de plusieurs compétitions à travers le monde. Et à chaque fois, l’exaltation était la même. Le plaisir démesuré. Certes, avoir une couleur de peau différente de celle de la plupart de mes adversaires m’a convaincu que j’avais peut-être plus de choses à prouver. Et cela m’a parfois permis de réaliser des performances dont je ne me pensais pas capable.Néanmoins, lorsque j’étais sur le plot de départ, dans l’eau en train de me battre ou sur un podium, le drapeau tricolore ondulait dans mon esprit autant que dans mon âme. Chaque fois que j’ai eu l’opportunité d’entendre une Marseillaise, elle a résonné jusqu’au fond de mes entrailles, me rappelant comment, à leur époque, d’autres hommes se sont battus pour bâtir la France.Alors non Mme Morano, je me refuse à accepter ce genre de déclaration venant de personnalités politiques comme vous. Que le buzz vous fasse exister ou non, vous ne pouvez vous permettre ce genre d’égarement qui rend crédible le discours du Front National. La France d’aujourd’hui n’est plus un pays judéo-chrétien de race blanche mais un pays laïque d’origine multi-culturelle dont le sport est la meilleure preuve que les successions d’immigrés et d’anciens colonisés ne sont pas des envahisseurs, mais un apport bénéfique à notre société.

La France n’est pas que blanche. Elle est aussi bleue et rouge. Souvenez vous du perron de l’Elysée. Le drapeau tricolore figurait en bonne place."

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29 octobre 2015

FRANCE: QUI PEUT SE MOQUER DES JUIFS ?

Le racisme

Un bien bel article de Guy Konopnicki, au mois de Janvier, dans l’hebdomadaire "Marianne" :

AVEC DESPROGES, ON POUVAIT RIRE DES JUIFS, ET MÊME DE LA SHOAH

Les défenseurs de Dieudonné font mine de s’étonner. Pourquoi Pierre Desproges n’a-t-il pas encouru les foudres de la censure, lui qui, en son temps, avait osé se moquer des juifs ? La vidéo de ce spectacle, disponible sur YouTube, suffit à faire entendre la différence. Pierre Desproges se rit de certains comportements juifs, tout en ridiculisant l’antisémitisme. Son humour décapant n’altère jamais son humanité, il ne cherche jamais à provoquer la jouissance du spectateur en réveillant ses haines. Il l’interpelle et lui fait partager son inquiétude et sa fragilité. Il se trouve que je faisais partie de ces juifs qui s’étaient glissés dans la salle au premier soir de ce spectacle mémorable. Nous avions deux amis communs que je retrouverai, plus tard, à Marianne…

Odile Grand et Bernard Morrot avaient connu Desproges en jeune journaliste transformant la moindre brève en friandise des mots. Ils l’avaient encouragé à monter sur scène, ce qui n’était pas un mince exploit pour ce grand timide qui ne demandait qu’à disparaître dans le trou du souffleur. Le sketch fameux sur les juifs doit tout à l’amitié de Pierre Desproges et d’Odile Grand. Ils partageaient l’anticonformisme, le vrai, et l’amour des mots. Odile n’avait jamais oublié cette étoile qu’on lui avait imposée, enfant. C’est le titre de ses Mémoires, publiés par Anne Carrière, Couleur citron, côté cœur.

Elle parlait de cette tragédie avec une insolence rare que Desproges lui enviait. Un soir, Bernard Morrot, qui était mon patron, m’ordonna de l’accompagner à un dîner, sur le ton dont il usait pour me fixer la longueur et le délai de remise d’un article. Pas question de discuter. Odile tenait absolument à ma présence. Quand nous arrivâmes à ce rendez-vous dont j’ignorai l’objet, Pierre Desproges était attablé avec Odile Grand, dans un excellent bistrot de la rue Condorcet. Desproges préparait un spectacle, il se demandait s’il pouvait parler des juifs sans être cloué au pilori pour antisémitisme. En fait, j’étais convoqué comme cobaye ! Pierre Desproges entendait rire de tout, même de la souffrance, sans le moindre soupçon de mépris. Rien ne lui était plus étranger que le préjugé et la haine. Il ne supportait pas, non plus, de se sentir exclu par des juifs se réservant le privilège de l’humour sur eux-mêmes. Quelques jours plus tard, sur scène, il démontra avec brio qu’il était capable de faire de l’humour juif. Et, décidément, cela n’avait rien de commun avec les radotages haineux d’un Dieudonné, enfilant sans le moindre humour les poncifs de l’antisémitisme vulgaire. Mais Pierre Desproges était, lui, un humoriste qui s’adressait à l’intelligence et non aux pulsions de bas étage.

Guy Konopnicki.

