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LE PANAFRICANISME NOUVEAU

23 juin 2015

AFRIQUE:L’Afrique au-delà des stéréotypes

18.06.2015, par 

Ethiopie, vie quotidienne classe moyenne
Ethiopie, classe moyenne supérieure. Une famille de la classe moyenne prend un café au Kaldis (copie du Starbuck), à Addis Abeba, Ethiopie.
Non, l'Afrique n'est pas que le continent des famines, des guerres tribales et des épidémies ! Entretien avec l'historien Pierre Boilley, co-organisateur de la 6e Conférence européenne des études africaines, qui se tiendra du 5 au 12 juillet à Paris.

En tant qu'organisateur de la 6e Conférence européenne des études africaine (ECAS(link is external)), vous appelez à « penser l’Afrique autrement ».  En quoi pourrait consister ce changement de perspective ?
Pierre Boilley1 : Il s’agit de sortir des clichés et des stéréotypes sur l’Afrique, et ils sont nombreux. Pour prendre un exemple de lieu commun scientifiquement discrédité mais qui demeure ancré dans l’opinion publique : l’image consacrée d’une Afrique restée coupée du reste du monde et qui ne se serait ouverte qu’à l’occasion de la colonisation. C’est évidemment faux. Il y a eu des liens permanents par la Méditerranée, par l’océan Indien, etc. On a retrouvé par exemple de la porcelaine chinoise en Afrique orientale, qui date au moins du XIe siècle. Et bien sûr, cette image de l’Afrique s’accompagne aussi, et cela a été écrit souvent dans la presse, que l’Afrique n’aurait rien inventé. On a remis en cause l’idée que l’Afrique ait pu inventer de son côté la métallurgie du fer, alors qu’il n’y a aucun doute là-dessus, ça ne tient plus du tout debout.

L’idée que c’est un continent isolé est confortée par un second stéréotype : celui d’imaginer que le Sahara est une barrière infranchissable depuis toujours et qu’elle aurait complètement séparé l’Afrique du Nord de l’Afrique dite noire. Cela est une absurdité. En Afrique subsaharienne, il y a aussi des blancs, et pas forcément des Européens… Par exemple, toute la bande sahélienne est occupée par des populations qui viennent, après une succession de migrations, d’Afrique du Nord, des Berbères, etc. On ne peut donc pas parler d’isolement géographique. En fait, le Sahara est plutôt un espace de jonction entre deux espaces culturellement assez différents qui n’ont pas connu la même histoire mais qui ont toujours échangé, notamment par différents liens trans-sahariens commerciaux, les traites d’esclaves, etc. Et il ne s’agit là que de deux exemples parmi de nombreux autres.

Pièces d'or du royaume d'Aksoum
Pièces d'or antiques retrouvées à Aksoum en Ethiopie. .

 

Un autre mythe tenace est celui entourant la Conférence de Berlin de 1884, où toutes les frontières africaines auraient été tracées. En fait, on n’y a même pas parlé de conquête du continent ! Pourtant, il y a une quasi-unanimité sur ce point dans l’opinion publique…

Comment présenter les « mondes africains » au pluriel ?
P. B : Penser l’Afrique autrement c’est penser l’Afrique de façon non misérabiliste comme on a facilement tendance à le faire… L’afro-pessimisme généralisé est associé à l’idée que l’Afrique est un continent à la dérive, en permanence à feu et à sang. Or nous disons que l’Afrique est immense, et personne ne s’en rend compte. Si on additionne les superficies de l’ensemble des États-Unis, de l’Australie et de l’Europe, on n’atteint pas encore celle de toute l’Afrique ! Et forcément, sur un continent aussi vaste, il y a des endroits où il y a des problèmes, mais il y a aussi des endroits où il n’y en a pas. Il faut donc arrêter de considérer l’Afrique comme le continent des famines, des guerres et du sous-développement généralisé, qui a de gros problèmes à résoudre y compris structurellement, à savoir la corruption. Néanmoins, sans être complètement optimiste ou naïf, on peut y appliquer une lecture plus générale mais moins homogène. C’est pour cela que nos laboratoires s’appellent Les Afriques dans le monde2 ou l’Institut des mondes africains3. Il y a des Afriques différentes qui ont des trajectoires historiques et des cultures différentes et qui n’ont pas forcément les mêmes difficultés. Il faut donc étudier cela avec l’idée que l’Afrique est aussi un continent en devenir. En cela, nous avons été précédés par les économistes qui considèrent que certaines Afriques seront les prochains dragons économiques.

Développement économique au Ghana
Opérateur travaillant dans l'usine d'injection plastique Decorplast, située à Accra au Ghana.

 

Même si l’Ecas n’est pas une conférence d’historiens mais reste très pluridisciplinaire, il s’agit d’affirmer haut et fort un fait qui n’est pas non plus forcément rentré dans les esprits (et le discours de Dakar de Nicolas Sarkozy en 2007 n’y a pas aidé) : l’Afrique a bel et bien une histoire, et une histoire de très longue durée. Elle peut en remontrer d’ailleurs à d’autres parties du monde sur la durée. Parmi les aspects complètement oubliés, il y a eu, par exemple, au Moyen Âge une faim d’or occidentale. Or il est avéré que l’or qui a été utilisé à cette époque – et que l’on retrouve jusqu’en Asie – venait en grande partie du Royaume du Mali, du Sahel. Ce qui casse à la fois le présupposé d’isolement et celui d’absence d’histoire. Maintenant, cette histoire s’appuie sur une méthodologie élaborée depuis au moins cinquante ans avec des sources qui n’étaient pas forcément écrites. Et il se trouve qu’on découvre de plus en plus de sources écrites ! Encore un des grands clichés qu’on aimerait bien briser.

Pourquoi une grande conférence sur l’Afrique compte aussi peu de participants africains ?
P. B : En premier lieu parce qu’il s’agit des rencontres des chercheurs européens qui travaillent sur les Afriques ! Et il y a peu de chercheurs africains en Europe. Il est important d’affirmer l’existence d’études européennes sur les mondes africains et d’accroître leur visibilité. Car on voit bien en France que les laboratoires qui travaillent sur l’Afrique sont très peu nombreux. La préférence est toujours donnée à l’histoire ou à l’analyse de la France et du monde occidental plutôt qu’à des aires culturelles finalement assez peu représentées. Il existe un grand déséquilibre dans nos représentations du monde… Pour contribuer à changer cet état de fait, nous alternons une année sur deux les rencontres européennes – à Londres, Uppsala, Lisbonne… – avec des rencontres françaises. Cela dit, il n’y a pas d’exclusives, si quelqu’un qui n’est pas européen souhaite intervenir dans ces conférences, il n’y a aucun problème. Mais hélas, en effe,t il n’y a pas beaucoup d’Africains. Il est vrai que de nombreuses universités africaines sont vraiment dans une situation économique très grave, et cela nous pose donc un problème d’ordre financier et technique pour les aider à venir. Il y aura malgré tout des Africains présents, des tables rondes et des ateliers donneront la parole aux collègues africains.

