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LE PANAFRICANISME NOUVEAU
11 juillet 2014

LES ÉVÉNEMENTS DE 1989 EN MAURITANIE ET L'UTILISATION DES HARATINE

Les événements de 1989 en Mauritanie constituent la plus grande tragédie post-coloniale: 
Les Négro-mauritaniens ( Hal Pulaar, Soninké, Wolof, Bambara et Haratine assimilés1 ) ont été visés par cette politique de nettoyage ethnique, d'extorsions de biens, de confiscations des terres et de déportations. Les victimes civiles et militaires en Mauritanie , consécutives à cette politique de l'Etat, appartenaient toutes à cette communauté. 
L'Etat mauritanien et les nationalistes arabes et berbères avaient pour but de punir sévèrement les insoumis et d'étouffer les revendications identitaires. 
Les Haratine ont été instrumentalisés : largement utilisés comme force de frappe contre les ennemis du moment, ils ne sont ni les initiateurs ni les bénéficiaires de cette politique d'exclusion. 
Les Maures étaient les concepteurs et les principaux bénéficiaires de cette politique de nettoyage. Les forces de l'ordre et les civils encadraient les Haratine et d'autres maures afin de les inciter à exécuter les sales besognes que sont les tueries et les pillages. 
Les autorités mauritaniennes « ont armé » les Haratine, en les exposant à un ennemi qui n'est pas le leur. Mais dès que les premiers signes de la paix sont apparus, les armes ont été retirées des mains des Haratine. Ces derniers ne détiennent les armes qu'en cas de nécessité. 
Le retour du balancier au Sénégal du fait de la vengeance des mauritaniens et des sénégalais, victimes des événements de 1989, a touché essentiellement les Haratine. D'abord, et dans un premier temps, les Haratine mauritaniens vivant au Sénégal et les sénégalais haratine ont été épargnés par les tueries et les pillages. Ensuite, lorsque les premiers évacués sénégalais et mauritaniens arrivaient au Sénégal, des informations ont été diffusées selon lesquelles les Haratine ont joué un rôle déterminant dans les massacres, les blessures.... A partir de ce moment, les Haratine sont devenus une cible privilégiée et beaucoup d'entre eux ont été froidement exécutés. L’avenue Bourguiba à Dakar a symbolisé la vengeance contre les Haratine de Mauritanie. En effet, elle s'est transformée en un torrent de sang haratine. Partout dans la capitale sénégalaise et ailleurs, l'opération de nettoyage a continué. A ce sujet, citons Wikipédia : « ... des maures noirs brûles vifs dans leurs fours servant de dibiteries (mechoui) »2. 
Dakar n'est pas le seul lieu où la haine s'est déchaînée contre les Haratine. Il y a aussi Kaolack, Tivaoune...etc 
Certain sénégalais se vantent de cette riposte aux faits commis contre leurs ressortissants en Mauritanie. 
La manipulation politique contre les Haratine ne s'est pas limitée à la Mauritanie. Elle s'est étendue au Sénégal. 
L'Etat mauritanien a mis en scène une simulation dont l'acteur principal est Bilal ould Werzeg, de statut haratine3 et 1er conseiller à l'ambassade. L'intéressé a été présenté comme la victime d'une attaque de l'ambassade de Mauritanie à Dakar par une horde de sénégalais. Cette initiative vise à impliquer davantage les Haratine contre les Sénégalais et vice-versa. Par cet acte, le pouvoir en Mauritanie a contribué à une animosité supplémentaire et jette les Haratine aux représailles des Sénégalais. 
L'implication des Haratine permet aux Maures de se dédouaner de leurs responsabilités au moment opportun. Afin de préparer le repli étatique ou celui des Maures ( les deux sont ici inséparables), les chefs religieux et d'autres4 ont porté assistance aux Sénégalais et aux Négro-Mauritaniens pendant les journées braises de 1989. En écho, leurs homologues sénégalais ont rassemblé des Mauritaniens pour les protéger. On sait que les confréries religieuses avaient des intérêts transfrontaliers. L'idée que seuls les Haratine ont commis des méfaits a fait son chemin. Cette attitude arrangeait tout le monde en Mauritanie et au Sénégal. En effet, la participation des Haratine aux massacres a constitué un élément auquel viennent se greffer les pratiques traditionnelles dans les féodalités maures et négro-mauritaniennes. Jadis et ceci demeure une réalité, les aristocraties imputent la responsabilité des événements négatifs aux personnes de statut inférieur. 
L'adage maure vient le confirmer : « Ib-led vih Ë Soudane ma yinkichfou vih el bidhane » ce qui veut dire « là où il y a les Noirs – ici les Haratine – les Maures ne peuvent être affectés par le déshonneur » 