 

Réquisitoire contre Siné



Françaises, Français, 
Belges, Belges, 
Bougnoules,Bougnoules, 
Fascistes de droite, Fascistes de gauche, 
Mon président, mon chien, 
Monsieur l’avocat le plus bas d’Inter, 
Mesdames et messieurs les jurés 
Public chéri mon amour, 
Bonjour ma colère, salut ma hargne et mon courroux… coucou


L’homme qui stagne aujourd’hui sur ce ban de l’infamie où le cul du gratin s’écrasa avant le sien, cet homme, mesdames et messieurs les jurés, ce morne quinquagénaire gorgé de vin rouge et boursouflé d’idées reçues, présente à nos yeux blasés qui en ont tant vu qu’ils sont devenus gris, la particularité singulière, bonjour les pléonasmes, d’être le seul gauchiste d’extrême droite de France. 
Xénophobe même avec les étrangers, rebonjour, masquant tant bien que mal un antisémitisme de garçon de bain poujadiste sous le masque ambigu de l’antisionisme propalestinien, misogyne jusqu’à souffler dans sa femme pour économiser sa poupée gonflable, pardon Catherine, plus primaire encore dans son anticommunisme que les asticots moscovites présentement occupés à bouffer Brejnev de l’intérieur, Siné, la baguette sous le bras, et le béret sur la tête comme un Guevara de gouttière va sa vie à petits pas, tel un super Dupont mou, plongeant mollement dans le fluide glacé de son troisième âge.

Suite du Réquisitoire contre Siné

(…) Tel Tino Rossi pétrifié dans le Marinella roucolophonique depuis les accords de Munich, Siné s’est figé depuis deux décennies dans les mêmes petits clichés franchouillards de gauche où s’enlisent encore les laïcs hystériques de l’entre-deux guerres et les bigots soixante-huitards sclérosés que leur presbytie du cortex pousse à croire, contre vents et marées, que le Canard Enchaîné est toujours un journal anarchiste, et le gauchisme encore une impertinence. 
En 1963, Siné imitait le corbeau, à l’envol de la moindre soutane. Vingt ans plus tard, Siné continue d’imiter le corbeau à la sortie des presbytères, mais les curés ne portent plus de soutane, et qui c’est qu’a l’air d’un con à faire croa-croa au passage d’un bodygraph?

La constante dans l’œuvre de Siné, mesdames et messieurs les jurés, c’est que cet homme ne connaît pas le doute. De même que Michel Jobert pauvre puce ministrable sait que les Français n’ont pas besoin de magnétoscope, Siné sait que les curés sont tous des salauds. Siné sait que les riches sont tous méchants et cons, et que les pauvres sont tous gentils, et cons. Grâce à quoi il peut se permettre de fourrer le moine Raspoutine et Mère Teresa dans le même sac à corbeaux, ou l’abbé Pierre et le curé d’Uruffe sous la même calotte.
En ce qui me concerne, mesdames et messieurs les jurés, et ce qui me concerne me passionne autant que m’indiffère ce qui vous concerne, c’est vous dire, en ce qui me concerne, j’ai toujours été fasciné par les détenteurs de vérité qui, débarrassés du doute, peuvent se permettre de se jeter tête baissée dans tous les combats que leur dicte la tranquille assurance de leur certitude aveugle. Non-voyante, devrais-je dire. Pardon aux obturés du globe.

Malheureusement, j’ai le regret d’avoir à vous le dire, monsieur Siné, mais cette vertu sereine d’où se dresse quiconque croit détenir LA vérité, cette mâle assurance qui distingue le fort du faible, la bête humaine du Pierrot sentimental et, en un mot, l’homme de l’enfant, cette vertu n’existe pleinement à l’état fonctionnel que chez une seule catégorie d’êtres humains chez qui on l’exige avant de leur confier nos vies et nos frontières, et ces êtres humains, ce sont les militaires. 
Vous êtes un militaire, Siné. Vous êtes un sergent. Vous connaissez l’ennemi, tacatacatac, qu’on vous file un tromblon à la place de votre feutre à Mickeys, et tacatacatac, vous allez tuer, détruire, écharper. Vous êtes de ces pacifistes bardés de grenades et de bons sentiments prêts à éventrer quiconque n’est pas pour la non violence.
Que vous le vouliez ou non, quelque chose en vous évoque ces bigots du manichéisme pour qui la guerre de 14-18, c’est la guerre entre les méchants Allemands et les gentils Français. Et non pas, comme l’a dit l’autre jour un petit garçon de 10 ans, dans l’émission de Michel Polac où vous graffitez chaque semaine, « La guerre contre les Allemands et les Français. » (…)

 