Dans cette Ecas en particulier, on a rajouté un versant culturel (Africa acts) parce qu’on aimerait accroître encore la visibilité de ces études africaines et de l’Afrique en général en montrant par l’aspect culturel aussi qu’il existe tout un art vivant et très contemporain qui vraiment n’est pas dans les têtes. Les gens pensent presque exclusivement en termes de masques ou d’art « traditionnel ». Mais il y a aussi des performers, des gens qui créent de la musique ou de l’art contemporain, il y a toute une vie culturelle extrêmement intense qu’on va essayer de montrer ici aussi, et qui va dans le sens d’une Afrique dynamique.

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30 mai 2015

ESCLAVAGE EN AFRIQUE:l’Almaami Abdoul Kader Kane

Treize ans avant la Révolution française de 1789, l’Almaami Abdoul Kader Kane avait déjà interdit la traite négrière dans son pays

dimanche 9 novembre 2014 par hamada


Almaami-Abdoul-Kader-Kane.jpg

Plus de 250 ans après sa mort, la vie d’Abdoul Kader Kane qui a été désigné par ses pairs intellectuels Torobbe comme premier Almaami du Fouta-Toro (regroupant le nord du Sénégal et le sud de la Mauritanie) après leur victoire contre le pouvoir Denyanké qui a régné sur le Fouta-Toro de 1512 1776 suscite de plus en plus d’intérêts chez les chercheurs africains. 



Dans son dernier livre intitulé "Lumières noires de l’humanité : inventeurs, héros, artistes et sportifs", le Dr Oumar Dioume de l’Institut Fondamental d’Afrique Noire (I.f.a.n.) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar lève un coin du voile sur la vie de l’Almaami Abdel Kader Kane.

De ce chef politique et religieux qui dirigea le Fouta-Toro de 1776 à 1806 ou 1807, on retiendra qu’il a été celui qui a interdit la traite négrière et donna l’indépendance nationale au Fouta-Toro. Le Dr Oumar Dioume nous apprend qu’Almaami Abdoul Kader Kane, au non des principes de la défense des droits de ses mandants, a, treize ans avant la Révolution française de 1789, interdit la traite négrière dans son pays.

Avec cette interdiction de la traite négrière, l’Almaami Abdoul Kader Kane emboita ainsi le pas aux Quackers (secte chrétienne) de Philadelphie qui étaient les seuls dans le monde à avoir aboli l’esclavage aux Etats-Unis d’Amérique en 1776.

D’ailleurs, ce caractère révolutionnaire de la lutte d’Almaamy Abdoul Kader Kane contre la traite négrière est corroboré par le Professeur Oumar Kane dans son livre de référence "La première hégémonie peuhle, Le Fouta Toro de Koly Tengella à Almaamy Abdoul, 1512 à 1806".

Dans le même ordre d’idées, dans son récit intitulé "Observations sur la traite des nègres, avec une description de quelques parties de la côte de Guinée, durant un voyage fait en 1787 et 1788 avec le docteur A. Sparganier et le capitaine Arrhenius", le suédois Carl Bernard Wadstrom confirme cette particularité.

"La conduite du roi actuel d’Almaamy (autrefois grand marabout) est plus intéressante pour l’humanité et prouve la fermeté du caractère mâle des Nègres lorsqu’ils ont acquis quelques lumières. Comme son esprit a été plus cultivé dans sa jeunesse que celui des autres princes noirs, il s’est rendu tout à fait indépendant des Blancs. Il a non seulement défendu la traite des esclaves dans ses Etats, mais (en 1787) il n’a pas même voulu permettre aux Français de faire passer par ses Etats les captifs de Gallam. Il rachète ses propres sujets lorsqu’ils ont été pris par les Maures, et il les encourage à élever des troupeaux, à cultiver la terre et à exercer leur industrie de toutes les manières", avait écrit Carl Bernard Wadstrom.

Les faits sont là et les témoignages sur l’action de l’Almaamy Abdel Kader Kane d’abolir la traite négrière sont nombreux. Cet homme qui "a porté sur le trône plus de lumière que ses prédécesseurs" a tenu tête face au colonialisme français qui "a excité contre lui les Maures qui l’ont attaqués et qu’il a vaincus" reste aux yeux de Pruneau de Pommegorge, ancien membre du Conseil du Sénégal, celui qui "a défendu dans tout son pays les pillages, ni de faire aucun captif ; et, enfin par d’autres moyens politiques (et au fonds très humains) il est parvenu à repeupler son vaste royaume, à y attirer des peuples qui y trouvent leur sûreté.(…).ainsi voilà un homme d’une contrée presque sauvage, qui donne une leçon d’humanité à d’autres peuples policés, en défendant dans tous ses Etats la captivité et les vexations".

L’Almaamy Abdoul Kader Kane va plus loin dans sa lutte contre la traite négrière en attaquant les royaumes négriers voisins comme ceux du Cayor et du Walo. Mais, il sera vaincu en 1790 à la bataille de Boungowi par le Damel Amari N’Goné N’Della Coumba aidé par le double jeu du Brack du Walo et la complicité du comptoir négrier de Saint-Louis qui a fourni à crédit des fusils au Damel moyennant le remboursement en esclaves en contrepartie.

Fait prisonnier par le Damel, l’Almaamy Abdoul Kader Kane n’a jamais renié ses convictions à savoir combattre la traite négrière et donner au Fouta Toro son indépendance. Son almaamyat a marqué le 18ième siècle. Ainsi, aucun des Almaamis qui l’ont succédé n’a remis en cause l’interdiction de la Traite négrière qu’il a décrétée en 1776.

Même si, le mode de dévolution du pouvoir à l’Almaami Abdoul Kader Kane et l’abolition de la traite négrière par l’Almaamyat du Fouta-Toro sont une contribution inestimable, il n’en demeure pas moins que cette contribution soit méconnue à la cause de la défense des Droits de l’Homme et notamment en Mauritanie
fuutamedia.com.