Une autre revanche va s'abattre sur les Haratine habitant la rive mauritanienne du fleuve sénégal. Les Négro-mauritaniens expulsés ont mené des tentatives en vue de récupérer leurs biens spoliés. Souvent, ils connaissaient leurs bourreaux et réussissaient leurs entreprises. Parfois, cette vengeance était aveugle et visait des innocents qui perdent ainsi leurs vies et leurs fortunes. A cela, il faut ajouter la lutte politique menée contre l'Etat mauritanien sur une période d'environ trois ans (1989-1992), par les FLAM, qui a elle aussi, fait des victimes haratine. En effet, historiquement, les Haratine étaient concentrés dans la Vallée du fleuve pour répondre aux besoins économiques de la féodalité maure par l'agriculture. Les événements de 1989 ont suscité un surplus de travail à la communauté haratine qui, outre l'utilité économique, va constituer un bouclier sécuritaire. C'est pourquoi ils sont les premiers à recevoir les coups et à en mourir. Les Maures se mettaient loin, à l'abri. 
Les Haratine en Mauritanie mis en danger de mort pour protéger les Maures , ont-ils été indemnisés ? L'Etat mauritanien a t-il dédommagé les haratine mauritaniens expulsés du Sénégal ? L'Etat sénégalais a t-il indemnisé les Haratine sénégalais ? Bien sûr que non. Ils ont non seulement perdu leur vie, leurs cheptels mais aussi, leur considération et leur dignité. 
Voilà ce qu'est une bonne récolte. Au-delà de la Vallée du fleuve Sénégal, les Haratine jouent un rôle de bouclier sur toutes les frontières de Mauritanie. 
A l'ouest, sur l'océan atlantique, tout au long de la côte atlantique, les Haratine pratiquent la pêche et cela, au service des Maures. Pour compenser leurs carences alimentaires, les Maures faisaient et font toujours « el gueïtnë » au bord de l'océan ( séjour dans un lieu pour avoir à disposition un produit ou une denrée ). 
Au nord, les Haratine s'occupent du gardiennage des animaux, de leur abreuvage et des transhumances à la recherche des pâturages. Il convient d'y rajouter l'entretien des palmeraies. L'arrosage par le biais des puits des palmiers est excessivement épuisant ainsi que le ramassage des dattes qu'apprécient beaucoup les Maures. En vue de disposer des dattes, les Maures pratiquent el gueïtnë au nord comme à l'ouest pour le poisson. 
A l'est, les Haratine remplissent les mêmes fonctions qu'au nord. Par leur emplacement géographique conçu par les Maures, ils constituent un rempart contre leurs maîtres ou anciens maîtres. 
Les Maures étaient quasiment les seuls bénéficiaires des retombées politiques et économiques de cette entreprise d'exclusion. Ils sont aussi les moins touchés par ses conséquences négatives en Mauritanie. 
En termes de biens, les Maures du Sénégal ont beaucoup perdu. Par le commerce de détail et de demi-gros, ils couvraient la quasi-totalité du territoire sénégalais. Les haratine détenaient aussi une partie du commerce au sénégal. Ils étaient surtout des vendeurs d'eau, des colporteurs de marchandises ( Teïvaye), les tenanciers de mechoui...etc 
En vies humaines, les Maures ont subi des pertes mais probablement moins que les Haratine pour les raisons que voici : 
ils étaient plus informés de l'évolution de la tension entre les deux pays et ainsi ils se sont repliés plus tôt en Mauritanie. 
Leurs apports aux événements de 1989 relevaient surtout de l'ordre conceptuel et idéologique y compris au Sénégal. Ils étaient des concepteurs, des encadreurs et des donneurs d'ordre. 

Aucun soulèvement de masse de la part des populations maures ou haratine n'a eu lieu à l'encontre des Négro-mauritaniens. Cette œuvre a été orchestrée par l'État, ses agents et les Nationalistes arabes et berbères. 
De nombreux témoignages confirment la solidarité, toutes ethnies confondues, entre les populations, côté mauritanien. Il en est de même au Sénégal. 
A.H.M.E propose une commission d'enquêtes sénégalo-mauritanienne où toutes les victimes seront représentées. Celle-ci fera la lumière sur ce qui s'est passé des deux côtés ( Mauritanie- Sénégal ) et des réparations justes aux personnes affectées par cette crise seront octroyées. 


Le 24/04/2012 
Mohamed Yahya Ould Ciré 
Docteur en Sciences Politiques 
Président de A.H.M.E. 
Le journal le « Cri du hartani » 
Site : www.haratine.com 
Courriel : ahme@haratine.com 
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