Éditions du Seuil, Tôt ou Tard / 

Les Juifs

On me dit que des Juifs se sont glissés dans la salle ?
Vous pouvez rester. N’empêche que.On ne m’ôtera pas de l’idée que, pendant la dernière guerre mondiale, de nombreux juifs ont eu une attitude carrément hostile à l’égard du régime nazi.Il est vrai que les Allemands, de leur côté, cachaient mal une certaine antipathie à l’égard des juifs.
Ce n’était pas une raison pour exacerber cette antipathie en arborant une étoile à sa veste pour bien montrer qu’on n’est pas n’importe qui, qu’on est le peuple élu, et pourquoi j’irais pointer au vélodrome d’hiver, et qu’est-ce que c’est que ce wagon sans banquette, et j’irai aux douches si je veux… Quelle suffisance !
Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Je n’ai personnellement aucune animosité particulière contre ces gens-là.Bien au contraire. Je suis fier d’être citoyen de ce beau pays de France où les juifs courent toujours.
Je sais faire la part des choses. Je me méfie des rumeurs malveillantes. Quand on me dit que si les juifs allaient en si grand nombre à Auschwitz, c’est parce que c’était gratuit, je pouffe.

 

Textes de scène / Editions du Seuil, Tôt ou tard / 

Les références de Pierre...


Dessin : Mahi Grand (http://mahigrand.net/)

« Les racistes sont des gens qui se trompent de colère. »
Léopold Sédar Senghor

«Moins le Blanc est intelligent, plus le Noir lui paraît bête.»
André Gide

«Le patriotisme, c’est l’amour des siens. Le nationalisme, c’est la haine des autres.»
Romain Gary

«Le jour où moi, juif, je serai traité de con, je saurai que c’est la fin de l’antisémitisme.»
Pierre Dac

« Il y a de plus en plus d’étrangers dans le monde.»
Luis Régo

Peut-on rire de tout, peut-on rire avec tout le monde ?

A la première question, je répondrais oui sans hésiter, et je répondrais même oui, sans les avoir consultés, pour mes coreligionnaires en subversions radiophoniques, Luis Rego et Claude Villers.

S’il est vrai que l’humour est la politesse du désespoir, s’il est vrai que le rire, sacrilège blasphématoire que les bigots de toutes les chapelles taxent de vulgarité et de mauvais goût, s’il est vrai que ce rire-là peut parfois désacraliser la bêtise, exorciser les chagrins véritables et fustiger les angoisses mortelles, alors oui, on peut rire de tout, on doit rire de tout. De la guerre, de la misère et de la mort. Au reste, est-ce qu’elle se gêne, elle, la mort, pour se rire de nous ? Est-ce qu’elle ne pratique pas l’humour noir, elle, la mort ? Regardons s’agiter ces malheureux dans les usines, regardons gigoter ces hommes puissants boursouflés de leur importance, qui vivent à cent à l’heure. Ils se battent, ils courent, ils caracolent derrière leur vie, et tout d’un coup ça s’arrête, sans plus de raison que ça n’avait commencé, et le militant de base, le pompeux P.D. G., la princesse d’opérette, l’enfant qui jouait à la marelle dans les caniveaux de Beyrouth, toi aussi à qui je pense et qui a cru en Dieu jusqu’au bout de ton cancer, tous, tous nous sommes fauchés un jour par le croche-pied rigolard de la mort imbécile, et les droits de l’homme s’effacent devant les droits de l’asticot.


 

Réquisitoire contre Le Pen / Éditions du Seuil, Tôt ou Tard / 

Les rues de Paris ne sont plus sûres

Les rues de Paris ne sont plus sûres.
Dans certains quartiers chauds de la capitale, les Arabes n’osent plus sortir tout seul le soir.
Tenez, mon nouvel épicier, M. Rachid Cherquaoui, s’est fait agresser la nuit dernière dans le XVIIIé.
J’aime bien M. Rachid Cherquaoui.
Il est arrivé dans le quartier il y a six mois.
Il venait de racheter le fonds de commerce de M. et Mme Lefranc qui périclitait.
Il faut dire que, pendant les heures d’ouverture de l’épicerie, Mme Lefranc se faisait pétrir par le boulanger.
Tandis que M. Lefranc en profitait pour aller boucher la bouchère.
Le reste du temps l’épicier se ratatinait sur des enfilades de ballons de muscadet, au Rendez-vous montmartrois de la rue Caulaincourt, en compagnie de M. Leroy, le boucher.
Les deux hommes s’estimaient mutuellement.
Outre qu’ils vaquaient aux mêmes trous, ils avaient en commun une certaine idée de la France faite à la fois de fierté municipale, de foie régional et de front national.