 

28 mai 2015

MAURITANIE: HOMMAGE A TENGUELLA BA

Il s’appelait Tenguella Ba : le symbole du refus de l’injustice et de l’arbitraire, de la domination et de la compromission est parti dans la dignité (14 septembre 1940 – 26 février 2015)


Il s’appelait Tenguella Ba : le symbole du refus de l’injustice et de l’arbitraire, de la domination et de la compromission est parti dans la dignité (14 septembre 1940 – 26 février 2015)
Sa dernière apparition publique en France remonte au 2 octobre 2011. Il sortait d’une longue hospitalisation en région parisienne, loin des siens. Il trouva tout de même, ce jour sans l’aval de ses médecins, les ressources pour se joindre à la grande manifestation pour exprimer son indignation contre l’assassinat du jeune Lamine Mangane à Maghama et sa colère contre l’opération d’enrôlement discriminatoire qui lui rappelle la déchéance de sa nationalité mauritanienne en 1969 déjà. Dans l’élément vidéo mis en lien plus bas dans ce texte, il lance le message suivant aux manifestants de la place Trocadéro à Paris :http://www.dailymotion.com/video/xlgdjn_touche-pas-a-ma-nationalite-hommage-a-lamine-mangane-assassine-par-des-ss-de-mauritanie-2_news?start=2)

«Il faut vous regrouper et éviter que les gens vous divisent. Votre combat doit être un combat commun et vous ne pourrez le gagner que si vous restez unis » 

Déjà en 1962, au sein de l’Union Générale des Originaires de la Mauritanie du Sud (UGOMS), tout jeune étudiant, il s’insurgeait contre ce qui, à ses yeux, prenait la forme d’une dérive : l’orientation de plus en plus arabe prise par la direction du pays. Au bas de la page 3 de la longue liste des signataires du Mémorandum de ce mouvement naissant, figurait un certain Tenguella Ba, un des deux étudiants parmi la centaine de noms dont la plupart était instituteurs ou fonctionnaires, tous originaires de la Vallée. Il posait là un acte d’engagement fort contre une politique qu’il dénoncera tout au long de sa vie. 

Les choses ne tarderont à se préciser avec la mesure rendant officielle la langue arabe et obligatoire son enseignement dans un pays dont les ressortissants ne sont pas tous Arabes. Quand, en application de cette mesure d’arabisation du système éducatif, des manifestations éclatent, notamment la grève de janvier et février 1966, il n’hésita pas à apporter son soutien au mouvement des élèves noirs (il fait partie des 31 fonctionnaires noirs qui ont ouvertement approuvé et soutenu la publication du Manifeste des 19). La conséquence de ce soutien va être immédiate, radicale et déterminante pour la suite de la carrière et de la vie de l’homme. Suspendu de ses fonctions (au Ministère de la Justice, en charge de la Législation), il se rendra au Sénégal où il retrouvera deux anciens dirigeants signataires du Manifeste des 19, exilés forcés dans ce pays, pour, selon ses propres mots « trouver un moyen de vivre » : son cousin et beau–frère Abdoul Aziz Ba (brillant magistrat, Président du Tribunal de Première Instance de Nouakchott jusqu’en févier 1966, qui deviendra Président du Conseil Constitutionnel du Sénégal, Président du Conseil d’Etat, Président de la Commission nationale de lutte contre la corruption et la concussion de ce même pays) et Abdoulaye Sow (ancien Trésorier général de Mauritanie qui se reconvertira avec succès comme patron de l’une des plus grandes boîtes d’assurances du Sénégal). 

Mais l’homme décide dans un premier temps de revenir au bercail. Il fut réintégré, mais ne renonce pas pour autant à la lutte dont les justifications demeurent. Avec des amis, ils mettent en place une organisation clandestine pour porter une opposition à la politique conduite par Moktar Ould Daddah. Une clandestinité qui les privera de toute possibilité de promotion : Moktar Ould Daddah ayant annoncé dans une déclaration qu’il faudrait désormais être affilié au Parti du Peuple Mauritanien (PPM) pour prétendre à une promotion sur le plan administratif, en termes de responsabilité. Avec ses amis, ils font le choix douloureux de se démarquer du parti-Etat en refusant les responsabilités miroitées par Moktar Ould Daddah. En 1969, pour une déclaration tenue sur le caractère raciste de l’Etat et le danger que celui-ci faisait courir à la Nation par sa politique, il fut révoqué de ses fonctions, et par la même occasion, déchu de sa nationalité au motif fallacieux qu’il avait acquis une autre nationalité. 

Mais c’était sans compter avec la ténacité de l’homme. Sa réplique fut immédiate. Fait inédit et unique dans les annales de l’histoire de notre pays : Tenguella intente une action en justice contre l’Etat devant la Cour suprême de Mauritanie. Ironie de l’histoire, le Juge, un Français, qui s’est saisi de l’affaire était son collègue au Ministère de la Justice. Tenguella lui apporte un argumentaire simple mais irréfutable à l’appui de sa plainte : la loi 61-112 du 12 juin 1961 (modifiée en 2010 par une loi de circonstances). L’article 1 de cette loi 61 -112 stipule en effet que : « est Mauritanien, l’enfant né d’un père mauritanien ». En appui à cet article, il joint le certificat de nationalité de son père et son acte de naissance, enregistré en 1940 à Aleg où il est né le 14 septembre 1940 et où exerçait son père. L’affaire fut jugée et moins de deux années après, la Cour suprême condamne la Mauritanie et reconnait à Tenguella aussi bien la nationalité mauritanienne que la nationalité sénégalaise. Nationalités qu’il conservera tout au long de sa vie. 

La nationalité pour Tenguella, c’était déjà « touche pas ». C’est « un fait préexistant » que nul n’a le droit de contester à l’autre, se plait-il à préciser. Elle était si sacrée, y compris pour l’Etat mauritanien, que le citoyen ne pouvait y renoncer par lui même. Il fallait pour ce faire suivre une procédure, arbitrée par la Cour suprême, seule habilitée à reconnaitre ou à déchoir éventuellement le citoyen de sa nationalité. 

La permanence de l’injustice qu’il dénonce, la répétition des exactions contre ceux qui osaient dénoncer cette injustice, la compromission d’une certaine classe finiront de convaincre Tenguella à quitter définitivement la Mauritanie et retourner au Sénégal qui l’accueille à bras ouverts. Administrateur de son état, il finit sa carrière dans la Chambre de Commerce de ce pays en qualité de secrétaire général à Kaolack puis à Tambacounda, décoré et fait Chevalier de l’Ordre National du Lion. Il quitte la Mauritanie, mais ne coupe pas avec le pays. Il a vécu avec beaucoup de peine les différents évènements qui l’ont secoué. 

En 1986, quand arrivent au Sénégal les étudiants ayant fui la répression du régime de Ould Taya, il fut une des personnes ressources leur ayant apporté aide et accompagnement pour retrouver leur marque. En 1987, lorsque son cousin, ingénieur du génie, le Lieutenant Abdoul Ghoudouss Ba, en stage en Algérie, fut extradé en Mauritanie à la suite de la tentative de coup d’Etat, il envisagea de porter plainte. Mais l’absence d’éléments probants sur le statut de ce dernier au moment de son arrestation en terre étrangère (la demande d’une protection internationale et surtout l’accord d’un pays tiers) dissuadera le juriste chevronné. La mort d’Abdoul Ghoudouss Ba en prison le 13 septembre 1988 à Oualata et la déportation de dizaines de milliers de Mauritaniens noirs au Sénégal en 1989 vont définitivement ranger Tenguella du côté de la résistance. 

