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LE PANAFRICANISME NOUVEAU
6 mai 2015

ROBERT MENARD LE NAZILLON

Comment Robert Ménard se contredit dans sa défense

Le Monde.fr | 06.05.2015 à 11h46 • Mis à jour le 06.05.2015 à 14h48 | Par 

 

 

Robert Ménard, le 5 mai dans sa mairie de Béziers.
Robert Ménard, le 5 mai dans sa mairie de Béziers. PASCAL GUYOT / AFP

Face au tollé unanime déclenché par ses déclarations sur le nombre d’élèves « présumés musulmans » dans sa ville de Béziers, Robert Ménard, qui risque gros, car ce type de statistique est illégal, n’a eu de cesse de réagir. Mais ses équipes ont donné plusieurs versions de l’histoire, qui tendent à se contredire.

1. Le 3 janvier : « Nous avons analysé les listes des écoles »

Ce qu’il a dit :

Dans un article de Midi libre paru le 3 janvier 2015, Robert Ménard avait déjà évoqué le « fichage » des élèves aux prénoms à consonance « musulmane » : « A Béziers, 60 % des élèves sont musulmans », avait-il affirmé pour justifier la thèse du « grand remplacement » développée par l’idéologue d’extrême droite Renaud Camus. Le maire reconnaissait déjà que « c’est interdit, ce genre de statistique », tout en expliquant au journal régional avoir « analysé les listes des écoles biterroises » pour les obtenir. Et ajoutant : « Les prénoms suffisent à vous indiquer l’origine. Si vous vous appelez Marie, vous n’êtes pas musulman. »

Ce qu’on peut en dire :

Les mots sont clairs : M. Ménard explique avoir « analysé les listes » des écoles de sa ville, auxquelles il a donc accès. Selon l’Insee, on comptait environ 14 000 élèves scolarisés à Béziers en 2011 (dont plus de la moitié ont entre 6 et 17 ans), ce qui exclut a priori une analyse faite en un coup d’œil : classer 14 000 noms en fonction de leur « consonance étrangère » présumée prend du temps.

2. Le 4 mai : « Le maire a les noms, classe par classe, des enfants »

Ce qu’il a dit :

C’est cette même version que Robert Ménard répète sur le plateau de l’émission « Mots croisés » lundi 4 mai, avec un chiffre plus précis : « 64,5 % des élèves » seraient musulmans, selon ses calculs. Quant à la méthode, il persiste :

« Ce sont les chiffres de ma mairie. Pardon de vous dire que le maire a les noms classe par classe, des enfants. Je sais que je n’ai pas le droit mais on le fait. »

Ce qu’on peut en dire :

Dans cette seconde version, le maire de Béziers se fait plus précis encore sur son chiffre, ce qui tend à indiquer qu’il y a eu un comptage minutieux. Et il assume une fois encore le fait d’avoir accès aux noms des enfants de sa ville classe par classe.

 

3. Le 5 mai : « On n’établit aucune liste, mais on essaye de savoir ce qu’il en est »

Ce qu’il a dit :

Troisième interview et une version qui change : le lendemain, sur RMC, M. Ménard répète :

« Les deux tiers des élèves en maternelle et en primaire, dans le public, sont issus de l’immigration, c’est trop ! »

Mais la méthode de comptage est décrite de façon plus floue :

« Je fais le tour des écoles et je constate ce qu’il en est. Pour les aider. (…) On n’établit aucune liste, mais on essaie de savoir ce qu’il en est pour peser les conséquences. »

CONTRADICTION

Alors que la polémique est déjà lancée, Robert Ménard change quelque peu de version, et se fait moins précis sur la méthode. Mais cette nouvelle affirmation, outre qu’elle est contradictoire avec les précédentes, pose d’autres questions : comment le maire peut-il, sur la foi de quelques « tours des écoles », établir un pourcentage précis à la décimale près ? De même, s’il s’agit « d’aider » les élèves, peut-on prendre pour seul critère un prénom pour déterminer qui a besoin d’assistance ?

4. Le 5 mai : « La mairie n’a jamais constitué de fichier des enfants scolarisés »

Ce qu’il a dit :

Dans la journée, alors que les réactions s’enchaînent et que la polémique monte, une quatrième version émerge, avec un communiqué de la ville de Béziers :

« La mairie (…) ne constitue pas et n’a jamais constitué de fichiers des enfants scolarisés dans les écoles publiques de la ville. Le voudrait-elle qu’elle n’en a d’ailleurs pas les moyens. Il ne peut donc exister aucun "fichage" des enfants, musulmans ou non. Le seul fichier existant à notre connaissance recensant les élèves des écoles publiques de la ville est celui de l’éducation nationale. C’est donc à elle, et elle seule, de rendre publique cette liste. Elle ne le fera certainement pas au prétexte de motifs juridiques. »

CONTRADICTION

Cette fois, la mairie contredit carrément le maire en expliquant n’avoir « jamais constitué de fichier » et n’en avoir « d’ailleurs pas les moyens », puisque selon elle les fichiers sont ceux de l’éducation nationale. Mais là encore, cette version pose question. Une mairie, qui gère les cantines scolaires et les centres de loisirs périscolaires, a forcément des listes d’élèves. Ensuite, M. Ménard a reconnu à plusieurs reprises que le maire « a les noms classe par classe, des enfants ».

5. Le 5 mai : « Nous n’avons jamais rien conservé »

Enfin, Robert Ménard a donné une nouvelle version lors d’une conférence de presse en fin de journée, expliquant qu’il n’avait « jamais rien conservé » de ces comptages, et qu’il n’y avait « pas de listings » d’élèves « présumés musulmans ». Et d’ajouter :

« Oui, pardon de vous le dire, dans notre ville, il y a trop d’immigrés (…) Ça veut dire que l’intégration est impossible (…) Ce que je veux, c’est que les enfants aient les mêmes chances. Oui, il faut faire des statistiques ethniques, j’y ai toujours été favorable (…) Le premier qui le demandait, c’est Manuel Valls. »

CONTRADICTION

Cette dernière version est encore différente : M. Ménard ne nie pas mais choisit la contre-attaque. Il n’explique plus, comme ses services, ne jamais avoir constitué de liste, mais plutôt ne jamais l’avoir conservée. Et tente d’élargir la question à celle de la constitution de statistiques ethniques, interdites en France mais régulièrement souhaitées par certains politiques ou chercheurs. Mais ici aussi, la version pose question : peut-on mettre sur le même plan l’étude par des chercheurs de la notion de diversité (qui ne tient pas à la religion mais plutôt à l’intégration de minorités) et la recherche par une mairie du nombre de prénoms d’enfants à « consonance musulmane » ?

 

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      Samuel Laurent 
    Journaliste au Monde

 

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