 

Théâtre Grévin / Éditions du Seuil, Tôt ou Tard / 

Desproges vu par Philippe Meyer :

Pierre Desproges n’aimait pas les enfants. Ni les femmes. Ni les hommes. Ni les Auvergnats. Comment aurait-il pu ? Il savait d’expérience qu’il existe des enfants avares, des femmes lâches, des hommes garces et des Auvergnats capricieux. Pierre Desproges était un être singulier. Je ne veux pas seulement dire qu’il ne ressemblait à personne, mais aussi qu’il pensait, sentait, aimait, rejetait au cas par cas. Il n’était pas antiraciste. Il était a-raciste. (Pour ceux et celles qui auraient fait leurs études sous Jack Lang, le a- de a-raciste vient de l’alpha privatif grec et signifie l’absence). 
« Le pluriel ne vaut rien à l’homme », chantait son cher Brassens. C’est l’une des rares choses dont Pierre était sûr, lui qui cultivait le doute et qui abominait ceux qui moulinaient des certitudes. On regrettera vivement que sa veuve et ses orphelines n’aient pas pensé, lors de l’autopsie, à faire vérifier que l’incapacité congénitale de leur seigneur et maître à penser par catégories ne venait pas d’une particularité physiologique rare, d’un gène peu répandu ou de l’excroissance de telle ou telle glande. On aurait pu tenter une greffe, réaliser une transplantation d’organe,entreprendre une manipulation génétique. L’incapacité congénitale à penser par catégories dont était atteint Desproges est, en effet, d’une rareté proportionnelle à son utilité et même à sa nécessité. Surtout ces temps-ci. 
Pierre Desproges particularisait. Ceux qui généralisent lui foutaient les jetons. C’est pourquoi il leur envoyait des flèches. Il en envoya une bordée à Anne Sinclair lorsqu’elle déclara qu’elle n’aurait pas pu aimer Ivan Levaï s’il n’avait pas été juif. Il entendait qu’Ivan Levaï puisse être ou devenir arabe, peau-rouge ou costarmoricain sans avoir à renoncer à l’amour d’Anne Sinclair. La pensée d’un monde où l’on se promènerait en fonction de son étiquette lui mettait la rate au court-bouillon. Et, comme il avait gardé de la culture limougeaude dont il était issu (la culture, pas la race) un réflexe de méfiance, il soupçonnait que, derrière la pensée par catégories, il y avait quelques manipulations qui profitaient à des profiteurs. Derrière les jeunophiles, il flairait l’avidité des marchands de marchandises. Bien avant la presse et les juges d’instruction, il avait observé parmi les amis auto-proclamés du genre humain des aigrefins ivres d’amour d’eux-mêmes, de goût de l’argent et du pouvoir. Parmi ceux-là, il avait repéré des antiracistes professionnels faisant carrière sur l’exhibition de leur belle âme. C’est qu’il avait l’œil, Pierre Desproges, et, comme je viens d’avoir l’honneur de vous le dire, un œil qui faisait le détail. Ce n’est que l’une des raisons pour lesquelles il nous manque.

Philippe Meyer / 

Desproges s’explique…


Je ne ris que des choses qui ne font pas rire, que des choses graves, entre autre, le racisme. Pris au premier degré, ça peut faire de la peine.

Europe 1 « Les N°1 de demain »
Une émission d’Olivier de Rincquesen




Bedos est l’honnête homme du musical. Je l’ai toujours aimé depuis que je l’ai vu avec Sophie Daumier. La seule chose que je regrette un peu, c’est qu’il soit engagé politiquement, sur une voie de garage. Il serait encore plus fort s’il se débarrassait de ça.
Mais il croit qu’il est de gauche. Moi je suis sûr de ne pas être de droite. C’est toute notre différence.

Catherine Degan, Le Soir, 28 novembre 84


Comment vis-tu l’intégrisme religieux ?
Oh ! là là. Ça me fait peur. Déjà la CGT qui manifeste dans la rue, j’ai peur, alors tu penses les mollahs…

La seule certitude que j’ai c’est d’être dans le doute
Entretien avec Yves Riou et Philippe Pouchain
Éditions du Seuil

 

29 octobre 2015

HISTOIRE DE L'AFRIQUE: Gérard Soete: « J’ai découpé Lumumba »

«J’ai découpé et dissous dans l’acide le corps de Lumumba . En pleine nuit africaine, nous avons commencé par nous saouler pour avoir du courage. On a écarté les corps. Le plus dur fut de les découper en morceaux, à la tronçonneuse, avant d’y verser de l’acide. Il n’en restait presque plus rien, seules quelques dents. Et l’odeur ! Je me suis lavé trois fois et je me sentais toujours sale comme un barbare». Ces mots sont ceux du Gérard Soete, prononcés le 15 mai 2002, quarante ans après la disparition du leader congolais Patrice Lumumba.

Gérard Soete, le belge qui a coupé le corps de Lumumba eb 34 morceaux à la troçonneuse. le 0034, c’est le code international de la Belgique

BRUGES (Belgique), 15 mai 2002 (AFP) – Près de quarante ans après l’assassinat de Patrice Lumumba, le Belge Gérard Soete vient enfin de se défaire d’un lourd secret : une nuit de janvier 1961, dans une puanteur d’acide sulfurique et de cadavres écartelés, il fit disparaître le corps du martyr congolais.