Mais qu’est-ce qui pouvait pousser cet homme, né et grandi dans le premier cercle de l’Etat mauritanien à emprunter cette piste, sinon le refus de l’injustice, de l’arbitraire et de la domination. Il pouvait s’accommoder de la réforme d’arabisation de 1966 et voir s’ouvrir pour lui, sa progéniture et bien plus largement, les facilités de tous ordres. Mais cela ne ressemble pas à l’homme. Il préfèrera l’intérêt du grand nombre, quitte à en payer le prix. Son père Amadou Diadié Samba Diom Ba que Moktar Ould Daddah appelait Mawdo (ainé en Poular) était un grand pionnier de la construction de la Mauritanie, premier Noir à détenir un portefeuille de Ministre de la toute naissante République Islamique de Mauritanie, celui des Travaux Publics, des Transports, des Postes et des Télécommunications dans le 1er Conseil de Gouvernement de la Mauritanie autonome de 1957 à 1960. De 1958 à 1961, cumulativement avec ses fonctions gouvernementales, Amadou Diadié Samba Diom Ba fut Président du Conseil d'Administration de la Société de Construction Immobilière (SOCIM), chargée de la Construction de Nouakchott nouvelle capitale de la République Islamique de Mauritanie. C’est en cette qualité qu’il procéda en 1958 à la pose de la première pierre de la ville de Nouakchott en compagnie du Général De Gaulle, Président de la République Française et Maitre Moktar Ould Daddah, Président de la Mauritanie autonome. 

De son père, ancien Chef de canton de Littama avec résidence à Maghama de 1929 à 1932 ; Administrateur dans plusieurs localités du pays entre 1920 et 1951 (Mbout, Kiffa, Saint-Louis, Aleg, Medredra, Sélibaby) et Conseiller à l’Assemblée territoriale de Mauritanie puis au Grand Conseil de l’Afrique Occidentale Française (AOF) en 1952 aux côtés de Senghor, Houphouët Boigny et Sékou Touré, il apprit l’estime de soi, le sens de l’honneur, du bien commun et de l’intérêt général. Tout comme il découvrit cette Mauritanie plurielle dont il s’évertue sa vie durant à cultiver et à préserver la diversité. Cette Mauritanie d’antan, métissée, apaisée et reconnaissante à l’image de l’ancien Président de la République, Sidi Ould Cheikh Abdallah, qui témoignait il y’a quelques années à Nouakchott sa gratitude aux parents de Tenguella à l’occasion des funérailles de sa mère, Kardiatou Birane Wane (affectueusement surnommée Khadijettou Mint Almami par les Maures), eux qui ont accompagné ses premiers pas d’écolier. 

Fier de son héritage comme rarement on pouvait l’être, parfait locuteur du Hassaniya, détenteur de précieux documents d’archives qu’il tient de son père et mis régulièrement à notre disposition, Tenguella qui était convaincu que le pays pouvait être à l’image de sa vie familiale (une veuve de la tribu des Oulad Bousba) ne verra pas poindre l’aube d’une Mauritanie unie dans sa diversité et égalitaire entre ses composantes. 

Notre génération, celle qui l’a précédée surement, celles qui l’ont suivie certainement, garderont en mémoire le souvenir d’un homme qui fut un témoin engagé et toujours disponible. En digne héritière, Khar Tenguella, sa fille, poursuit le combat. Salut le Juste qui s’est toujours fait un point d’honneur à recevoir et aider ses compatriotes en visite au Sénégal, le combattant de la liberté, de l’égalité et de la justice. 

Que ton âme repose en paix en terre sénégalaise, terre d’accueil et d’intégration. Amine. 

