Moacir Barbosa est le gardien de la Seleçao de 1945 à 1953. Le brésilien est l’un des meilleurs au monde à ce poste, mais sa boulette en Coupe du Monde 1950 va détruire sa carrière. Coupable d’une mauvaise anticipation, il encaisse un but de l’Uruguay à la 79e minute. Les brésiliens perdent leur finale de Coupe du Monde dans le mythique stade du Maracana. Le pays tout entier prend le portier auriverde comme bouc-émissaire.
Une Coupe du Monde spéciale
La Coupe du Monde de 1950 signe la reprise du football après la Seconde Guerre Mondiale. C’est au Brésil, la terre sacrée du football, qu’elle se joue. Tout le monde attend cette nouvelle compétition, surtout la Seleçao qui est à domicile. Le tournoi se déroule avec quatre poules de quatre équipes, et le meilleur de chaque groupe accède à la phase finale. Celle-ci est un poil différente de la normale car, cette année là, il n’y a pas de demi-finale ou de finale. C’est un mini championnat qui la remplace. Parmi les finalistes on retrouve : le Brésil, l’Espagne, la Suède et l’Uruguay. La France, elle, ne participe pas à cette édition, suite à leur défaite en match de barrage. L’Angleterre est présente en Amérique du Sud, mais, au gré d’un parcours très décevant, n’atteindra pas les phases finales.
Une anticipation regrettable
Les Brésiliens survolent leurs matchs de phase finale. Infligeant un 7 à 1 dès la première rencontre aux Suédois. Tout le pays est derrière son équipe et le festival continue au second match avec un 6-1 face aux Espagnols. Personne ne se doute d’un potentiel échec des jaunes et verts, d’autant que pour le dernier match au Maracana seul un match nul leur suffit pour être sacrés champions. Ce 16 Juillet 1950 signe le début du cauchemar pour le gardien Moacir Barbosa. Alors que la Séléçao tient son match nul synonyme de titre, les Uruguayens poussent pour arracher la victoire. Alcides Ghiggia (le milieu droit uruguayen) déborde dans la surface, le gardien anticipe la passe et se fait avoir par un centre-tir qui rase le poteau et fini sa course dans les filets. C’est la 79e minute du match, le Maracana est éteint suite à cette maladresse de leur gardien. L’équipe à perd finalement ce match (1-2) et Barbosa devient la cible d’un pays entier. En inscrivant quatorze buts en trois matchs, le Brésil réussi tout de même à perdre cette Coupe du Monde. Ademir (attaquant, Brésil) fini meilleur buteur avec huit réalisations. Mais le chagrin reste immense.
Un pardon impossible
Moacir Barbosa est à présent l’ennemi public numéro un au Brésil. Le football est une religion dans ce territoire et personne ne pardonnera à ce gardien cette erreur d’appréciation. Un court métrage de treize minutes se réalise sur l’histoire de ce drame, produit par Jorge Furtado et Ana Luiza Azevedo en 1988. Ce film est un échec et la réputation du gardien « auriverde » ne change pas pour autant. Ricardo Terra Teixeira, président de la fédération de football brésilienne lui interdit même de commenter un match en 1993. Barbosa déclarera suite à ces propos : » Au Brésil, la peine maximale pour un crime est de 30 ans de prison. Moi, il y a 43 ans que je paie pour un crime que je n’ai pas commis« . Le goal de la Séléçao nous quitte le 31 mars 2000 à l’age de 79 ans. Il vécu une majeure partie de sa vie avec ce poids sur la conscience, sans obtenir le pardon des brésiliens.
Baptiste Malpart
Panenka Magazine sur Twitter: @panenkamag