« Est-ce que la législation me le permettait ? », se demande-t-il aujourd’hui, à 80 ans et en bonne santé, dans son pavillon d’un faubourg résidentiel de Bruges (nord-ouest) où l’AFP l’a rencontré. « Pour sauver des milliers de personnes et maintenir le calme dans une situation explosive, je pense que nous avons bien fait », ajoute-t-il, en dépit de « la crise morale » qu’il doit avoir traversée après cette nuit « atroce ».

Le 17 janvier1961, sept mois après l’accession du Congo à l’indépendance, Patrice Lumumba, le premier chef de gouvernement du pays, était assassiné près d’Elisabethville (actuellement Lubumbashi, sud), capitale de la province alors sécessionniste du Katanga. Criblé de balles, son corps n’a jamais été retrouvé, pas plus que ceux de deux proches tués avec lui, Joseph Okito et Maurice Mpolo.

Selon l’auteur, le but de l’élimination était, en pleine guerre froide, de maintenir le Congo dans la sphère d’influence occidentale. La thèse a connu un tel écho qu’une commission d’enquête parlementaire belge, chargée d’éclaircir « l’implication éventuelle des responsables politiques belges » dans l’assassinat, a entamé ses travaux le 2 mai. Une commission qui auditionnera Gérard Soete, commissaire de police chargé à l’époque de mettre en place une « police nationale katangaise ».

Le Brugeois dut d’abord transporter les trois corps à 220 kilomètres du lieu d’exécution, pour les enfouir derrière une termitière, en pleine savane boisée. De retour à Elisabethville, il reçut cependant « l’ordre » du ministre de l’intérieur Katangais Godefroi Munongo de faire littéralement disparaître les cadavres. La popularité de Lumumba était telle que son cadavre restait en effet gênant. Le « pèlerinage » sur sa tombe pouvait raviver la lutte de ses partisans.

« Petit Gérard Soete de Bruges, je devais me débrouiller tout seul avec trois corps internationalement connus », résume-t-il aujourd’hui. « Toutes les autorités belges étaient sur place, et elles ne m’ont pas dit de ne rien faire », ajoute-t-il, avec un fort accent flamand. Accompagné d’ »un autre blanc » et de quelques congolais, épuisés « d’une scie à métaux, de deux grandes dames-jeannes et d’un fut d’acide sulfurique », il leur fallut toute la nuit, du 22 au 23 janvier, pour accomplir leur besogne.

« En pleine nuit africaine, nous avons commencé par nous saouler pour avoir du courage. On a écarté les corps. Le plus dur fut de les découper avant de verser l’acide », explique l’octogénaire. « Il n’en restait presque plus rien, seules quelques dents. Et l’odeur ! Je me suis lavé trois fois et je me sentais toujours sale comme un barbare », ajouté-t-il. De retour en Belgique après 1973, Gérard Soete qui conserve toujours un doigt, une dent (empaillés) et l’Alliance de P. Lumumba, contera cette terrible nuit dans un roman, « pour (se) soulager », mais sans livrer son nom.

Emmanuel Delouloy / negronews.fr

19 octobre 2015

GUINEE CONAKRY: Victoire annoncée d'Alpha Condé: voici la réaction de Thierno Monenembo...

PARIS-L'écrivain guinéen Thierno Monenembo  a réagi suite à la victoire annoncée du président Alpha Condé en Guinée.Très amer, cet écrivain explique les dessous de la victoire d'Alpha Condé et les erreurs commises par l'opposition. Explications...

En  Afrique, les comédies électorales  sont encore plus cocasses que les pitreries de Bokassa et d’Amin Dadda. On y meurt de rire au sens littéral du terme puisque hélas, les larmes de sang y submergent au moindre mouvement de foule celles, de joie. Les dernières présidentielles guinéennes en sont un exemple  édifiant en dépit du parti-pris de ceux-ci et de la fabulation de ceux-là.

Mais peut-on parler de mascarade quand le match est truqué d’avance, le score affiché avant l’ouverture du stade et le nom du vainqueur connu avec ou sans bulletin de vote ? Non, il n’y a eu ni problèmes techniques ni irrégularités dans cette élection. Tout a été programmé dans le moindre détail et avec un cynisme à faire frissonner la dépouille de Machiavel. Dès 2014, les ministres, les préfets, les sous-préfets ont reçu l’ordre de faire passer Alpha Condé coûte que coûte et dès le premier tour. Ils savaient, les pauvres que leur carrière dépendrait non pas de leur compétence mais du zèle qu’ils mettraient à s’y exécuter.

Monsieur Alpha Condé était « si sûr de sa victoire » qu’en violation de la loi, il a catégoriquement refusé que les élections municipales se passent avant les présidentielles. Normal, des délégués désignés par le pourvoir sont bien plus accommodants que des énergumènes bénéficiant de la légitimité des urnes ! Il était « si sûr de sa victoire », ce chouchou de la Françafrique, qu’il s’est opposé à l’assainissement de la liste électorale pourtant manifestement truffée d’erreurs et de malversations. Il a fait distribuer les cartes du même nom en fonction des bureaux de vote. Le taux de participation le prouve : plus de 90% dans les fiefs qui lui sont favorables, parfois moins de 40% ailleurs. Dans certains cas, à peine dix électeurs pouvaient effectivement voter.