Ciré Ba et Boubacar Diagana – Paris, 27 février 2015 
28 mai 2015

AFRIQUE: LES COUPS D'ETAT MILITAIRES ENTRE L'AN 530 à 2014

AnnéePaysAuteurCibleNotes
530 Royaume vandale (Carthage) Gélimer Hildéric Le renversement d'Hildéric, favorable aux Byzantins, sert de prétexte à l'empereur Justinien pour intervenir en Afrique et conquérir le royaume vandale.
1240 Sultanatayyoubided'Égypte (Le Caire) Mamelouks Al-Adil II Sayf ad-Din Les Mamelouks, mécontents d'Al-Adil II, le renversent et offrent le trône à l'émir de Damas Malik al-Salih Ayyoub.
1895 Transvaal Leander Jameson Gouvernement de laRépublique d'Afrique du Sud Le Raid Jameson, tentative impérialiste britannique, échoue. Il est généralement considéré comme le casus belli de la Seconde Guerre des Boers.
1952 Égypte Gamal Abdel Nasser Farouk Ier Le 23 juillet, le Mouvement des officiers libres mené par Nasser destitue le roi Farouk Ier et nomme le général Mohammed Naguib à la Présidence du Conseil de la Révolution. Le nouveau régime contrôle les moyens d’information et les principaux services publics, épure l’administration et abolit la constitution de 1923.
1958 Soudan Ibrahim Abboud Abdallah Khalil Le 17 novembre, les militaires dissolvent le Parlement et suppriment l’alternance des partis à la présidence du Conseil. Le régime se maintient jusqu’en 1964. Abdallah Khalil, alors Premier ministre, fait partie du coup d'État contre son propre gouvernement.
1963 Togo Gnassingbé Eyadema Sylvanus Olympio Le 13 janvier, un coup d'État mené par les vétérans togolais de l'armée française, dont Gnassingbé Eyadema, conduit à l'assassinat de Sylvanus Olympio par ce dernier. Sylvanus Olympio est remplacé par un civil, Nicolas Grunitzky.
1965 Algérie Houari Boumédiène Ahmed Ben Bella Coup d'État militaire animé par le colonel Houari Boumédiène ministre de la Défense, à l'issue duquel le président de la République Ahmed Ben Bella est renversé et Boumédiène devient le nouveau président de l'Algérie (Coup d’État du 19 juin 1965).
1965 Zaïre Mobutu Sese Seko Joseph Kasa-Vubu  
1966 Burundi Michel Micombero Ntare V  
1966 Centrafrique Jean Bédel Bokassa David Dacko  
1966 Nigeria Johnson Aguiyi-Ironsi Nnamdi Azikiwe  
1966 Nigeria Yakubu Gowon Johnson Aguiyi-Ironsi  
1966 Ouganda Milton Obote Edward Mutesa  
1966 Ghana Joseph Arthur Ankrah Kwame Nkrumah  
1967 Congo Marien Ngouabi Debat Massamba  
1968 Mali Moussa Traoré Modibo Keïta  
1969 Libye Mouammar Kadhafi Idris Ier  
1969 Soudan Gaafar Nimeiry Ismail al-Azhari  
1970 Ghana Ignatius Kutu Acheamphong Edward Akufo-Addo  
1971 Ouganda Idi Amin Dada Milton Obote  
1972 Maroc Mohamed Oufkir Hassan II Le coup d'État des aviateurs est un putsch raté qui a eu lieu le 16 août 1972 au Maroc contre le roi Hassan II, et mené par des aviateurs des Forces aériennes royales sous le commandement du général Mohamed Oufkir et du lieutenant-colonel Mohamed Amekrane. Ce coup d'État est le premier de son genre dans l'histoire militaire par sa particularité « air-air ». En effet, des avions de chasse Northrop F-5 Freedom Fighter sont utilisés pour abattre l'avion royal lors de son retour de France..
1972 Bénin Mathieu Kérékou Justin T. Ahomadégbé 26 octobre
1973 Rwanda Juvénal Habyarimana Grégoire Kayibanda  
1974 Éthiopie Aman Mikael Andom du Derg Hailé Sélassié Ier  
1974 Éthiopie Mengistu Haile Mariam Aman Andom  
1974 Niger Seyni Kountché Hamani Diori  
1975 Comores Saïd Mohamed Jaffar Ahmed Abdallah  
1975 Nigeria Yakubu Gowon Johnson Aguiyi-Ironsi  
1975 Nigeria Murtala Mohammed Yakubu Gowon  
1975 Tchad Noël Milarew Odingar François Tombalbaye  
1976 Burundi Jean-Baptiste Bagaza Michel Micombero  
1976 Comores Ali Soilih Saïd Mohamed Jaffar  
1976 Nigeria Olusegun Obasanjo Murtala Mohammed  
1977 Congo Joachim Yhombi-Opango Marien Ngouabi  
1977 Éthiopie Mengistu Haile Mariam Tafari Benti  
1978 Comores Said Atthoumani Ali Soilih  
1978 Mauritanie Moustapha Ould Saleck Moktar Ould Daddah  
1978 Ghana Frederick Fred William Kwasi Akuffo Ignatius Kutu Acheamphong  
1979 Mauritanie Mohamed Khouna Ould Haidalla Moustapha Ould Saleck  
1979 Congo Denis Sassou-Nguesso Joachim Yhombi-Opango  
1979 Centrafrique David Dacko Bokassa Ier  
1979 Guinée équatoriale Teodoro Obiang Nguema Mbasogo Francisco Macías Nguema  
1979 Tchad Goukouni Oueddei Félix Malloum  
1979 Ouganda Yusufu Lule Idi Amin Dada  
1979 Ghana Jerry John Rawlings Frederick Fred William Kwasi Akuffo  
1980 Burkina Faso Saye Zerbo Sangoulé Lamizana  
1980 Guinée-Bissau João Bernardo Vieira Luis de Almeida Cabral  
1980 Libéria Samuel Doe William Richard Tolbert  
1981 Centrafrique André Kolingba David Dacko  
1981 Ghana Jerry John Rawlings Hilla Limann  
1982 Burkina Faso Jean-Baptiste Ouédraogo Saye Zerbo  
1982 Tchad Hissène Habré Goukouni Oueddei  
1983 Burkina Faso Thomas Sankara Jean-Baptiste Ouédraogo  
1983 Nigeria Muhammadu Buhari Alhaji Shehu Shagari  
1984 Guinée Lansana Conté Louis Lansana Beavogui  
1984 Mauritanie Maaouiya Ould Taya Mohamed Khouna Ould Haidalla  
1985 Ouganda Bazilio Olara Okello Milton Obote  
1985 Soudan Swar al-Dahab Gaafar Nimeiry  
1985 Nigeria Ibrahim Babangida Muhammadu Buhari  
1986 Soudan Ahmed al-Mirghani Swar al-Dahab  
1987 Burkina Faso Blaise Compaoré Thomas Sankara  
1987 Burundi Pierre Buyoya Jean-Baptiste Bagaza  
1987 Tunisie Zine El-Abidine Ben Ali Habib Bourguiba Habib Bourguiba est destitué pour « raisons de santé ».
1989 Soudan Omar el-Béchir Ahmed al-Mirghani  
1990 Libéria Prince Johnson Samuel Doe  
1990 Tchad Idriss Déby Itno Hissène Habré  
1991 Mali Amadou Toumani Touré Moussa Traoré  
1992 Algérie Haut conseil de sécurité Chadli Bendjedid  
1993 Nigeria Sani Abacha Ernest Shonekan  
1994 Rwanda Pasteur Bizimungu Théodore Sindikubwabo Prise de pouvoir par le groupe rebelle FPR (Front Patriotique Rwandais) qui envahit le Rwanda à partir de l'Ouganda
1994 Gambie Yahya Jammeh Dawda Jawara  
1995 Comores Ayouba Combo Said Mohamed Djohar  
1996 Burundi Pierre Buyoya Sylvestre Ntibantunganya  
1996 Niger Ibrahim Baré Maïnassara Mahamane Ousmane  
1997 République démocratique du Congo Laurent-Désiré Kabila Mobutu Sese Seko Le 17 mai 1997, Laurent-Désiré Kabila s'empare du pouvoir à Kinshasa. Le chef des rebelles Laurent-Désiré Kabila s'empare de Kinshasa (capitale du Zaïre), chasse le dictateur Mobutu Sese Seko et s'autoproclame chef de l'État. Le Zaïre est rebaptisé "République démocratique du Congo" et un régime autoritaire est mis en place. L'année suivante, la guerre civile ravage le pays. En 2001, Kabila est assassiné et son fils, Joseph Kabila, devient président.
1997 Congo Denis Sassou-Nguesso Pascal Lissouba  
1999 Comores Azali Assoumani Tadjidine Ben Said Massounde  
1999 Côte d'Ivoire Robert Guéï Henri Konan Bédié  
1999 Guinée-Bissau Ansumane Mané João Bernardo Vieira  
1999 Niger Daouda Malam Wanké Ibrahim Baré Maïnassara  
2003 Centrafrique François Bozizé Ange-Félix Patassé  
2003 Guinée-Bissau Verissimo Correia Seabra Kumba Yala  
2005 Mauritanie Ely Ould Mohamed Vall Maaouiya Ould Taya  
2005 Togo Faure Gnassingbé Fambaré Ouattara Natchaba Faure Gnassingbé empêche Fambaré Ouattara Natchaba, président selon la constitution.
2008 Mauritanie Mohamed Ould Abdel Aziz Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi  
2008 Guinée Moussa Dadis Camara Gouvernement Après la mort du Président Lansana Conté le 22 décembre 2008, Moussa Dadis Camara annonce la suspension de la Constitution et de toutes les institutions républicaines ainsi que la dissolution du gouvernement. Le 24 décembre, il s'auto-proclame président de la République de Guinée.
2009 Madagascar Andry Rajoelina Marc Ravalomanana À la suite de mouvements populaires et d'affrontements armés, le 17 mars 2009, le président Ravalomanana remet les pleins pouvoirs à un conseil militaire qui les transfère directement à Andry Rajoelina.
2010 Niger Salou Djibo Mamadou Tandja  
2012 Mali Amadou Haya Sanogo Amadou Toumani Touré  
2012 Guinée-Bissau Mamadu Ture Kuruma Carlos Gomes Júnior
2013 Centrafrique Michel Djotodia François Bozizé  
2013 Égypte Armée égyptienne Mohamed Morsi  
2014 Gambie Armée Yahya Jammeh L'attaque contre palais présidentiel échoue. Des militaires et des civils sont arrêtés. Des caches d'armes sont retrouvées.  
27 mai 2015

AFRIQUE ET L'HISTOIRE :Abebe Bikila, premier athlète d’Afrique noire médaillé d’or olympique, revanche de l’Éthiopie ?

Le marathon des Jeux olympiques de Rome offre une confrontation originale entre l’histoire ancienne et contemporaine d’un grand pays européen et les incroyables qualités athlétiques d’un petit homme des hauts plateaux éthiopiens nommé Abebe Bikila.

Rome accueille les Jeux d’été de 1960. Les organisateurs italiens font les choses en grand pour le marathon, en proposant un parcours magnifique à travers la ville, associant les monuments de la Rome impériale (les forums, le Colisée…) et de l’unité italienne (le Vittoriano, siège du soldat inconnu italien). Ils veulent affirmer les caractères de ce peuple dominateur du temps de l’empire romain, de ce peuple structuré en État nation lors de la deuxième moitié du XIXe siècle, du peuple se relevant des malheurs de la guerre récente. La grandeur passée de l’Italie sert de toile de fond à l’affirmation de la modernité nouvelle du « miracle italien » de la reconstruction : un parcours pour l’histoire plurimillénaire d’une ville, d’un peuple.

La course se déroule en fin d’après-midi pour arriver aux flambeaux dans la nuit romaine au pied de l’arc de triomphe de Constantin et non dans le stade olympique, pour limiter les effets de la chaleur aussi.

Né en 1932, trois ans avant l’invasion de son pays par les armées italiennes, Abebe Bikila, berger dans son enfance, doit s’engager dans l’armée éthiopienne d’Haïlé Sélassié pour assurer un revenu à sa famille. Il a vécu enfant la présence italienne, dernière conquête coloniale d’une Europe déjà affaiblie mais livrant au monde des États totalitaires. Jeune serviteur d’un régime qui a recouvré la liberté, il est admiratif des soldats athlètes porteurs du survêtement floqué au nom du pays lors des Jeux de Melbourne en 1956. Il s’entraîne puis est repéré en vue du marathon olympique pour lequel il est sélectionné. Il court pieds nus et remporte en un temps record de 2 heures 15 minutes le marathon devant un public romain admiratif.

Affiche officielle des Jeux olympiques de Londres en 1948

Arrivée du marathon remporté par l’éthiopien Abebe Bikila devant l’Arc de triomphe de Constantin et le Colisée lors des Jeux olympiques de Rome en 1960 (© John G. Zimmerman/Sports Illustrated/Getty Images).

Pour les Éthiopiens, le symbole est fantastique. Franchir en vainqueur, en Italie, devant l’arc de triomphe d’un conquérant, d’un civilisateur, la ligne d’arrivée du marathon olympique transforme Abebe Bikila en héros de la nation éthiopienne, honoré à son retour comme celui qui a dominé l’Italie, l’ancienne puissance coloniale. Retournement de l’histoire, la petite et frêle Éthiopie envoie son soldat le plus valeureux, tout aussi frêle que l’État qu’il représente. Comme dans un combat antique qui décide du sort des nations en une lutte singulière, Abebe Bikila fait chuter le colonisateur, interpelle le monde et devient le premier athlète d’Afrique noire champion olympique, première ligne d’un long palmarès. Il remporte également la victoire aux Jeux de Tokyo, quatre années plus tard. Son statut de héros national se lit ensuite au deuil éprouvé par le pays tout entier quand il décède en 1973, à l’âge de 41 ans. L’Éthiopie pleure son héros.

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26 mai 2015

BURUNDI: Des milliers de Burundais aux funérailles de l’opposant assassiné

    © David Thomson, Twitter | Un cortège de burundais porte le cercueil de Zedi Feruzi, opposant assassiné samedi 23 mai.

    Texte par Alexandre CAPRON

    Dernière modification : 24/05/2015

    Entre deux et trois mille personnes ont assisté, dimanche, à Bujumbura, aux funérailles de l'opposant Zedi Feruzi, au lendemain de son assassinat commis par des inconnus devant son domicile d'un quartier contestataire de la capitale.

    "Nous marchons dans le silence car nous sommes dans un état de recueillement et de désolation totale" explique un habitant de Bujumbura à David Thomson, envoyé spécial de RFI au Burundi. Comme des milliers de Burundais, il est venu assister, dimanche 24 mai, aux funérailles de Zedi Feruzi, leader du parti d’opposition Union pour la Paix et la Démocratie (UDP), assassiné la veille avec son garde du corps par des inconnus devant son domicile.

    En tête des marcheurs, quelques personnes tenaient justement des pancartes: "On est fatigué", "Non au troisième mandat de Nkurunziza", "Ceux qui ont tué Zedi Feruzi le paieront tôt ou tard". L'opposant était un des leaders des manifestations contre la candidature du président Pierre Nkurunziza.

     

     

    Le cortège a marché pendant près d'une heure dans le calme. Quelques esprits se sont échauffés en passant devant une permanence du parti présidentiel, le CNDD-FDD. Des policiers positionnés à proximité se sont reculés pour éviter tout incident.

    Les funérailles se sont déroulées dans une mosquée du quartier industriel. À l'issue de la cérémonie, l'imam a demandé "à tous de la discipline". "Nous allons retourner à Ngagara en silence. Que personne ne dérape. Celui qui créera un incident ne sera pas avec nous", a-t-il mis en garde.

     

    ANALYSE DE NESTOR BIDADANURE, JOURNALISTE BURUNDAIS INDÉPENDANT

     

    "L’assissinat de Feruzi marque une nouvelle étape dans la politique de terreur vis-à-vis des manifestants" explique, sur France 24, Nestor Bidadanure, journaliste burundais indépendant à Paris. La police n’hésite pas à tirer à balle réelle sur des manifestants […] et on en est arrivé à l’assassinat ciblé de membres de l’opposition non armés. C’est très dangereux pour le processus de paix au Burundi".