Mais tout cela ne pouvait suffire tant la tâche s’avérait ardue au vu du bilan morose de son quinquennat. Pour que le tour fût joué, il fallait aussi distribuer des pots de vin, bourrer les urnes et surtout virer les petits curieux de l’opposition des bureaux de vote les plus sensibles. Bref, rien de nouveau dans le paysage politique africain malgré le discours de La Baule et les conférences nationales, malgré les nombreux martyrs de Conakry, de Ouagadougou et d’ailleurs ! Les élections d’aujourd’hui ont la même couleur et la même odeur qu’au temps de Mobutu, de Sékou et d’Eyadema. Les mêmes méthodes : l’ethno-stratégie et la fraude ! Le même discours : les fausses promesses et la calomnie ! Le même stupéfiant résultat : des scores à la soviétique.

A l’heure où nous écrivons ces lignes, les médias prévoient déjà un triomphe avoisinant les 60%. Ce qui serait tout simplement ridicule si l’on n’était en Afrique où justement le ridicule -dans les allées du pouvoir tout au moins- est si naturel qu’il tue dix fois plus que les épidémies.

Tout le monde (que l’on soit citoyen ou diplomate, journaliste ou politologue) sait que la configuration actuelle de l’électorat guinéen ne permet à personne (fût-il Alpha Condé ou Cellou Dalein Diallo !) de l’emporter régulièrement au premier tour. Nous sommes en 2015 ! Pinochet est mort ! Le mur de Belin est tombé ! Pol-Pot n’est plus ! Les systèmes politiques du monde entier convergent vers la démocratie, c’’st-à-dire vers la relativité du pouvoir ! Aujourd’hui, une élection au premier tour est forcément suspecte et celle à 60%, simplement abjecte !

 

Il faut être vraiment  cinglé pour imaginer le contraire ! Je ne sais pas si Alpha Condé est cinglé mais il est manifeste que comme tous les enfants gâtés, il n’a aucun sens des réalités. Oui, Alpha Condé est un enfant gâté ! Il est convaincu, le bougre, qu’il peut tout se permettre puisqu’il a l’armée avec lui, la Ceni et la Cour Suprême sous ses ordres, et cette funeste communauté internationale à ses petits soins. Il peut brûler le pays, falsifier la mémoire, démanteler les ethnies et même brûler le pays. Il sait qu’il a plein de chefs d’Etat véreux, de diplomates galeux et de journalistes lèchent-culs pour le couvrir et changer ses plus belles conneries en miracles de Lourdes.

Cette imposture électorale ne découragera personne, elle ne remettra pas en cause notre unité nationale multiséculaire et notre sens renommé de l’histoire. Alpha Condé et sa mafia internationale n’aiment ni les Malinkés ni les Peuls, ni les Soussous, ni les Guerzés, ni les Tomas ni les Kissis etc. C’est notre bauxite qu’ils convoitent. C’est notre mort collective qui les intéresse.

Non, mes chers compatriotes, ce jour n’est pas un jour de deuil. C’est le  matin d’un soleil nouveau où conscients du terrible danger qui nous guette, et des monumentales erreurs du passés, tous les Guinéens sont déterminés à changer leur sort dans l’unité et dans la paix autant que cette noble idée animera le camp adverse.

Beaucoup d’entre nous aurons malheureusement tendance à mettre cette simili-défaite sur le dos de l’opposition. Ces serait commettre une grave erreur. Partout où nos opposants se sont déplacés pour faire campagne, il n y a eu ni guerre ethnique ni chien écrasé. Au contraire à Nzérékoré comme à Conakry, c’est Alpha Condé soutenu par la mafia internationale qui a orchestré les violences. Par chance, l’histoire, aujourd’hui est filmée et tôt ou tard, tout cela sera enregistré dans la mémoire de nos descendants.

Je dois le reconnaître, notre opposition n’est pas idéale. Elle a un défaut, un gros défaut : elle est trop légaliste, trop démocrate dans un pays où ces notions passent pour des billevesées dans le camp présidentiel.

Oh, j’allais oublier, elle a un défaut encore plus grave à mon goût : elle croit trop en la communauté internationale, cette mafia sicilienne qui aide Alpha Condé à affûter le couteau acheté pour lui couper la gorge.

La Guinée est une République libre et indépendante. Elle ne sera jamais la salle de bain ni des puissances nucléaires ni des douteuses officines de New-York, d’ Haarlem ou d’Addis-Abeba.

Chers frères opposants, fermez la porte à cette saloperie d’internationale bureaucratique, tournez-vous vers votre peuple. Il n’existe pas d’autre solution quand on se trouve en face de gens sans vergogne, qui ne respectent rien : ni la loi ni la vie humaine, rien que leurs sordides intérêts.