    "Le plus beau cadeau que le président peut faire, c’est de renoncer à un troisième mandat"

    Présent aux funérailles, le vice-président du Frodebu, l'un des principaux partis d'opposition, Frédéric Bamvuginyumvira a "invité les Burundais à se lever comme un seul homme pour lutter contre ces pratiques qui nous ramènent à ce qui se passait il y a vingt ans" pendant la guerre civile (1993-2006).

    "Le plus beau cadeau que le président Nkurunziza puisse faire au Burundi, c'est de renoncer à un troisième mandat", a-t-il souligné.

    >> À lire sur France 24 : "Rupture du dialogue après l'assassinat d'un membre de l'opposition au Burundi"

    "Avec la situation actuelle, il est tout à fait impossible que les élections se tiennent, il faudrait au minimum les décaler d’une dizaine de jours supplémentaires, et encore" ajoute Nestor Bidadanure, alors que les élections législatives et communales doivent se dérouler le 5 juin prochain

    Après une trêve ce week-end, les leaders du mouvement ont appelé les manifestants à se mobiliser de nouveau lundi avec encore "plus de vigueur". Cela fera 28 jours que les Burundais sont dans la rue.

    Avec AFP

    21 mai 2015

    HISTOIRE: L'ORIGINE DE LA PAUVRETÉ EN AFRIQUE ET EN AMÉRIQUE LATINE

     

    21 mai 2015

    HISTOIRE : VICENTE GUERRERO, PRÉSIDENT NOIR QUI A ABOLI L’ESCLAVAGE AU MEXIQUE


    [CULTURE] VICENTE GUERRERO, PRÉSIDENT NOIR QUI A ABOLI L’ESCLAVAGE AU MEXIQUE

    Vicente Ramón Guerrero Saldaña (10/08/1782 – 14/02/1831) est né dans le village de Tixtla, pas loin de la ville d’Acapulco, dans une famille pauvre. Il est à moitié congolais, moitié indien.

    En 1810, Guerrero participe aux premières révoltes contre l’Espagne. D’entrée de jeu, il se bat aux côtés de José María Morelos puis prend le commandement de ses troupes après la mort de ce dernier.
    Commandant en chef de l’armée du Mexique de 1810 à 1821 pendant la guerre d’indépendance du Mexique, il se distingue lors de plusieurs batailles dont celle d’Izucar en février 1812. C’était un guerrier redoutable.

    Après un coup d’État, Vicente Guerrero devient le premier président noir du Mexique et second président de ce pays d’avril 1829 à décembre 1829. Durant son court mandat, il a décrété l’abolition immédiate de l’esclavage et l’émancipation de tous les esclaves. Ce responsable politique a aussi lutté pour l’égalité des races et était en faveur de la démocratie.

    Il est déchu le 4 Décembre 1829 en raison d’un Coup d’État. Il tente de revenir au pouvoir en vain. Le 15 janvier 1831, il est condamné à mort pour rébellion et est tué le 14 février 1831.

    Selon Jan Bazant, professeur d’histoire dans une université mexicaine, cet homme a été traité de manière injuste et cruelle à cause de son « sang mélangé ». La mort de ce Chef d’État était un « avertissement des élites (majoritairement blanches) destiné aux hommes considérés inférieurs au niveau social et ethnique pour qu’ils n’osent pas rêver un jour d’être Président ».

    NegroNews

    21 mai 2015

    MAURITANIE: LE MILITANT ANTIESCLAVAGISTE BIRAM BOYCOTTE SON PROCÈS EN APPEL

    Biram Dah Abeid

     

    ALAKHBAR (Nouakchott)-Le militant anti-esclavagiste mauritanien Biram Dah Abeid et codétenus vont boycotter leur procès en appel prévu à Aleg dans le sud du pays, a annoncé lundi le collectif des avocats de défense.

    Le collectif de défense a dénoncé une "violation" de procédure en vigueur. Il estime que le procès en appel "devait se dérouler à Nouakchott, la capitale, et non à Aleg".

     

    Biram Dah Abeid lauréat du prix des Nations unies pour les droits de l’homme et deux autres militants des droits de l’homme sont condamnés à deux ans de prison ferme. Ils ont été arrêtés en novembre dernier après l’organisation d’une caravane contre « l’esclavage foncier ».

     

    Le militant antiesclavagiste est arrivé en deuxième position aux dernières élections présidentielles.

    20 mai 2015

    FRANCAFRIQUE: La Françafrique éclairée à la Bourgi

    Publié par 2011

    Papier publié le 12 septembre 2011

     

    Vieux routier de la Françafrique, Robert Bourgi a fait une bombe dans le marigot en accusant Chirac et de Villepin d’avoir reçu des fonds occultes. Mais les éclaboussures peuvent mouiller jusqu’à son ami Nicolas Sarkozy.

    Homme de l’ombre, missi dominici, émissaire discret entre palais africains et Elysée. Robert Bourgi, avocat d’affaires installé dans le cossu XVIe arrondissement parisien l’a longtemps été.

    Des dizaines d’années durant, humblement "Bob" s’est évertué à faire passer des messages, fluidifier les relations françafricaines, jouer les éminences, flatter les egos présidentiels…Tout un métier, d’aucuns diront un art, que Bakchich avait décortiqué au travers des fax envoyés par l’avocat à ses présidents-clients.

    Sans oublier de quémander un petit quelque chose, notamment à feu Omar Bongo.

    Bourgi lettre à bongo 3 - JPG - 75.7 ko Bourgi lettre à bongo 3

    Le « fils » Bourgi, comme le prouve ce bordereau de virement retrouvé par Bakchich, n’était pas maltraité par son Papa

    Bourgi-Fiba - JPG - 42.5 ko Bourgi-Fiba

    Au passage, Bourgi pouvait aussi bien traiter avec un agent de la DGSE.

    Lettre Bourgi 1 - JPG - 83 ko Lettre Bourgi 1

    Ou bien régler les détails d’une opération barbouzarde.

    Lettre de Bourgi à Bongo faisant référence à Marchiani - JPG - 180.8 ko Lettre de Bourgi à Bongo faisant référence à Marchiani

    Sans faire trop de vague. C’était le temps d’avant…

    Les guerres de Robert

    Sa sortie dans le JDD confirme la tendance amorcée avec l’accession de Nicolas Sarkozy à la présidence. "Bob" a quitté l’ombrage des coulisses pour la lueur des médias.

    Pourtant Sarko Ier a défini une ligne claire, ont cru ses ouailles. Conseiller diplomatique du candidat Sarkozy en campagne, David Martinon a voulu évacuer d’une phrase Bourgi « je suis diplomate il est avocat ». Patron de la cellule Afrique après l’élection, Bruno Joubert s’est fait fort de mettre à bas les vieux réseaux parrallèles. Le nouveau boss de l’Elysée lui a donné une feuille de route claire….aimablement piétiné par Bourgi en 2008.

    Papa Bongo a dit

    Son heure de gloire. Les enquêtes sur les bien mal acquis des présidents africains en France, fort médiatisées, agacent le président gabonais Omar Bongo. Le secrétaire d’Etat à la coopération, Jean-Marie Bockel, a le malheur d’annoncer vouloir signer « la mort de la Françafrique » dont Papa Omar est l’irascible doyen. Bongo exige sa tête, Bourgi porte le message, le sous-ministre est débarqué. Bourgi entame sa tournée triomphale dans les médias. Bardé de sa légion d’honneur, remise en mains propres par « son ami Nicolas », l’avocat de l’ombre parade en plein lumière. Et va dans Bakchich, comparer Claude Guéant, alors secrétaire général de l’Elysée à Foccart, l’architecte des réseaux de la Françafrique.


    Sarko et la "Françafrique" par bakchichinfo

    Peu après de guerre lasse, Bruno Joubert, qu’une vieille inimité lie à Bourgi, s’exile de la cellule Afrique vers le poste d’ambassadeur au Maroc.

    Depuis son triomphe, Bourgi s’était fait plus petit, rappelé à l’ordre par Guéant et Sarkozy. Jusqu’à ce dimanche de rentrée.

    En accusant dans le JDD ses anciens amis Villepin et Chirac d’être fans de mallette, de djembe et de grisbi africain, l’ex fils à Papa Bongo, finit d’accomplir sa vengeance. Contre les Chiraquiens qu’il accuse de l’avoir humilié, contre les « donneurs de leçon et donneurs de morale » dont il se dit exaspéré. Mais aussi contre le chefs d’Etat africains, de ce pré carré africain, terrain de jeu et gagne pain disparu.

    Bob a perdu des clients

    A côté d’un ancien Premier ministre, d’un ex chef de l’Etat français, Bourgi balance bien des noms. Deux despotes disparu (Mobutu au Zaïre et Omar Bongo au Gabon), un président déchu (Gbagbo), deux satrapes bien installés (Sassou au Congo, Compaoré au Burkina Faso), et un président s’accrochant à son siège (Wade) ont selon lui financé Chirac et Villepin.

    Le point commun de ces généreux donateurs ? L’avocat n’est plus en leur cours. Mobutu a disparu. Compaoré n’a que peu compté sur lui. Gbagbo est emprisonné. Une violente dispute a éclaté entre les Wade et Bourgi au début de l’été. Ali Bongo, s’il a pris la succession de son père, n’use pas des mêmes réseaux pour se faire entendre et n’a pas misé sur l’avocat du paternel. Quant à Sassou Nguesso, le président congolais s’en est toujours défié. Beau-père d’Omar Bongo, ses relations avec son volage gendre ont étrangement affecté la confiance en son avocat conseil.

    Les raisons très intéressés de langue délier ne discréditent pas toutefois les propos de l’avocat..

    L’accusation n’est pas nouvelle. Fin 2010, un télégramme diplomatique de l’ambassade américaine au Cameroun dévoilé par Wikileaks parlait de 30 millions d’euros détournés des caisses gabonaises vers le monde politique français.

    Bongo«  met tous ses espoirs dans Jacques Chirac »

    Valery Giscard d’Estaing en juin 2009 dans le Parisien, ne disait pas autre chose. Selon l’Ex, Bongo lui aurait confirmé en 1981 qu’il finançait bien les campagnes de Chirac.

    Un rapport des services secrets d’Elf, révélé par Bakchich, épaissit encore un peu le soupçon. Daté de 1977, l’auguste rapport est signé de la main experte de feu Maurice Robert. Directeur pendant 20 ans du SDECE (ancêtre de la DGSE), ambassadeur de France à Libreville de 1979 à 1981, Robert a fait un détour par Elf entre 1973 et 1979. De son entretien avec Omar Bongo, l’agent secret retire une phrase.

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    Le président gabonais « met tous ses espoirs en Jacques Chirac et pense qu’il faut continuer à l’aider ». Une aide sonnante et trébuchante que fait tinter d’un son tout particulier la diatribe de Bourgi.

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    Pascaline Bongo au rang des donateurs de l’UMP

    L’écho provoqué risque de se propager au delà de ce que désire le conseiller officieux de Nicolas Sarkozy. Ancien patron de la cellule Afrique, le chiraquien Michel de Bonnecorse affirme dans le livre à paraître de Pierre Péan, la République des mallettes que Sarko Ier a bénéficié de l’argent africain pour financer sa campagne de 2007. Grande argentière et fille d’Omar Bongo, Pascaline avait assisté 1er meeting de campagne du candidat Sarkozy le 14 janvier 2007. Dans son documentaire « Françafrique, 50 ans sous le sceau du secret », Patrick Benquet avait noté qu’elle s’était assise dans les premiers rangs, réservé au grands donateurs du parti…

    A lire ou relire sur Bakchich.info

    Les lettres de Robert Bourgi

    Robert Bourgi : « bonne chance mon papa ! » Vétéran de la Françafrique, Robert Bourgi agite encore le marigot. Petit portrait et documents qui en appellent d’autres, au cours des prochaines parutions de « Bakchich »  Bourgi, Mobutu et Terminator Deuxième épisode des aventures épistolaire de l’intermédiaire Robert Bourgi, en Françafrique. Quand Papa Bongo fait l’aumône à Robert Bourgi Troisième épisode de la saga épistolaire Robert Bourgi , intermédiaire en Françafrique. Cette fois à la clé : une belle leçon de grattage de grisbi.  Les aventures de Bourgi à la DGSE Voici le 4e épisode de la saga épistolaire de Robert Bourgi, intermédiaire en Françafrique devant l’Eternel. Au menu cette semaine, une tentative (avortée) de fabrication d’un réseau parallèle à l’intérieur même de la vénérable (…) Et si Marchiani tirait le Bongo C’est le temps de rappeler les copains et de remémorer ses services. Marchiani joue à sauve-qui-peut et demande en même temps sa grâce, histoire de…

    Et aussi

    Quand Sarko drague Bongo Pour s’attirer les bonnes grâces du riche Président gabonais Omar Bongo le présidentiable Sarkozy est prêt à toutes les promesses. Y compris l’exonération de visa pour les Gabonais.  VGE a tout bon, Bongo soutenait bien le candidat Chirac Bakchich publie un document confidentiel du groupe Elf, signé par l’ancien patron des services français, Maurice Robert, qui confirme l’aide d’Omar Bongo à Chirac. Et cela dès 1977.  Les papys font de la résistance en Afrique Dans le temps, la France exportait ses vieilles voitures sur le continent noir. Désormais, elle y déverse ses intermédiaires usés.
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