C’est ce qu’a fait De Gaulle devant les nazis. C’est ce qu’a fait l’Algérie devant le colonisateur français. C’est ce qu’a fait la Tunisie devant Ben- Ali. C’est  ce qu’a fait le Burkina devant Compaoré.

Tierno Monénembo

13 octobre 2015

MAURITANIE : « NOS ANCÊTRES LES NOMADES », VISITE GUIDÉE DU MUSÉE NATIONAL

En très gros, l’homme est arrivé en Mauritanie il y a un million d’années, pour y devenir sapiens. Pour le savoir, il faut dénicher le Musée national que recommandent « Le Guide du routard », « Le Petit Futé » et « Lonely Planet ».ÀNouakchott, aucun chauffeur de taxi ne semble connaître ce haut lieu de culture. Heureusement, Google Maps permet de pallier cette ignorance et d’arriver au pied d’un bâtiment massif construit par les Chinois et abritant aussi la Bibliothèque nationale, le Centre de conservation des manuscrits et l’Institut de recherche scientifique.

Le gardien ouvre la première salle du rez-de-chaussée à l’unique visiteur de l’après-midi que je suis. Il n’y a plus qu’à passer en revue, de vitrines en panneaux, les différents âges de l’humanité, au temps où le Sahara fleurissait pour le bonheur des hommes.

Un peu comme les historiens français ont mythifié « nos ancêtres les Gaulois », les conservateurs mauritaniens mettent en scène « nos pères les nomades »

C’est chiche, très académique, mais parlant : moustérien, atérien, épipaléolithique et néolithique livrent leurs « galets aménagés », leurs bifaces qui permettaient de tuer et de dépecer le gibier, puis les poteries trouvées dans les tombes, les œufs d’autruche, les parures et les gravures rupestres. L’élevage et l’agriculture arrivent plus tardivement que dans le reste de l’Afrique du Nord. Il y a sept mille ans ? Cinq mille ans ?… C’est à peu près le moment où l’océan s’est élevé de 100 mètres en dix mille ans, noyant sous ses eaux le site de l’actuelle Nouakchott, avant de se retirer.

Les muséologues ont ensuite choisi d’abréger la descente des millénaires. On saute d’un coup de la culture de Tichitt, entre 4000 et 2000 avant J.-C., à celle de l’Awdaghost (Tegdaoust), environ huit cents ans de notre ère, puis à l’empire de Ghana (Koumbi Saleh), vers l’an 1000. Les vues de Chinguetti, Ouadane, Rachid, Ksar el-Barka exhibent leurs belles architectures, et les vitrines, leurs poteries et leurs monnaies (plumes d’autruche, fibres de cuivre, sel gemme, cauris). Plus loin, tout devient quelque peu bric-à-brac : ouvrages religieux, balles de mousquets et, pour finir, une cotte de mailles almoravide.

Nos pères les nomades

À propos d’Almoravides, citons le commentaire affiché : « Awdaghost […] semblait subir l’influence du Ghana. Elle en sera libérée en 1054 par les Almoravides. » Awdaghost « libérée » ? Cet anachronisme ne saurait mieux illustrer le parti pris de camper, au propre comme au figuré, les Maures au centre de l’Histoire. Un peu comme les historiens français ont mythifié « nos ancêtres les Gaulois », les conservateurs mauritaniens mettent en scène « nos pères les nomades ». Arabes ? Berbères ? En tout cas pas vraiment négro-africains.

L’exposition du premier étage le confirme. Elle mériterait des explications moins sommaires mais présente joliment les bagages de la tribu et les palanquins des femmes que l’on perchait sur les dromadaires. Il y a les bijoux et la pharmacopée, les outils des forgerons et des tisserands, les ustensiles pour dénoyauter les dattes, les outres pour conserver l’eau si précieuse.

Un modèle réduit de tente bédouine est prêt à accueillir l’hôte de cette autarcie rêvée. Là encore, la visite se termine en capharnaüm, avec une peau de crocodile venue d’on ne sait où, des calebasses et quelques pétoires. L’aménagement intérieur d’une maison de poupée fabriquée à Oualata gagnerait pourtant à être expliqué pour faire comprendre au béotien comment vivaient les nomades qui ont quitté leurs « semelles de vent » et sont devenus sédentaires.

La nostalgie et le mythe qui ont présidé à cette muséographie nuisent à la compréhension de la mosaïque millénaire qu’est la très, très jeune Mauritanie. Dommage.

Musée national, rue Mohamed-el-Habib, à deux blocs de l’immeuble de la BMCI, au sud de la nationale 2. Entrée : 2 500 ouguiyas (7 euros).

par Alain FaujasAlain Faujas est spécialisé en macro-économie (mondiale et tous pays) ainsi qu’en politique intérieure française.

 

Source : jeuneafrique.com

10 octobre 2015

AFRIQUE Les Congolais ne veulent plus de Sassou... La diplomatie s’en accommode

22 septembre 2015 par Fabrice TarritGuillaume Desgranges

 

Tribune. Le dictateur congolais Sassou Nguesso vient d’annoncer ce mardi 22 septembre son intention d’organiser un referendum pour modifier la Constitution qui lui interdit de rester au pouvoir. Nous mettons donc en ligne cette tribune de Guillaume Desgranges et Fabrice Tarrit, administrateur et président de l’association Survie, écrite avant cette annonce et qui était sur le point d’être publiée.

Samedi 5 septembre, Anne Hidalgo s’est rendue à Brazzaville en marge des Jeux Africains. À cette occasion, elle a rencontré le président de ce petit État pétrolier, Denis Sassou Nguesso, un criminel notoire. Cette entrevue entre la maire de Paris et le dictateur congolais s’inscrit pour ce dernier dans le prolongement d’une séquence diplomatique chargée, après l’accueil le 22 juillet du ministre de la Défense Jean-Yves le Drian et une rencontre à Paris quinze jours plus tôt avec Manuel Valls et François Hollande. Une séquence visant à donner l’image d’un dirigeant normal, dans un pays politiquement stable, à la veille d’élections présidentielles tendues, prévues en 2016. 
Quelques rappels historiques s’imposent sur la funeste carrière de l’homme fort du Congo-Brazzaville, parvenu au pouvoir dès 1979, après avoir dirigé les services secrets congolais. Après douze ans d’une dictature sanguinaire, en 1991, la population excédée convoque une Conférence nationale souveraine, véritables États généraux congolais, et obtient des élections incontestées. Les privilèges des compagnies françaises sont remis en cause, en particulier le monopole d’Elf. Après cinq années de complots, Sassou reconquiert le pouvoir par les armes, avec un incontestable soutien français. Car nul ne s’en cache, Denis Sassou Nguesso est l’homme de la France au Congo. 
La litanie d’exactions qui suit est insoutenable, qu’il suffise d’évoquer le massacre de centaines de réfugiés sur l’embarcadère du Beach, le pillage de Brazzaville fin 97, ou le nettoyage ethnique organisé dans la région du Pool, supposée insoumise. On peut qualifier sans risque Denis Sassou Nguesso de criminel de guerre, et de criminel contre l’humanité comme l’a fait François-Xavier Verschave en 2000 dans l’ouvrage Noir Silence, qui lui vaudra de remporter un procès pour offense à chef d’État intenté par Sassou. 
Aujourd’hui le Congo est en proie à de vives tensions politiques, à l’approche d’une présidentielle prévue mi-2016, à laquelle selon la Constitution congolaise, Sassou ne peut se représenter. Le clan présidentiel n’ayant aujourd’hui aucun intérêt à prendre le risque de l’alternance démocratique, un passage en force est en train de se tramer : Sassou doit à tout prix obtenir la modification constitutionnelle et s’apprête à faire au monde le coup du vieux politicien rappelé bien malgré lui au pouvoir par plébiscite [1]. Malgré les intimidations, les arrestations arbitraires, la torture, une résistance se structure et organise meetings et campagnes. Lors du dialogue national alternatif en juillet, plus de 600 personnalités congolaises se sont réunies pour préparer l’opposition au coup d’État constitutionnel. 
Vu le parcours du personnage, on ne peut donc que s’indigner de voir aujourd’hui des dirigeants français serrer la main de Sassou Nguesso comme s’il s’agissait d’ un président « normal » ou soutenir, comme l’a fait implicitement l’homme d’affaires Jean-Yves Ollivier dans le journal La Croixle 26 août, qu’il faut s’accommoder de voir cet homme perdurer au pouvoir parce qu’il serait un homme fort qui garantirait la stabilité du pays. La diplomatie française ne s’est-elle pas gargarisée de cette pseudo stabilité pendant des décennies pour justifier son soutien au Tunisien Ben Ali ou au Burkinabè Blaise Compaoré, avant que ceux-ci ne soient chassés par leur peuple ? Si le Congo est en apparence stable depuis plusieurs années, la Constitution présidentielle imposée en 2002 ayant permis l’organisation supposément « régulière » d’élections grossièrement truquées, les ressources (principalement le pétrole et le bois) du pays restent exploitées dans des conditions lamentables au profit de quelques grandes compagnies et du clan présidentiel en place, dont le patrimoine est démesuré – et visé en France par l’affaire des Biens mal acquis. Quant à la population de ce pays riche, elle est l’une des plus pauvres du monde : 57 % vit avec moins de deux dollars par jour. Aujourd’hui, au Congo comme en France, ceux qui, complètement à rebours de l’Histoire, veulent faire de Sassou un homme respectable, se compromettent donc avec une dictature définitivement indéfendable.

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